© Maarten Verschueren. Le HMS Victory, vaisseau amiral de l'amiral Nelson à la bataille de Trafalgar, en LEGO. |
Quelle surprise de découvrir que le célèbre jeu de
construction à base de briques a fait naître une nouvelle manière de
construire des maquettes ! Entre les constructions
réalisées "en vrai" et celles qui n'ont pas quitté le logiciel prévu
pour modéliser ses idées, il y en a pour tout le monde : vaisseau de 74
canons, cuirassés des première et seconde guerre
mondiale, frégates des marines à voile ou à vapeur, chasseurs,
chars, etc... Dans le cadre de ce billet, seules les "maquettes" LEGO
trouvées sur le site MOC
Pages seront abordées.
Première chose, c'est donc le support d'expression de création retenu n'est pas ordinaire, ni banal. Cela n'empêche pas une certaine popularité. Par exemple, il y a la construction virtuelle du Richelieu en LEGO. Ce n'est pas la seule tirée du site qui sert d'exemple. Mais elle est la plus aboutie et n'est pas l'oeuvre d'un français (et c'est très, très souvent le cas).
Première chose, c'est donc le support d'expression de création retenu n'est pas ordinaire, ni banal. Cela n'empêche pas une certaine popularité. Par exemple, il y a la construction virtuelle du Richelieu en LEGO. Ce n'est pas la seule tirée du site qui sert d'exemple. Mais elle est la plus aboutie et n'est pas l'oeuvre d'un français (et c'est très, très souvent le cas).
© Stephen Wuensche. Le cuirassé Richelieu, en LEGO.
Seconde chose, est-ce qu'une création LEGO peut rivaliser avec les maquettes traditionnelles ?
- Non, il est difficile de comparer les oeuvres qui sont exposées dans les musées de la Marine (et qui répondent à une grande tradition de la maquette navale) et ces créations qui doivent grandir pour gommer au maximum le caractère cubique de ses matériaux et affiner les formes finales.
- Oui, il y a cette création exceptionnelle du cuirassé Tirpitz en LEGO à l'échelle 1/48e (270 000 briques, 5,28 mètres par 0,76 de largeur) ! Oeuvre qui ne dépasse pas le plateau de création virtuelle, certes. Mais les diverses images fournies par l'auteur permettent, non pas de voir une maquette, mais de visiter un navire aujourd'hui disparu... Jugez par vous même. Dans cette optique, nous pourrions atteindre un degré de réalisme proche de la réalité pour offrir des visites virtuelles.
Troisième chose, quelle est la portée de ce moyen de communication et de création ?
La communauté des créateurs LEGO semble assez
nombreuse sur internet. Quel est leur nombre ? Très difficile à dire et
tenter d'y répondre serait assez fastidieux (et inutile ?).
Ce qui frappe pour pouvoir affirmer qu'ils sont "nombreux" est la
variété des thèmes abordées et le grand nombre de créations.
© Zackhariah Macasaet. L'AMX-56 Leclerc.
La portée de ce support de communication est
formidable. Par exemple, il y a quelques temps le compte Twitter de ce
blog a consacré un dimanche entier à twitter des liens vers
des créations LEGO en rapport avec les armements. Tout y est passé :
du Mirage 2000 au char Leclerc en passant par la frégate Aquitaine. Ces
exemples ne doivent rien au hasard car :
- le tweet présentant un Mirage 2000-5 en LEGO a eu l'honneur d'une remarque du compte Twitter de l'Armée de l'air ;
- le tweet renvoyant vers cette création LEGO du HMS Victory (entre toutes les autres) a eu la chance d'être repris par le compte du musée d'histoire maritime de Greenwich (Londres) et de bien d'autres comptes anglophones. Pire, ce tweet a eu un succès retentissant proportionnellement au poids du compte Twitter du Fauteuil. Et le même succès a été obtenu avec un tweet pointant la réalisation (en vrai) du cuirassé HMS King George V.
- Le char Leclerc en LEGO a eu aussi du succès.
Néanmoins, et malgré de nombreuses sollicitations, les créations
LEGO en rapport avec les armement français n'ont pas eu de
reconnaissance en France : en dehors de l'Armée de l'air, les créations
ont été plutôt, et institutionnellement, ignorées. Non pas que les
tweets du Fauteuil s'imposent. Mais l'accueil n'a pas été rigoureusement
le même (et c'est pourquoi le Victory illustre ce
billet).
© John Lamarck. Le Dassault Mirage 2000-5.
Quatrième chose, et cela a été une considérable surprise et
découverte, c'est une liaison inattendue entre LEGO et jeux vidéo.
Nombre de chars français ont le droit à leur création en LEGO. Passe
pour trouver le Leclerc, mais comment expliquer de voir en briques
le FT-17, AMX-30 B2, B1 Bis, ARL 44, l'AMX-13 ou l'ELC d'AMX ? Mieux
encore, ces modélisations ne sont pas réalisées, dans leur
grande majorité par des français.
Comment des chars aussi peu populaire que l'ELC d'AMX ou le char
Lorraine peuvent-ils mériter une modélisation LEGO ? Grâce à un jeu
vidéo gratuit, World of Tanks qui, fait rare, fait la
part belle aux chars français de la seconde guerre mondiale, qu'ils aient été en service ou non.
© Vincent Desrochers. Le char Renault B1 Bis.
Cette liaison n'est finalement pas originale (Star Wars a tellement
été décliné qu'il est difficile de suivre tous les supports). Mais elle
illustre bien une mise en valeur du patrimoine français
par des étrangers tandis que les français oublient.
Au final, que retenir ?
- Utiliser un jeu comme les LEGO permet de toucher un autre public. Celui-ci, qu'il soit impliqué dans les réalisations ou simple spectateur, trouve dans ce jeu un moyen simple de construire des maquettes, parfois qui ne quitteront jamais le plateau virtuel. C'est une flexibilité que n'ont pas les autres supports.
- En outre, la nature des liens entre les membres de ce public donne une ampleur mondiale à ce qui est une communauté à l'audience modeste au départ. Passez par Twitter pour présenter une de ces réalisations et l'impact est tout autre.
- Audience qui n'est plus seulement française, l'exemple du jeu vidéo World of Tanks (remarquons que le jeu World of Warplanes ne contient aucun avion français...) montre le potentiel d'utiliser des jeux video ou de faciliter la mise en valeur de l'histoire militaire à destination d'un public peu habitué aux vistes des bases navales, aériennes ou du musée de la cavalerie de Saumur.
Il y a peut être de l'avenir pour des expositions, des concours de
création en LEGO ou autre qui pourraient être soutenu de manière plus
officielle. S'investir, aussi, dans les jeux vidéo, et en
particulier dans ceux qui sont gratuit à l'utilisation, peut aussi
être un moyen de populariser une culture militaire française qui,
affrontons la réalité, passe très souvent aux oubliettes
numériques (heureusement que les francophones et francophiles font
des merveilles : à l'exemple de la présence du FAMAS dans le jeu Counter
Strike ou dans le premier Metal Gear Solid sur PSX
d'Hideo Kojima).
© Alex Sonny. Le char ELC d'AMX.
Bref, il y a moyen de faire le lien entre les moyens traditionnels
de mise en valeur du patrimoine militaire (typiquement ce sont les
musées), ces nouveaux supports et les sites institutionnels
(qui souffrent d'un déficit en documentation flagrant) et de
passionnés (qui offrent cette documentation). Par exemple, il fallait le
trouver l'ELC d'AMX et à n'en pas douter, pour se documenter
dessus, le premier moyen accessible est internet... (donc
rendez-vous sur chars-français.net).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire