Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





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19 janvier 2017

Entretien avec Gilbert le Bris – Tromelin et l'intégrité territoriale de l'Archipel France

© Olivier Chapuis / MaxSea / Mapmedia / SHOM. À 230 milles à l’Est de Madagascar et à 300 milles au Nord-Ouest de l’île Maurice, l’île Tromelin (au cœur du cercle rouge) abrite aujourd’hui une station de Météo-France, précieuse pour le réseau synoptique de l’océan Indien.
Gilbert Le Bris, ancien officier de la Marine (commissaire de Marine) est aujourd'hui député (PS) de la huitième circonscription du Finistère. À ce titre, il est membre de la commission de la Défense nationale et des forces armées. Au travers de ses activités parlementaires il est un spécialiste des questions liées à l'OTAN (membre de la délégation française (vice-président) à l'Assemblée parlementaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) ainsi que de la Marine nationale (voir ses missions d'informations, rapports et avis). Il a généreusement accepté de nous accorder un entretien au sujet du traité de co-gestion qui devait être présenté à l'Assemblée nationale avant qu'il ne soit retiré de l'ordre du jour. 

L'ensemble des possessions maritimes françaises, même inhabitées, représentent-elles un intérêt stratégique pour la France ?

07 novembre 2016

PA2 : un réacteur nucléaire franco-indien ?

© Jacques Marquet & Matthieu Genouel - Forces Armées Françaises 2030. Porte-Avions Nucléaire type PAN-2.


La configuration aéronavale indienne se précise de plus en plus au fur et à mesure que les années passent. L'INS Vishal (2025 à 2035 - ...) s'affirme comme un futur porte-avions CATOBAR à propulsion nucléaire qui pourrait avoir quelques incidences sur le projet de deuxième porte-avions français, et notamment dans le choix de la propulsion.

26 avril 2016

Sea 1000 : DCNS entre en négociations exclusives


© DCNS. A Shortfin Barracuda Block 1A pre-concept design released as part of the DCNS pitch.

Le Président de la République, M. François Hollande, officialise le choix du gouvernement australien de retenir la proposition de DCNS dans le cadre de l'appel d'offres du programme Sea 1000 pour la construction de douze sous-marins en Australie. Navy Today, le Cols Bleus australien en fait de même. Ce contrat qu'il faut encore négocier afin de le signer définitivement déplace un volume financier de 34 milliards d'euros, autant d'enjeux que de défis stratégiques. 


15 avril 2016

Entretien avec Paul Mullié - Les frontières maritimes chinoises

Paul Mullié est titulaire d'une licence de géographie (Institut de Géographie Alpine/Institut d'Urbanisme de Grenoble). Au sein de l'université Jean Moulin (Lyon III), il obtenait son master I (Relations Internationales, Sécurité et Défense) en soutenant un mémoire sur la marine chinoise ("La marine chinoise du XXIème siècle : posture défensive ou stratégie hégémonique potentielle?"). En deuxième année de master (Relations Internationales et Diplomatie), son deuxième mémoire portait sur "Le concept d'universel en sciences sociales et sa transposition en relations internationales par l'universalisme."

13 mars 2016

Affirmation du rang de la France : le GAn dans les océans Indien et Pacifique ?

© Etat-major des Armées/Marine nationale. Du 12 au 16 avril, le groupe aéronaval français (GAN), engagé aux côtés du groupe du porte-avions Carl Vinson au sein de la Task Force 50 depuis le 23 février, assure seul la permanence aéronavale de la coalition dans le golfe arabo-persique. Déployés dans l’océan Indien et le golfe arabo-persique dans le cadre de leur mission « Arromanches », le porte-avions Charles de Gaulle, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul, le pétrolier-ravitailleur Meuse, la frégate anti sous-marine HMS Kent et un sous-marin nucléaire d’attaque sont aujourd’hui dans leur 8e semaine d’opération au large de l’Irak.
La Marine nationale fournissait, au titre de l'effort de guerre contre le groupe dit "Etat Islamique" et les forces de Bachar El-Assad, le GAn (Groupe Aéronaval), centré sur le porte-avions Charles de Gaulle, comme outil de diplomatie navale afin de tenter d'influencer la décision à terre pour reprendre les cheminements stratégiques de Julian S. Corbett et du général Beaufre. Toutefois, eu égard à la modeste activité aérienne française, comparativement à l'intervention russe, nous proposons de nous interroger sur la pertinence de l'emploi du GAn quand des croisières à destination de l'Inde, de l'Australie, de la Chine ou du Japon auraient pu paraître plus efficaces sur le plan politique. 

