Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





19 janvier 2022

PA-Ng : FMS pour les EMALS et AAG du 21 décembre 2021

© Rama, CC BY-SA 3.0 / Wikipedia.

     Le 21 décembre 2021, le State Department des États-Unis d'Amérique décidait d'approuver la procédure Foreign Military Sale (FMS) sollicitée par le gouvernement de la République française au profit de l'acquisition de systèmes embarqués Electromagnetic Aircraft Launch System (EMALS) et Advanced Arresting Gear (AAG) au profit du programme Porte-Avions de Nouvelle Génération (PA-Ng). Reste à obtenir l'approbation du Congrès et que soient prises les décisions architecturales relatives au nombre de catapultes, fonction du format du Groupe Aérien (GAé) projeté dans le cadre du programme Système de Combat Aérien Futur (SCAF), dans le cadre de l'Avant-Projet Sommaire (APS) d'ici à 2023, dans l'optique d'une éventuelle commande en 2025.

     Le mardi 8 décembre 2020, le Président de la République se rendrait au Creusot, à Framatome afin d'évoquer la politique nucléaire, tant civile que militaire. Et à ce dernier sujet, il devait - enfin - dévoiler sa décision relative à la capacité de la France à obtenir « le maintien de la supériorité aéromaritime [qui] implique de préparer le renouvellement du groupe aéronaval » (Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale, 2017, point 303). D'où le lancement, sanctionné par le discours inaugural du salon EuroNaval, le 23 octobre 2018 par la ministre des Armées, Mme Florence Parly, et dont les conclusions furent rendues en février 2020, permettant au Président de déclarer le 8 décembre 2020 :

« C'est la propulsion de nos sous-marins nucléaires lanceurs d'engins comme d'attaque. C'est aussi la propulsion nucléaire de nos porte-avions. Le « Charles de Gaulle » - vous le savez - arrivera à la fin de sa vie en 2038. C'est pourquoi j'ai décidé que le futur porte-avions qui dotera notre pays et notre Marine sera, comme le « Charles de Gaulle », à propulsion nucléaire ».

Emmanuel Macron, Président de la République, discours « Le nucléaire, filière d'excellence », 8 décembre 2020.

     La décision présidentielle permettait l'engagement de la mise à l'étude de l' « avant-projet sommaire » (vocable de l'industriel) qui avait pu démarrer fin mars 2021 et devant s'achever en 2023. Cette phase bénéficie de la création d'une société commune Naval group (65%) - Chantiers de l'Atlantique (35%) dans objectif de simplification et d'efficacité. Constituant un « plateau », TechnicAtome sera également présent pour travailler conjointement avec les deux acteurs précités. Après avoir été validée par la DGA et le ministère des Armées, ladite société est créée : MO Porte-Avions. « Ce plateau, c’est à la fois un symbole et un lieu essentiel, concret, pour assurer l’organisation et le bon déroulement de ce projet majeur pour la Marine, pour nos armées et pour la France » a affirmé la ministre dans son discours. Plateau qui ne remplace pas pour autant les bureaux d'études des Chantiers de l'Atlantique et de Naval group.

MO Porte-Avions se déploiera, dans un premier temps, depuis Lorient afin de conduire le développement de l'avant-projet sommaire (2021 - 2023) puis les études détaillées de l'avant-projet (2023 - 2026) devant se terminer soit fin 2025, soit début 2026. La ministre des Armées, Mme Florence Parly, de préciser dans son discours qu' « avec le démarrage de l’avant-projet sommaire dont les grandes étapes m’ont été présentées aujourd’hui, de nouveaux choix seront faits en préparation de la construction de ce nouveau porte-avions. Il s’agira de préciser l’architecture ainsi que les systèmes de mise en œuvre de l’aviation, de poursuivre le développement des chaufferies nucléaires, d’intensifier les travaux d’interface et de cohérence, notamment de connectivité, avec les autres bâtiments et aéronefs qui évolueront en mer et dans les airs. »

Le bureau d'études de Lorient de la société commune Naval group (65%) - Chantiers de l'Atlantique (35%), ayant à  conduire le développement de l'avant-projet sommaire (2021 - 2023) devra travailler à apporter les éléments nécessaires afin de mesurer les meilleurs compromis architecturaux entre les ambitions opérationnelles et l'esquisse financière du programme afin, par exemple, de décider des questions suivantes nombre de catapultes, à l'obtention ou non de la capacité « catapo » et au format définitif du groupe aérien embarqué selon diverses exigences opérationnelles.

