© DCNS - H. SIMON. Le SNA Rubis sortant du bassin 8 (Brest), vendredi dernier. |
Pierre-François Forissier - voir l'entretien qu'il nous avait accordé - inaugurait une chronique au sujet de la rencontre entre les outils législatif, budgétaire et financier dans l'optique de construire l'outil naval dans le temps long. L'objectif est de présenter les enjeux de l'application intégrale de la "LOLF" et de ses conséquences afférentes. Le premier billet introduisait le propos.
La Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) est depuis 2006 le cadre dans lequel s’exerce la gestion financière de l’État.
Schématiquement il s’est agi de passer d’une comptabilité de caisse à une comptabilité de bilan.
L’ensemble des administrations a fait un gros travail d’adaptation et aujourd’hui de nombreuses données sont disponibles mais ne sont encore pas assez bien exploitées.
Concernant la Défense, le Ministère publie chaque année son annuaire statistique :
- SGA/DAF/QEFI/OED, Annuaire statistique de la Défense, Paris, 2017.
On y trouve les principales données budgétaires et comptables. Le document 2016 dont des extraits figurent en annexe permet de faire les observations suivantes :
- Le bilan est présenté de façon incomplète puisque les valeurs de l’actif et du passif ne sont pas identiques.
- Même si la comptabilité analytique au sein du ministère de la Défense est encore assez embryonnaire, il est possible d’obtenir des données exploitables.
- Les matériels militaires représentent au 31/12/2015 28 % des actifs du ministère. Il serait intéressant de tenir compte de cette valeur lors de l’établissement des arbitrages budgétaires qui sont généralement faits au détriment des volumes d’équipements sans tenir compte du poids important des autres postes du bilan.
- La liste des équipements est établie par grandes catégories de matériels. Même si aujourd’hui la gestion de leur approvisionnement au sein du programme 146 est fait globalement en inter-armées il serait intéressant de faire le bilan par armée afin de pouvoir mieux éclairer les choix de répartition des matériels entre les armées. Par exemple les aéronefs apparaissent globalement sans qu’il soit possible de visualiser ce qu’ils représentent au sein de chaque armée.
- Les stocks représentent une part très importante des actifs (25 % au 31/12/2015). Une répartition est présentée en grandes masses et permet de constater que les pièces de rechanges représentent 60 % des stocks soit 15 % de l’ensemble des actifs. Ce chiffre à lui seul justifierait que le MCO soit inscrit au titre V [NDLR : dépenses d'investissement] et non au titre III [NDLR : dépenses de fonctionnement]. Par ailleurs cette valeur devrait être mise en perspective pour élaborer le budget du MCO.
On peut donc dire que le bilan de la Défense pourrait potentiellement être un outil d’analyse et de prévision budgétaire s’il était davantage détaillé, ce qui ne devrait pas être difficile car la remontée des chiffres existe bel et bien pour élaborer ceux qui sont présentés.
Dans son état actuel il permet déjà de voir qu’il n’est pas encore suffisamment utilisé pour la construction budgétaire qui se fait encore à l’ancienne en additionnant les expressions de besoin émanant des services dépensiers sans véritable mise en perspective.
Une publication plus détaillée, rendant compte en particulier de la ventilation par armée constituerait un outil très pertinent pour éclairer les décisions budgétaires et pour apprécier la qualité d’exécution de la Loi de Finances Initiale (LFI).
Il est en effet très dommage que le Ministère de la Défense continue, plus de 10 ans après la mise en œuvre de la LOLF, a focaliser sa communication financière sur la LFI. Comme on peut le voir des éléments de bilan très intéressants sont cependant diffusés mais ils ne constituent pas encore le cœur des préoccupations des responsables notamment lors de la construction du budget qui se fait encore à l’ancienne.
Dans son état actuel il permet déjà de voir qu’il n’est pas encore suffisamment utilisé pour la construction budgétaire qui se fait encore à l’ancienne en additionnant les expressions de besoin émanant des services dépensiers sans véritable mise en perspective.
Une publication plus détaillée, rendant compte en particulier de la ventilation par armée constituerait un outil très pertinent pour éclairer les décisions budgétaires et pour apprécier la qualité d’exécution de la Loi de Finances Initiale (LFI).
Il est en effet très dommage que le Ministère de la Défense continue, plus de 10 ans après la mise en œuvre de la LOLF, a focaliser sa communication financière sur la LFI. Comme on peut le voir des éléments de bilan très intéressants sont cependant diffusés mais ils ne constituent pas encore le cœur des préoccupations des responsables notamment lors de la construction du budget qui se fait encore à l’ancienne.
