© Inconnu. Le Slt. Alexandru Axente (1989) de la classe Musca. |
Les Forces Navales Roumaines (FNR ou Forțele Navale Române (FNR) bénéficient d'un plan de modernisation (2017 – 2026) composé de trois actes principaux que sont l'acquisition de corvettes, de sous-marins et la modernisation de deux frégates. Même si cela n'est pas explicité dans la programmation navale roumaine, Bucarest pourrait avancer rapidement sur le dossier du renouvellement de sa composante de guerre des mines en raison de l'âge avancé des bâtiments et du caractère obsolète des matériels employés.
C'est en 1998 la dernière fois qu'un bâtiment de guerre fut mis à l'eau en Roumanie. Après ces "vacances navales" sans aucune mise sur cale au cours des vingt années suivantes, le plan de modernisation (2017 – 2026) des FNR promet une transformation radicale des capacités navales roumaines. La Roumanie assume un effort militaire à hauteur de 1,81% de son PIB en 2017 - contre 1,5% pour la France. Elles reposent aujourd'hui dans sa grande majorité sur les bâtiments acquis au près de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) ou construits sous licence dans les chantiers navals roumains à partir des plans de projets soviétiques.
Le plan naval roumain (2017 – 2026) se décompose en trois actes principaux que sont l'acquisition de corvettes, la modernisation de deux frégates et l'assemblage en Roumanie de sous-marins :
L'acquisition de nouvelles corvettes vise à pourvoir au remplacement des bâtiments du 50ème escadron de corvettes (base navale de Mangalia) des projet 1048 ou Tetal-I en code OTAN (Amiral Petre Bărbuneanu (1983), Vice-Amiral Eugeniu Roșca (1987), deux autres unités désarmées) et projet 1048M ou Tetral-II en code OTAN (Contraamiral Eustațiu Sebastian (1989), Contraamiral Horia Macellariu (1989), construction de deux autres unités abandonnée).
Les bâtiments du projet 1241 ou Tarantul en code OTAN (Zborul (1990), Pescărușul (1991) et Lăstunul (1991) sont aussi classés en tant que corvette dans la typologie de la flotte roumaine. Ces corvettes bénéficieront d'une modernisation dans le cadre du plan naval plutôt que d'être visées explicitement par l'acquisition des quatre corvettes. Il s'agit peut-être là d'une manière de les conserver au service jusqu'à ce que la marine roumaine demande la commande de corvettes supplémentaires afin de pouvoir les remplacer et entretenir un format similaire en la matière.
Au terme de la procédure lancée en 2016 par Bucarest, Naval group fut déclaré vainqueur de l'appel d'offres le 3 juillet 2019 pour la fourniture de quatre corvettes Gowind 2500 pour 1200 millions d'euros. La première unité devrait être usinée à Lorient en moins de trois ans et les trois suivantes assemblées en Roumanie par Constanța Shipyard et être livrées avant 2026.
La 56ème flottilles des frégates (base navale de Constanța) bénéficiera de la modernisation des deux frégates Regele Ferdinand (2004) et Regina Maria (2005) du Type 22 acquises le 14 janvier 2003 auprès du Royaume-Uni (mises en service, respectivement, en 1988 et 1987). Cette opération a été joint au programme d'acquisition de nouvelles corvettes (4 + 2) et sera donc exécutée au cours de la même période.
La modernisation du Mărășești (1992) n'est, étonnamment, pas comprise dans le lot. La frégate est considérée comme obsolète. Il aurait été jugée préférable de la sortir du service plutôt que de lancer un programme de modernisation probablement jugé trop coûteux car devant s'appliquer à un bâtiment unique.
Le troisième grand acte est le renouvellement de la composante sous-marine qui repose aujourd'hui sur le sous-marin Delfinul (1985). Le gouvernement roumain acceptait l'offre soviétique pour un sous-marin du projet 877 (Kilo en cote OTAN). Deux unités supplémentaires avaient été envisagées mais n'avaient pas pu être commandées. Considéré inapte au service en 1995, le Delfinul est déclaré de nouveau opérationnel en 2018. Le plan naval (2017 – 2026) ambitionne de le remplacer par trois nouveaux sous-marins, comme en Pologne qui détient elle aussi un sous-marin du projet 877.
