Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





07 décembre 2018

Marine nationale : cuirassé de 40 000 tonnes, canon de 450 mm de 45 calibres modèle 1920 A

© 2007- 艦艇写真のデジタル着彩 Atsushi Yamashita. Le HMS Nelson est une version réduite et adaptée du croiseur de bataille G3.

     La lecture des travaux de John Jordan et Robert Dumas (French Battleships - 1922-1956 (Londres, Seaforth Publishing, 2009, 224 pages), sur l'aimable conseil de lecteurs remerciés ici, est l’occasion de prendre connaissance de quelques détails supplémentaires au sujet des cuirassés de 40 000 tonnes. L'artillerie principale aurait été construite autour du canon de 450 mm modèle 1920 (17,7 pouces). Et ce serait un projet bien plus imposant que les dernières évolutions des cuirassés du type Richelieu : les Types 1 (40 000 tW), Type 2 (42 500 tW) et Type 3 (45 000 tW) devant définir les « classe Province » (2) ou classe Alsace (2). Ces cuirassés de 40 000 tonnes, portant du 450 mm, auraient été les égaux des quatre cuirassés N3 britanniques (48 500 tonnes à pleine charge, neuf canons de 18 pouces (457 mm) et quatre croiseurs de bataille G3 (48 400 tonnes, neuf canons de 16 pouces (406 mm), n°13 à 16 japonais (47 500 tonnes à pleine charge, huit canons de 18 pouces (457 mm) et des projets américains des six cuirassés classe South Dakota (43 000 tonnes, douze canons de 16 pouces (406 mm) et des croiseurs de bataille de classe Lexington (43 500 tonnes à pleine charge, huit canons de 16 pouces (406 mm).

     Robert Dumas précisait que, en sa séance du 30 septembre 1920, le Conseil Supérieur de la Marine (CSM) envisageait la construction de onze cuirassés de 40 000 tonnes. Le programme était à exécuter entre 1926 et 1940. « Aussi, en vue de mettre en route les études préparatoires, E.M.G.1 indique dans une note du 14 janvier 1921 : « qu'il convient d'avoir à tout moment un avant-projet de ce type de bâtiments. » (Robert Dumas, « "Les cuirassés "Dreadnought" en France de 1907 à 1921 - Première partie », La nouvelle Revue maritime, n°398, janvier-février 1986, p. 123).

 

Marinenationale : les 11 cuirassés de 40 000 tonnes

Robert Dumas (Robert Dumas, « "Les cuirassés "Dreadnought" en France de 1907 à 1921 - Première partie », La nouvelle Revue maritime, n°398, janvier-février 1986, p. 123) citait l’existence d'un type de cuirassés envisagé par l'État-Major Général (EMG) de la Marine nationale après la Grande guerre (28 juillet 1914 - 11 novembre 1918) d’un déplacement donné pour 40 000 tonnes, sans que ne soit précisé s’il était « lège » ou « à pleine charge ». Les habitudes sémantiques invitent à croire qu’il était lège. La signature du Traité naval de Washington (voir, par exemple, à ce sujet : Hervé Coutau-Bégarie, Le Désarmement naval, Paris, Économica, 1995, 352 pages)  au terme de la conférence éponyme (12 novembre 1921 au 6 février 1922) devait, de facto, clore ce programme : serait-ce lien entre les classes Normandie (5) et Lyon (4) et les 35 000 tW ?

 

Un projet de loi, déposé le 13 janvier 1920, contenait un plan naval conçu par Georges Leygues alors ministre de la Marine (1917 - 1933), malgré quelques intermittences. Il a été débattu au Parlement sans avoir été approuvé par lui et donc rejeté de facto. C'est pourtant ce plan naval qui guidera la reconstruction de la Marine nationale jusqu'au début des années 1930, période au cours de laquelle Georges Leygues sera ministre de la marine presque de façon continue, et dont la priorité fut la reconstruction des forces navales légères (330 000 tonnes de torpilleurs, contre-torpilleurs et croiseurs et 90 000 tonnes de submersibles). Priorité accentuée après le Traité naval de Washington (6 février 1922).

