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L'introduction du Missile de Croisière Naval (MdCN) dans la Marine nationale tant dans ses exemplaires destinés aux flottes de surface que sous-marine doit souligner l'accroissement significatif des capacités de frappes vers la terre, en plus de celles du groupe aéronaval. Cette complémentarité ne doit pas dissimuler les nouvelles capacités, en la matière, des MM40 Exocet Block III qui peuvent désormais frapper des cibles côtières, augmentant sensiblement le nombre de coups.
Premier échelon français dans la frappe par missile de croisière : l'Exocet block III
Premier échelon français dans la frappe par missile de croisière : l'Exocet block III
Il faut espérer que le "premier MDCN" français sera présenté : les missiles Exocet MM-40 block III2
ont vu leur rayon d'action augmenté et ils ont été, surtout, dotés
d'une capacité de frappe contre la terre. 180 km, c'est une portée
"courte" mais c'est un premier échelon. Surtout que l'Exocet est un des
éléments matériels de la puissance navale française très diffusée dans
la Marine nationale : aéronaval, flotte de surface et sous-marine
peuvent le mettre en oeuvre !
La question se pose : est-ce que
les frégates Floréal recevront des Exocet block III, et surtout,
seraient-elles aptes à mettre en oeuvre la frappe AVT du Mer-Mer 40 ?
Cette amélioration technique ouvrirait la voie à un premier échelon de
frappe par missile de croisière via les grands patrouilleurs hauturiers
de la Marine, l'effet peut être très dissuasif dans certaines zones où
le sea denial est faible.
Il est curieux de constater
que dans la perspective de mise en oeuvre de "MDCN Exocet" par des
frégates Floréal, par exemple, nous somme alors dans une "capacité AVT à
bas coût" contre les Etats à faible moyen militaire ou ne pouvant pas
contrer cette menace. Il y a là une intéressante réflexion à mener car
une marine à faible moyen pourrait mettre en oeuvre cette menace dans sa
zone régionale, sous réserve d'avoir une certaine maîtrise de la mer.
Ou bien, c'est une marine comme la nôtre qui pourrait baisser le coût de
son outil en se content "d'avisos coloniaux" pour tenir en respect
certains Etats à petit budget.
La marine "High-Low" de l'amiral
Elmo Zumwalt serait donc grandement consacrée par la Marine nationale
(nul n'est prophète en son pays).
Notons que cette
"revalorisation" des missiles anti-navires dans un rôle plus actuel (ou
plus à la mode, il faut relativiser) se diffuse déjà : Maroc, Sultanat
d'Oman et E.A.U. se portent acquéreurs de la nouvelle version de
l'Exocet.
Un MDCN nucléaire ?
Avant
d'aller plus en avant dans l'explication, il convient de s'interroger
sur un point particulier : est-ce que le Scalp est susceptible de porter
une ogive nucléaire ? Il semblerait que ce soit une solution de ce
genre qu'aurait retenu la marine israélienne en nucléarisant des
missiles Harpoon embarqués à bord de ses sous-marins U-209 et U-212. Le
Pakistan transformerait ses missiles Harpoon5
en missile de croisière mais il n'est pas à exclure que ce serait dans
l'optique de les nucléariser, afin de constituer une "dissuasion diesel"
en réponse à l'Inde.
En France pourrait-on remplacer
les SNLE par 10 SNA portant des MDCN nucléaires ? Pourrait-on le faire
avec une solution plus complexe : dix SNA possédant une tranche
contenant quatre missiles ballistiques (sollution étudiée avec
l'Astute), ce qui ferait qu'il y aurait alors une dissuasion nucléaire
permanente, alliant MDCN et missiles ballistiques, et très globale.
Le
risque est, bien sûr, de "désacraliser" le navire porteur de la
dissuasion : toucher à un SNLE, c'est vouloir attenter à l'outil
nucléaire d'un Etat (casus belli). Mais, d'un autre côté, une
dizaine de navires, avec un arsenal réduit, certes, c'est une garantie
du nombre pour la survie de la dissuasion.
En outre, le
retrait des SNLE offre l'image d'un désarmement en arrêtant d'utiliser
les vaisseaux noirs symbolisant la dissuasion. La décision française
prendrait à contre-pied l'Inde et la Chine, conséquence heureuse.
A
contrario, le SNLE reste le navire le plus silencieux de la Royale, la
rencontre avec un SNLE britannique ne peut que le confirmer.
Second échelon français : le MDCN
La
France cherche à rattraper un retard en se dotant, enfin, de la frappe
par missile de croisière (le premier échelon n'est pas opérationnel a
priori, ni même dans la doctrine de combat de la Flotte).
Le
premier échelon est déjà "démocratisé", en ce sens que c'est une
adaptation ingénieuse d'un missile anti-navire. Et, il faut se remémorer
que dans les années 60-70 on a observé une diffusion de la puissance
navale via ce type de missiles. Ils se vendaient alors comme des petits
pains ! Pire, ils pouvaient être installés aussi bien sur les grands
navires de combat que sur les plus petites unités de surface. Les
petites marines pouvaient donc se doter d'une certaine menace incarnée
par ces missiles anti-navires contre les grandes marines. Alors, il est à
craindre une généralisation des opérations israéliennes et pakistaine
pour donner une nouvelle utilité à ces stocks de missiles anti-navires
qui sont passés de mode.
L'histoire semble se répéter
(depuis le torpilleur et le missile anti-navire) avec le missile de
croisière naval. Le nombre d'acquéreur du Tomahawk a failli s'étendre,
après la Grande-Bretagne, à l'Espagne3. La Pologne4
a signé un contrat avec le groupe Kongsberg pour la fourniture de Naval
Strike Missile (NSM) ! L'Inde développe une famille de croisière naval
en coopération avec la Russie : les Brahamos. Ce minuscule panorama
donne à peine la mesure de la diffusion de cet outil...
La
nuance doit encore une fois être mise en avant. Les capacités
espagnoles auraient été modestes avec une version très, très dégradée du
MDCN américain (3 ou 400km) ayant pour seule ambition la Méditerranée
(et encore, rien ne dit que cela aille au delà du bassin occidental) et
la Plogne disposera d'un missile à peine plus portant que l'Exocet block
III (200km contre 180km). Dans le cas polonais, et contrairement au cas
indien, nous n'avons pas d'informations sur d'éventuels porteurs. La
majorité de cette diffusion des MDCN semble donc relever, pour
l'instant, d'une capacité de premier échelon, doublée d'une ambition,
tout au plus, régional.
Le constat doit être réaliste
dans le cas hexagonale : nous allons accéder à une capacité que la
valeur de notre Marine rendra crédible mais nous ne ferons pas partie
d'un petit cercle de nation pouvant mettre en oeuvre ce type de
missiles.
En revanche, nous feront partie du petit
cercle de nations pouvant mettre en oeuvre cette menace avec l'allonge
d'un groupe aéronaval et sa permanence via les frégates et les SNA, ce
qui n'est pas rien et ce qui est beaucoup plus que bon nombre de
marines. Là dessus, il est à observer la constitution d'un critère de
hiérarchie entre les marines :
- devant approcher des côtes pour pouvoir tirer, et celles pouvant rester au large.
- Une autre distinction sera faite entre celles qui pourront déplacer cette menace selon les zones de tensions et/ou la déployer depuis un certain nombre de points à la surface du globe, et celles qui auront une capacité de dissuasion à la stricte échelle régionale.
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