10 mars 2016

L'URSS et l'Océan : une prise de mer avortée ?


La lecture de deux articles de Lucien Poirier, membre de l'Académie de Marine (POIRIER Lucien, "U.R.S.S. - Une flotte civile au service de la marine militaire", La nouvelle Revue maritime, n•367, février 1982, pp. 87-95) et de David REES (REES David, "Puissance navale soviétique", La nouvelle Revue maritime, n•327, juillet 1977, pp. 767-780 ;  REES David, "Puissance navale soviétique" - deuxième partie, La nouvelle Revue maritime, n•328, août-septembre 1977, pp. 893-904) nous invite à considérer le prodigieux effort maritime produit par l'Union soviétique à partir de l'année 1959. Nous nous proposons de le mettre en regard avec la notion de "prise de mer" de Car Schmitt pour rapporter l'ensemble au cas de la République Populaire de Chine. 


19 février 2016

"L'OTAN au XXIe siècle - La transformation d'un héritage" d'Olivier Kempf


Nous n'avions pas pris la peine de parcourir la première édition du livre d'Olivier Kempf mais nous réparons notre erreur quant à cette deuxième édition. L'auteur nous dit qu'il y a bien des choses maritimes à relever dans cette grande affaire. Dans une période où, depuis 2007 et les nombreuses crises touchant toute ou partie du système occidental, la stratégie politique française, pour reprendre le vocable de Castex, choisissait de revenir au commandement intégré de l'OTAN tandis que le débat s'enlise entre défense européenne et défense de l'Europe. Dans un cas comme dans l'autre, les Européens sont incapables d'assurer une défense aux frontières tandis que les Américains regardent ardemment vers le Pacifique. 

14 novembre 2015

Du discours à la déclaration ?

LP/Humberto de Oliveira
Le Président de la République s'est exprimé les vendredi 13 et samedi 14 novembre sur la série d'attentats qui viennent de frapper la capitale. Nous nous proposons de discuter d'une hypothèse afin d'oser la visite des arcanes des mécanismes constitutionnels mis en œuvre, et sur quoi ils peuvent logiquement déboucher. Nous n'en avons aucunement l'habitude, et nous risquons fort d'être maladroit, nous en avons conscience. Autant le discours, le vocabulaire et les qualifications retenues dans la parole présidentielle que les décisions prises invitent à questionner la réunion du Parlement en Congrès à Versailles lundi prochaine.

05 novembre 2015

"Géopolitique de la France" par Olivier Kempf

 

Nous achevons la lecture de Géopolitique de la France - Entre déclins et renaissances (Paris, Technip, 2012, 220 pages). Olivier Kempf avance que la géopolitique de la France serait un tabou (social, religieux, politique). Il dépeint un tableau qui mesure aussi bien les forces et les faiblesses de la représentation géopolitique française, ainsi que les vraies-fausses images d'Épinal à oublier. 

06 février 2015

L’Echo du mois avec l’Amiral Forissier - Les défis de l'Archipel France




L’Echo du mois permet d’échanger, au travers d’une interview,  avec des personnalités dont l’action s’inscrit dans les thèmes relatifs à la stratégie, à ses diverses variantes, à ses évolutions technologiques et à leur influence sur celle-ci.