D’où la mise sur cale des cuirassés de 40 000 tonnes à partir de l’année 1926 car dès 1920 la reconstitution des forces légères apparaissait comme la priorité navale de la France ?

 

Canon de 450 mm modèle 1920

     33 ans plus tard, Robert Dumas liait ce projet de cuirassés de 40 000 tonnes à une artillerie principale qui aurait été constituée de canons de 450 mm (17,7 pouces).

     Le général (2S) Guy François (« Histoire de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée Française - 2e partie 1919-1945 », Paris, éditions Histoire & Fortification, 2000, hors-série 2, 80 pages) confirmait le lien entre les deux projets. Selon ce dernier, une commission mixte composée d'officiers de Marine et d'officiers de l'Artillerie Lourde sur Voie Ferrée a étudié des matériels communs pouvant servir à la fois dans la Marine et dans l'A.L.V.F. Le 450 mm est étudié par la Section Technique de l'Artillerie Navale. Construit par Schneider au Creusot en 1928, il est baptisé par l'industriel « Creusot 1928 n° 1 ». Pour l'Etat, il est baptisé « 450 mm modèle 1920 ». Le matériel est essayé en 1929 à Gâvres : avec une élévation de 50 degrés, la portée tutoyait intimement les 52 000 mètres.

 

Combien de cuirassés de 40 000 tonnes ?

     Le plan naval de 1912, fort de 28 cuirassés, était révisé afin d’être augmenté dans l’optique de comprendre jusqu’à 29 cuirassés : soit deux armées navales. Il devait se composer des cuirassés des classes : 

  • Patrie (2), Liberté (4 puis 3 : la Liberté fut perdue le 25 septembre 1911), Danton (6), Courbet (4) et Bretagne (3) ; 
  • Normandie (4 puis 5 avec la révision du plan naval) et Lyon (4) à construire.

Soit 27 cuirassés. Il manquait donc deux unités afin d’ajuster le nombre d’unités à construire aux objectifs du plan naval de 1912. La classe Lyon (4) devait avoir un déplacement lège de 29 000 tonnes. Il est à rappeler qu’il avait été envisagé le canon de 380 mm de 45 calibres (1913) pour la classe Lyon (4) avant que l’état-major général ne retienne des tourelles quadruples portant le canon de 340 mm de 45 calibres modèle 1912 parmi les variantes proposées et décide de renvoyer le 380 mm à une classe ultérieure et donc postérieure aux Lyon.

Robert Dumas proposait un extrait de L'Illustration du 1er avril 1914 où les 27 cuirassés étaient recensés et dessinés en vue de profil dont le vingt-huitième : « A.17 ». Et ce dernier ne suffisait pas pour atteindre les 29 cuirassés du plan naval de 1912 révisé.

 

« A16 »

     Précisons alors que les Lyon possédaient comme noms de construction : « I.12 » (Lyon), « I.13 » (Lille), « A.14 » (Duquesne) et « A.15 » (Tourville). Les deux chiffres suivants la lettre ne sont pas liés à l'année de mise sur cale comme le démontre amplement les appellations des cuirassés de la classe Lyon (4).

Il était mentionné dans L'Illustration du 1er avril 1914 l' « A.16 » qui s’intercalait entre le Tourville (« A.15 ») et l' « A.17 ».

Un parallèle peut être esquissés avec l’ « esprit » de l'évolution technique des bâtiments de ligne français :

  • leur déplacement lège évoluait graduellement, classe après classe, de 15 000 (Patrie (1901 - 1906) à 29 000 tonnes lège (Lyon (1915 - 1919) ; 
  • leur artillerie principale passait du canon de 305 mm de 45 calibres modèle 1887 (« Flotte d’échantillons ») au canon de 340 mm de 45 calibres modèle 1912 (classe Bretagne (3).

