© Marine nationale. SNLE en cale sèche à l'Ile Longue. |
Il est systématique pour chaque système d'arme et donc chaque futur bâtiment de guerre que soit proposé plusieurs avant-projets. Ils matérialisent autant de choix techniques et technologiques qu'un fin ajustement des capacités opérationnelles voulues. Les études des successeurs des Redoutable débutent en 1981 et s'achèvent en 1993. "En 1982, j'ai donné l'ordre de commencer la construction d'un nouveau sous-marin nucléaire lance-engins, dit "de nouvelle génération", c'est-à-dire à la pointe des modernisations que l'on peut connaître et cette modernisation est assez remarquable." (François Mitterrand, intervention sur le thème de la dissuasion, palais de l'Elysée, 5 mai 1994 in Georges Saunier et Philippe Vial (dir.), La France et sa Défense - Paroles publiques d'un président - 1981-1995, Paris, Nouveau monde, 2015 , p. 634) Elles évoluent depuis l'avant-projet ND-1 jusqu'au ND-6. (Natacha Hochman, Pierre Quinchon et François Dupont, Le Triomphant, Paris, Perron, 1994, 264 pages). C'est le 5 juillet 1985 que l'avant-projet ND-6 est arrêté. Le Triomphant était mis sur cale le 9 juin 1986, lancé le 26 mars 1994 et admis au service actif le 21 mars 1997 et devrait quitter le service à partir de l'année 2032.
En 1981, le Redoutable (1971 - 1991) n'est en service que depuis dix ans. Le sixième et dernier bateau de sa classe - l'Inflexible, premier M4 - n'est mis sur cale que le 27 mars 1980. La plupart des Redoutable bénéficiait de refontes successives les emmenant du standard M1 au M4 (le Tonnant (1985 - 1987), l'Indomptable (1987 - 1989), Le Terrible (1988 - 1990) et le Foudroyant (1990 - 1993) en passant par le M20 (Le Redoutable), voire M45 (l'Inflexible).
Cependant, la quille du Redoutable est posée en 1964. La conception du bateau est, de facto, bien antérieure et était contemporaine au Q244 (le Gymnote (1964 - 1986) reprend une partie de la coque du premier démonstrateur de sous-marin à propulsion navale nucléaire français). Les modernisations perfectionnent les choix techniques et technologiques retenus alors mais ne peuvent les "transmuter". De nouvelles modernisations, voire une reconstruction sont illusoires puisque le centre de gravité des bateaux s'est significativement déplacé vers le haut avec la refonte M4. Celui du Redoutable est déjà trop haut après la refonte M20 et ne sera jamais refondu M4 (p. 11). Son remplacement ne peut qu'être lancé. Les futures ambitions balistiques condamnent à long terme (15 ans) les autres SNLE.
En 1981, le Redoutable (1971 - 1991) n'est en service que depuis dix ans. Le sixième et dernier bateau de sa classe - l'Inflexible, premier M4 - n'est mis sur cale que le 27 mars 1980. La plupart des Redoutable bénéficiait de refontes successives les emmenant du standard M1 au M4 (le Tonnant (1985 - 1987), l'Indomptable (1987 - 1989), Le Terrible (1988 - 1990) et le Foudroyant (1990 - 1993) en passant par le M20 (Le Redoutable), voire M45 (l'Inflexible).
Cependant, la quille du Redoutable est posée en 1964. La conception du bateau est, de facto, bien antérieure et était contemporaine au Q244 (le Gymnote (1964 - 1986) reprend une partie de la coque du premier démonstrateur de sous-marin à propulsion navale nucléaire français). Les modernisations perfectionnent les choix techniques et technologiques retenus alors mais ne peuvent les "transmuter". De nouvelles modernisations, voire une reconstruction sont illusoires puisque le centre de gravité des bateaux s'est significativement déplacé vers le haut avec la refonte M4. Celui du Redoutable est déjà trop haut après la refonte M20 et ne sera jamais refondu M4 (p. 11). Son remplacement ne peut qu'être lancé. Les futures ambitions balistiques condamnent à long terme (15 ans) les autres SNLE.
