© Inconnu. Le monde selon H. J. MACKINDER.
Les deux cartes qui sont issues de l’article de Michel KORINMAN « La
longue marche des organisations de réfugiés allemands de 1945 » (aux
pages 43 et 44) montrent, pour la première les frontières
de l' "Allemagne historique" (Grande Allemagne sous Hitler, Saint
Empire Romain Germanique, etc...) et la seconde le déplacement des
populations germanophones après la seconde guerre
mondiale.
L'article du géopolitologue KORINMAN a été publié dans le numéro 68
de la revue de géographie et de géopolitique Hérodote (1993) intitulé « La question allemande ».
La publication de cet article intervient dans un contexte historique
très fort. Ainsi, la réunification allemande est effective le 3 octobre
1990. Le processus était engagé depuis octobre 1989 et
succède à une période de détente (1986-1988) entre la coalition
occidentale et l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques).
Une année plus tard, à peine, c’est la dissolution de l’URSS
qui est prononcée le 26 décembre 1991.
Cette réunification allemande dans le cadre de la recomposition de
l’espace politique européen, sur les décombres du bloc de l’Est,
inquiète. Le pacte de Varsovie se dissout le 1er
juillet 1991. Il y a la crainte d’une résurgence du projet géopolitique allemand.
Les deux cartes présentées montrent deux choses.
Premièrement, c’est une synthèse du projet géopolitique allemand.
Celui-ci débute par l’unification de la nation allemande et s’achève par
la capitulation du 8 mai 1945.
« Ainsi, c’est la puissance française qui déclenchera l’unité
allemande ». Goethe dira que le cri révolutionnaire (« Vive la
Nation ! ») est « le début d’une
nouvelle époque de l’histoire du monde »[1].
La bataille d’Iéna (1806) eu plusieurs conséquences pour le
mouvement national allemand. Premièrement, Napoléon abolit le
Saint-Empire romain germanique. Deuxièmement, après cette bataille
Johann
Gottlieb FITCHE prononce son discours à la nation allemande,
« vrai » moment de la naissance de la nation allemande.
Au Saint-Empire romain germanique succède « au Congrès de Vienne la
Confédération germanique (1815-1866) sous la présidence du nouvel Empire
autrichien »[2].
Les traités
de Westphalie (1648) avaient laissé un Saint-Empire romain
germanique à 300 principautés et villes libres. La Confédération
germanique permet que « le nombre de principautés et de villes
libres fut réduit à trente environ »[3].
La construction de l’unité allemande au long du XIXe siècle est
marquée par deux grandes bataille : la première est celle de Sadowa
(1866). « L’union de la nation [allemande] ne put
aussi se réaliser à cause du contraste des pouvoirs entre les deux
Etats de la confédération : d’une part l’Empire autrichien, qui
défendait ses droits (solution de la Grande Allemagne), et,
d’autre part, le Royaume prussien, qui prenait de l’essor par sa
puissance économique et militaire (solution de la petite Allemagne).
Cette lutte pour l’hégémonie entre les Habsbourg catholiques
et les Hohenzollern protestants, c’est la Prusse qui, sous la
conduite de Bismarck, l’emporta, contre la majorité des Etats allemands,
pendant la guerre de 1866. La Prusse, après avoir dissous la
Confédération, écarta l’Autriche de la future Allemagne »[4].
La seconde bataille marquante de cette construction de l’unité
allemande est la bataille de « Sedan et la guerre franco-allemande de
1870 (allemande car associant, autour de la Prusse, des
contingents des différents Etats allemands) »[5].
« L’Empire allemand de 1871, la création de Bismarck, était une
union de l’Etat prussien, militaire et autoritaire, avec les milieux
dirigeants de la bourgeoisie libérale qui s’était
développée grâce au commerce et à l’industrie »[6].
L’histoire de l’unité allemande montre bien que le pivot en est la
Prusse. C’est l’Etat prussien qui a porté la construction de l’unité
allemande et y a imposé ses vues. Le conservatisme de la
couronne prussienne imprégnera tant les institutions que la
direction politique du Reich et son assise territoriale dominera les
différents régimes qui se succéderont.
L’expansionnisme allemand est porté par un projet hégémonique.
C’est-à-dire que l’Allemagne aspire à développer son assise territoriale
en Europe, à travers la Mittleuropa, au détriment de ses
voisins, afin de mieux pouvoir se projeter dans le monde. La
première guerre mondiale porte un coup d’arrêt temporaire à ses
ambitions. Mais l’éclatement de la seconde guerre mondiale montre que
Berlin réussit à atteindre son expansion territoriale maximale
depuis la réalisation de l’unité allemande. Le Reich allait s’effondrer
sous le poids de ses conquêtes.