L'amiral Pierre-François Forissier est né à Lorient en 1951. Admis en 1968 au Collège Naval de Brest, il intègre la promotion 1971 de l’Ecole Navale. Entré aux forces sous-marines en 1975, il y a effectué une carrière complète entre Toulon, Brest et Lorient en servant à bord de tous les types de sous-marins opérationnels. Il a commandé l’équipage rouge du sous-marin nucléaire d’attaque Rubiset l'équipage bleu du sous-marin nucléaire lanceur d’engins le Tonnant.

Également marin de surface, il a exercé comme jeune officier les fonctions d’officier en second de la 20ème division de dragueurs et du dragueur Glycine puis, étant capitaine de frégate, celles d’officier de manœuvre du porte-avions Foch. Promu officier général en 2001, il a été amiral adjoint territorial au commandant de la région maritime Atlantique puis amiral commandant les forces sous-marines et la Force Océanique Stratégique (ALFOST) avant de devenir, en 2005, major général de la Marine. Il a été chef d’état-major de la Marine du 4 février 2008 au 12 septembre 2011.


21 décembre 2014

"Atlas géopolitique des espaces maritimes - Frontières, énergie, transports, piraterie, pêche et environnement" de Didier Ortolland et Jean-Pierre Pirat


Didier Ortolland (qui réalise une bonne partie de l'ouvrage) et Jean-Pierre Pirat (maître de la carthographie de l'atlas) nous livrent la seconde édition de cet ouvrage phare. Preuve s'il en est qu'il est demandé mais aussi que les choses évoluent assez vite en mer pour justifier une édition augmentée et mise à jour. Il s'agit en vérité d'un ouvrage collectif.

31 août 2013

Fin du monde en Syrie

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Thibault Leroy nous propose un papier sur la situation actuelle en Syrie. 
 
Interviendront-ils ? N’interviendront-ils pas ? Avec qui ? Pour quoi ? On spécule, c’est médiatique, sur la décision des Occidentaux d’intervenir en Syrie à la suite de l’utilisation de gaz Sarin, le 21 août. Les cabinets américains et européens, incapables de s’entendre avec les Russes et de faire avancer le dossier au Conseil de sécurité, ont opté en parallèle pour un discours beaucoup plus menaçant, laissant craindre ces derniers jours une intervention rapide et ciblée.
 
Le conflit en Syrie est à plusieurs échelles. D’un point de vue local, il met aux prises les forces gouvernementales de Bachar al-Assad à un patchwork de forces « insurgées » : combattants de l’Armée Syrienne Libre, Front Al-Nosra qui regroupe des combattants islamistes, Kurdes. La militarisation de l’opposition, le peu d’informations sur l’emprise réelle du Conseil national syrien, le poids des Syriens de l’extérieur et l’accroissement des réfugiés – ils sont 700 000 au seul Liban – sont autant d’éléments qui encouragent la dynamique centrifuge de la guerre civile syrienne. Même la disparition d’al-Assad demain ne répondrait pas au défi politique posé à l’opposition, le jeu de la révolution n’étant pas à somme nulle. A l’échelle régionale, la déstabilisation du Proche-Orient dessine un tableau en arcs électriques : la plaie demeure ouverte en Irak, toujours victime d’attentats meurtriers ; l’élection de Rohani en Iran n’a pas envoyé de signes tangibles d’un renoncement à son programme nucléaire ; surtout, le Hezbollah intervient aux côtés de Damas dans la guerre civile, tandis que les Israéliens et les Turcs ont vigoureusement réagi aux retombées sur leurs frontières de tirs perdus. Si l’incendie menace de se propager, la balkanisation du Levant est en tout cas à un stade avancé. L’instabilité régionale suffit à dissuader les Etats-majors d’une intervention précipitée, d’autant plus si elle est orchestrée par un axe Occidental loin d’être désiré et lui-même refroidi par ses expériences délicates, en Irak, en Afghanistan et même en Libye.
 
