Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





18 octobre 2012

Proposition pour un schéma directeur des moyens de l'Action de l'Etat en Mer



C'est par la plume, toujours aussi bien informée, de Michel Cabirol (La Tribune) que l'on apprend deux décisions qui peuvent autant inquiéter que réjouir : le report des programmes BMM (Bâtiment Multi-Missions) et BATSIMAR (BATiment de Souveraineté et d'Intervention MARitime).


Des richesses maritimes à préserver

La chose est inquiétante car si la France dispose d'un empire maritime de 11 millions de km², il est d'une nature binaire. C'est-à-dire que soit sa valeur est de 0, soit elle vaut 1. Pour être plus illustratif, cela veut dire qu'en ces temps de disette budgétaire :
  • soit nos 11 millions de km² de zones économiques exclusives qui recèlent, avec l'Archipel, des ressources considérables (halieutiques, pétrolières, gazières, du nickel, des terres rares, des énergies renouvelables, etc...) sont sous le contrôle de l'Etat grâce à une surveillance maritime digne de ce nom, et la valeur est de 1.
  • Soit les 11 milllions de km² ne sont pas surveillés. Dans cette optique, les ressources seront encore plus pillées qu'aujourd'hui, les compagnies étrangères ne prendront même plus la peine de demander des permis d'exploitation, les pêcheurs du monde entier viendront pêcher sans la moindre conscience environnementale et l'ensemble sera pillé. 
Une question d'intégrité territoriale

La mer n'est pas fondamentalement différente du milieu terrestre sous bien des aspects. Ainsi, il convient de le montrer sous deux angles différents :
  • Que se passerait-il dans les territoires terrestres si on retirait la Gendarmerie ? Imaginez que le territoire ne soit plus encadré par des policiers ou des gendarmes : ne serait-ce pas le début de l'anarchie ? Comment les lois républicaines seraient-elles appliquées et respectées sans les différentes autorités de police administrative et judiciaire ? Serait-ce différent en mer ? Ces zones économiques exclusives françaises seraient livrées à la loi du plus fort, et au train où vont les choses, ce ne sera pas celle de la République. Pour dire, dans une pareille situation, bien des choses pourraient arriver. Par exemple, les somaliens se plaignent de rejets de déchets toxiques sur leurs côtes.
  • Mais dans un pays où l'on cherche le redémarrage industriel, peut-on se priver de ce que la mer nous offre ? Des ressources sans maître seront exploitées par d'autres. La Guyane devrait produire 200 000 barils de pétrole jour vers 2020.  Wallis et Futuna, archipel français du Pacifique, posséderait des terres rares : ces gisements qui contiennent tous les méteaux précieux dont les industriels de l'électronique ont besoin. Si la production devait être importante, elle permettrait à un pays comme le Japon de contrebalancer un peu les exigences de Pékin qui détient les deux tiers des réserves mondiales (déclarées) de terres rares...
C'est pourquoi, depuis la fin de la Guerre froide, la France est une "île artificielle" : la paix européenne lui permet, et même l'oblige, à faire le choix de la Mer puisque le continent ne menace plus l'intégrité de nos frontières en Europe. Il en va de notre devoir que de protéger l'Archipel France qui, s'il nous permet une couverture mondiale et d'être aux portes de l'Asie, où le centre géopolitique du monde a basculé, n'est pas assuré contre bien des menaces, contrairement à nos territoires d'Europe. C'est pourquoi la Marine nationale est devenue la première force armée garante de l'intégrité territoriale de la France.

Un déficit inquiétant en patrouilleurs

Mais le gouvernement ne peut pas inventer, celui-ci comme le précédent ou le suivant, des ressources budgétaires qui manquent ou une politique de l'Action de l'Etat en Mer qui n'a pas les moyens adéquats depuis plusieurs décennies. Il resterait encore entre 20 et 25 patrouilleurs. Pour 11 millions de km², ce chiffre pourrait se tromper à 5 navires près que le monde n'en serait pas changé !

Le volume quantitatif des moyens affectés à l'Action de l'Etat en Mer est un défi impératif à relever : il faut des coques, cela ne s'invente pas, c'est le seul moyen pour être présent dans nos mers et nos océans.