Deuxièmement, le projet géopolitique soviétique vient combler le
vide laissé par la disparition de l’Allemagne comme grande puissance et
l’attentisme de Londres et Washington vis-à-vis de cette
région du monde. La théorie du Heartland[7] de Halford John MACKINDER est une lecture intéressante pour replacer cette conquête soviétique dans une perspective
géopolitique.
Dans son célèbre article, MACKINDER postule l’existence d’un Heartland[8]. Forteresse inaccessible à l’influence maritime, installée au cœur du continent eurasiatique, le
Heartland serait le pivot de l’Histoire. Il est borné au Nord par l’océan glacial Arctique.
Autour de ce Heartland existe le « croissant interne ». Nicholas J. SPYKMAN reprendra en partie la thèse de MACKINDER : il affirmera que le pivot n’est pas le Heartland
mais ce croissant interne qu’il baptisera Rimland[9].
A l’extérieur de ce croissant interne (ou Rimland pour SPYKMAN) se
situe le croissant externe ou insulaire. Il comprend, par exemple, les
Amériques, une partie de l’Afrique et l’Australie.
MACKINDER résumera sa théorie par une célèbre formule : qui tient
l’Europe de l’Est tient le Heartland, qui tient le Heartland contrôle
l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le
monde ». SPYKMAN aura une formule différente pour exprimer sa
lecture de la théorie du Heartland : « qui contrôle le Rimland contrôle
l’Eurasie, qui gouverne l’Eurasie contrôle les
destinées du monde ».
C’est à l’aune du projet géopolitique allemand pour l’hégémonie via
le contrôle de l’Europe orientale et de la théorie du Heartland qu’il
s’agit de replacer la conquête de la Mitteleuropa par
l’Union soviétique.
En quoi cette conquête soviétique de la Mitteleuropa illustre la
tentative de Moscou de découpler les croissants interne et externe de la
théorie de Harold Mackinder pour le contrôle de l’Ile
Monde ?
L’Union soviétique a vaincu l’Allemagne à l’Est. Le vide
géopolitique laissé par la capitulation allemande n’est pas occupée par
les vainqueurs à l’Ouest. Moscou s’y engouffre comme nouvelle
puissance d’Europe centrale pour réaliser le projet allemand de
Mitteleuropa (I). Cette prise de terres marque la volonté de l’empire
soviétique, détenteur du Heartland, de découpler le croissant
interne du croissant insulaire pour tenter de contrôler l’Ile Monde
(II).
I – De la prise de terres en Europe centrale et la réalisation de la Mitteleuropa
La présence militaire soviétique en Europe de l’Est est décisive
dans les processus de dégermanisation et de satellisation (A). C’était
les pré-requis pour réaliser le projet de Mitteleuropa
allemand à l’avantage de Moscou (B).
A – La satellisation de l’Europe centrale comme marqueur de l’affrontement entre Terre et Mer
L’Argentin Juan Bautista ALBERDI affirma au XIXe siècle que « Gouverner, c’est peupler »[10].
Cette expression énonce bien ce que firent les pays d’Europe centrale
et orientale. Après leur libération de l’occupation allemande par
l’Armée rouge, ils lancèrent le processus de dégermanisation. En
réaction à la seconde guerre mondiale et comme mesure de
protection vis-à-vis d’un possible relèvement de la puissance
allemande, ces Etats allaient saper les bases de son assise territoriale
en Europe pour définitivement la réduire. Ainsi, 13 millions
d’allemands furent déplacés. Ils quittèrent aussi bien des
territoires historiquement allemands que des territoires où existaient
de longue date des populations germanophones.
A ce rejet du projet géopolitique allemand s’ajoute une opposition
entre la Terre et la Mer. Face à la difficile relance des économies
européennes qui peinent à s’extraire du marasme dans lequel
la seconde guerre mondiale les a laissé, les Etats-Unis proposent
une aide économique sous conditions : le plan Marshall.
L’Europe est gouvernée par des fronts nationaux, à une différence
près : à l’Est l’Armée rouge est présente et apporte un soutien décisif
aux partis communistes. Moscou rejette le plan
Marshall. Ce rejet s’explique notamment par les conditions
officieuses américaines que les bénéficiaires de l’aide économique
excluent les communistes des fronts nationaux.