De quelle légitimité peuvent-ils en effet bénéficier ? Les Britanniques se sont appuyés sur l’article VII de la charte de l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité. Il prévoit, en des termes imprécis, la possibilité d’une intervention de la communauté internationale si un Etat se révèle incapable de protéger sa population civile, et a fortiori s’il se montre coupable de crimes envers elle. Les vetos russe et chinois, prévisibles, ont bloqué l’initiative. Pékin et Moscou s’attachent-ils à de quelconques avantages stratégiques dans la région, négociés avec l’équipe au pouvoir à Damas ? Ou ne s’agit-il pas plutôt, pour eux, de ne pas laisser passer une nouvelle Libye ? Les deux grands émergents peuvent craindre que les Occidentaux aient des buts de guerre cachés en Syrie, et ne souhaitent pas une nouvelle fois les laisser gendarmer le monde selon leurs intérêts.
 
L’ordre des choses aurait voulu que l’issue de la crise syrienne se décide entre diplomates, et la clef se trouvait sans doute à Moscou bien plus qu’à Homs. Ce serait avec un cahier des charges politiques vide que les frégates américaines auraient frappé la Syrie. Sans frein, sans fin, les armées occidentales n’auraient-elles pas été entraînées, une nouvelle fois et malgré elles, dans une violente escalade ? L’issue incertaine n’est certainement pas celle des combats, dont la supériorité mécanique américaine décidera facilement, mais celle de la sortie politique, imprécisée par les gouvernements. Le conflit Syrien ressemble étrangement aux conflits post-guerre froide, du Golfe à la Yougoslavie. Ils nous ont montré qu’on ne décide pas arbitrairement de l’avenir politique d’une nation. La subtile organisation des sociétés n’obéit pas aux lois physiques de la guerre, mais à une chimie instable et dangereuse. Les interventions occidentales des vingt dernières années, policières et justifiées par la morale – mais quelle morale ? –ont été pensées comme un devoir de conscience, mais vécues sur le terrain comme des ingérences contre-productives. Il faut se garder de l’impéritie d’un bellicisme angélique. Il faut accepter une complexité inédite. Le nouvel ordre international ressemble bien à cette « a-polarité » dont l’a qualifié le ministre Laurent Fabius, bien plus qu’une multipolarité organisée entre quelques puissants. L’ancien monde tarde à mourir, le nouveau tarde à paraître : de cette formule de Gramsci, interrogeons-nous sur la Syrie, qui pourrait être le départ d’un nouvel état du monde.
 
 
 Thibault Leroy, doctorant en Histoire, Université Paris 1.

06 novembre 2012

Livre blanc : de l'arc de crises vers les zones d'intérêt national ?


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© Inconnu. Carte présentant les principaux "chocs" des flux maritimes mondiaux.

Le magazine l'Express de la semaine dernière (du 19 au 25 septembre 2012 - numéro 3194) évoque dans ses colonnes un bruit de coursive à propos du futur livre blanc. Il serait question de remplacer le concept de l'arc de crises (qui part de la Corne de l'Afrique pour arriver en Asie) par un autre qui pourrait être, selon le mot de Jean-Marie Guéhenno, président de la commission du livre blanc, celui de "zone d'intérêt national". Avant de tenter d'aborder cette notion qui n'est présentée que par sa dénomination, il peut être intéressant de ne pas se débarasser trop vite la précédente expression, qui serait d'ores et déjà, "ancienne".

L'arc de crise était l'un des objets marquants du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de l'an 2008. Serait-ce une création et française et récente ? Il faudrait en douter. Par exemple, l'amiral Alfred Tayer Mahan écrivait en 1900 un ouvrage qui est peut être oublié en France : "The problem of Asia and its effects upton international policies". Très brièvement, il est possible de dire que le concept de l'arc de crises n'est pas très éloigné de ce que décrivait Mahan dès 1900. Cela relativise assez les évolutions que le monde connaît depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les processus de décolonisation et la fin de la Guerre froide.