Ces trois grands actes du plan naval (2017 – 2026) tournent autour d'une dominante clefs : la lutte anti-sous-marine. L'axe de reconstruction des flottes de surface et sous-marine étant on ne peut plus explicite, il est étonnant de ne trouver aucun programme de renouvellement de la composante de guerre des mines. Le projet existait préalablement à la crise financière, économique et des dettes souveraines (2007 – 2009).
Les capacités reposent actuellement sur les bâtiments du 146ème escadron de guerre des mines (base navale de Constanța), c'est-à-dire quatre dragueurs de mines (Locotenent Remus Lepri (1986), Locotenent Lupu Dinescu (1989), Locotenent Dimitrie Nicolescu (1989) et Slt. Alexandru Axente (1989) de la classe Musca et un mouilleur de mine, le Viceamiral Constantin Bălescu (1981) de la classe Cosar (la deuxième unité a été démantelée). Ces bâtiments détiennent des aptitudes limitées à la lutte anti-sous-marine qui ont pu être employées.
Dans la pratique, les quatre dragueurs de mines ne sont pas des "chasseurs" de mines et sont mêmes totalement obsolètes. Ils sont construits autour d'une coque en acier, ce qui les rend forcément vulnérable aux mines à influence magnétique, même en démagnétisant la coque, . Par ailleurs, et c'est le plus dommageable, ils ne sont équipés ni de sonar à haute résolution, ni de véhicule sous-marin télécommandé. Les bâtiments n'ont bénéficié d'aucun programme de modernisation majeur depuis leur admission au service actif. Les travaux menés en 2015 n'ont servi qu'à traiter certaines obsolescences.
Sur le plan historique, il est remarquable que la Mer Noire fut le théâtre de nombreuses campagnes de minage et de contre-minage pendant les guerres de Crimée (1853 – 1856), russo-turque (1877 – 1878) et au cours deux guerres mondiales (1914 – 1918 et 1939 – 1945). L'entretien, la modernisation voire l'extension des capacités de guerre des mines et sous-marines par les flottes russe et turque ne sont pas de nature à faire disparaître l'emploi des mines navales au XXIe siècle, bien au contraire.
Les dragueurs de mines sont pourtant très actifs et participent régulièrement aux exercices menés, notamment par le Standing NATO Mine Counter Measures Group Two (SNMCMG2) avec les autres marines de l'OTAN qui y sont intégrés. Les bâtiments roumains sont même aperçus franchissant ponctuellement les détroits du Bosphore afin d'aller s'exercer en mer Méditerranée.
Eu égard à l'âge des bâtiments de la classe Musca (38,25 ans en moyenne) et à leur caractère obsolète, le fait qu'aucun plan de remplacement n'ait été présenté publiquement apparaît comme une incohérence majeure vis-à-vis du plan naval (2017 – 2027) qui vise, pourtant, à renouveler les capacités opérationnelles de lutte sous la mer.
Bucarest est conscient du sujet. Et malgré le silence sur le dossier, la Roumanie serait prête à avancer rapidement sur le renouvellement des bâtiments du 146ème escadron de guerre des mines avant de s'engager dans un nouveau programme majeur : l'acquisition de trois sous-marins. Et Naval group est logiquement aussi bien placé qu'intéressé après son succès enregistré auprès de la Composante marine de la Belgique qui gérait le dossier de renouvellement des capacités belgo-hollandaises pour le compte des deux marines. Un remplacement nombre pour nombre des bâtiments roumains, eu égard à l'offre de Naval Group et ECA-Robotics en Belgique, représenterait un budget d'environ 627 millions d'euros. Rien n'est encore dit quant au besoin de renouveler une capacité offensive de mouillage de mines. L'introduction de la première capacité de guerre des mines fondée sur l'emploi de drones de surface et sous-marins pourrait obliger les autres protagonistes de la mer Noire à se mettre à niveau.
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