En Europe centrale, Moscou fait pression pour que les pays occupés par l’Armée rouge rejettent l’offre.
La satellisation de l’Europe de l’Est débutait. Economiquement, ces
pays sont intégrés dans la sphère économique de l’URSS. Celle-ci
fonctionne presque intégralement de manière autarcique.
Contraste totale avec la coalition occidentale en cours de
constitution, menée par les Etats-Unis et rassemblant, notamment,
l’Europe de l’Ouest dont l’un des principes essentiels allaient
devenir la liberté des échanges.
B – La concrétisation du projet allemand de Mitteleuropa par l’Union soviétique pour renforcer l’autarcie du Heartland
La classe dirigeante allemande aspirait aussi à convertir la
puissance économique de l’Allemagne en puissance politique à l’échelle
du monde. C’est ce qu’elle tenta de faire lors des deux
conflits mondiaux du XXe siècle.
C’était la question de l’ « espace vitale », le lebensraum de Friedrich RATZEL qui devait assurer la survie et le développement de l’Etat. En Europe, ce projet se traduisait
sur le plan économique en deux points.
Le premier était que la réunion des germanophones permettra de
prendre ou de tenter d’arracher les grands bassin miniers (de la
Lorraine à la Silésie) pour asseoir la puissance allemande.
Le second point était que pour devenir une puissance mondiale,
l’Allemagne se doit se sécuriser son assise territorial. Rudolf KJELLEN,
géopolitologue suédois, préconise ainsi une Europe fédérale
dirigée par l’Allemagne comme base d’un empire colonial allemand.
Plus modestement, le projet de Mitteleuropa devait se traduire par une
union douanière de l’Allemagne avec ses voisins d’Europe
centrale. Ce projet échoue dans les tourments des crises européennes
et est définitivement écarté à la capitulation allemande le 8 mai 1945.
La satellisation de l’Europe de l’Est (1947-1955) par l’Union
soviétique, notamment en réaction au plan Marshall, est l’occasion de
concrétiser le projet allemand, de facto. La réunion des Etats
d’Europe centrale et orientale dans un même ensemble économique est
enfin réalisée. L’URSS accède ainsi à l’ensemble des ressources de cette
zone. Elles seront mise au service de l’économie
soviétique.
Cette prise de terres par Moscou se réalise sans confrontation ni
véritables réactions de l’Ouest. Cette Mitteleuropa entre les mains
allemandes était une assise économique de trop grandes
importances pour une puissance qui tentait de s’imposer comme
hégémonique.
A l’échelle de la théorie de MACKINDER sur le Heartland, l’enjeu était pourtant décisif puisqu’il avait énoncé en 1919[11]
que celui qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle
le Heartland, et donc, contrôle l’Ile Monde. Toutefois, MACKINDER
observait en 1943 que l’alliance entre Moscou et Washington pour réduire
l’Allemagne l’amenait à réviser les limites du
Heartland. Avec le déménagement de l’industrie soviétique à l’Est de
l’Oural, le Heartland de MACKINDER se rétrécit par rapport à sa taille
énoncée en 1919.
Cependant, une autre crainte de Mackinder s’est réalisée : l’URSS a
constitué un empire industriel autonome, surtout des thalassocraties
américaine et anglaise. L’apport de la Mitteleuropa
demeure important et renforce la Terre contre la Mer.
Pendant tout le conflit Est-Ouest, l’Union soviétique saura jouer
des rapports économiques entre l’Europe de l’Ouest et de l’Est pour
tenter de réorganiser les flux d’échanges du lien
transatlantique à un grand commerce eurasien où le croissant interne
est découplé du croissant externe, insulaire.
II – De la tentative de découplage entre les croissants interne et externe pour contrôler l’Ile Monde
Moscou ne parvient pas à contrôler l’Ile Monde par la conquête de
l’Europe de l’Est - contrairement à ce que disait la théorie du
Heartland de MACKINDER- en raison du transfert du pivot en Iran
(A). L’Union soviétique tentera de découpler les croissants interne
et externe pour le contrôle de l’Ile Monde mais ce sera un échec (B).
A – Le transfert du pivot centre-européen au pivot iranien et le premier échec de prise de contrôle de l’Ile Monde
L’apport de l’Europe de l’Est n’a pas été décisif pour l’Union
soviétique pour contrôler l’Ile Monde. Pourtant, Harold John MACKINDER
assurait que celui qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle le
Heartland, contrôle donc l’Ile Monde et contrôle alors le Monde.
