Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





14 novembre 2019

Ελληνικό Πολεμικό Ναυτικό : la Grèce dans la coopération structurée permanente European Patrol Corvette ?

© Hellenic Shipyards - ALS Naval Ship Designs.

     Le projet franco-italien European Patrol Corvette (EPC) recevait l'aval du Conseil européen le 12 novembre 2019 et était donc intégré à la troisième vague des Coopérations Structurées Permanentes (CSP) ou PErmanent Structured Cooperations (PESCO). Paris et Rome espèrent qu'un ou plusieurs autres États membres s'y joignent. En raison des difficultés de la nécessaire reconstruction de sa flotte de surface, et de la tenue du format de la « trame frégates » (13 unités), afin de soutenir la comparaison avec la Turquie (16 frégates à terme), le CSP/PESCO apparaît comme l'une des rares opportunités pour Athènes de combiner son effort militaire le combinant avec une initiative politico-militaire européenne et donc que l'un légitime l'autre.

     La Coopération Structurée Permanente (CSP) ou PErmanent Structured Cooperation (PESCO) European Patrol Corvette (EPC) s'inscrira pour la Marine de guerre hellénique (Ελληνικό Πολεμικό Ναυτικό (ΠN) dans la perspective d'une flotte de surface dont la quasi-totalité des bâtiments est à renouveler. Cette flotte de surface, forte aujourd'hui de 32 unités, se compose de :

13 frégates réparties dont les : 

  • classe Elli (9) – classe hollandaise Kortenaer ou S-class (7) dont une sous-classe (2) dont les unités ont une moyenne d'âge de 38,3 ans ; 
  • classe Hydra (4) dont une sous-classe (2) dont les unités ont une moyenne d'âge de 22,75 ans.

19 patrouilleurs rapides lance-missiles de la même flotte de surface appartenant aux classes :

  • classe Votsis - La Combattant IIa (3) dont les unités ont une moyenne d'âge de 47,33 ans ; 
  • classe Laskos - La Combattante III (4) dont les unités ont une moyenne d'âge de 43,75 ans ; 
  • classe Kavaloudis - La Combattante IIIb (5) dont les unités ont une moyenne d'âge de 40,40 ans ;
  •  classe Roussen (7 + 2) pour laquelle une huitième unité devrait pouvoir être admise au service actif et dont les sept premières ont une moyenne d'âge de 9,28 ans.

Cette flotte de surface, forte de 32 unités, ne peut compter que sur 20 d'entre-elles pourvues en capacités anti-aériennes. Et encore : seuls 11 bâtiments possèdent des missiles anti-aériens modernes. En outre : aucun de ces bâtiments n'a de capacités permettant la défense aérienne d'un groupe naval constitué.

     L'enjeu géostratégique pour la Grèce est de soutenir et maintenir la partie navale avec la Turquie dont la flotte de surface sera forte de 16 frégates neuves ou modernisées auxquelles s'ajouteront 10 corvettes et 18 patrouilleurs rapides lance-missiles : soit 44 unités. La parité navale avec la Turquie ne pourra plus être soutenue d'ici aux années 2030, en raison des disparités économiques entre les deux pays. L'âge moyen avancé des bâtiments grecs et la rupture de la parité navale sous la mer sont deux facteurs puissants invitant la Grèce à faire évoluer le format de sa flotte.

     Le sujet « corvettes » s'était d'ores et déjà invité dans les discussions bilatérales entre la France et Grèce. Dès 2006, Athènes marquait son intérêt pour le programme FREMM (FREgates Européennes Multi-Missions) puis, actant la volonté de Paris ne plus proposer ce bâtiment à l'exportation afin de lui préférer la nouvelle frégate issue du programme FTI (Frégates de Taille Intermédiaire), les discussions reprenaient sur ces nouvelles bases, dans le cadre du « plan 2 + 2 » formalisé aux alentours du 31 mars 2018.

Paris avait même proposé en 2018 la corvette Gowind 2500 tandis que DCNS, aujourd'hui Naval group, avait fait montre de sa prétention à pouvoir décliner une variante rapide du même bâtiment, dénommée FastWind, apte à marcher à plus de 40 nœuds selon les propositions avancées à direction de la Géorgie et les Émirats Arabes Unis. Il était donc logique, voire attendu, que la France présente – si cela n'avait pas d'ores et déjà été fait depuis 2018 – le projet European Patrol Corvette à Athènes.