L'arc de crises de Mahan partait lui aussi de l'Afrique du Nord  (plutôt proche du Moyen-Orient que de Gibraltar) pour aller jusqu'en Asie centrale et tomber en Asie du Sud-Est. Globalement, l'auteur décrivait son tracé comme la résultante des lignes de fractures entre les poussées géopolitiques des différents acteurs : France, Angleterre, Russie et Japon. Ainsi, et dans le cadre d'un résumé très bref et "à main levée", il est possible de dire depuis cet ouvrage que :
  • la Russie poussait au Sud de ses frontières asiatiques vers les mers chaudes, soit vers l'Inde et le Moyen-Orient, d'une part, en allant à la rencontre de l'empire britannique. C'est bien cette poussée qui avait justifié la guerre de crimée (1853-1856).
  • L'empire Ottoman en serait presque réduit à être une zone tampon entre les deux empires. Il disparaîtra assez rapidement, finalement, après la Grande guerre.
  • D'autre part, de l'autre côté de l'Eurasie, cette poussée russe rencontrait l'expansion japonaise en Asie, alors encore balbutiante, mais qui avait déjà conquise une sorte de "Grande Corée". La bataille navale de Tsushima (1904) sera le point d'orgue de la victoire du Japon sur la Russie (qui prendra sa revanche en 1945).
  • Il y a le cas de l'expansion française en Afrique qui a rencontré celle de l'Angleterre à Fachoda (1898) et qui rencontrera celle du Japon autour de l'Indochine quelques années plus tard.
Enfin, Mahan était l'un de ceux qui prédisait le basculement géopolitique du monde de l'Europe vers l'Asie du Sud-Est. Ce n'était pas très étonnant puisqu'un certain Castex a écrit un ouvrage, aujourd'hui oublié, qui s'intitulait "Jaunes contre blancs" à propos de la guerre russo-japonaise (8 février 1904 au 5 septembre 1905). Il n'était vraiment pas le dernier à craindre la montée en puissance économique de l'Asie.

Les poussées géopolitiques du monde évoluent assez lentement. Il y a eu des changements dans les acteurs, avec, par exemple, une réduction de la place du Japon mais un accroissement considérable de celle de la Chine. France et Angleterre sont deux nations qui se sont repliées et ont vu leur poids se diluer, mais elles continuent à participer aux mouvements téluriques mondiaux (ce qui est assez estimable pour deux nations en perpétuel déclin aux dires des chroniqueurs). Les Etats-Unis ont fait leur irruption dans les affaires mondiales, processus entamé depuis le XIXe siècle. L'actuel conseil de sécurité de l'ONU rassemble, finalement, des puissances qui pèsent historiquement sur le monde.

En 2012, l'arc de crises est remis en cause. "Désigne-t-il simplement des menaces ou une zone d'intervention potentielle de la France ?" s'interroge une source "proche du dossier" pour l'Express. Peut être faudrait-il répondre à cette interrogation par deux autres questions :
  • est-ce que l'arc de crises recouvrent les zones de rencontres entre les sphères d'influence des grands acteurs du monde ?
  • Est-ce que cet objet qui définit une zone géographique recoupe l'emplacement des différents intérêts de la France dans le monde ?
Répondre oui, avec ou sans nuances, à l'une des deux questions, si ce n'est aux deux, c'est légitimer à nouveau un objet qui n'est pas dénué d'intérêts. Les derniers conflits (les guerres du Golfe, le conflit israélo-palestinien, les conflits véhiculés par les mouvements de population dans le Sahara, la guerre d'Afghanistan et les contentieux territoriaux dans les mers d'Asie) montrent que ce qui a été dit en 2008 reste d'actualité.