Ceci peut s’expliquer de diverses manières. Premièrement, les
économies européennes, au sortir de la guerre, sont presque à l’arrêt.
Les forces matérielles qui donnaient de caractère si important
à l’Europe centrale ont été largement consommées dans la guerre. Il
est donc logique que, entre les capitaux perdus et les économies à
l’arrêt, l’Europe centrale, et plus généralement, l’Europe,
pèse beaucoup moins sur la scène mondiale en 1945 par rapport à
1939.
Deuxième point, et non des moindre, cette puissance économique de
l’Europe centrale s’appuyait sur des ressources minières dont l’une des
plus importantes était le charbon. Mais depuis le début
du XXe siècle le charbon cède la place progressivement au pétrole.
L’importance capitale que prend cette ressource fossile recompose la
géopolitique des ressources. L’Europe en est grandement
dépourvu, dans l’absolu. Les Etats-Unis peuvent compter sur de
grandes ressources domestiques. Conjointement avec Londres, Washington
s’investit fortement au Moyen-Orient et plus particulièrement
en Arabie Saoudite (pacte de l’USS Quincy, 14 février 1945).
Ce qui amène à penser que l’après seconde guerre mondiale constitue
le moment du transfert du pivot de l’Europe centrale au Golfe Persique.
Si les réserves en charbon faisaient, pour partie, la
force du pivot centre européen, alors la concentration des réserves
pétrolières entre l’Iran et l’Arabie Saoudite explique le transfert du
pivot. De même, ces nouvelles richesses fossiles
assureront une grande activité économique dans cette nouvelle zone,
par contraste avec l’Europe centrale et orientale qui a perdu ses grands
empires et dont les ressources déclines. De plus, le
pivot iranien ouvre bien des voies pour accéder à l’Asie centrale :
donc au Heartland.
B – L’échec soviétique de découplage entre croissants interne et externe pour le contrôle de l’Ile Monde
L’URSS s’est constituée un empire terrien industrialisé et
autarcique. Moscou a conquis la Mitteleuropa, c’est-à-dire l’Europe
centrale, mais aussi l’Europe orientale. Si cet apport n’a pas été
décisif, il s’avère, néanmoins, précieux.
Londres et Moscou occupe l’Iran depuis 1941 afin de protéger la
route stratégique Bagdad-Khanaquin-Kermanchah-Hamadan-Téhéran qui est
l’une des grandes routes par laquelle transite l’aide
militaire des Alliés à l’URSS pendant la seconde guerre mondiale
(avec la route maritime de Mourmansk). L’occupation de l’Iran par les
Alliés donnent lieu à un jeu diplomatique intense. Les
négociations butent, par exemple, sur la question des concessions
pétrolières. Moscou et Londres cessent l’occupation, sans que l’URSS ait
obtenu gain de cause pour ses revendications et alors
que Londres conserve toutes ses positions. Ainsi, l’Union soviétique
se retire de ce qui semble être le nouveau pivot sans pouvoir y assurer
ses positions.
L’URSS n’est pas plus présente dans la Péninsule Arabique, autre
terre de pétrole et du croissant interne. Depuis l’accord
américano-saoudien, l’Arabie des Séouds est alliée à Washington. En
échange de positions pétrolières très avantageuses, Washington
assure la sécurité du régime.
Le « joyau de la couronne britannique », les Indes, obtiennent leur
indépendance le 15 août 1947. De ce jour naissent les Etats du Pakistan
et de l’Union indienne. Le nouvel Etat indien
affirmera son indépendance et son refus de s’aligner sur l’un des
deux blocs. Le tournant interviendra le 9 août 1971 quand l’Inde et
l’URSS signèrent un traité (comportant un volet militaire).
Enfin, la victoire de Mao et l’avènement de la République Populaire
de Chine (1949) est un moment décisif dans l’histoire du mouvement
communiste international. C’est la première fois qu’un
mouvement communiste parvient au pouvoir hors d’Europe. Et l’apport
chinois au bloc de l’Est est gigantesque sur une carte : le bloc
communiste domine l’Eurasie[12].
Néanmoins, la rivalité pour le leadership politique dans le camp
socialiste et les propres projets géopolitiques de Pékin aboutiront à la
rupture sino-soviétique, éloignant la menace du Heartland
sur le Rimland.