Annexe 1
2.1.1 Le budget de la défense
Troisième budget de l’État (derrière
l’Éducation natio-nale et le service de la dette) avec 34,8 Md€ en loi de
finances initiale 2016 (hors pensions, y compris anciens combattants), le
ministère de la Défense se distingue des autres missions du budget général
par le montant annuel qu’il réserve aux dépenses d’investissement (titre 5),
mais également par l’adoption d’une Loi de programmation militaire (LPM).
Pluriannuelle, celle-ci permet l’établissement d’une trajectoire à long terme
de l’utilisation des crédits de la mission « Défense ».
La mission « Défense » (32 Md€ soit
92 % du bud-get total du ministère de la Défense) regroupe les programmes directement liés
aux activités opérationnelles et à leur soutien.
L’environnement et la prospective de
la politique de défense (1,3 Md€, soit 4 % de la mission « Défense ») - P 144
Les actions de ce programme
contribuent à éclairer le ministère sur son environnement présent et futur
afin d’élaborer et conduire la politique de défense de la France.
L’équipement des forces (10 Md€,
soit 31 %) – P 146
Programme cogéré par le CEMA (Chef
d’état-major des armées) et le DGA (Délégué général pour l’armement), il a
pour but de permettre aux armées de disposer des matériels indispensables à
la réalisation de leurs missions.
La préparation et l’emploi des
forces (7,3 Md€, soit 23 %) - P 178
Le programme 178 est organisé de
manière à pouvoir répondre efficacement et rapidement aux crises pouvant
affecter la France, sur son territoire et à l’étranger. Parmi ses priorités,
pour 2016, on retrouve notamment :
- adapter la posture opérationnelle
à la lutte contre le terrorisme djihadiste, à l’extérieur comme à l’intérieur
du territoire national ;
- accompagner la montée en puissance
de la force opérationnelle terrestre pour exécuter l’opération « Sentinelle »
dans la durée ;
|
- assurer la cohérence organique et
opérationnelle des armées, directions et services.
Le soutien de la politique de la
défense (13,5 Md€, soit 42 %) - P 212
Comme son nom l’indique, le
programme 212 est en charge de toutes les fonctions de soutien du ministère
de la Défense.
Ce programme regroupe également
l’ensemble des crédits de titre 2 (masse salariale) relatifs aux personnels
du ministère (11,1 Md€ hors pensions).
Sur la mission « Recherche et
enseignement supérieur » (180 M€, soit 1 % du budget total), seul le
programme 191 « recherche duale (civile et militaire) » dépend du ministère
de la Défense.
La recherche duale (civile et
militaire) (180 M€) - P 191
Ce programme, qui s’inscrit dans le
champ de la politique de recherche menée par l’État, concerne des domaines de
recherche dont les applications sont à la fois civiles et militaires. Il vise
à maximiser les retombées civiles de la recherche de défense et, inversement,
à faire bénéficier la défense des avancées de la recherche civile.
Enfin, sur les trois programmes
composant la mission « Anciens combattants » (2,5 Md€, soit 7 % du budget
total), deux sont rattachés au ministère :
Les liens entre la Nation et son
armée (38 M€, soit 2 % de la mission « Anciens combattants ») - P 167
Ce programme regroupe les politiques
concourant à la diffusion de l’esprit de défense au sein de la société civile
et à la relation entre la Nation et les forces armées. Il vise l’ensemble de
la population et plus particulièrement les jeunes générations.
La reconnaissance et la réparation
en faveur du monde combattant (2,5 Md€, soit 98 %) - P 169
Le programme 169 retrace l’ensemble
des actions et interventions réalisées au profit du monde combattant et des
victimes de guerre, destinées à témoigner de la reconnaissance de la Nation à
leur égard.
|
Définitions :
La Loi organique relative aux lois de finances (Lolf) du 1er août 2001 réforme en profondeur la gestion de l’État. Elle est entrée en vigueur par étapes et s’applique à toute l’administration depuis le premier janvier 2006. La Lolf consiste en une nouvelle architecture du budget général de l’État, non plus définie par ministère mais par mission, programme et action. Une mission peut concerner un ou plusieurs ministères. Un programme est un regroupement de moyens d’une politique publique : elle est conduite par un ministère selon une stratégie définie. Une action identifie les moyens et modes d’action des acteurs d’un programme.
La Loi de finances initiale (LFI) est la loi qui prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des charges de l’État. Le Projet de loi de finances (PLF), qui doit être voté avant le début de l’année à laquelle il se rapporte, comprend deux parties distinctes : il autorise la perception des ressources publiques et comporte les voies et moyens qui assurent l’équilibre financier. Cette partie s’achève par l’article d’équilibre ; ensuite, il fixe pour le budget général, les budgets annexes et les comptes spéciaux, le montant des crédits des programmes ou des dotations, en Autorisations d’engagement (AE) et en Crédits de paiement (CP) en précisant, le cas échéant, le montant limitatif de leurs dépenses de personnel.
