La
nouvelle de cette hypothèse surprend, forcément. A l'époque où l'on
assiste plutôt à la diminution des arsenaux stratégiques et le retrait
des armes nucléaires tactiques des navires, on ne peut qu'être surpris
qu'un État arme dans cette direction.
Armes nucléaires tactiques navales
Cet Etat c'est la Corée du Nord. Ce ne peut pas être l'Iran sinon la stratégie diplomatique iranienne s'effondrerait. Le Portail des sous-marins nous rapporte cette nouvelle qui affole certains milieux à Washingtown.
La
Corée du Nord développerait des armes nucléaires tactiques : mine et
torpille à charge nucléaire. Ce n'est qu'un renseignement. C'était aussi
un renseignement que d'affirmer que l'Irak cherchait à acquérir des
armes de destructions massives. Mais c'est toujours un renseignement qui
annonçait l'installation de missiles nucléaires soviétiques à Cuba. Un
renseignement est une information dont nous pouvons que modestement la
rapporté sans pouvoir en vérifier le degré de fiabilité.
Forces et logiques militaires
En
tant que français, nous ne pouvons qu'apprécier la logique de la Corée
du Nord. L'arme nucléaire... Opérationnelle permettrait à cet Etat de
faire jouer la dissuasion du faible au fort. C'est exactement dans cette
optique que s'inscrirait une stratégie nord-coréenne. Dans un précédent
article nous portions à votre attention une carte très imparfaite sur les forces en présence entre les deux Corées.
Néanmoins, par delà l'imperfection du document, on peut retenir deux logiques militaires :
- La
Corée du Nord compense la faiblesse technlogique et opérationnelle de
ses forces par leur nombre. C'est particulièrement criant en ce qui
concerne la sous-marinade qui est orientée sur une stratégie côtière.
Les sous-marins de poche sont eux-mêmes des mines.
Cependant, il faut nuancer en rappelant que les signes de fatigues et d'obsolescences sont légions...
- La Corée du Sud est axée sur une stratégie de la plus value technologique. Pour ce faire son équipement est axé sur la coopération avec les Etats-Unis pour la flotte de surface (destroyer AEGIS), les forces aériennes (F-16) et les forces terrestres (char K1) tandis que la sous-marinade est construite en coopération avec l'Allemagne (U-209 et U-214). Le défaut d'un tel appareil militaire est son volume de force restreint que la technologie avancée devrait compenser. Néanmoins, il faut qu'il soit bien adapté à la stratégie côtière de l'autre Corée.
Stratégie côtière
C'est
dans cette direction que s'est engagée la Corée du Nord pour constituer
ses forces navales. Des navires conçus pour opérer le long des côtes.
Les sous-marins n'ont pas le tonnage nécessaire pour aller porter le
danger en haute mer. Leur stratégie opérationnelle semble consister à
s'appuyer sur les reliefs marins pour combler le retard technologique et
utiliser le nombre pour disperser les forces adverses.
Ce
dispositif de "mines intelligentes" s'il s'avère rien que perturbant
aura l'avantage de tenir un peu plus éloigné les porte-avions
américains. Il n'est peut être pas envisageable de mettre sous blocus la
Corée du Sud mais plutôt de pouvoir perturber son commerce est donc les
mouvements alliés.
Le
défaut de ce dispositif naval est qu'il ne peut obtenir la décision, il
ne donnera pas lieu à une bataille décisive avec une option favorable
pour la Corée du Nord. L'intérêt est d'épuiser les Flottes ennemies :
commerciales et militaires... Si le dispositif nord-coréen peut tenir
une stratégie d'usure !
Tout
repose sur la crédibilité de la sous-marinade de la Corée du Nord :
l'intérêt du sous-marin de poche, sa capacité à approcher les forces
ennemies et sa survivabilité pour retourner à sa base et repartir au
combat.
On peut légitimement avancer que la flotte de surface se fera décimer assez rapidement.
La
question est : est-ce que ce dispositif à la capacité de lancer ou
déposer des armes nucléaires tactiques sur une cible stratégique ?
Dissuasion du faible au fort
Là
où l'arme nucléaire intervient, c'est pour rétablir le déséquilibre
stratégique. C'est dans cet optique que nous précisions que les français
comprendraient très bien l'éventuel développement de l'arsenal
nucléaire de la Corée du Nord. La France s'est dotée de l'arme nucléaire
pour parler d'égal à égal avec les grands. Si notre pays ne pouvait
prétendre à la destruction mutelle assurée, il pouvait par contre
prétendre à infliger des dégats si grand qu'ils diminueraient
considérablement l'intérêt d'un conflit généralisé avec la France. Cette
stratégie repose sur la crédibilité de la dissuasion française.
Dans
le cas coréen, l'effet dissuasif repose autant sur la détention de
l'arme nucléaire que le doute qui plane sur la réalité de cette
détention. C'est un peu un mélange des stratégies nucléaires française
et israélienne :
- Française car la stratégie consiste à compenser une faiblesse stratégique par une arme stratégique qui rééquilibre un rapport déséquilibré. Il faut nuancer le propos, ce rééquilibrage est efficace si la menace est sérieuse.
- Israélienne : la Communauté internationale n'a pas la certitude que la Corée du Nord a une tête nucléaire réellement opérationnelle. Le premier essai est sujet à doute. C'est à rapprocher du discours israélien : "nous ne serons pas les premiers à introduire l'arme nucléaire au Moyen-Orient". Le doute induit par le discours, le flou entretenu sur l'existence d'un arsenal opérationnel en fait sa force. C'est particulièrement efficace quand il faut déterminer où patrouillent les sous-marins israéliens (au large de l'Iran ?) et s'ils emportent des armes nucléaires montées sur missiles...
- Les deux stratégies mêlées : la Corée du Nord entretient le doute sur sa capacité nucléaire. L'annonce de la possible mise en service de ces deux armes font peut être partie de cettre stratégie du doute. C'est le côté israélien. Pour le côté français, c'est que ces armes pourraient être employées si des intérêts vitaux étaient menacés par une guerre.
Stratégie nucléaire dans la stratégie navale pour conclure
L'arme
nucléaire nord-coréenne est là pour entretenir le doute quand à sa
réalité, sa capacité, c'est une partie de son effet dissuasif. L'autre
partie repose sur la menace de l'utiliser pour tenter d'obtenir la
décision en frappant les forces stratégiques de l'ennemie : une
concentration navale dans son port ou au large.
La
stratégie nucléaire de la Corée du Nord repose sur l'efficacité de son
outil naval, à l'image de la France. C'est la capacité à faire peser une
menace crédible et dissuasive. C'est aussi avoir une doctrine ouvrant
des portes quand à l'utilisation de l'arme nucléaire. Les armes
nucléaires tactiques navales de la Corée du Nord c'est comme le discours
de l'Ile Longue de 2007 du Président Jacques Chirac : laisser planer le
doute avec une menace suffisamment imprécise.
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