© Wikipédia. Les frégates de défense aérienne Jean Bart (D614) et Cassard (D615) en 2012. |
L'évolution incrémentale opérée sur les FREMM n°5 et 6 - soit les Bretagne (2018 - 2048) et Normandie (2019 - 2049) - n'est pas anecdotique : bien au contraire ! Il est bel et bien question d'une évolution de la programmation navale afin de pallier à une obsolescence programmée et arrivant bien plus tôt que prévu - 2020 au lieu de 2021 ou 2022. En 2007, les deux frégates avaient été modernisées pour tenir jusqu'en 2018. Tout porte à croire que la dévaluation dans la confiance accordée aux deux anciennes corvettes C70 AA, nouvellement appelées frégates F70 AA annonce peut être un retrait avancé du service. Le Cassard doit être désarmé en 2019. Le désarmement du Jean Bart n'est pas encore arrêté.
Les frégates du Type F67 bénéficiaient de travaux supplémentaires afin de renforcer la structure des coques. Les Tourville (1980), De Grasse (1981) et Duguay-Trouin (1982) reçoivent des renforts structurels sous la forme de bulges. Nouveau programme (C70), nouvelle coque : la "poutre-navire" des frégates du type F70 (sous-classes Georges Leygues (7) et Cassard (2) souffrent, pourtant, des mêmes tares : des micro-fissures de quelques centimètres apparaissent entre le premier pont et les superstructures au début de la décennie 1990. Les travaux menés consistaient dans l'adjonction de bulges de 60 mètres sur chaque bord. Afin de préserver autant que possible le centre de gravité originellement pensé, chaque frégate bénéficie de 330 tonnes de lestes dont 210 tonnes de béton dans les cales. La différence (120 tonnes) est constituée d'anciennes soutes à gazole noyées d'eau. Si bien que 20% de l'autonomie des bateaux a été perdue.
Les Cassard (1985 - 2019) et Jean Bart (1988 - 2022) - C70 AA puis F70 AA - furent construites (1982-1991) avec des RIM-24 Tartar reçus des États-Unis en 1965 et débarqués des escorteurs d'escadre Bouvet et Kersaint. Remplacer le Tartar par le PAAMS était envisagé : les coûts et les faiblesses structurelles des frégates condamnaient cette refonte. Le retrait de service glissait à 2013 et 2015 (Horizon n°3 et 4) à 2018 (FREDA) pour, finalement, 2021 et 2022 (FACDAR). Le Cassard est "hors d'âge. Sa ligne d'arbres s'est cassée en pleine mer et il y a eu un incendie dans les machines du Jean Bart. Ces bâtiments sont à bout de souffle [...] Il faut surveiller et réparer les fissures dans les coques et les chaises de lignes d'arbres. On a évalué ce coût à une centaine de millions d'euros dans le projet de loi de programmation militaire." (Amiral Prazuck, audition, Commission Affaires étrangères, Défense et forces armées, Sénat, 25 octobre 2017)
Sur le plan technique, ces deux frégates posent quelques difficultés. L'industriel américain en charge de ces missiles décidaient de s'en désengager. C'est l'une des raisons principales pour lesquelles il n'est plus possible de différer le désarmement des deux frégates. Seulement cinq marines emploient encore à la mer le couple lanceur Mk 13 et missiles RIM-66/SM-1/Tartar.
Deux solutions peuvent être invoquées pour contourner la difficulté. La plus évidente est de négocier un soutien prolongé avec l'industriel américain, ce qui est forcément onéreux rien que pour la préservation d'une micro-filière. La deuxième serait une légère modernisation afin, tout simplement, de lever les risques engendrés par le maintien à bord des missiles RIM-66/SM-1/Tartar. La Royal Australian Navy emploie elle aussi sur ses six frégates de classe Adelaïde. Mais en lieu et place des SM-1, ces frégates embarquent des missiles SM-2 MR (Medium Range). En outre, un lanceur Mk 41 est intégré permettant à 32 ESSM (Evolved Sea Sparrow Missiles) d'être ensilotés.
