© Inconnu. Création d'artiste présentant une tourelle double de canons électriques à bord d'un destroyer de l'US Navy. |
Le canon électromagnétique fonctionne selon un un principe qui est "voisin de celui d'un accélérateur de particules car il convertit de l'énergie électrique en énergie cinétique d'un
projectile en mettant à profit la force Laplace produite par l'action de champs magnétique et électrique"
(pages 192-193). Le fonctionnement et les programmes menés pour
développer cette
technologie sont très bien expliqués dans le livre du directeur de
recherche émérite au CNRS Bernard Fontaine (qui avait été interviewé par Mars Attaque pour AGS) : Les armes à énergie dirigée : mythe ou réalité ? (éditions L'Harmattan, Paris, 2011).
Le canon électrique (autre nom) ne peut que supplanter les canons classiques dont les projectiles utilisent la poudre pour se propulser. Bernard Fontaine présente une première limite à la longévité de l'artillerie classique : "il est à noter que la vitesse maximale d'un projectile d'artillerie classique est limitée, en raison des lois de la détente des gaz, à environ 1,5 km/s et la portée maximale est d'environ 80 km" (page 330).
Le canon électrique (autre nom) ne peut que supplanter les canons classiques dont les projectiles utilisent la poudre pour se propulser. Bernard Fontaine présente une première limite à la longévité de l'artillerie classique : "il est à noter que la vitesse maximale d'un projectile d'artillerie classique est limitée, en raison des lois de la détente des gaz, à environ 1,5 km/s et la portée maximale est d'environ 80 km" (page 330).
Observons les calculs suivants à la médiocre logique :
380mm
Artillerie principale du Richelieu |
Portée : 37 km
Poids de l'obus seul : 900 kg |
155mm
Artillerie principale du La Motte Picquet |
Portée : 26 km
Poids : inconnu |
127mm
Artillera standard de l'US Navy |
Portée : 24 km
Poids : inconnu |
100mm
Artillerie standard de la Marine nationale |
Portée : 17 km
Poids : inconnu |
Ce tableau n'a aucune prétention, il ne fait que compiler quelques
données sur différents calibres qui ont été porté par des navires
pendant tout le XXe siècle. Il n'est pas question des
technologiques qui permettent d'augmenter la portée des obus -peu
importe, il n'est question que du canon. Il y a, globalement (sauf entre
le 127 et le 155) un facteur multiplicateur de 1,4 entre
chaque calibre (et peu importe que le calibre n'est pas le seul
facteur responsable de la portée).
Le tableau suivant présente les portées obtenues avec des démonstrateurs de canon électromagnétique américains :
C1
Démonstrateur EMRG (Electro-Magnetic Rail Gun) de l'Office of Naval Research |
Portée : 160 km (essai 2010)
Poids de l'obus : 3,5 kg 40 MJ pour l'essai de 2008 Vitesse initiale : Mach 7 |
C2
Objectif du programme en 2017 |
Portée : 396 km
Poids de l'obus : inconnu ? ? |
C3 |
Portée : 950 km
? ? ? |
C4 |
Portée : 2281 km
? ? ? |
Entre l'essai réussi de 2010 où un projectile a été tiré à 160 km et
l'objectif du programme (220 nautiques), il a été calculé un
coefficient multiplicateur de 2,4. Encore une fois, le
"raisonnement" est d'une grande médiocrité. Néanmoins, le potentiel
de la technologie est prometteur. L'essai réussi de 2010 balaie les
ambitions des nouveaux obus destinés à l'artillerie navale
(qui tirent parti de toutes les évolutions développées pour
l'artillerie terrestre). L'objectif du programme permet d'envisager un
retour en force du canon de Marine dans les moyens de projection
de puissance.
Calibre et longueur de tube sont inconnus. Néanmoins, et si
l'existence d'un coefficient calculateur existait dans la montée en
gamme des calibres, alors le potentiel des canons
électromagnétiques à travers le XXIe siècle est extraordinaire.
