© Inconnu. Tableau de V. Zveg (1962) représentant la bataille de la baie de Chesapeake (5 septembre 1781). |
La conférence inaugurant la nouvelle édition du salon Euronaval qui débute le mardi 22 octobre s'est tenue ce matin. Une première maquette, tout du moins une esquisse "détaillée" du SN3G est fortement attendue puisqu'un premier schéma très simplifié a été dévoilé lors d'une conférence de presse préparatoire au salon tandis que le bateau lui-même sera mis en chantier en 2020. Reste à réfléchir aux futurs noms des SNLE (Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins) porteurs d'une haute symbolique par leur double rôle interne (hiérarchie dans la "ligne de file") et externe (FMOD (Futur Moyen Océanique de Dissuasion), deux symboles de la puissance du rang d'un Etat sur mer.
La première approche qui est la notre est une acception ancienne, pour ne pas dire très traditionnelle : le choix du nom des bâtiments de guerre est une manière d'affirmer la "bonne" construction d'une marine dans le cadre d'une politique de puissance où se mêle à des degrés divers - selon l'époque et les acteurs - les questions de prestige et d'efficacité opérationnelle. La construction d'un outil naval est une œuvre de longue haleine au sein de laquelle le plein "rendement" de la stratégie génétique des forces est une rationalisation des classes, voire des "munitions de Marine" et un bel ordonnancement de l'ensemble des vaisseaux et frégates bien évoquée par la théorie dite de la "flotte équilibrée". Cela pouvait se traduire par des classes, sous-classes ou des séries de vaisseaux au gré des commandes bénéficiaient de choix des noms de baptême très cohérent. C'est, par exemple, une série de bâtiments de guerre ayant en commun la même première lettre (types "A", "T", "S", etc) ou bien le même thème (noms de ville, de provinces, d'amiraux, de batailles navales ou autre, etc). Le nec plus ultra étant que les noms possèdent la même lettre et constituent un même thème.
A ce détail près que les noms d'animaux, marins ou autre, ne sont pas les noms préférés des marins français contrairement à d'autres marines. Ils ont pu être donné mais c'est plutôt rare...
Le propos est à modérer : ce n'est qu'un des nombreux moyens de nommer des bâtiments de guerre. Il n'a ni plus, ni moins de légitimité qu'un autre. Ce moyen a ceci de particulier qu'il continue à être appliqué et à marquer une volonté sur l'Océan, depuis les États-Unis jusqu'à Singapour. Mettons également de côté les typologies numérotées des projets et programmes de bâtiment de guerre qui poussent la rigueur encore plus loin dans une optique très industrielle après celle plus "chevaleresque" des premiers qui conservent notre attention.
Le propos est à modérer : ce n'est qu'un des nombreux moyens de nommer des bâtiments de guerre. Il n'a ni plus, ni moins de légitimité qu'un autre. Ce moyen a ceci de particulier qu'il continue à être appliqué et à marquer une volonté sur l'Océan, depuis les États-Unis jusqu'à Singapour. Mettons également de côté les typologies numérotées des projets et programmes de bâtiment de guerre qui poussent la rigueur encore plus loin dans une optique très industrielle après celle plus "chevaleresque" des premiers qui conservent notre attention.
Entre parenthèses, le répertoire français est "assez vaste" puisque le Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert à nos jours de Jean-Michel Roche (CF (R) recense 13 328 bâtiments pour un total de 15 058 noms sous pavillon français...
Cette première approche a plutôt été très bien respecté dans la Marine royale à l'ère des Richelieu et Colbert. Mais le respect de cette tradition se perd de plus en plus franchement au cours du XIXe siècle, fait un retour pendant la IIIe République (en particulier avant la Grande guerre et pendant l'entre-deux-guerres) et est assez bien respectée sur un nombre significatifs de programmes pendant la IVe République - deux républiques, deux flottes renouvelant puissamment les forces légères, c'est-à-dire les bâtiments non-considérés comme capitaux (ou capital ship). Pour ces derniers, la IIIe avait ceci de particulier de mettre quasiment au même plan la charge symbolique du nom d'un cuirassé avec celui d'un contre-torpilleur : le cuirassé Jean Bart au même plan que le Richelieu alors que des contre-torpilleurs comme Le Terrible portent des noms de vaisseaux de premier rang... Les flottes de la Ve respectent assez cette homogénéité des noms de baptême.
Paradoxalement, c'est par respect et des anciens et des traditions que certaines séries ne respectent pas l'homogénéité voulue au départ : c'est typiquement le cas de la série des SNA-NG de classe Suffren qui devaient porter des noms d'illustres marins français. Sauf que les deux dernières unités ont été rebaptisées Casabianca et Rubis afin d'honorer les FNFL. Conflit qui s'explique par la nécessaire adéquation entre le "thème", le nombre d'unités et les traditions.