En amont de l'organisation Cœlacanthe se met en place le "groupe Fages" rassemblant autour de l'Amiral Fages - ALFOST (AmiraL commandant la FOrce Océanique STratégique) des ingénieurs et des marins. L'Amiral Fages avait dirigé le groupe opérationnel Coelacanthe tout en étant adjoint au Chef de la Division Matériel de l’Etat-Major de la Marine (1975-1977). Raisons pour lesquelles un conseil de Défense écarte l'option de la construction d'un septième Redoutable pour remplacer le premier de la classe. Les premières études pour de nouveaux sous-marins stratégiques sont donc entreprises dès l'année 1981. L'objectif est l'admission au service actif d'un SNLE dans le milieu des années 1990 qui doit demeurer crédible jusqu'en 2025 (p. 12).
Les deux premiers facteurs dimensionnant d'un SNLE sont la hauteur du missile puis celle de la chaufferie (p. 19) :
Les deux premiers facteurs dimensionnant d'un SNLE sont la hauteur du missile puis celle de la chaufferie (p. 19) :
Premièrement, la future
plateforme sous-marine devra pouvoir embarquer et tirer le nouveau MSBS (Mer-Sol Balistique Stratégique) M5. Cet
engin ambitionne les mêmes caractéristiques opérationnelles que le futur
Trident 2D5 (58,5 tonnes) de l'US Navy soit, environ, 12 000 km de
portée pour 10 têtes nucléaires. Le MSBS M4 (35 tonnes) est donné à 5000
km de portée et n'entrera en service avec l'Inflexible qu'en 1985.
Le diamètre du "plus grand missile stratégique que l'on imaginait" (p. 20) détermine le diamètre maximum de la coque et permet de débattre autour du diamètre inférieur le plus pertinent pour satisfaire toutes les contraintes du projet.
Deuxièmement, le nouveau SNLE inaugurera une nouvelle filière avec les réacteurs K15 qui bénéficieront beaucoup des innovations dégagées pour intégrer un réacteur à boucles courtes dans la si petite coque des SNA 72. Technicatome donne les éléments de base du projet à l'équipe de conception. (p. 19)
Au sujet des qualités nautiques et opérationnelles, deux sauts particuliers sont demandés :
La conclusion des réflexions du groupe Fages est que les Redoutable, de par leur architecture, même en l'améliorant à la marge par des refontes successives, ne répondent plus aux enjeux posés par les futurs sous-marins étrangers du XXIe siècle. Le remplacement des premiers sous-marins stratégiques suppose donc un "saut qualitatif et quantitatif majeur, aussi bien dans le domaine de la discrétion [1000 fois plus silencieux] que dans celui du sonar [dix fois plus puissant]". (p. 12)
Outre les enjeux de la détection acoustique, les autres possibilités théoriques et technologiques de détection non-acoustiques guident, aussi, la conception du nouveau SNLE. "Certaines dispositions ont été prises sur les Triomphant pour ménager l'avenir". (p. 12)
Il est demandé que le futur bateau puisse plonger plus profondément que les Redoutable. Ces derniers sont donnés à une immersion opérationnelle de 300 mètres.
