Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





11 janvier 2016

Dissuasion océanique : le défi Indo-Pacifique ?

Le TCD Orage assure le soutien du SNLE Le Redoutable à Dakar (avril 1991).

Nous l'apprenions il y a quelques jours : la Corée du Nord affirmait avoir réussi l'essai d'une bombe H. Bonne année et bons baisers de Pyongyang ! L'arme serait miniaturisée. Washington confirmerait le caractère nucléaire de l'essai, sans, toutefois, pouvoir confirmer ou infirmer s'il ne s'agit là d'une arme à fission, d'une bombe A "améliorée" ou bien véritablement d'une bombe à hydrogène. Inévitablement, alors que Paris décide de relever timidement la garde, les arsenaux nucléaires, loin du "global zero" ou des attentats, reviennent hanter les planifications stratégiques. 

Le quatrième essai nord-coréen réussit au moins une chose : affirmer la capacité nord-coréenne à concevoir des armes de nature nucléaire. Il devient difficile de nier la réalité de cet arsenal. Un jour, il était dit dans un pays quelque chose comme : "nous aurons la bombe, même s'il faut manger de l'herbe". Malgré les sanctions, les pressions, Pyongyang poursuit sa marche en avant et aurait franchit peut-être une ou deux étapes fondamentales : la miniaturisation et la bombe H.

La première étape est peut-être la plus importante car elle ouvre la voie à la vectorisation sur toute une gamme de munitions, allant de la mine antichar ou sous-marine jusqu'au missile balistique. Ce qui amène à considérer les capacités de production en série nord-coréenne de têtes nucléaires. Un arsenal relativement faible, de l'ordre de 30 à 80 têtes, suffirait à installer une dissuasion stratégique, voire préstratégique afin de sanctuariser encore un peu plus le royaume communiste. 

Quelque soit les cadences de production locale, nous pouvons avancer, sans prendre beaucoup de risques, que ce régime a le temps avec lui, ce qui pallie d'éventuelles cadences de production trop lentes.

La marine nord-coréenne recevait la livraison d'au moins d'un sous-marin diesel-électrique lanceur d'engins de la classe Golf. Récemment, ce qui était présenté comme un tel navire tentait un tir de missile balistique sous la mer. Un échec. 

Cependant, il est difficile de connaître la version de l'unité de classe, voire du type, Golf livrée à la Corée du Nord. Le déplacement peut différent notablement, les capacités pourraient en être bien différentes. Les premiers Golf opéraient l'équivalent pour sous-marin des Scud. Les derniers le missile des Delta. Ce qui ramène encore et toujours aux capacités nord-coréennes en matière de rétro-ingénierie et d'innovation. Il s'agit là de plusieurs technologies clefs : le missile balistique, le tube lance-missile pour sous-marin et toute la procédure associée mais aussi le sous-marin lui-même. Demander une plus grande portée au missile entraîne tout le reste. Et, aux dernières nouvelles, il ne semblerait pas que le royaume rouge réussisse ou veuille réussir à développer des unités océaniques - au gabarit suffisant pour des missiles à portée intercontinentale.

Par contre, il est envisageable que la Corée puisse, à la manière d'Israël, laisser planer un brouillard sur une éventuelle dissuasion côtière, voire à entretenir le spectre d'armes nucléaires tactiques au service d'un échelon pré-stratégique (ce que nous évoquions en 2010) dans une dissuasion plus large, englobant, par exemple mais pas seulement, des capacités de cyberdéfense.

C'est une équation paradoxale qui se dessine dans et autour de la péninsule coréenne. La réunion des deux Corées apparaît toujours comme un objectif pour une partie des acteurs. Reste que, dans une région mondiale dominée largement par une Chine à la montée en puissance aéronavale impressionnante, l'arsenal nord-coréen ne semble pas voué à disparaître comme ceux d'autres ex-futures puissances nucléaires. La Corée du Nord défi ouvertement Pékin qui ne pourra que reconnaître son peu d'emprise sur son allié. La Corée du Sud aurait-elle quelques ambitions nucléaires en cas de réunion des deux Corée face à la Chine, au Japon ? Les questions sont larges car la situation peut apparaître comme ouverte. 

Plus généralement, et depuis l'océan Atlantique, il apparaît que le débat nucléaire s'oriente autour d'un axe allant de la Mer Rouge à la mer d'Okhotsk. La dissuasion côtière israélienne n'est pas démentie dans les faits, et semble même être imitée au Pakistan qui aurait quelques projets ou commence de réalisation en la matière. L'Inde disposera dans les toutes prochaines années d'une dissuasion côtière puis, très certainement, océanique. La Chine franchirait l'étape des premières patrouilles opérationnelles. 

La majeure partie de ces pays sont à portée théorique des missiles balistiques M-51 mis en œuvre depuis les SNLE de la classe Le Triomphant. Les 8000 km et quelques de portée du missile touche parfois à ses limites. La défense anti-missile balistique de territoire (ABM) trouve quelques développements en Inde, peut-être en Chine ?, et poursuit sa route aux Etats-Unis. Un éventuel tir de représailles français aurait-il l'énergie cinétique, le temps et l'emport suffisant pour déjouer d'éventuelles contre-mesures adverses ? 

La question se pose. Trois réponses sont possibles : la première est que le dispositif existant est suffisant. La deuxième est qu'un accroissement de la masse du vecteur permettrait de reprendre des marges de manœuvre en volume de charges ou de portée. La troisième serait de reprendre une diplomatie sous-marine pour afficher la présence des SNLE français de l'Atlantique jusqu'à l'océan Indien ou Pacifique afin de laisser planer le doute sur les éventuelles zones de lancement.

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