La qualité n'est pas non plus au rendez-vous puisque les seuls patrouilleurs un tant soit peu modernes sont les frégates Floréal et le patrouilleur Adroit (une location). Qu'ont-ils de si moderne ? Ils sont les seuls :
  • à être capable de mettre en œuvre des moyens aéronautiques,
  • et d'être doués d'une grande autonomie, d'une grande endurance à la mer.
Pour patrouiller dans un domaine aussi vaste (qui se compte en millions de km²), il faut des navires endurants. Mais ce n'est pas tout car l'endurance va de paire avec une motorisation adaptée. Elle doit donc être la plus économique possible. Mais cela implique que la vitesse de pointe soit faible. Ce choix de s'auto-limiter, afin d'optimiser la consommation de carburant, et de réduire le coût d'achat (tout nœud se paie cher en mer), est réalisable dans la mesure où la Marine canadienne a eu l'intelligence d'installer un hélicoptère sur une frégate en 1958. C'était dans la perspective de la lutte anti-sous-marine et l'idée était révolutionnaire car le sous-marin ne pouvait plus échapper depuis au sonar aéroporté ou à la torpille du binôme constitué par la frégate et la voilure tournante.
Mais dans le cadre des missions de l'Action de l'Etat en Mer, l'hélicoptère est capital afin de permettre d'intercepter, grâce à un canon téléopéré ou à des tireurs d'élites, les Go Fast et autres cargos récalcitrants qu'il faudrait aborder de vive force. C'est cela qui dispense la frégate de l'Action de l'Etat en Mer d'avoir une vitesse de pointe cherchant à égaliser celle d'embarcations légères qui dépassent allègrement les 40, voir les 50 nœuds.

Mais d'autres besoins sont apparus :
  • les frégates Floréal ont été livrés avec des armes de guerre : un canon de 100 mm et des missiles anti-navires Exocet (qui ont acquis une respectabilité mondiale pendant la guerre des Malouines de 1982). Il y a nécessité pour la France de faire respecter son pavillon, en plus de le montrer. Il y a bien des zones de notre archipel où nos voisins n'oserait pas se frotter à ce pragmatique armement.
  • La capacité à mettre en œuvre des moyens de lutte contre les pollutions maritimes. Si les dernières marées noires ont pu avoir lieu au large des côtes américaines ou européennes, que se passerait-il si elle avait lieu au large de la Réunion ? De la Nouvelle-Calédonie ? Il faudrait combien de temps pour trouver les moyens maritimes nécessaires pour la combattre ? Les moyens MARPOL sont centrés sur Europe. La France ne pouvait pas apporter son aide lors de la dernière catastrophe maritime au large de la Nouvelle-Zélande. C'était certainement du au fait que nous n'avons rien là bas pour agir dans un tel cadre, et pourtant les naufrages arrivent (la preuve). 
  • Du choix précédent découle des caractéristiques dimensionnantes pour les futurs patrouilleurs : s'ils doivent mettre en œuvre des moyens de lutte contre les pollutions, ils devront donc avoir une large plage arrière et une grue de manutention. Equipements bien utiles pour des navires appelés à faire de la logistique entre les îles.
  • Une partie des patrouilleurs devra aussi reprendre les missions qui étaient dévolues aux BATRAL (BAtiment de TRAnsport Léger). Ils étaient autant des patrouilleurs que des navires amphibies auxiliaires ou des moyens bien pratiques pour les missions humanitaires. Comme navire amphibie, ils pouvaient s'affranchir d'un port pour pouvoir débarquer hommes et équipements grâce à la capacité de "beacher" (s'échouer sur une plage).
L'état-major de la Marine doit faire face au remplacement de tout les patrouilleurs, et pour ce faire, a concocté trois programmes :
  • les BSAH (Bâtiment de Soutien et d'Assistance Hauturier) qui doivent remplacer les bâtiments de soutien de région et autres remorqueurs de haute mer. Ce sont eux, justement, qui doivent lutter contre les marées noires et autres désastres. Ils seront au nombre de huit navires affrêtés par la Marine nationale au près d'un armateur privé.
  • Les BMM ou B2M (Bâtiment Multi-Missions) qui doivent remplacer les BATRAL. Ils ressembleront plus à des transports de munitions pour effectuer des manœuvres logistiques infra-théâtre (entre nos îles antillaises, par exemple). Mais ils n'auront plus les capacités amphibies de nos aînés. Ils seront trois.
  • Les BATSIMAR (BATiment de Souveraineté et d'Intervention MARitime) qui doivent remplacer le gros des patrouilleurs hauturiers. Les deux premiers de la série innoveront par rapport aux unités suivantes car ils seront à fond plat afin de patrouiller les fleuves Maroni et Oyapock (Guyane) où se produisent très régulièrement des incidents violents avec les orpailleurs illégaux et les pêcheurs brésiliens. Ils doivent être au nombre de 18 navires.
Au vu des caractéristiques qui sont demandées précédemment, pourquoi existe-t-il trois programmes ?
  • Si tout les futurs patrouilleurs disposent d'une grue et d'une large plage arrière, alors ils pourront mettre en œuvre des moyens anti-pollutions. Mieux, si ceux-ci sont aérotransportables ou suffisamment nombreux pour être pré-positionnés, alors c'est la sécurité maritime nationale, voire mondiale, qui y gagnera.
  • Les futurs patrouilleurs s'annoncent aussi volumineux que les frégates Floréal (2 à 3000 tonnes) et si l'on regarde ce qui s'est fait pour l'Adroit, alors ils auront eux aussi de grands volumes pour transporter des conteneurs. A quoi peuvent bien servir trois navires dont la seule vocation sera la logistique sans être doués d'aucune capacité amphibie ?
  • Ils devront être capable d'opérer des drones aériens et de surface. L'avènement de ces senseurs déportés décuplent en mer les capacités de surveillance d'un navire, ce qui lui permet de couvrir une plus large surface.
L'architecture retenue par l'état-major a ses raisons, ses logiques, aussi bien financières qu'opérationnelles. Mais ces logiques peuvent être mises en doute.