Classe
Redoutable |
Classe
Ohio
|
Classe
Vanguard
|
Project
667BDRM Delfin
|
Classe
Triomphant |
|
MSBS
|
16 M20
16 M4 |
24 Trident 1
24 Trident 2D5
|
16 Trident 2D5
|
16 RSM-54
SS-N-23
|
16 M51
16 M51.4 |
Diamètre
(mètres) |
10,6 |
13
|
12,8 |
11,7
|
12,5 |
Longueur
(mètres) |
128,7 |
170
|
149,9
|
167
|
138 |
Tonnage
(tonnes) |
8920 |
18 750 |
15 680 |
18 200 |
14 200 |
L'agencement des différents compartiments ne révolutionnent pas l'architecture d'un SNLE. La longueur est calculée à partir de l'addition des différentes tranches prévues depuis l'avant jusqu'à l'arrière en passant par les soutes à missiles balistiques, les ingénieurs prenant une marge. Le Triomphant, s'il est plus grand de dix mètres que Le Redoutable, demeure modeste par rapport aux réalisations américaines, britanniques et soviétiques à la même époque. Cependant, l'une des contraintes qui invite à une certaine modération est que plus un sous-marin est long, plus il est intrinsèquement coûteux. Et plus il faudrait procéder à d'aussi coûteuses adaptations des infrastructures de l'Ile Longue. (p. 20) La longue des bassins due être allongée pour les Triomphant. Autre exemple, si le tirant d'eau avait été trop important par rapport à la génération précédente il aurait compromis la capacité du bateau à accéder à l'Ile Longue à marée basse.
C'est une réflexion très similaire, si ce n'est exactement la même que celle qui visait à respecter un certain "gabarit" pour le porte-avions Charles de Gaulle et son frère jumeau (1980 - 2002).
Entre Le Redoutable (1971 - 1991) et Le Triomphant (1997 - 2032), sept avant-projets sont présentés dans l'ouvrage. Seul la variante ND-1 est entièrement passée sous silence sans le moindre élément d'appréciation. Pour les six variantes présentées :
Classe Redoutable |
ND-2
|
ND-3
|
ND-4
|
ND-5
|
NF1
|
ND-6
|
Classe Triomphant |
|
Avant-projets
et projets arrêtés
|
2 mars 1963
|
25 mars 1983 |
22 mars 1984 |
1er février 1985
|
1985 ? |
1985 ? |
5 juillet 1985
|
9 juin 1986 - 1993 |
MSBS
|
16 M1
16 M45 |
16 M5
16 M6 |
16 M4
16 M5 |
16 M4
16 M5 |
12 M4 ?
|
20 M4
20 M5 |
16 M45
|
16 M45
16 M51.4 |
Réacteur
|
REP ? |
K15 ?
|
K15 ?
|
K15 ?
|
K15 ?
|
K15 ?
|
K15
|
K15
|
Diamètre
(mètres) |
10,6 |
? |
+ 0,3 par rapport à ND-2
|
?
|
Version la plus courte
|
?
|
?
|
12,5 |
Longueur
(mètres) |
128,7 |
?
|
+ long que ND-2
|
+ 9 mètres que ND-3
|
?
|
?
|
?
|
138 |
Le projet ND-2 (N pour Nucléaire, D pour SNLE et 2 pour deuxième variante) demeure longtemps la référence selon les auteurs. Les avant-projets des MSBS M5 et M6 n'ont plus du tout les mêmes définitions entre 1983 et 1985. En lisant entre les lignes, il s'agit de formuler l'hypothèse que le M5 de 1983 serait plus proche du M45 (1985) tandis que le M6 de 1983 serait proche quant à lui du M5 abandonné en 1995 au profit du M51.
L'évolution des études de ND-1 à ND-4 semble s'expliquer principalement par l'avancée des études dans la discrétion acoustique dont l'exigence en matière de volume des installations et l'influence sur les dimensions générales semble avoir été un peu mésestimée. La variante ND-6 est la version la plus proche du résultat final et est l'évolution directe mais très à la marge de la ND-4 qui était jugée trop coûteuse. D'où une tentative de réduction drastique du projet par la ND-5 pour tenter de réduire significativement les coûts d'acquisition.