     La troisième catapulte, c’est-à-dire la catapulte axiale bâbord, constitue une option âprement discutée entre son utilité et son encombrement. Elle dépendra très probablement des décisions qui seront issues des débats internes aux Forces Aériennes Stratégiques (FAS) et de manière plus relative à la Force Aéronavale Nuclcéaire (FANu) au sujet du dimensionnement d’un raid nucléaire mais également aux avancées des travaux conduits dans le cadre du programme SCAF, notamment au sujet des Loyal wingman et des Remote carrier, en particulier ceux qui ne seront pas « consommables ». La question devrait bénéficier d’une décision vers la fin de l’avant-projet sommaire (2021-2023) et à l’orée de la commande des catapultes.

La capacité « catapo », c’est-à-dire la faculté à mener simultanément le catapultage et l’appontage d’aéronefs, n’est pas explicitement visée dans le cadre du programme PA-Ng et, en exagérant un peu, pourrait être l’une des conséquences de l’augmentation des dimensions générales. Il y a tout lieu de remarquer, et pour la première fois pour un porte-avions français mettant en œuvre des jets depuis 1945, la capacité « catapo » devrait être atteinte grâce à la catapulte axiale tribord qui n’interfère nullement avec la piste oblique et qui dispose d’environ 30 mètres pour que les aéronefs puissent se présenter à elle.

Toutefois, et du côté de la catapulte latérale bâbord : les gabarits de sécurité de la piste oblique débordent légèrement sur son déflecteur de jet et sur l’espace dévolu à l’aéronef qui se présente face à la catapulte, le tout rendant difficile à ce que l’espace de parking à l’arrière de l’ilot serve à ce que 4 Rafale M (Dassault Aviation)/ NGF-M (Dassault Aviation) puissent alimenter ladite catapulte, comme Combat Air Patrol (CAP) d’alerte.

     Il en ressortait donc que la troisième itération (la quatrième s’étant achevée en mars ou avril 2021), c'est-à-dire celle présentée à l'occasion de l'officialisation de la décision du Président de la République, M. Emmanuel Macron, le 8 décembre 2020, cristallisait la configuration arrêtait par les protagonistes du programme, tout en laissant apercevoir diverses options architecturales. Ils retenaient une configuration principale à deux catapultes tandis que la troisième était conservée en tant qu'option et son sort est donc liée aux études et travaux précités. Plus précisément, son sort est lié à l'aboutissement des travaux dans le cadre de la (sixième ?) itération (avril 2022 - mars 2023).

Il n'en demeure pas moins qu'elle n'a pas été abandonnée et que certains emploient des illustrations d'un PA-Ng pourvus de trois catapultes, probablement à dessein pour rappeler leur position à ce sujet.

     C'est dans cette perspective qu'il s'agit de replacer la procédure Foreign Military Sales (FMS), demandée par le gouvernement de la République française. Son approbation, le 21 décembre 2021, par le State Department du gouvernement des États-Unis d'Amérique implique plusieurs choses. La première étant que la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) avait d'ores et déjà instruit le dossier et avait émis un avis favorable avant de le transmettre au State Department. Il en ressort que ce même dossier a donc été transmis au Congrès qui aura à se prononcer.

Et de rappeler que la DSCA traduit le besoin militaire étranger, exprimé à travers la procédure FMS, en une liste de spécifications, construites comme s'il s'agissait d'équiper une unité opérationnelle américaine, avec un dimensionnement de celles-ci porté à leur paroxysme. La DSCA, tant par habitude que par l'objet du procédé, propose au Congrès une FMS aux quantités exagérées car cela établi une limite haute sur le plan matériel pour les négociations, évitant d'avoir à faire repasser devant le Congrès le résultat de négociations ayant dépassé le mandat initial.

     Mais la lecture de la FMS afférente à cette demande française souligne qu'elle est entièrement structurée autour du périmètre précité : c'est-à-dire qu'il s'agit de fournir un système Electromagnetic Aircraft Launch System (EMALS) à deux catapultes et un système Advanced Arresting Gear (AAG) à trois brins d'arrêt. Cet état de fait appelle deux remarques :

Premièrement, il ne s'agit que de la procédure FMS et non pas d'un affermissement d'un accord contractuel, si bien que ce cadre général puisse évoluer dans un second temps au profit d'un volume plus important, comme une troisième catapulte, voire un quatrième brin d'arrêt.

Cet éventuel quatrième AAG aurait pour fonction essentielle de servir comme secours, au profit du troisième brin, en accueillant la barricade de secours. Mais cette installation ne servirait pas à l'installation d'un quatrième brin, configuration abandonnée depuis la sous-classe Ronald Reagan (2) des porte-avions classe Nimitz (10). . Une réflexion relative à cette évolution matérielle est en cours aux États-Unis. Il paraît, à ce stade, peu probable que l'US Navy entérine ce quatrième AAG.