Le patrouilleur générique existe-t-il ?

Si l'on regarde plus près ce que propose les industriels, alors on constate que le patrouilleur générique (n'en déplaise à un ancien chef d'état-major de la Marine) existe : c'est l'étude UT-527 de Rolls-Royce Marine :
  • 92,4 mètres de longueur pour une largeur de 18 mètres et 1800 tonnes de déplacement. Son autonomie est de 16 000 nautiques à 16 nœuds et sa vitesse maximale est de 20 nœuds. Le navire dispose d'une plateforme pour hélicoptère lourd (de la classe des 10 tonnes). Tout comme il a une rampe arrière pour la mise en œuvre d'embarcations. Le navire possède également un treuil de remorquage de 130 tonnes au point fixe (contre 160 tonnes pour l'Abeille Bourbon). Le navire est mis en œuvre par un équipage de 12 hommes. Il peut embarquer un SGTIA de 320 hommes ou bien un élément de gendarmerie (120 hommes, vingt véhicules).
Ce patrouilleur fait tout ce qui peut être demandé aux navires des programmes BSAH, BMM et BATSIMAR. Son seul défaut est l'absence d'un hangar pour hélicoptère et l'absence d'un radier, en bonne et due forme, ou d'une capacité à "beacher".

Patrouilleur de souveraineté, patrouilleur logistique

A dire vrai, il vaudrait peut être mieux miser sur deux navires de l'Action de l'Etat en Mer car il sera difficile d'allier toutes les caractéristiques sur un seul navire. C'est comme si l'on souhaitait réaliser la frégate unique : même en se donnant les moyens, elle sera bonne en tout, excellente en rien  -ou bien ce serait possible au prix d'un coup unitaire exhorbitant et un nombre de coque réduit : l'économie du projet est-ele la bonne ?