Par contre, le concept est peut être beaucoup trop réducteur : il pourrait, encore, recouvrir les zones où les intérêts des acteurs du monde se confrontent, mais il se détache peut être trop des intérêts franco-français. Par exemple, est-ce que l'arc de crises permet de contextualiser les priorités qui découlent de la nouvelle réalité géographique française (la France est un archipel) ? A priori la réponse serait non puisque les problématiques qui découlent :
  • de la découverte de pétrole en Guyane française,
  • les suspicions de gisements d'énergies fossiles dans l'archipel des Kerguelen,
  • et les richesses minières de la Nouvelle-Calédonie sont excentrées par rapport à l'arc de crises.
C'est plus que dommageable pour la perception que nous avons de nos intérêts puisque le pétrole guyanais nous oblige à nous intéresser au sort du canal de Panama (bulletin d'études marine numéro 146 du Centre d'Etudes Supérieures de la Marine (CESM) et à l'influence qu'il peut avoir sur la façade maritime de la France d'Europe. Tout comme les éventuelles richesses fossiles des Kerguelen nous obligera à considérer que nôtre intérêt consiste en notre capacité à maintenir ouvert les détroits par lesquels pourraient être exportées ces richesses fossiles. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, par extension, ne sont pas que des spectateurs des conflits territoriaux qui secouent l'Asie du Sud-Est puisque l'ouverture des détroits de l'insulinde est une préoccupation pour les importations et exportations de ces archipels.

L'arc de crises est donc beaucoup trop réducteur par rapport à la situation géographique nationale et nous empêche de nous concentrer sur d'autres objets stratégiques qui méritent pourtant toute notre attention car ils pèsent sur nos intérêts vitaux.

Enfin, la notion d'arc de crises recèlerait une dimension vexatoire pour certains Etats qui sont inclus dans cet espace, selon l'actuelle présidente de la commission de la Défense et des forces armées à l'Assemblée nationale, Patricia Adam. Il ne faudrait pas s'enfermer dans une notion théorique, comme celle des "rogue states" (toujours d'actualité, semble-t-il), propice à créer des problèmes supplémentaires dans les chancelleries. Il s'agit d'une vision des objets français à protéger qui doit permettre de considérer les aspérités du terrain qui doivent être utilisées à notre avantage ou qui ne doivent pas nous être interdites.

Alors, le président de la commission du livre blanc indiquerait que l'arc de crise pourrait être reformulé en "zone d'intérêt national".

Premièrement, il faut vivement espérer qu'il n'y aura pas une zone mais des zones. Cette façon d'aborder nos objets stratégiques correspondrait bien mieux au caractère archipélique du pays. Ce serait l'occasion de recouvrir les zones qui concernent une partie de nos inérêts liés à nos alliances et intégrations (OTAN et Union Européenne, par exemple) mais aussi nos intérêts strictements français. Certaines zones recouvriront les deux, mais dans des degrés moindre selon leur localisation géographique : si la coopération américaine est essentielle pour lutter contre les trafics de drogues dans la mer des Antilles, elle se construit différemment autour de la péninsule arabique.

Deuxièmement, la notion forcerait à les articuler entre elles. Par exemple, les besoins militaires pour protéger nos intérêts autour de la péninsule arabique (soit trois détroits) ne sont pas les mêmes que ceux qui sont nécessaires pour préserver la Guyane de l'orpaillage illégale et nous assurer de notre souveraineté sur les richesses pétrolières de ses eaux. C'est-à-dire que dans l'éventuelle zone d'intérêt national qui recouvrirait la péninsule arabique il faudrait plutôt compter sur le groupe aéronaval et le groupe de guerre des mines. Tandis que dans la seconde zone autour de la Guyane et de l'arc antillais il faudrait compter sur une aéromobilité au service de la sauvegarde du territoire et des forces maritimes bien plus centrées sur l'Action de l'Etat en Mer.

Troisièmement, il faudrait éviter toute désunion entre les zones puisque, pour en assurer leur unité, il serait très dommageable qu'elle soit l'occasion de diviser les forces armées selon des génômes si différents qu'elles ne pourraient pas ensemble concourrir à la défense nationale de la France, c'est-à-dire l'ensemble. La spécialisation des forces affectées à chaque zone ne doit pas nuire à l'unité des Armées.
Il faut être capable de protéger les zones de toutes les menaces, même si certaines sont plus propices à avoir besoin de certaines capacités opérationnelles plus que d'autres.