La deuxième solution est assez séduisante dans la mesure où plutôt que de préserver une micro-filière sans le moindre avenir, il s'agirait plutôt de piocher dans les surplus de l'US Navy afin de récupérer missiles et pièces de rechange contre une modernisation en apparence somme toute légère. Sachant qu'une mise en œuvre pratique de la solution existe et est rôdée. Le gain opérationnel serait significatif puisque le SM-1 est donné pour, environ, 70 km de portée contre 90 km pour le SM-2 MR mais près de 185 km pour le SM-ER (Extended Range) - jamais exporté. Les nouveaux radars SMART-S des Cassard et Jean Bart avec les 250 km de portée affichée permettent largement de soutenir ces capacités. Une modernisation plus lourde comprendrait le changement de la rampe avec l'adoption de la Mk 26 plutôt que de la Mk 13 afin d'intégrer un lanceur double. La cadence de tir serait, forcément, tout autre mais l'acheminement des missiles devrait alors être réaménagé.
La deuxième solution est assez séduisante dans la mesure où plutôt que de préserver une micro-filière sans le moindre avenir, il s'agirait plutôt de piocher dans les surplus de l'US Navy afin de récupérer missiles et pièces de rechange contre une modernisation en apparence somme toute légère. Sachant qu'une mise en œuvre pratique de la solution existe et est rôdée. Le gain opérationnel serait significatif puisque le SM-1 est donné pour, environ, 70 km de portée contre 90 km pour le SM-2 MR mais près de 185 km pour le SM-ER (Extended Range) - jamais exporté. Les nouveaux radars SMART-S des Cassard et Jean Bart avec les 250 km de portée affichée permettent largement de soutenir ces capacités. Une modernisation plus lourde comprendrait le changement de la rampe avec l'adoption de la Mk 26 plutôt que de la Mk 13 afin d'intégrer un lanceur double. La cadence de tir serait, forcément, tout autre mais l'acheminement des missiles devrait alors être réaménagé.
Il n'était pas déraisonnable d'évoquer l'hypothèse de l'avancement de la construction des FREMM n°7 (Alsace (2021 - 2051) et 8 (Lorraine (2021 - 2051). Les Bretagne et Normandie - FREMM n°5 et 6 - disposeront sur leur plage avant des quatre lanceurs Sylver dont deux en version A50 (Aster 15 et 30) en lieu et place des A43 (VL Mica et Aster 15) et deux autres en version A70 (Aster 15, 30 et MdCN). "Talking to Navy Recognition at the Euronaval 2018 press conference, Laurent Sellier [IGA (DGA, Director of "Naval Programmes Unit")], the head of naval programmes at the DGA explained this was a pragmatic decision, which makes a lot of sense: The modification was fairly easy to conduct and was fairly affordable. The modification is linked to the two Cassard-class Frigate nearing the end of their service life (especially their SM-1 missile which will reach their "use by date" in 2020 as we have reported many times)."
C'est là que la manœuvre se dévoile et produit sa surprise : cette légère évolution architecturale n'a pas le moins du monde été annoncée, et encore moins vantée. Et pour cause, c'est en raison de l'obsolescence prévue des Cassard et Jean Bart que les A50 remplacement les A43 sur les Bretagne et Normandie. Il se dégage même une impression de précipitation qui porterait à croire que la programmation initiale, prévue à l'endroit du cas des deux F70 AA devenues FDA, s'est heurtée à des imprévus. Tout simplement, il y a matière à croire que l'intégralité architecturale ou bien le soutien du système d'arme Tartar n'est plus garanti. La Marine nationale a déjà annoncé le désarmement du Cassard. Rien n'indique que celui du Jean Bart serait avancé mais la question est posée.
La frégate Forbin est en ATM n°1 depuis le mois d'avril 2018 et retrouverait la Flotte en décembre de la même année. Sa sister-ship, la frégate Chevalier Paul, devrait tout logiquement connaître son premier ATM en 2019. L'arrivée des Bretagne (2018 - 2048) et Normandie (2019 - 2049) sur la même période devrait permettre de sauvegarder un schéma à quatre "frégates de défense aérienne". Si bien qu'il ne serait pas surprenant que, en plus du Cassard (1985 - 2019), le Jean Bart (1988 - 2022 ?) quitte plutôt le service.
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