Pour en savoir plus :
- Ministère de l'action et des comptes publics, Guide pratique de la LOLF, Paris, 2013.
Annexe 2
2.1.2 Les principales données comptables
Au 31 décembre 2015, les actifs du
ministère de la Défense s’élèvent à 129 Md€ en valeur nette. Ils sont
quasiment stables depuis 3 ans.
Les immobilisations incorporelles
du ministère de la Défense comportent principalement les investissements de
développement des matériels militaires et les logiciels produits en interne.
Les développements militaires
concernent la mise au point et la production des matériels d’armement. Au
cours de ces dernières années, les principaux développements concernent le
Rafale, la famille de systèmes sol-air futurs (FSAF), les hélicoptères
FENNEC, CARACAL, TIGRE et CAIMAN-NH90, les missiles MISTRAL, ASMPA, METEOR et
M51, le réseau intranet de la force aéronavale RIFAN 2, les frégates
multimissions FREMM et le sous-marin d’attaque du futur Barracuda.
Enfin, l’augmentation constatée sur
les encours (+ 28 % par rapport à 2014) provient des développements
militaires concernant les Barracuda et des missiles.
Les immobilisations corporelles
comprennent prin-cipalement les terrains et constructions, et les matériels
techniques et militaires.
La valeur du parc immobilier
s’établit à 18,4 Md€. L’année 2015 a été particulièrement marquée par la mise
en service du site de Balard.
Les biens à caractère spécifique
sont évalués à une valeur forfaitaire ou à l’euro symbolique. Il en est ainsi
des biens
|
arsenaux nucléaires, les bases
aériennes à vocation nucléaire (BAVN), les dépôts pétroliers du service des
essences des armées (SEA), certains centres d’expertises et d’essais, etc.
Les mises en service de matériels
entrant dans la catégorie des immobilisations corporelles concernent en 2015
notamment la FREMM Provence (558 M€), six Rafale (386 M€) et un A400M
(136 M€).
Les principales sorties sont liées à
la cession au Brésil du TCD Siroco (261 M€) et les retraits de service
de la FASM Dupleix (116 M€), de quatre Transall (165 M€) et de quatre SEM
(138 M€).
Les stocks militaires
représentent à eux seuls plus de 98% du montant de la valeur nette comptable
des stocks de l’État. Ils sont constitués des pièces de rechange nécessaires
au maintien en condition opérationnelle des équipements militaires (23,8
Md€), des munitions, missiles et artifices (5,6 Md€) et d’autres matières et
fournitures consommables (4,3 Md€).
La valeur nette des stocks du
ministère au 31 décembre 2015 diminue de 0,4 Md€ par rapport à 2014. Cette
diminution provient essentiellement de la comptabilisation d’une dépréciation
sur les stocks immobiles (stocks non mouvementés depuis plusieurs années) de
la Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels
Terrestres (SIMMT).
|
Définitions :
Les immobilisations incorporelles sont des actifs non monétaires identifiables, sans substance physique, qui sont contrôlés par l’État du fait d’éléments passés et dont il attend des avantages économiques futurs.
Les immobilisations corporelles correspondent aux actifs physiques identifiables dont l’utilisation s’étend sur plus d’un exercice et ayant une valeur économique positive pour l’État.
Les biens spécifiques aux missions et activités de l’État n’ont pas d’équivalent sur le marché. Ils ne peuvent être reconvertis à des usages banalisés qu’au prix de très lourds travaux.
FREMM : Frégate multimissions
Barracuda : Catégorie de sous-marin
TCD : Transport de chaland de débarquement
FASM : Frégate anti-sous-marine
SEM : Super-Étendard modernisé
Les immobilisations incorporelles sont des actifs non monétaires identifiables, sans substance physique, qui sont contrôlés par l’État du fait d’éléments passés et dont il attend des avantages économiques futurs.
Les immobilisations corporelles correspondent aux actifs physiques identifiables dont l’utilisation s’étend sur plus d’un exercice et ayant une valeur économique positive pour l’État.
Les biens spécifiques aux missions et activités de l’État n’ont pas d’équivalent sur le marché. Ils ne peuvent être reconvertis à des usages banalisés qu’au prix de très lourds travaux.
