La
défense antimissile balistique de théâtre existe donc en France : ce
sont les systèmes SAMP/T (Mamba) de l'Armée de l'Air. Ceux-ci permettent
d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1000 km. Ou
plutôt, il faudrait dire qu'ils peuvent intercepter des missiles
balistiques dont vitesse en phase terminale (après la rentrée dans
l'atmosphère) ne dépasse pas la vitesse de l'intercepteur : l'Aster 30,
soit Mach 4.5 après trois secondes de vol.
Tout
est affaire de vitesse. La portée du missile balistique détermine sa
vitesse, et il y a deux grands cas de figure à prendre en compte :
- plus la portée est grande, plus la vitesse terminale de la charge de l'engin porteur le sera ;
- l'utilisateur du missile peut sacrifier une partie de la portée pratique. C'est-à-dire que, au lieu d'utiliser une trajectoire à énergie minimale pour obtenir la plus grande portée, l'utilisateur pourrait choisir une trajectoire en cloche qui permettra d'augmenter significativement la vitesse de la charge du missile. C'est le principe des Iskander Russes, notamment.
Ainsi,
un système anti-missile peut être magnifiquement manoeuvré par son
assaillant en choisissant un autre programme de vol. La trajectoire en
cloche présente l'inconvénient d'exposer plus longuement le missile aux
moyens de détection de l'alerte avancée. Mais, après la détection, il
faut bien tenter d'intercepter.
Si
la DAMB de théâtre vise à contrer une attaque de certaines roquettes de
gros calibre, ou de missiles balistiques tactiques comme les Scud
(souvenir de la Guerre du Golf), la DAMB de territoire ambitionne
d'intercepter des missiles balistiques à longue portée, donc plus
rapide.
La défense antimissile balistique de territoire, ou ABM en américain, est un changement de monde dans le même théâtre. Il s'agit d'intercepter d'autres missiles balistiques (MRBM, IRBM, ICBM) depuis un réseau de radars et d'intercepteurs sur un théâtre. Ainsi, la portée des Aster 30 est de 100 km, et celle des intercepteurs du THAAD de 200km. S'il est possible d'intercepter plus de types de missiles balistiques, la bulle de défense aérienne évolue verticalement, mais pas horizontalement. C'est-à-dire que la DAMB de territoire nécessite un réseau dirigé contre les sources de menaces, ou tout azimut, pour vraiment défendre un territoire... sauf si la taille de ce territoire correspond à la bulle de défense aérienne mise en oeuvre : certains Etats du Golf rentrent très bien dans une telle bulle.
La défense antimissile balistique de territoire, ou ABM en américain, est un changement de monde dans le même théâtre. Il s'agit d'intercepter d'autres missiles balistiques (MRBM, IRBM, ICBM) depuis un réseau de radars et d'intercepteurs sur un théâtre. Ainsi, la portée des Aster 30 est de 100 km, et celle des intercepteurs du THAAD de 200km. S'il est possible d'intercepter plus de types de missiles balistiques, la bulle de défense aérienne évolue verticalement, mais pas horizontalement. C'est-à-dire que la DAMB de territoire nécessite un réseau dirigé contre les sources de menaces, ou tout azimut, pour vraiment défendre un territoire... sauf si la taille de ce territoire correspond à la bulle de défense aérienne mise en oeuvre : certains Etats du Golf rentrent très bien dans une telle bulle.
Pour
en revenir aux problèmes liés à l'interception de missiles balistiques,
il faut soulever le problème de la vitesse de l'engin, et aussi de son
altitude d'interception. Raison pour laquelle il faut parler de défense
multicouche dans le cadre d'une DAMB élargie à des menaces
"stratégiques".