Il y avait une stagnation autour du 340 mm avec les classes Normandie (5) et Lyon (4) car le nombre de pièces augmentait : des 4 pièces en deux tourelles doubles des Patrie (2), le Conseil supérieur de la Marine allait jusqu’à définir une artillerie principale forte de 16 pièces de 340 en quatre tourelles quadruples sur les Lyon (4).

Il existe donc une double « marche » entre le déplacement lège des Lyon (4) et le cuirassé dit de 40 000 tonnes – soit 11 000 tonnes – et entre le 340 des Normandie (5) et Lyon (4) et le canon de 450 mm modèle 1920 (17,7 pouces), soit près de 110 mm. Un lecteur citait les archives de l’Atelier de Construction du Havre qui mentionnent les plans d’obus de 381 mm en 1914 et de 406 mm en 1915.

Sont-ce les étapes intermédiaires alors envisagés avant 1914 pour l’après-classe Lyon (4) ? Et abandonnés dès 1920, voire 1918 ou avant ?

 

« A.17 » : cuirassé de 40 000 tonnes ?

     Le programme naval de 1912 révisé ajoutait, dans la file des bâtiments de ligne à mettre sur cale, en plus des quatre Lyon (1915) et du premier « A.17 » (1917 ?), un deuxième « A17/I17 » (1918 ?).

Ces constructions auraient été suivies, selon la programmation, par les mises sur cale supplémentaires de 2 cuirassés en 1919, 2 autres en 1920, 4 encore en 1921 et 2 de plus en 1920. Ce qui revient à questionner la place de l’ « A.16 » vis-à-vis des « A.17 » et « A.17/I17 » et de ces 10 cuirassés : le total atteignant 13 cuirassés.

Les Patrie (2), Liberté (4) et Danton (6), construits entre 1901 et 1911, était certes peu âgés mais déjà obsolètes vis-à-vis de l’évolution rapide, voire spectaculaire, des calibres vis-à-vis des projets de cuirassés devant porter du 457 mm.

Les cuirassés de 40 000 tonnes pourraient avoir été ces 2 cuirassés en 1919, 2 autres en 1920, 4 encore en 1921 et 2 de plus en 1920. Les « A.16 » et « A.17 » et « A.17/I17 » étaient-ils une étape intermédiaire devant assurer la « soudure » et permettre une montée progressive en puissance des capacités industrielles ?

     Les mises sur cale auraient été retardées de l'année 1918 à une décision devant être prise en 1920. Face aux multiples contingences, la mise sur cale aurait alors été renvoyée à 1925, voire 1926 en raison de la priorité, formalisée entre 1918 et 1922, accordée à la reconstruction des forces navales légères. Entre temps, les constructions des classes Normandie (5) et Lyon (4) a été abandonnée. Et les cuirassés de 40 000 tonnes ont été « avancés » ou plutôt leur ont succédé alors même que leur mise sur cale était repoussée à 1926.

05 décembre 2018

Reconstruction des Courbet et Bretagne ?


La lecture de French Battleships - 1922-1956 (Londres, Seaforth Publishing, 2009, 224 pages) de John Jordan et Robert Dumas réuni dans  permet de rouvrir un dossier complexe mais beaucoup trop peu exploré : le sort des cuirassés des classes Courbet (Courbet (1913 - 1944), Jean Bart (1913 - 1945), France (1914 - 1922) et Paris (1914 - 1945) et Bretagne (Bretagne (1915 - 1940), Provence (1915 - 1942) et Lorraine (1916 - 1953) après le traité naval de Washington (6 février 1922). Pourquoi ne pas avoir reconstruit les Courbet en adoptant l'artillerie principale des Bretagne ? Pourquoi ne pas avoir reconstruit les sept cuirassés afin de sauter une marche pour passer des 305 et 340 au 380, voire 406 mm ?

19 novembre 2018

Fin du PANG, avènement du croiseur d'interdiction ?