FREMM : Frégate multimissions
Barracuda : Catégorie de sous-marin
TCD : Transport de chaland de débarquement
FASM : Frégate anti-sous-marine
SEM : Super-Étendard modernisé
Annexe 3
1. Bilan des actifs et passifs du ministère de la Défense
BILAN
DE CLÔTURE AU 31 DÉCEMBRE 2015
|
BILAN
DE CLÔTURE AU 31 DÉCEMBRE 2014
|
31/12/
2013
|
31/12/
2012
|
|||||
ACTIF (1)
|
VALEUR
BRUTE
|
AMORTISSEMENT
ET DÉPRÉCIA- TIONS
|
VALEUR
NETTE
|
VALEUR
BRUTE
|
AMORTIS-
SEMENT ET DÉPRÉCIA- TIONS
|
VALEUR
NETTE
|
VALEUR
NETTE
|
VALEUR
NETTE
|
IMMOBILISATIONS INCORPORELLES
|
33 558
|
-16 415
|
17 143
|
32 639
|
-15 001
|
17 638
|
19 024
|
20 068
|
- DÉVELOPPEMENTS MILITAIRES QUALIFIÉS
|
26 557
|
-15 690
|
10 868
|
26 851
|
-14 410
|
12 441
|
13 140
|
13 692
|
- DÉVELOPPEMENTS MILITAIRES EN COURS
|
4 827
|
-
|
4 827
|
3 766
|
-
|
3 766
|
4 484
|
6 025
|
IMMOBILISATIONS CORPORELLES
|
131 451
|
-52 291
|
79 159
|
127 690
|
-49 473
|
78 217
|
80 161
|
79 981
|
- PARC IMMOBILIER
|
16 565
|
16 565
|
15 427
|
-12
|
15 415
|
15 456
|
15 986
|
|
- MATÉRIEL TECHNIQUE, INDUSTRIEL ET OUTILLAGE
|
5 168
|
-3 913
|
1 255
|
5 097
|
-3 742
|
1 355
|
1 466
|
1 480
|
- MATÉRIELS MILITAIRES
|
82 848
|
-46 286
|
36 562
|
81 125
|
-43 731
|
37 394
|
39 048
|
37 798
|
- MATÉRIELS MILITAIRES ET AUTRES IMMOBILISATIONS CORPORELLES EN
COURS
|
22 324
|
-
|
22 324
|
21 312
|
-
|
21 312
|
20 619
|
19 916
|
STOCKS
|
39 538
|
-6 810
|
32 728
|
39 428
|
-6 260
|
33 168
|
30 573
|
30 202
|
CUMUL
|
204 547
|
-75 516
|
129 031
|
199 757
|
-70 734
|
129 023
|
129 758
|
130 251
|
(1) : hors comptes de commerce
31
DÉC. 2015
|
31 DÉC. 2014
|
|||||
VALEUR
BRUTE
|
DÉPRÉCIATIONS
|
VALEUR
NETTE COMPTABLE
|
VALEUR
BRUTE
|
DÉPRÉCIATIONS
|
VALEUR
NETTE COMPTABLE
|
|
FOURNITURES CONSOMMABLES
|
4 613,49
|
-974
|
3 640
|
4 850,89
|
-705,16
|
4 146
|
PIÈCES DE RECHANGE
|
23 852,89
|
-3 925
|
19 928
|
23 366,31
|
-3 477
|
19 889
|
MUNITIONS, MISSILES ET ARTIFICES
|
8 654,40
|
-1 671
|
6 984
|
9 061,33
|
-1 760
|
7 302
|
AUTRES
|
2 417,12
|
-240
|
2 177
|
2 148,72
|
-319
|
1 830
|
TOTAL
|
39 538
|
-6 810
|
32 728
|
39 427
|
-6 261
|
33 166
|
3. Équipement militaire au 31 décembre 2015
2015
|
2014
|
||||
VALEUR
BRUTE
|
EN
%
|
VALEUR
BRUTE
|
EN
%
|
||
AÉRONEFS
|
29 330
|
35 %
|
28 921
|
36 %
|
1 %
|
SOUS-MARINS
|
10 724
|
13 %
|
10 709
|
13 %
|
0 %
|
BÂTIMENTS DE SURFACE
|
11 414
|
14 %
|
11 236
|
14 %
|
2 %
|
VÉHICULES ET ENGINS TERRESTRES
|
11 176
|
13 %
|
11 034
|
14 %
|
1 %
|
SATELLITES ET ENGINS SPATIAUX
|
1 907
|
2 %
|
1 907
|
2 %
|
0 %
|
MISSILES STRATÉGIQUES
|
3 996
|
5 %
|
4 050
|
5 %
|
-1 %
|
SIC
|
4 991
|
6 %
|
4 862
|
6 %
|
3 %
|
AUTRES
|
9 311
|
11 %
|
8 406
|
10 %
|
11 %
|
TOTAL
|
82 848
|
100 %
|
81 126
|
100 %
|
2 %
|
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