     Plus tôt la Grèce rejoindra cette coopération structurée permanente, plus tôt elle sera en mesure de pouvoir influencer la définition de cette plateforme navale afin de la rapprocher le plus possible des exigences nationales grecques.

Une rapide décision grecque au sujet de la European Patrol Corvette élargirait le cadre des décisions franco-grecques menées jusqu'au 31 janvier 2020 pour définir la version grecque des deux FDI commandées par Athènes. Dans l'hypothèse probable que l'amirauté navale grecque demande à augmenter le nombre de missiles embarqués alors il serait plus simple de proposer le développement du SYLVER A35 afin d'accueillir des missiles VL-MICA et pour les FDI et pour les European Patrol Corvettes ou bien de mettre à l'étude le développement de l'ensilotement par deux, voire trois, des missiles VL-MICA au sein de SYLVER A50. Ce dernier lanceur ouvre la possibilité d'équiper les corvettes de missiles ASTER 15 et donc de pouvoir traiter les menaces couvertes par l'enveloppe de vol dudit missile.

Le calendrier du CSP/PESCO European Patrol Corvette correspond à celui du programme MICA-NG (2026 – 2031) qui propose des évolutions matérielles pouvant le distinguer très fortement de l'Evolved Sea Sparrow (ESSM) comme, par exemple, un auto-directeur possédant un radar AESA, un propulseur à double impulsion permettant en fin de course de poursuivre une cible très manœuvrante et la possibilité que le missile transmette les informations de son directeur par l'entremise d'une liaison de donnée à la plateforme l'ayant tiré sans compter une augmentation de la portée. Athènes s'équiperait d'un missile que la Turquie ne possèdera pas.

     Par ailleurs, et sur un plan industriel : la Grèce a des compétences particulières à faire valoir pour rejoindre Paris et Rome : Hellenic Shipyards avec ALS Naval Ship Designs a travaillé sur une famille de bâtiments de surface allant du patrouilleur rapide lance-missiles jusqu'à la frégate de défense aérienne entre 2009 et 2015 dans l'optique de les proposer à la Marine de guerre hellénique (le Class 100 Littoral Combat Ship servant d'illustration (cf. en-tête). Aucun budget ne permettait le moindre commencement d'exécution mais cet exercice aura eu le mérite d'entretenir les compétences.

     L'introduction d'une plateforme navale découlant de cette coopération structurée permanente présenterait deux avantages politico-stratégiques qui méritent d'être considérés :

     Le premier est qu'un programme porté dans ce cadre recevrait un accueil politique favorable car il s'agirait de participer au renforcement des capacités militaires européennes tout en rationalisation et optimisant les efforts produits par tous.

La conséquence serait que l'acquisition supplémentaire de bâtiments de guerre par la Grèce, malgré les soubresauts économico-financiers du pays, serait partiellement masquée par le caractère positif de la démarche sur le plan diplomatique. Sur le plan stratégique, rejoindre cette initiative est donc un début de réponse à la perte structurelle de la parité navale avec la Turquie.

L'intérêt et la pertinence d'une entrée de la Grèce dans le CSP/PESCO EPC vis-à-vis de la stratégie des moyens, en tant que composante de la stratégie militaire grecque, pourrait correspondre au début du renouvellement des 9 patrouilleurs rapides lance-missiles les plus âgés (classes Laskos (4) et Kavaloudis (5).

Cette évolution programmatique d'introduire des corvettes en lieu et place de ces patrouilleurs rapides lance-missiles permettrait de viser une réorientation de la doctrine navale grecque afin de tenir compte du décrochage quant au nombre de sous-marins détenus par la Grèce et la Turquie. C'est-à-dire que l'introduction de bâtiments pouvant être spécialisés dans la lutte anti-sous-marine serait une sorte de contre-mesure stratégique, complétant par le bas les plateformes navales dédiées à ces missions que sont les frégates des classes Hydra (4) et Elli (9).

     Le deuxième avantage politico-stratégique touche indirectement le programme Futur Missile Anti-Navire / Futur Missile de Croisière (FMAN/FMC) ou Future Cruise and Anti-Ship Weapon (FC/ASW) pour les Britanniques. Le fait pour la Grèce d'admettre au service des plateformes navales françaises puis franco-italiennes faciliterait grandement ses démarches pour acquérir ces futurs missiles anti-navires (supersoniques et manœuvrant (Mach 3+). La Turquie ne possède encore la perspective d'admettre au service un missile anti-navire supersonique ou hypersonique. Et donc la Grèce obtiendrait un avantage décisif sur le plan stratégique.

 

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