Ainsi, à partir des MRBM (voir tableau de l'article),
il faudrait plutôt rechercher une interception du missile assaillant
dans l'espace exo-atmosphérique (à partir de 120 km d'altitude). C'est
en raison du fait que la phase balistique est potentiellement la plus
longue du vol (10 à 20 minutes selon la portée), compartivement aux
phases propulsée et de rentrée atmosphérique. Ces dernières se comptent
en secondes. L'avantage de l'interception dans l'espace est que la
trajectoire est képlérienne, et donc prédictible. En outre, la signature
infrarouge de l'assaillant est bien plus aisée à repérer dans l'espace,
plutôt que dans les couches de l'atmosphère. Ceci est la plus haute
couche du système.
Les systèmes d'interception de missiles balistiques -que l'on pourrait qualifier de tactiques- comme le SAMP/T ou le Patriot
PAC-3, permettent de couvrir la menace de missiles balistiques ayant
une portée (et donc la vitesse associée) de 1000 km (cas français).
Néanmoins, il convient de bien garder à l'esprit que le plafond pratique
de ces systèmes (même pour l'américain) est de 20 à 24 km d'altitude.
Entre
les deux couches, il y a un monde car l'Aster 30 ne va pas au-delà de
son plafond pratique, et l'intercepteur exo-atmosphérique SM-3 ne
commence sa mission qu'à partir de 120 km d'altitutde.
Les
Etats-Unis ont conçu le THAAD pour investir cette couche. Le système
tire une première munition qui tente d'intercepter le missile à partir
de 150km d'altitude. Si la première rate, une seconde peut être tirée
pour intercepter l'assaillant entre 20 et 90km. Ce système terrestre
couple un intercepteur exo-atmosphérique (de "faible" altitude
comparativement au SM-3 qui grimpe jusque 250 km) avec un intercepteur
haut endo-atmoshérique (qui intercepte entre 20 et 90 km d'altitude).
L'interception en haut endo-atmosphérique est réputée comme étant très difficile car ces couches de l'atmosphère ne sont pas des milieux propices à un auto-directeur à infrarouge, et la durée de la phase de rentrée atmosphérique est très courte (une vingtaine de secondes).
Quoi qu'il en soit, pour se donner le maximum de chances d'intercepter l'assaillant, et couvrir toutes les menaces, il faut pouvoir disposer d'une gamme complète d'intercepteurs. Il en découle, forcément, que ces intercepteurs doivent cohabiter dans la même bulle pour répondre à ces menaces.
La configuration américaine est intéressante car elle couvre :
- le bas endo-atmosphérique : de 0 à 24km d'altitude (PAC-3),
- le haut endo-atmosphérique : de 20 à 90 km d'altitude (THAAD),
- l'exo-atmosphérique : de 120 à 250km d'altitude (SM-3, et le GBI dans une configuration différente).
Dès
lors, quid du cas français ? Nous ne disposons que de l'interception en
bas endo-atmosphérique. Si nous voulions couvrir "toutes" les menaces,
alors il faudrait développer de nouveaux intercepteurs, et améliorer les
existants :
- Aster Block 1 NT : le changement d'auto-directeur permettrait aux systèmes existants d'intercepter des missiles ayant une portée allant jusque 1500 km (et la vitesse associée). Le coût de cette amélioration serait de 30 millions d'euros (R&D incluse) ;
- Aster Block 2 : il s'agirait de couvrir le haut endo-atmosphérique, à l'instar du THAAD américain. Dans le colloque sur la contribution navale à la DAMB, les industriels imaginaient couvrir de 30 à 60km d'altitude. Les coûts du développement et de l'achat des missiles serait de 1700 millions d'euros.
- Exoguard : la France se doterait d'un engin similaire au SM-3 américain. Le programme d'études amont est estimé à 225 millions d'euros hors-taxes. Le coût total pour 32 engins serait de 1770 millions d'euros.
Au
final, la facture pour le développement, l'amélioration et le
déploiment des nouveaux intercepteurs se monte à 3500 millions d'euros,
soit le coût d'un très beau porte-avions (de 50 000 tonnes avec trois
réacteurs nucléaires ?). Et encore une fois, il ne s'agit "que" des
intercepteurs.
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