© ECPAD / RMC Découverte. "Porte-avions, fleurons de la marine française". |
La chaîne de télévision RMC Découverte (NextRadioTV) propose le documentaire (synopsis ci-dessous) "Porte-avions, fleurons de la marine française" de Fabrice Gardel et Josselin Mahot. Il s'agit d'une co-production entre la chaîne et l'ECPAD. La diffusion inédite ce jeudi 25 décembre à 20h45 intervient après l'avant-première d'hier soir au cinéma Les 3 Luxembourg (Paris), un évènement conjointement organisé par l'ECPAD et Galaxie.
"Des guerres coloniales aux théâtres des conflits modernes, le porte-avions s´est imposé au fil du temps comme le navire amiral par excellence. C´est l´histoire d´une incroyable dynastie qui dure depuis plus de 100 ans qui va être racontée pour la première fois. Ces navires toujours plus imposants et toujours plus puissants sont au coeur du dispositif de défense français. Considéré auparavant comme un navire accessoire, le porte-avions est désormais le centre de commandement de l´aéronavale tricolore. Il symbolise la puissance nucléaire de la France. Grâce aux témoignages d´historiens, de militaires mais aussi grâce à de captivantes archives, des cartes en mouvement et de la reconstitution 3D, ce documentaire offre un regard nouveau sur l´incroyable histoire des porte-avions français."
Le synopsis des 52 minutes du documentaire laissait augurer d'un
programme dans la veine de l'ouvrage trop rarement cité de Francis
Dousset : Les porte-avions français des origines (1911) à nos jours (Paris, Éditions de la Cité - Brest-Paris, 1978, 159 pages).
Fabrice Gardel et Josselin Mahot débutent chronologiquement, notamment, par les essais et expérimentations menés autour de l'aviso Bapaume (1918 - 1936). Bateau de la classe Arras, il reçoit un pont d'envol, en 1920, permettant appontage et décollage d'un seul avion. Ainsi débutait la carrière de Paul Teste, fervant partisan du navire à pont d'envol continu pour avions à roue... Le Bapaume sert comme premier navire français porte-aéronefs jusqu'en 1924. Le plan naval de 1920 de Georges Leygues prévoyait deux porte-avions obtenus après l'achèvement en tant que tel des coques des cuirassés Béarn et Languedoc de la classe Normandie.
Le porte-avions Béarn, finalement seule coque d'un des cuirassés de la classe Normandie à être achevée, comme porte-avions (25 000t, 183 m, ~40 aéronefs), est le très grand oublié de l'aéronavale française. Bénéficiaire de plusieurs refontes et modernisations, quelques uns de ses défauts en feront un médiocre porte-avions : trop lent tant pour marcher de conserve dans la ligne de file, trop lent pour lancer et récupérer des avions (à l'exemple des ascenseurs). Ses aéronefs sont rarement modernes, ayant souvent une génération de retard. La majeure partie des aéronefs, modernes, ou obsolètes mais suffisamment nombreux et éprouvés pour les opérations à la mer, n'arriveront que très tardivement, c'est-à-dire entre 1939 et 1940.
Assez peu de choses - voire pratiquement rien - rien n'explique pourquoi, comme le demandait Alain Guillerm (La Marine de guerre moderne, 1915-2015, Paris, PUF, 1996, 127 pages), pourquoi la Marine nationale ne joignait pas le porte-avions Béarn à une division de cuirassés - les Lorraine (classe Bretagne), Courbet et Paris (classe Courbet) ? - marchant à la même vitesse afin de former un groupe aéronaval de deuxième ligne, permettant à la France de regagner une autonomie opérationnelle.
Le documentaire embarque alors les spectateurs en pleine guerre d'Indochine (19 décembre 1946 – 1er août 1954). Il est souvent avancé, par exemple dans la thèse publiée de Philippe Querel (Vers une marine atomique - La marine française (1945 - 1958), Bruxelles, Emile Bruylant, 1997, 454 pages), que l'intervention des porte-avions tant comme transport d'aviation que comme porte-avions amenait une grande plus-value aux opérations aéroterrestres. Ils s'affranchissent des pesanteurs des opérations terrestres, des grandes dimensions du théâtre et permettaient de concentrer rapidement ou durablement une grande quantité d'avions au plus près des opérations. L'Indochine avait un profil géostratégique relativement proche de la Libye de 2011, c'est-à-dire très littoral.
C'est en tous les cas ce que retiendront les débats parlementaires des années 1950 où la classe politique française était tiraillée entre les priorités budgétaires gouvernementales, celles des forces armées et donc le rôle à donner à la Marine. La fin du prêt des porte-avions américains - Dixmude (1966), La Fayette (1963) et Bois Belleau (1960) et le besoin de disposer d'une force aéronavale projetable amenaient le Parlement à approuver les constructions des Clemenceau (PA54) et Foch (PA55) par le truchement des tranches navales 1954 et 1955. L'intervention franco-britannique lors de la crise de Suez (29 octobre 1956 – 7 novembre 1956) confirmait, outre le besoin de tels navires, les contraintes de disposer de ponts plats inaptes à opérer des aéronefs modernes, sous-entendu à réaction. Les porte-avions français demeuraient en retrait, faute de pouvoir s'opposer aux chasseurs égyptiens.
Par la suite, le documentaire dépeint la diplomatie du porte-avions française. Bien que le documentaire ne l'aborde pas, et c'est étonnant, cette diplomatie navale culmine avec la guerre du Golfe (2 août 1990 – 28 févr. 1991). Le porte-avions Clemenceau transporte les hélicoptères du 5e RHC (opération Salamandre). Cette mission demeure sujette à débat dans la mesure où le porte-avions est réduit, non pas à un rôle de porte-hélicoptères - ce qui était prévu en armement PA2 - mais bien de transport d'aviation, renvoyant une des deux unités alors encore moderne à un rôle qui aurait du disparaître avec le porte-avions Béarn.
Pourquoi ne pas avoir engagé un des deux porte-avions français dans le Golfe Persique ? Quelques éléments amènent à croire que ce serait en raison des limitations opérationnelles du groupe aéronaval. Par exemple, les intercepteurs français embarqués auraient montré bien des limites lors de l'opération Capselle (août 1989 - janvier 1990). Aussi, l'intervention française en 1990-1991 était assez difficile à mettre en place en raison de l'hésitation présidentielle initiale à s'engager puis à la tension gouvernementale qui s'ensuivit dans la mise sur pied de l'opération Daguet. Ce n'est pas sans rappeler l'intervention en Afghanistan avec une lente montée en puissance.
Aussi, le documentaire permettra d'écouter trois anciens commandants du porte-avions Charles de Gaulle dont l'Amiral Richard Wilmot Roussel (premier commandant du porte-avions Charles de Gaulle (2001 - 2040) à qui nous devons de nombreux livres ou interventions. Citons, tout particulièrement, Le porte-avions Charles-de-Gaulle aux éditions Spe Barthelemy dont le troisième tome, paru en 2016, couvre les 15 premières années opérationnelles du bateau.
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