Pour l'Action de l'Etat en Mer, il convient peut être d'imaginer deux patrouilleurs avec chacun un domaine de spécialité :
  • un patrouilleur dédié aux missions de souveraineté et à la patrouille hauturière. A cette fin, il recevra les armes nécessaires pour dissuader tout adversaire de contester notre souveraineté en tout point de notre archipel. Si jamais il était dépassé, alors il faudrait s'attendre à voir réagir l'échelon supérieur : le groupe aéronaval.
  • Un patrouilleur spécialsé dans les missions logistiques et servant lui aussi de patrouilleur. Il excellerait dans les missions de transport et de soutien d'un SGTIA, de missions de dépollutions et de soutien logisitques aux îles isolés de l'archipel.
L'avantage d'une telle répartition est de faire tout ce qui est demandé aux trois programmes précédents. Ceux-ci prévoyaient 29 unités :
  • ce ne serait pas de trop pour avoir un ou deux patrouilleurs logisitques dans chaque grande zone (Antilles, Réunion, façade Atlantique, Méditerranée et Nouvelle-Calédonie/Polynésie). Cela nécessiterait entre 8 et 10 unités selon les arbitrages.
  • Les patrouilleurs de souveraineté devraient être dispersés de la même manière.
Le budget devra aussi tenir compte des nécessaires équipements de cohérences : hélicoptères légers (programme HC4), drones aériens, embarcations semi-rigide, drones de surface, moyens de lutte contre les mines, sonar remorqué (concept de l'OPV ASM : pas inutile alors que les sous-marins prolifèrent), pièce d'artillerie navale, missiles anti-navires, artillerie légère téléopérée, moyens anti-aériens, etc...

Le groupe amphibie auxiliaire

Enfin, il faudrait prévoir de pouvoir utiliser les deux types de patrouilleurs combinés car, ensemble, ils pourraient former un pion d'action aéroamphibie auxiliaire. Ainsi, les deux navires pourraient déployer un SGTIA pour les missions de basse intensité : l'un se servirait de ses capacités amphibies quand l'autre pourrait faire le coup de force sur une côle mal défendue. Ensemble, ils pourraient mettre en œuvre plusieurs voilures tournantes et drones pour appuyer leur action.

Cette capacité inédite permettrait de faire la jonction entre l'Action de l'Etat en Mer et les missions plus traditionnelles de la Marine nationale, marine de Guerre. Cela préserverait dans chaque zone de l'Archipel France une capacité minimale d'intervention contre tout coup de force audacieux. Après tout, il manquait simplement une telle capacité aux anglais quand les Malouines furent envahi par les Argentins. Chose qui ne serait peut être pas arrivé s'il y avait eu un patrouilleur de souveraineté anglais dans les parages.

Un format difficilement contournable

Ce sont là les capacités que l'on peut souhaiter pour les 30 prochaines années. Il sera bien difficile de trouver le moyen de faire mieux ou aussi bien avec moins de coques. La République est une et indivisible, donc, en l'état actuel des choses, il faudra bien que la Marine puisse assumer les missions qui lui incombent pour protéger le territoire national. Et si l'on ambitionne de tirer parti des richesses qui nous sont octroyées par la convention de Montego Bay de 1982, grâce aux zones économiques exclusives, alors il faudra être présent sur mer.

Des solutions paliatives pour "faire la soudure"

En attendant que le budget de la Défense se lance enfin dans la construction de ce nécessaire édifice, il existe peut être des solutions pour préparer l'avenir sans le sacrifier avec des programmes conçu beaucoup trop justement pour durer dans le temps.

http://www.malango-actualite.fr/photos/20121015-2011_02_17_thonier_breton_aux_seychell.jpg© Inconnu. Un thonier.

La première solution éventuelle consisterait à avoir recours à la flotte de pêche française et à ses marins-pêcheurs. Ce n'est pas une nouveauté puisque les chalutiers français ont d'ores et déjà servi comme patrouilleurs auxiliaires pendant les deux confits mondiaux, notamment pour la lutte anti-sous-marine.

Après tout, la Marine a bien sous son pavillon des navires de pêche (Albatross et Mali) qui ont été soit racheté, soit confisqué à de indéliquats pêcheurs étrangers.