Conclusion
Moscou ne parviendra pas à conquérir l’Ile Monde. Le premier échec
d’une telle entreprise réside dans le fait que, manifestement, le pivot a
été transféré d’Europe de l’Est pour le Golfe Persique
et l’Iran. L’Europe est très affaiblie sur le plan économique et
l’émergence du pétrole, presque absent d’Europe, pousse au déclin des
bassins charbonneux.
Dans un deuxième temps, l’Union soviétique ne parvient pas à
intéresser les économies du croissant interne à l’économie industrielle
autarcique du Heartland. C’est un échec d’autant plus fort que
Moscou se retire de l’occupation de la moitié Nord de l’Iran sans
réaliser le moindre gain. Cela contraste fortement avec sa conquête
méticuleuse de l’Europe de l’Est. Mais l’Iran avait été
occupé sans combat, à la différence de l’Europe centrale et
orientale où l’Armée rouge a versé le sang.
Cet échec soviétique à conquérir et le pivot et le croissant interne
offrira un espace géopolitique aux Etats-Unis quand Truman énoncera la
doctrine qui porte son nom et qui consistera dans
l’endiguement des avancées soviétiques.
Si l’URSS avait réussi à découpler les croissants interne et externe
alors Moscou serait parvenu à faire revenir le monde à l’âge
pré-colombien : le Nouveau Monde (les Amériques) aurait été
écarté et marginalisé politiquement. SCHMITT expliquait que
« l’ordre mondial européo-centrique apparu au XVIe siècle s’est divisé
en deux ordres globaux distincts, terrestre et
maritime. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité,
l’opposition entre terre et mer devient le fondement universel d’un
droit des gens global. Désormais il ne s’agit plus de mers
intérieures comme la Méditerranée, l’Adriatique ou la Baltique, mais
du globe terrestre entier, mesuré géographiquement, et de ses océans »[13].
Par ailleurs, cette réflexion ne permet pas d’infirmer ou de
confirmer les thèses de MACKINDER et de SPYKMAN. Bien des éléments
plaident pour un transfert du pivot de l’Europe centrale au Golfe
Persique. Toutefois, aucune des deux grandes puissances ne dominent
nettement le Rimland.
Bibliographie :
Ouvrages de Géopolitiques :
- CHANTRIAUX Olivier et FLICHY DE LA NEUVILLE Thomas, Le basculement océanique mondial, Paris, Editions Lavauzelle, 2013, 149 p.
- RATZEL Friedrich, La géographie politique – Les concepts fondamentaux, Paris, Editions Fayard, 1987, 220 p.
- KEMPF Olivier, Géopolitique de la France – Entre déclin et renaissance, Paris, Editions TECHNIP, 2013, 220 p.
- SCHMITT Carl, Le Nomos de la Terre, Paris, Editions Presses Universitaires de France, 2012, 368 p.
Ouvrage d’Histoire :
- FISCHER Fritz, Les buts de guerre de l’Allemagne impériale – 1914-1918, Paris, Editions Trévise, 1970, 653 p.
Articles de géopolitique :
MACKINDER Harold John, « The Geographical pivot of History », Royal society of geography, 1904, pp. 421–37.
[1] KEMPF Olivier, Géopolitique de la France – Entre déclin et renaissance, Paris, Editions TECHNIP, 2013, p. 156.
[2] FISCHER Fritz, Les buts de guerre de l’Allemagne impériale – 1914-1918, Paris, Editions Trévise, 1970, pp. 19-20.
[3] FISCHER Fritz, Les buts de guerre de l’Allemagne impériale – 1914-1918, Paris, Editions Trévise, 1970, pp. 19-20.
[4] FISCHER Fritz, Les buts de guerre de l’Allemagne impériale – 1914-1918, Paris, Editions Trévise, 1970, p. 20.
[5] KEMPF Olivier, Géopolitique de la France – Entre déclin et renaissance, Paris, Editions TECHNIP, 2013, p. 156.
[6] FISCHER Fritz, Les buts de guerre de l’Allemagne impériale – 1914-1918, Paris, Editions Trévise, 1970, p. 19.
[7] MACKINDER, Halford John, "The geographical pivot of history", The Geographical Journal, 1904, pp. 421–37.
[10] CHANTRIAUX Olivier et FLICHY DE LA NEUVILLE Thomas, Le basculement océanique mondial, Paris, Editions Lavauzelle, 2013, p. 123.
[13] SCHMITT Carl, Le Nomos de la Terre, Paris, Editions Presses Universitaires de France, 2012, p. 172.