Le contrat portant commande de ces matériels n'interviendrait qu'en 2025 tandis que la conception générale du PA-Ng et, partant de là, du pont d'envol, et donc de ses installations aéronautiques afférentes, serait figée au terme de l'avant-projet sommaire, afin de pouvoir mener les études détaillées de l'avant-projet définitif qui interviendront entre 2023 et fin 2025, début 2026.

Deuxièmement, cette procédure FMS demeure néanmoins, et surtout, nécessaire à la passation des commandes d'approvisionnement à long terme des pièces les plus critiques selon les aspects calendaires du programme, aussi pour que soit prise en compte la commande française au sein des commandes de l'US Navy passées à General Atomics et Huntington Ingalls Industries. Il s'agit, en l'espèce, de pièces devant être forgées. Ceci permettant, également, de « dérisquer » la future FMS devant permettre d'aboutir à la signature du ou des contrats en 2025, en 2025, simultanément à celle devant porter la commande des Grumman E-2D Advanced Hawkeye la même année.

     En outre, cette procédure FMS du 21 décembre 2021 contient d'utiles précisions relatives au calendrier du programme PA-Ng puisqu'elle affirme que son périmètre comprend « this proposed sale will require the assignment of approximately (40) U.S. Government and contractor representatives to France for 10 weeks per year in calendar years 2033-2038, to support shipboard system installation, commissioning, certification, aircraft compatibility testing, flight deck certification and sea trials. »

Autrement dit, il s'agirait de comprendre que l'intégration des EMALS et AAG est prévu pour débuter à partir de l'année 2033 à bord du PA-Ng dont le chantier devrait alors avoisiner les 80% d'achèvement et serait donc logiquement au stade de l'armement au sein des grands bassins Vauban ou le long de l'appontement Milhaud 7, à la base navale de Toulon. Cela pourrait nous donner le calendrier suivant :

En cas de décision favorable au lancement en phase de réalisation du programme PA-Ng, une cérémonie de découpe de la première tôle du futur bâtiment interviendrait symboliquement durant l'année 2026. Mais jusqu'en 2028 ne se déroulerait que des phases de développement proprement dites. Le début du chantier n'interviendrait avec l'usinage des premières tôles et assemblage des premiers blocs à partir de l'année 2028. Les premiers blocs ne seraient assemblés au fond du bassin C des Chantiers de l'Atlantique qu'à partir de l'année 2032. Les Chantiers de l'Atlantique pensent pouvoir assembler la coque en moins de 12 mois (Vincent Groizeleau, « Futur porte-avions : leschantiers pensent pouvoir assembler la coque en moins d’un an », Mer et Marine, 11 septembre 2019), soit une nette progression par rapport aux 18 mois envisagés en 2010 au profit du CVF-FR.

La mention de l'année 2033 dans la procédure FMS accrédite l'idée que la coque serait assemblée entre 2031 et 2032. Les Chantiers de l'Atlantique seront chargés de la construction de la coque ainsi que des locaux vie (logements, restauration, hôpitaux) et les installations auxiliaires (incendie, air comprimé, eau douce). À l'orée de 2033, Naval group qui reçoit la responsabilité de l'architecture du bâtiment et assurera l’intégration du système de combat, des systèmes de navigation, aviation, et la production de sous-ensembles des chaufferies nucléaires prendrait donc en charge la coque propulsée afin de procéder à son armement.

 

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    Connaît-on les aménagements prévus à St-Nazaire pour assurer un assemblage dans la forme C, aujourd'hui cale sèche et non forme de construction. L'installation d'un portique pour lever les blocs est-elle prévue ? Augmentation des capacités de découpe de tôle et d'assemblage des blocs ? Où sont armés les paquebots qui utilisent aujourd'hui cette forme ?
    QC

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  2. En espérant que les soucis des EMALS soit enfin résolus d'ici la prochaine décennie. Ne faire qu'un seul ''prototype'' avec des technologies innovantes est risqué.

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  3. On parlerait de 3 catapultes pour un PANG vers 2037...
    http://www.opex360.com/2022/10/19/lidee-de-doter-le-porte-avions-de-nouvelle-generation-dune-troisieme-catapulte-electromagnetique-se-precise/

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    1. Bonsoir, Des nouvelles sur les futur es catapultes du PANG:
      https://news.usni.org/2023/06/07/general-atomics-wins-1-2b-contract-for-emals-aag-on-future-carrier-doris-miller-french-carrier

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