Le Maître d'Oeuvre Principal (MOP) - Yves de Dinechin - jugeant la variante ND-4 trop coûteuse demande l'étude de deux variantes supplémentaires afin d'apprécier l'influence de SNLE à 12 et 20 tubes sur l'efficacité opérationnelle escomptée et au prisme des coûts. Il est précisé que ce qui compte pour le coût d'ensemble du programme n'est pas le nombre de SNLE mais le nombre de missiles qu'on est capable de mettre en permanence à la mer. (p. 21)
La version à 12 tubes n'est pas nommée par les auteurs, l'hypothèse est formulée dans le tableau que l'avant-projet ND-5 étant le plus court de tous, il serait logique qu'il s'agisse d'un SNLE à 12 tubes. Mince hypothèse puisque l'appellation de la variante à 20 tubes est baptisée NF1 et non pas ND-6. Une réduction du nombre de missiles à 12 exemplaires aurait obligé, pour équilibrer le centre de gravité du bateau afin qu'il demeure à la verticale du centre de poussée, de disposer des lests de plomb "sur une perche, devant le dôme du sonar, un peu comme l'éperon des galères romaines". (p. 21) Par ailleurs, la variante NF1 n'apporte rien sur le plan opérationnel ni, forcément, sur le plan financier.
L'évolution des études de ND-1 à ND-4 semble s'expliquer principalement par l'avancée des études dans la discrétion acoustique dont l'exigence en matière de volume des installations et l'influence sur les dimensions générales semble avoir été un peu mésestimée. La variante ND-6 est la version la plus proche du résultat final et est l'évolution directe mais très à la marge de la ND-4 qui était jugée trop coûteuse. D'où une tentative de réduction drastique du projet par la ND-5 pour tenter de réduire significativement les coûts d'acquisition.
Le Maître d'Oeuvre Principal (MOP) - Yves de Dinechin - jugeant la variante ND-4 trop coûteuse demande l'étude de deux variantes supplémentaires afin d'apprécier l'influence de SNLE à 12 et 20 tubes sur l'efficacité opérationnelle escomptée et au prisme des coûts. Il est précisé que ce qui compte pour le coût d'ensemble du programme n'est pas le nombre de SNLE mais le nombre de missiles qu'on est capable de mettre en permanence à la mer. (p. 21)
La version à 12 tubes n'est pas nommée par les auteurs, l'hypothèse est formulée dans le tableau que l'avant-projet ND-5 étant le plus court de tous, il serait logique qu'il s'agisse d'un SNLE à 12 tubes. Mince hypothèse puisque l'appellation de la variante à 20 tubes est baptisée NF1 et non pas ND-6. Une réduction du nombre de missiles à 12 exemplaires aurait obligé, pour équilibrer le centre de gravité du bateau afin qu'il demeure à la verticale du centre de poussée, de disposer des lests de plomb "sur une perche, devant le dôme du sonar, un peu comme l'éperon des galères romaines". (p. 21) Par ailleurs, la variante NF1 n'apporte rien sur le plan opérationnel ni, forcément, sur le plan financier.
Sachant que les américains gardent leur SNLE Ohio, 42 ou 43 ans en service, c'est d’ailleurs le cas pour les SNA Rubis que l'aura gardé une quarantaine d'années,
RépondreSupprimerSachant qu'un seul de nos SNLE, actuels nous a coûté plus de 7 milliards d'euros, tout compris R&D, construction et système d'arme, soit de quoi nous doté d'une série de trois porte-avions, pour l'équivalent d'un seul SNLE,
N'aurait-il pas été plus intelligent stratégiquement et économiquement de repousser d'une IPER supplémentaire de nos actuels SNLE, c'est à dire le temps de lancé enfin, au moins un deuxième PA.
A moins que l'on ne veuille sans doute presque définitivement perdre ce savoir-faire, pourtant unique, partagés seulement avec les Etats-Unis, excusez du peu, et que tous cherchent bien difficilement à acquérir actuellement : Nous ont laisse au contraire s'envoler, et finir par perdre (en 2040 !!!?) à force, cette avancée exceptionnelle.