Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





24 novembre 2017

Matador : l'alternative française ?

© US Navy - Lieutenant Commander John Leenhouts. Un AV-8S Matador en vol en avant du porte-aéronefs ADAV/STOVL Dedalo (R01).
Dans la brève du 24 novembre 2017, le rédacteur en chef de la Revue Défense nationale - le colonel Pellistrandi - relève que l'Espagne renonce temporairement au F-35. L'Armada Española tablait sur une commande de 12 à 15 machines pour remplacer les Matador. Il n'existe pas d'alternative au F-35B pour équiper des porte-aéronefs ADAV/STOVL. Néanmoins, par coopérations européennes, il existe une opportunité française afin que l'aéronavale embarquée espagnole perdure.

Dès 1967, l'Armada Española louait le CVL-28 USS Cabot (24 juillet 1943 - 30 août 1967). Re-baptisait Dedalo (30 août 1967 - 1989) en l'honneur de l'ancien bâtiment transport d'hydravions éponyme qui constituait alors sa première capacité aéronavale embarquée. Par la suite, c'est-à-dire en 1973, le navire est définitivement acheté. Servant comme porte-hélicoptères, il est reclassé porte-avions (R01) en 1976 quand l'Espagne s'offre une première commande de AV-8A Sea Harrier - nommés EAV-8A Matador. Huit (1973) puis cinq machines (1980) sont commandées permettant d'atteindre un format plancher de 13 zincs.

L'Amiral Carrero Blanco est appelé aux affaires de l'Espagne en tant que premier ministre et favorise le remplacement du Dedalo (16 000 tonnes) par une unité moderne. Madrid hésite entre les plans de l'Invincible et du PH75 (abandonné par Paris, il deviendra un projet de croiseur porte-hélicoptères puis les NTCD, BIP et BPC) avant de jeter son dévolu sur le Sea Control Ship de l'Amiral Zumwalt. Dès l'entrée en service du Principe de Asturias (17 000 tonnes), le Dedalo est désarmé.

En 1988, Madrid passe une nouvelle commande pour des EAV-8B Matador II, nom local du AV-8B Harrier II. 5 nouvelles machines livrées en 1987-1988 puis huit autres en 1996-1997. Les EAV-8B Matador II bénéficieront d'une modernisation pour parvenir à la version EAV-8B+ Matador II et durer jusqu'en 2020. 13 machines seraient toujours opérationnels.

La cristallisation du format de l'aéronavale espagnole se fait autour de deux caractéristiques non-dépassables en l'état actuel des finances, de l'économie et des difficultés de certains programmes espagnols (en particulier, le cas du S-80). La première de ces caractéristiques est l'entretien d'une grande unité de surface. Le plan Altamar ambitionnait d'offrir un sistership au Principe de Asturias mais il ne pu jamais être financé et cette difficulté perdure jusqu'au lancement du BPE (Buque de Proyección Estratégica) Juan Carlos I (27 000 tonnes). La permanence aéronavale nationale n'est pas à portée (sauf dans un cadre bi-national avec le Cavour de la Marina militare), sauf à consentir à disperser le "groupe aérien embarqué" sur les unités du groupe amphibie espagnol et, donc, d'effectuer les adaptations nécessaires. La deuxième caractéristique, très lourde dans des discussions interarmes et inter-armées, est ce format historique à 13 voilures fixes. 

Dans ce contexte, une commande de F-35B couplée, ou non ?, à celle de l'armée de l'air espagnole peut apparaître comme l'unique moyen de faire perdurer une aéronavale embarquée sur voilures fixes. Le capital opérationnel des Matador II ne peut que s'éroder progressivement et les cellules ont un potentiel limité dans le temps. Aussi, la question suivante demeure : est-ce que le BPE est adapté à la mise en œuvre, notamment le revêtement de son pont d'envol, de F-35B dont la puissance du réacteur est nettement supérieur à celui du Harrier ?

C'est pourquoi il convient d'explorer une alternative au seul achat du F-35. Il s'agit ici d'une délocalisation dans le cadre d'une coopération européenne. Sur les 98 F/A-18 espagnols, 24 ont été acquis auprès de l'US Navy. La proposition tiendrait dans la possibilité d'embarquer une flottille de F/A-18A Hornet espagnols - l'Armada abandonnant ses Matador - à bord du porte-avions Charles de Gaulle. "Je constate que le porte-avions, aujourd’hui unique en Europe est une capacité qui fait la différence, pour reprendre l’expression du Premier ministre Édouard Philippe. C’est une capacité qui peut entraîner nos alliés, notamment nos partenaires européens" déclarait l'Amiral Prazuck, Chef d'État-Major de la Marine nationale (audition devant la commission de la Défense nationale et des forces armées, 11 octobre 2017).

Le porte-avions français a été conçu autour de cet appareil que la Marine nationale essayait par deux fois. Il n'y a pas d'incompatibilité technique mais quelques vérifications opérationnelles à effectuer quant au service à la mer de machines qui n'ont plus connu que la terre et de nombreux engagements. Par ailleurs, cela supposerait un programme de formation d'un flux de pilotes espagnols afin qu'ils puissent être qualifiés pour les opérations sur porte-avions CATOBAR. Enfin, cela reviendrait à discuter de l'aménagement des installations aéronautiques du porte-avions Charles de Gaulle afin de pouvoir accueillir et soutenir les aéronefs espagnols.

En échange de quoi, la France pourrait rejoindre la Fuerza Anfibia Hispano Italiana / Forza Anfibia Italo-Spagnola (SIAF), c'est-à-dire la force amphibie italo-espagnole rassemblant les groupes amphibies des deux pays dont les Juan Carlos I et Cavour. Cette force est versée comme battle group.

La France aurait deux jambes en Méditerranée : 
  • la CJEF franco-britannique dont son principal apport français était le porte-avions et sera demain les trois BPC ;
  • la SIAF à laquelle la France contribuerait avec le porte-avions.
L'embarquement d'une flottille espagnole serait l'une des pierres que peut apporter le GAn à la construction de l'Europe de la Défense. Parmi les conséquences pratiques, cela dispenserait la France d'employer tous ses Rafale M à bord pour présenter un GAé étoffé. Par ailleurs, si la problématique de la permanence aéronavale perdure, Madrid n'aurait peut-être pas trop de difficultés diplomatiques puisque hébergeant une partie des infrastructures de la VIe flotte, à bénéficier d'une assistance via l'un des porte-avions américains croisant dans le bassin occidental de la Méditerranée. Par ailleurs, cela faciliterait peut être l'intégration récurrente d'une frégate espagnole au GAn.

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