Quatrièmement, cela pourraît être une chance aussi d'imaginer de nouvelles façons de doter ces zones des matériels nécessaires à leur préservation. Par exemple, ce serait une opportunité qui s'offrirait à Paris pour monter des partenariats industriels originaux. Ainsi, l'interventionnisme étatique permettrait de lier diplomatie économique avec besoins militaires nationaux. Pourquoi ne pas se doter des moyens maritimes nécessaires à l'AEM dans des chantiers étrangers ? La politique industrielle pourrait alors être couplée avec l'autonomie économique de certaines régions et la constitution des moyens nécessaires pour la Défense. C'est peut être par ce biais que pourrait être résolu quelques problèmes liés au maintien en condition opérationnel des matériels du fait d'une trop grande centralisation en la matière.

Cinquièmement, ce serait une consécration politique par l'Exécutif du caractère marin, et même ultra-marin, de la France. Ce serait affirmé la réalité archipélique de la France. L'existence des zones d'intérêt national ira de paire avec nos archipels où se situent des moyens militaire. Mais elles iront aussi de paire avec les bases avancées françaises qui existent actuellement et qui préservent les intérêts français qui existent autour. Il a été dit qu'il faut une unité de moyens et de vues entre les zones. Il faudra donc en assurer la liaison, autant abstraite (l'unité des Armées) que physique : les différents moyens de toucher les différents territoires et les différentes zones d'intérêt national. De même il ne faudrait pas négliger la question des communications dématéralisées quand l'Arme des Transmissions fête son 70e anniversaire, que le débat sur l'Espace conserve une forte vigueur et que celui sur la Cyberdéfense s'envole chaque année un peu plus (ce domaine devrait être fortement mis en avant dans le nouveau livre blanc).

Sixièmement, ce serait également la mise en avant d'un concept qui devrait être suffisamment souple pour être adapté à l'évolution des menaces sans remettre en cause son existence ni nécessiter de repenser la stratégie nationale (sauf si la radicalité des évolutions le nécessitait).

Septièmement, il devrait y avoir un barycentre stratégique français qui devrait apparaître, c'est-à-dire un territoire qui se retrouverait le centre de l'archipel. Il ne serait pas bien étonnant que ce barycentre soit l'île de la Réunion. Ce n'est pas pas une chose à prendre à la légère puisque, et par exemple, la répartition de la Marine Royale entre Brest et Toulon nous empêchait de parvenir aisément à la concentration de nos forces. Les anglais surent exploiter avec brio cette faiblesse maritme française qui tirait sa source de sa double façade maritime. De plus, ils avaient l'avantage de se concentrer aisément autour de leur archipel britannique. Aujourd'hui, la France est multi-façade maritimes. Il n'est pas simple de les énumérer toutes. Mais elle recouvre presque tout les océans, sauf l'Arctique -et encore... La Réunion se retrouve au centre des différents territoires et à le mérite d'être le point de passage de nombreuses routes maritimes mondiales et d'être à proximité d'une grande partie des détroits mondiaux. En outre, l'ancienne île Bourbon se situe également sur la route de circumnavigation. Les deux nouvelles et principales grandes façades maritimes de la France pourraît être alors la Méditerranée et l'océan Indien. La jonction des moyens navals disponibles pour concentrer les forces reste difficile puisqu'elle est conditionnée à la sauvegarde des détroits de Gibraltar, du Cap et de la mer Rouge. Ce centre ne se suffira pas à lui-même (par définition). C'est pourquoi un basculement total sur l'une ou l'autre des façades ne serait pas non plus des plus convenables. Tout comme le statu quo le serait encore moins puisque si l'ambition était de peser sur les affaires asiatiques alors la façade maritime de l'océan Indien serait d'autant plus justifiée. Mais si ce basculement était avéré, alors il pourrait y avoir une nouvelle répartition des forces françaises. Donc le problème naval français que la Marine Royale avait connu pourrait refaire surface.