© TheoComm. Représentation d'un croiseur de la "classe Conqueror" à partir d'une extrapolation du Projet 23560 "Shkval".

Des solutions alternatives au porte-avions (NPA2 + PANG) sont discutées dont l'une d'elle, la moins considérée, est un "croiseur interdicteur" capable de déployer une bulle A2AD sous, sur et au-dessus de la mer en liaison avec des frégates anti-sous-marines et des sous-marins. Une rapide esquisse d'une telle plateforme navale laisse entrevoir que sur le seul plan financier l'alternative ne serait pas à bas coûts.

14 novembre 2018

Chronologie des chantiers des NPA 2 et PANG


Les débats menés au Parlement autour du projet de loi de finances initiale pour l'année 2019 permettent de suivre l'avancement des programmes dont celui pour le "Porte-Avions de Nouvelle Génération" (PANG) qui a bénéficié d'un coup d'accélérateur de la part du Président et du gouvernement par le truchement de la ministre de la Défense, Mme Parly. C'est l'occasion de connaître le calendrier actuellement envisagé et qui est plus contraint que ce qui était prévisible, point central de ces lignes. Et c'est l'occasion de confronter ce calendrier avec l'hypothèse de retour à la permanence aéronavale dans l'optique du troisième arrêt technique majeur du Porte-Avions Nucléaire (PAN) n°1 Charles de Gaulle en 2028. Le PANG étant, dans les deux hypothèses, le successeur du porte-avions Charles de Gaulle. Mais sera-t-il devancé par un grand frère ?

13 novembre 2018

"Les escorteurs rapides" par Robert Dumas et Bertrand Magueur


MM. Robert Dumas et Bertrand Magueur nous livrent une monographie exhaustive des 18 escorteurs rapides dont la tête de la série était Le Corse (1955 - 1975). C'était l'une des classes du relèvement naval opérée par la IVe République dans les années 1950, l'une des figures de proue de ce premier chantier : la reconstitution des flottilles légères par l'industrie nationale. Le chantier suivant sera la reconstitution des forces de projection et la constitution de celle de dissuasion. Que reste-t-il des escorteurs rapides, hormis les souvenirs des anciens ? Quelques innovations et missions qui irriguent toujours les frégates françaises...

10 novembre 2018

Quid des programmes “New Generation” de l'US Navy ?


© US Navy.
L’US Navy devait se renouveler par un ensemble de programme, dont une grande partie héritée de la Revolution in Military Affairs, franchissant nombre de ruptures conceptuelles et technologiques. La célérité de la diffusion de l’information devait se traduire par une célérité cinétique des plateformes et munitions. Reste que les « frictions » et contradictions de ces programmes révèlent une situation contrastée et offrent un panorama riche de plusieurs choix dans la stratégie génétique des forces. En s’extrayant des questions techniques et technologiques, il conviendra aussi de questionner quelques « refus de saut » de la marine américaine dans la plus pure tradition de conservatisme naval de la flotte dominante afin de ne pas favoriser des ruptures qui rendraient obsolètes ses bâtiments d’un seul coup ou bien qui faciliterait la montée en puissance des adversaires.

08 novembre 2018

Sjøforsvaret : perte de la frégate Helge Ingstad ?

© Inconnu.
La frégate Helge Ingstad (type F310) de la marine norvégienne (Sjøforsvaret) s'est volontairement échouée sur la côte afin d'éviter un naufrage. Elle a été victime d'une collision avec le pétrolier Sola TS de 62 000 tonnes à une vitesse d'environ 7,2 nœuds. La coque est enfoncée et déchirée sur une longueur d'environ 50 ) 70 mètres dont une partie sous la ligne de flottaison. Seuls sept blessés sont à compter parmi l'équipage de la frégate norvégienne. Ce très malheureux accident à la fin de l'exercice otanien Trident Juncture invite à questionner le taux d'attrition des forces navales mondiales dans un contexte de décroissance puis de stabilisation des formats.