Les portées espérées au cours du siècle peuvent porter à croire que
l'ère du missil à longue portée, tel que nous la connaissons
aujourd'hui, ne peut qu'évoluer. L'obus n'a pas (encore ?) la
flexibilité d'un missile de croisière qui est reprogrammable en vol.
D'un autre côté, il n'est pas envisager de lancer autre chose que des
obus inertes dans les canons électriques. Et si,
finalement, l'électronique pouvait être embarquée ? Trouverions-nous
cette flexibilité ? La portée serait-elle augmenter proportionnellement
à ce qui s'est passé dans l'artillerie terrestre ?
© Inconnu. Un des essais de
l'EMRG.
Prenons le scénario C4 : 2281 km de portée. Il y a si peu de
missiles qui peuvent se targuer d'une telle portée. Tout comme peu de
croiseurs de bataille (comme les Kirov) dotés d'une batterie
principale composée de missiles de croisière, pourraient soutenir
les salves d'un cuirassé à canons électriques. La cadence espérée pour
les canons électriques est relativement faible : à peine
10 coups par minute. Imaginons un cuirassé doté de deux tourelles
doubles de canons électriques tirant des salves de 40 obus à la minutes :
feu difficilement soutenable.
Ceux qui mettent en avant la maritimisation du monde citent le fait
que 80% de la population mondiale se situe dans une bande littorale de
200 km de profondeur. Quel pourcentage serait atteint
avec une portée de 396 km ?
Plus avant, les projections C2 et C4 font apparaître que des navires
pourraient atteindre tout ou partie de continents entiers. Les
Etats-Unis ne sont large "que" de 4500 km.
C'est pourquoi, soyons fous, imaginons des projections
supplémentaires : les calibres C5 (5474 km de portée) et C6 (13 137 km
de portée). Nous sommes sur des scénarios qui, encore une fois,
reposent sur des calculs médiocres. Si jamais ils avaient une once
de crédibilité, alors nous pourrions imaginer des portées théoriquement
atteignables à l'orée, peut être, du XXIIe siècle (avec
des obus guidés voyageant dans l'espace et rebondissant sur les
hautes couches de l'atmoshpère, pourquoi pas).
Considérons ces deux portées.
Le scénario C5 qui laisse espérer une portée de 5474 km.
Techniquement, si cela était seulement possible, alors ce serait, peut
être, une révolution géopolitique. Le chemin de fer a mis fin à
l'âge colombien du monde. Un canon possédant une telle portée ne
mettrait plus à l'abri le Heartland qui est, grossièrement, à environ
3000 km de la mer. Les missiles balistiques effacaient
d'ores et déjà ce fameux abri, éloigné de toute considération
maritime, certes. Mais le canon n'est pas le vecteur de la dissuasion
nucléaire contrairement à des missiles balistiques.
Le scénario C6 laisse imaginer que l'obus pourrait devenir à nouveau
le vecteur des armes nucléaires, tout comme, et obus spéciaux
développés spécialement pour, le vecteur d'armes ASAT.
Théoriquement, et au fur et à mesure que progressera la technologie
des canons électromagnétiques, plus aucun point du globe ne sera
inaccessible à un navire porteur de ces canons. Les missiles
balistiques le pouvaient déjà. Le coût n'est pas le même et bien des
Etats se battent pour les intercepter. Que faire contre ces obus ? Un
cuirassé à deux tourelles doubles approvisionnés à 200
obus chacune posséderait une puissance de feu supérieure en nombre à
bien des arsenaux.
Nous pourrions même imaginer que ces canons qui pourraient atteindre
toute ou partie des points du globe (tant par les qualités intrinsèques
de la pièce que par la mobilité du navire),
ouvriraient la voie à une véritable capacité de frappe immédiate
globale (Prompt Global Strike) jusque dans l'espace bien moins coûteux que les programmes de missiles hypersoniques
envisagés.
Vers l'avènement d'un canon planétaire à l'orée du XXIIe siècle ?
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