Huitièmement, cette appellation interpelle puisqu'elle est douée d'une certaine proximité avec l'expression "d'intérêts vitaux". In fine, si les zones d'intérêt national sont trop affinées par la délimitation de leur cadre géographique et les moyens qui leur sont alloués alors il sera potentiellement possible de relier l'expression du livre blanc à celle qui conditionne l'emploi du feu nucléaire national. Ce serait préciser les hypothèses d'emploi de la dissuasion alors que son but est le non-emploi et la réplique à une atteinte grave à nos intérêts vitaux. La dissuasion ne doit pas être affaiblie par une interaction non-désirée avec un nouveau concept issu du livre blanc, tout comme la question de la défense anti-missile balistique de territoire peut entraîner le même processus.

Dans ce dernie registre, c'est encore une fois la Marine qui est la plus indiquée puisqu'elle est garante de l'intégrité territoriale d'une France plus maritime que jamais. S'il existera des forces garde-côtières à travers l'archipel qui participeront aux problématiques de sécurité locale, ce seront bien les forces de haute mer (soit le groupe aéronaval et ses différentes branches (groupe amphibie et groupe de guerre des mines) qui feront le lien entre les différentes zones. Elles seront cette masse de manœuvre qui est et qui restera apte à faire basculer localement le rapport de forces en faveur de la France. Le Maréachal Foch n'aurait peut être pas dit mieux sur l'économie des forces. L'objectif est de conserver les moyens de manœuvrer dans le monde et cela passe par la préservation des moyens nécessaires à la projection et de puissance et de forces. Ce qui implique une cohérence entre les deux et que l'une ne fasse pas disparaître l'autre... Même si cela ne peut pas impliquer de conserver une stricte parité de moyens entre les deux types de projection, non pas par souci d'efficacité militaire et stratégique, mais bien par souci de préserver une hiérarchie obsolète entre les Armées et les susceptibilités de chacun.

Les zones d'intérêt national sont un nouveau concept très intéressant qui pourrait faire florès.

13 mars 2011

Le retour des marchés anglais dans l'exportation de navires de guerre ?

© BMT Defence Services. BMT Defence Services' design for a large, capable conventional SSK submarine. Vidar-36 offers multiple-mission capabilities hosted in an ocean-going, littoral platform.
Le Vidar 361 est la discrète proposition des chantiers BMT aux marines souhaitant s'équiper d'un sous-marin classique.


09 novembre 2010

Guerre du Rafale : fin de la bataille brésilienne ?

© Inconnu.
Un site brésilien semblerait annoncé une nouvelle très attendue : le choix du vainqueur du contrat FX-2 au Brésil. Et ce serait le Rafale ! Réflexe de protection... Nous ne sommes plus à une annonce de victoire, ou défaite, près dans ce dossier. La guerre économique qui se livre est si intense.

Du Canada à l’Australie : la France en passe de vendre 12 SNA ?

© Inconnu. Type 216 de TKMS.
Voici quelques réflexions sur le Canada, l'Australie et la France, en lien avec ce qu'il a déjà pu écrire sur ce blog. Je ne partage évidemment pas toutes ses conclusions, en particulier la revente de drones STDI par le Canada à la France n'est pas bon signe et je reste assez circonspect dans l'ensemble sur une convergence marquée France-USA depuis les arrivées respectives de Nicolas Sarkozy et Barack Obama.

18 avril 2008

Des missions de la marine aujourd’hui

© Sénat.

De nos jours plus des trois quarts du commerce mondiale aujourd'hui transite par la mer. Encore faut-il ajouter que 80% de la population mondiale est à portée d'un groupe aéronaval. La marine française doit aujourd'hui un très large éventail de mission.