Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





03 février 2013

"Guerre des codes et guerre navale" de Guy Malbosc et Jean Moulin


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L’ouvrage reçu de Marines Editions nous offre encore une excellente étude. Celle-ci mériterait même de figurer dans n’importe quelle bibliothèque type d’une personne qui s’intéresse à la stratégie navale, voire à la stratégie tout cours.

Récemment c’était l’ouvrage d’Olivier Kempf - «Introduction à la Cyberstratégie» - qui se chargeait de nous introduire dans une stratégie particulière qui transcende tous les milieux. Plus précisémment, l’auteur nous disait que le cyberespace est né et vit par l’apparition et le développement de la spère électromagnétique.

C’est bien pourquoi l’ouvrage de Guy de Malbosc et de Jean Moulin complète le dispositif puisqu’il va être question de comprendre concrètement les enjeux de cette sphère électromagnétique pour les communications tactiques. En effet, en temps de guerre comme en temps de paix, il faut pouvoir assurer le secret des communications entre les ambassades, pour les services de renseignement et pour les mouvements des Armées et des Flottes afin qu’elles soient toujours en contact avec leur pouvoir politique.
Pour ce faire, il est nécessaire de coder d’une quelconque manière les communications. «Guerre navale et guerre navale» nous offre ainsi une belle introduction sur l’apparition des premiers moyens de codage jusqu’aux enjeux du chiffrement de la seconde guerre mondiale.

Mais l’on entre dans le vif du sujet quand les auteurs abordent les enjeux des codes de la première, mais avant tout de la seconde guerre mondiale.

Le premier théâtre d’action reprend la bataille menée par les Alliés pour déchiffrer les communications allemandes. Ainsi, depuis l’apparition de la machine Enigma en sa version commerciale jusqu’à celle de l’Enigma M4 de la Kriesgmarine, la lutte fut permanente. Combat qi commença en Pologne où les premières recherches pour déchiffrer cee que codait une machine furent entreprises avec un certain succès. Il faut dire que cela remet à l’honneur le travail des services secrets polonais qui appportèrent aux Alliés les premières pierres en la matière, si ce n’est les plus importantes.
On y découvre aussi le rôle important des services français : non, ils ne se sont pas contentés d’être des passeurs entre le travail des SR polonais et les anglais. Oui ils ont eux aussi pu apporter des informations indispensables pour réussir à vaincre Enigma par l’intermédiaire d’un allemand retourné. Guy Malbosc n’hésite pas à dire que pour lui c’est l’espion du cercle car on ne trouve pas mieux que cette source qui transmet des documents stratégiques avec la certitude de leur valeur et de la provenance de leur contenu...

La seconde bataille est la poursuite de la guerre par  l’Angleterre. L’enjeu de la guerre des codes apparaît ici car il y a une lutte permanente entre les flottes, et finalement surtout entre Royal Navy et Kriegsmarine, pour déchiffrer le traffic radio de l’autre. Enjeu essentiel pour les allemands afin de connaître l’ordre de bataille et le déplacement des groupes de combat de la marine anglaise. Enjeu non moins essentiel pour la marine anglaise pour pouvoir dérouter un convois si jamais un U-Boat est dirigé dessus.

La troisième bataille se situe dans le Pacifique, théâtre généralement oublié alors que le capitaine de vaisseau (R) Eudeline rappelait récemment («Les sous-marins d’attaque dans l’action navale») que c’est pourtant le théâtre où une guerre des communications fut réussi : les sous-marins américains coulèrent à eux-seuls 55% de la flotte de commerce japonnaise. L’étendue du Pacifique et le temps nécessaire aux mouvements justifiaient une attention toute particulière aux communications. Mais il y avait ce raté de Pearl Harbor : un message japonais annonçant plus ou moins l’attaque avait été déchiffré mais non exploité.

C’est finalement une des leçons essentielles du livre de Guy Malbosc et de Jean Moulin : il n’y a de richesse que d’hommes.
Le premier enjeu humain de la guerre des codes est ainsi industriel et scientifique : il faut des têtes bien faites pour comprendre ce qu’ils se passe, comment se code les messages adverses et imaginer des parades. La présentation des «bombes» (qui renvoie à la lutte pour obtenir les premiers "calculateurs" et la lutte qui s'amorça ensuite pour disposer de supercalculateurs en grand nombre) montre combien cette guerre a besoin d’imagination et d’inventivité.
Le second enjeu humain renvoie directement aux organisations humaines : une fois qu’il est possible de déchiffrer le traffic de l’adversaire, nécessité est de pouvoir exploiter le renseignement obtenu. Et là, l’on atteint la partie la plus difficile de la lutte puisqu’il faut adapter des schémas administratifs en pleine guerre pour analyser et diffuser des renseignements tous en protégeant les sources alors que l’intertie propre des administrations peut être contre cet objectif.

Enfin, l’on observera de la lutte permanente entre offensive et défensive :
  • attaquer les codes adverses,
  • sécuriser les siens. 
De là s'observe une certaine victoire anglaise puisque le dernier code de la Royal Navy restera inviolé par les allemands.

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