Cela pourrait aussi constituer une bouée de sauvetage pour la flotte de pêche française qui navigue entre les aides de Bruxelles pour réduire ses capacités, les pertes d'emplois qui en découlent, des quotas qui sont trop peu pour nourir tout les navires, et donc des campagnes de pêche qui sont trop courtes.

Il s'agirait pour la Marine de louer des navires et des équipages pour combler ponctuellement des besoins capacitaires dans certaines zones. La Marine nationale, en coordination avec le comité directeur de la fonction garde-côtes, passerait contrat au près de certains patrons pêcheurs et armateurs pour louer navires et équipages afin de mener des missions bien précises. Pourquoi ne pas imaginer de les verser dans la réserve ?

Il n'y aurait pas de grandes modifications à réaliser sur ces navires qui seraient voués à des missions de contrôle des pêches et de lutte anti-pollution. S'ils ne seront pas apte à mettre en œuvre des hélicoptères (mais pourquoi pas des drones moyennant une petite plateforme ?), ils seront bien assez utiles pour ces missions, et pour le reste, il restera les navires de la Marine. Par ailleurs, les thoniers ont un tel potentiel que l'un d'eux a été transformé pour les besoins du site de la DGA des Landes, en remplacement de l'Aquitaine Explorer.

Le gain politique n'est pas à négliger car une flotte de pêche employée d'une telle manière pourrait plus facilement respecter les normes européennes et permettre de prendre ses rivales en défaut... et ainsi préserver les stock halieutiques.

http://www.meretmarine.com/objets/500/1944.jpgPatrouiller Thémis des Affaires Maritimes.

La seconde solution est une réforme latente que la création de la fonction garde-côtes a pu annoncer pour certain : la mainmise par la Marine sur toutes les embarcations de l'Action de l'Etat en Mer. Il serait grand temps qu'un schéma directeur, à l'échelle de l'Archipel France, soit créé afin de coordonner l'Action de l'Etat en Mer depuis les vedettes côtières jusqu'aux patrouilleurs de haute mer !

Chacune des administrations -Affaires maritimes, Gendarmerie maritime, DGA et Douanes- à ses vedettes et ses patrouilleurs. En contemplant l'état de cette flotte d'auxiliaires (grâce à Net-Marine), il est tout aussi de se demander si :
  • les vedettes de servitude ne font pas doublon avec d'autres vedettes qui ne sont pas "de servitudes".
  • Il y a tellement de pousseurs et de remorqueurs alors qu'il y a de moins en moins de navires : ne faudrait-il pas moins de remorqueurs, mais que certains d'entre-eux soient plus gros pour effectuer des missions en dehors des ports, comme de l'assistance aux exercices ?
  • De même qu'il y a bien des navires de soutien des plongeurs-démineurs : ne pourrait-on pas utiliser des patrouilleurs ou de grands remorqueurs dans certains cas ?
  • Que dire qu'il puisse exister autant de bâtiment écoles alors qu'il y a de moins en moins d'élèves.
N'y aurait-il que la flotte d'auxiliaires pour échapper aux logiques de la rationalisation et de la polyvalence des plateformes ?

L'idée serait de rationaliser autour d'une structure de forces simple, mais efficace :
  • un patrouilleur côtier apte à patrouilleur jusqu'aux limites de la zone économique exclusive depuis la côte (bande des 200 miles nautiques),
  • qui serait capable d'opérer des drones aériens et de surface,
  • et aussi d'embarquer ponctuellement des vedettes côtières afin de remplacer l'hélicoptère qui ne serait pas embarqué à bord.
  • Ce dernier, si besoin était, pourrait venir de la terre.
Ce patrouilleur pourrait servir à toutes les missions de l'Action de l'Etat en Mer qui ne dépasseraient pas l'horizon des côtes. Il pourrait même servir de navire-écoles, et les élèves se familiarisrait avec des outils (drones, hélicoptères, embarcation rapide embarquée) qu'ils connaîtront durant toute leur future carrière.