Dans cette copieuse perspective qui est tout sauf exhaustive se trouve la question du nom des futurs SNLE. Les deux premières classes, à savoir les Redoutable (6) et Triomphant (4) ont ceci de commun qu'elles consacrent le retour des noms des vaisseaux de premier rang de la Marine royale pour des unités navales affirmées comme relevant du "rang suprême". Ces noms ne sont plus donné avec une charge symbolique égal aux autres comme pendant la IIIe République. Ils manifestent bien avec Le Redoutable un lien avec la marine à voiles et ses plus prestigieuses unités.
Dans le détail, et sauf erreur de notre part, c'est bien le combat en escadre plutôt que le panache dans lé défaite ou bien la glorification de la "petite guerre" sur mer. Les Redoutable et Triomphant portent des noms des 74, 80 voire 110 canons - et donc des classes idoines dans le cadre, par exemple, du "système Borda-Sané" - pour faire simple et sans entrer dans le détail. Il ne s'agit donc pas de vanter l'action héroïque et pleine de panache d'un Redoutable à Trafalgar ou d'une guerre de courses menées par les corsaires. Mais bien de la guerre d'escadres, c'est-à-dire le combat en ligne de file permettant de mener la mythique bataille navale, dont certaines sont supposées "décisives", afin d'arracher le sceptre de Neptune et donc dominer l'Océan. C'est le jeu des puissances à l'échelle de la planète qui est donc bel et bien visé. Et c'est ce que signifie ces noms pour les SNLE : au sommet de la hiérarchie navale au sommet des marines présidant aux destinées du monde. Rien que cela : une "stricte suffisance" proportionnée au feu nucléaire.
S'il ne nous est pas parvenu de bruits de coursives quant aux choix ayant présidé aux noms des premiers SNLE français - et encore moins quant à ce qui était imaginé pour les futurs ex-premiers sous-marins stratégiques dont le Q244 était la tête de file -, il est en revanche possible de savoir que les six Triomphant devaient initialement constituer un "Type T" avant que la série ne soit réduite à quatre bateaux au lendemain des évènements concluant le conflit Est-Ouest (1947 - 1991).
C'est pourquoi la question des noms des SN3G (SNLE de 3ième génération) devrait - hormis une sacrée surprise - demeurait dans les pas des choix précédents. Plutôt qu'une série de noms typiques des forces sous-marines, ce sont ceux de grands marins français qui ont été attribués aux SNA-NG. Cela peut être perçu comme un accroissement de leur "rang". Les SN3G pourraient s'inscrire dans les pas de leurs prédécesseurs.
Une première option serait de proposer une série homogène de noms ayant en commun la première lettre, comme cela avait été initialement envisagé pour les Triomphant du temps où ils devaient être six. Des types peuvent être imaginés :
- "A" (Achille, Atalante, Ardent, Argonaute),
- "D" (Défenseur, Destin, Destructeur, Dragon),
- "F" (Fier, Fleuron, Foudroyant, Fougeux, Formidable),
- "P" (Puissant, Pluton, Pacificateur, Foudroyant),
- "S" (Spartiate, Souverain, Superbe, Sceptre),
- "T" (Téméraire, Terrible, Triomphe, Triomphant, Tonnant, Tonnerre),
- "V" (Vaillant, Vengeance, Vengeur, Victoire, Vainqueur, Vulcain, Vigilant, Victorieux)
En deuxième option, des variantes de la première sont possibles sans s'astreindre à un ordonnancement avec une première lettre partagée. Imaginons, à tout hasard, quatre noms qui pourraient être la Guerrière et le Guerrier accompagnés du Sceptre et du Glaive. Il est bien entendu qu'il est tout à fait possible de concevoir une série dont le premier serait le Jupiter...
La troisième option serait de consacrer à nouveau des noms de SNLE qui ne sont plus portés ou qui sont préférés parmi les dix désarmés ou en service.
La quatrième option n'est pas connue ni moins plausible que les précédentes puisque ces bateaux incarnent l'une des deux composantes de la dissuasion nucléaire et qu'à ce titre ils sont susceptibles d'incarner un message présidentiel ou gouvernemental tout particulier.
La quatrième option n'est pas connue ni moins plausible que les précédentes puisque ces bateaux incarnent l'une des deux composantes de la dissuasion nucléaire et qu'à ce titre ils sont susceptibles d'incarner un message présidentiel ou gouvernemental tout particulier.
La préférence de l'auteur de ces lignes se porte logiquement sur un type où les vaisseaux sont baptisés de la même première lettre. Il y a beaucoup de matière pour respecter une règle traditionnelle navale tout en exprimant tout le caractère du message véhiculé par la composante océanique de la dissuasion... ! Cela conforterait la logique des noms de grands marins pour les frégates de défense aériennes et de manière originale pour les SNA-NG (à deux exceptions près) tandis que les frégates anti-sous-marines (FREMM) portent des noms de province.
Mais il s'agit d'un privilège des marins - rien nous empêche d'aborder la question... ! - gravitant autour de l'officier de programme que de proposer une liste de noms - si le cheminement est bien compris de l'auteur de ces lignes - au Chef d'État-Major de la Marine (CEMM) avant que la liste ne soit proposée au ministre.
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