En allant plus loin, s'il y avait suffisamment de patrouilleur côtier, alors il serait imaginable qu'ils servent, eux-aussi, d'autres missions qui soulagerait les unités hauturières de la Marine nationale :
  • par exemple, si la Marine continue à s'orienter dans le cadre du SLAMF (Système de Lutte Anti-Mines Futur) sur un programme à six vecteurs, alors il restera bien moins de navires que les actuels 13 chasseurs de mines triparties. Il ne serait pas inutile d'imaginer qu'un patrouilleur côtier puisse embarquer une équipe de plongeur-démineurs et ses matériels. Même schéma de pensée pour les patrouilleurs hauturiers : cela permettrait de déployer une capacité anti-mines mondiale et résiduelle.
  • Autre exemple, ces patrouilleurs côtièrs, ou les remorqueurs côtièrs d'assitance, pourraient aussi servir à remorqué des sonars, notamment au service de la FOST, dans l'optique du remplacement des BRS (Bâtiment de Remorquage de Sonar) et de la diminution du nombre de chasseurs de mines (SLAMF).
  • Que dire de ces futurs patrouilleurs s'ils pouvaient se charger des missions anti-pollution maritime, et ainsi soulager en partie les patrouilleurs hauturiers ?
  • Ne faudrait-il pas envisager que le systèmes de forces proposait, le patrouilleur côtier, ait un rayon d'action suffisant pour pratiquer la diplomatie navale en effectuant un certain nombre d'escales chaque année dans des ports étrangers ? L'influence de la France en serait autant augmentée partout dans le monde.

L'intérêt du schéma-directeur établi par le comité directeur de la fonction garde-côtes serait de rationnaliser le dispositif, mais aussi de l'étendre, dans la mesure du raisonnable :
  • si le système de forces ainsi proposée permet de travailler sereinement et ponctuellement dans la bande des 200 miles nautiques avec des outils (marsupialisation) améliorés,
  • alors le besoin en patrouilleurs hautirers (de souveraineté et logistique) sera bien moindre qu'avant dans certaines zones. Ainsi, ces navires hautueris pourront être déployés dans les zones les plus éloignés, les plus isolés où leurs capacités sont indispensables.
L'administration serait même plus que prête pour régler les éventuelles difficultés découlant d'une telle rationalisation puisque l'autorité unique de l'Etat en mer, c'est le préfet maritime. L'organe qui coordone les programmes de matériels intéressant l'Action de l'Etat en Mer, c'est le comité directeur de la fonction garde-côtes.

Il serait même intéressant que les différentes administrations gardent leurs équipages car, dans le cas où les élèves de la Marine embarqueraient à bord du système de forces proposé, alors ils pourraient découvrir différentes cultures maritimes et différentes manières d'aborder la mère. Ce ne serait pas de trop. C'est actuellement l'esprit de la formation des officiers de la Marine de l'administration des Affaires maritimes qui embarquent ainsi comme officier chef de quart sur un navire de la Marine nationale, un navire de la marine marchande et un navire de pêche.

L'actuel gouvernement ne peut être qu'inciter à construire une flotte, et ses différentes branches, sur le long terme : toute l'histoire navale montre que les flottes savamment étudiées sont les moins coûteuses à mettre en œuvre, mais aussi les plus efficaces. En ce qui concerne les patrouilleurs, il faut impérativement mieux penser l'articulation entre la côte et la haute mer afin de lisser les besoins d'un boût à l'autre de la chaîne. Le schéma directeur qu'il faudrait que le gouvernement établisse pourrait être soutenu par le recours aux navires et équipages de la flotte de pêche française, ce qui permettrait de combler les pertes capacitaires qui apparaîtrait le temps de la transformation.

Enfin, il convient de relever que plus les moyens affectés à la fonction garde-côtes, à l'Action de l'Etat en Mer, seront nombreux et cohérent entre eux, plus les forces de haute mer de la Marine nationale (groupe aéronaval, forces sous-marines, groupe de guerre des des mines, groupe amphibie, etc...) seront libérés de missions pour lesquelles ils sont en situation de surcapacités !

Il est donc urgent d'attendre, de réfléchir à ce que l'on peut faire avec ce que l'on a, avant de se projeter dans l'avenir par un grand plan d'ensemble qui permettra une manœuvre aisée d'un bout à l'autre de l'action maritime et navale de la France.

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