Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





13 novembre 2014

"La défaite française un désastre évitable - Tome 2 Le 16 juin 1940, NON A L'ARMISTICE !" de J. Belle

 
 
C'est en souvenir de ce sacrifice massif pour que la France demeure la France, c'est-à-dire un acteur majeur de la société internationale aux caractéristiques séduisantes. La France a été voulue comme devant continuer à être indépendante et à pouvoir défendre son modèle de cité.

 

Dans ce cadre, il pourrait être intéressant de jeter des ponts entre le moment de 1940 et aujourd'hui. C'est-à-dire quand le Salut et l'Honneur de la France passait par la continuation de la guerre à travers l'Empire. N'évoquons-nous pas l'Archipel France aujourd'hui ? L'affiche ci-dessous illustre bien l'invitation à faire le lien entre hier et aujourd'hui. 


 
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C'est tout l'intérêt du propos de Jacques Belle. Cet énarque et lieutenant-colonel de réserve poursuit sa réflexion sur la défaite de la France de 1940 face à l'Allemagne. Un désastre évitable. Le premier tome (Le 16 mai 1940, il fallait rester en Belgique) paru en 2007 de cette étude invitait a posteriori à demeurer en Belgique et non pas à reculer. Ce second tome s'intéresse lui au coeur du sujet : la poursuite de la guerre par la France.

 

Dans une première partie, l'auteur nous propose sa vision des facteurs qui aboutissent au choix de l'armistice puisque cela a bien été une décision française qui n'a pas été dictée par les armées allemandes. Il s'agissait bien d'un choix pluriel entre la politique de l'armistice et la continuation de la guerre. A cette fin, l'auteur nous dresse un tableau au travers des différents chapitres de cette partie l'état de la bataille de France (chapitre 1 et 3), la défaite vue d'en face (chapitre 2) et la politique de l'armistice (chapitres 4, 5, 6 et 7). 

 

La deuxième partie nous permet véritablement d'entrer dans le coeur de sujet : l'alternative, l'autre politique, celle de la continuation de la lutte. Il y a trois objets centraux dans cette partie.

 

Les deux premiers sont l'Afrique du Nord et le général Noguès qui commande le Théâtre d'Opérations de l'Afrique du Nord (TO-AFN). Les chapitres 8 et 9 offrent au lecteur un tour d'horizon de ce morceau de l'Empire et de sa situation stratégique. Il constitue son centre de gravité en raison de la chute progressive de la métropole mais aussi en raison de sa proximité avec elle et de son potentiel. Face à toutes les incertitudes soulevées à propos d'une poursuite de la lutte depuis l'Empire (chapitre 16), Jacques Belle, grâce à cette présentation de l'AFN, permet de modérer, sinon de renverser, les supposés dangers italien, espagnol et allemand. Ce qui fait remarquer aujourd'hui, comme le souligne quelques livres blancs, qu'il est crucial, si ce n'est vital, d'avoir une capacité autonome d'appréciation des menaces.

 

Choisissant de soutenir que la lutte pouvait être poursuivie depuis l'Empire, l'auteur comptabilise les transferts possibles d'hommes et de matériels depuis la métropole et ailleurs vers l'Afrique du Nord. Premièrement, il démontre que la regénération des forces était une option plus proche des intérêts vitaux de la France que la catastrophe du 16 juin. Deuxièmement, cette nouvelle concentration des forces, possible, et avancée dans le cadre d'une hypothèse basse !, n'est pas qu'une expression :

  • une Flotte intacte (près de 700 000 tonnes de navires de guerre) qui est le seul instrument militaire capable de continuer à combattre dans la durée et qui constitue le centre de gravité de la France dans l'Histoire après le 16 juin ;
  • "la nouvelle Armée d'Afrique de 500 000 hommes, ainsi organisée autour de ses 17 divisions, dont 8 divisions d'infanterie aptes à la manoeuvre et 3 divisions moto-mécaniques, confortée à distance par les 3 divisions et demie du Levant" (p. 165) ;
  • "ce sont au départ plus de mille appareils de combat dès le départ et plus de 1500, voire 1800 à moyen terme" (p. 196) qui seraient venus grossir les rangs de l'Armée de l'air et de l'Aéronavale.

 

De facto, s'il n'y a plus de masse critique pour repousser les divisions allemandes, s'il n'y en a pas pour reconquérir la métropole à court terme, il y a de quoi tenir l'Empire, tout du moins, l'Afrique du Nord, soit sa partie la plus utile.

 

Entre parenthèses, je marque mon désaccord avec l'auteur à propos du porte-avions Béarn et de l'utilité de ce genre de plateformes navales en Méditerranée. Le contre-amiral Barjot a largement expliqué en quoi l'absence de porte-avions a pénalité les puissances de l'Axe, même en Méditerranée. Et le regretté Alain Guillerm expliquait très bien que le Béarn aurait très bien pu marcher suffisamment vite en escadre s'il avait accompagné les cuirassés français modernisés (Provence, Bretagne, etc...) qui marchaient... à la même vitesse que lui. Dire que le Béarn était trop lent est un drôle de débat je trouve dans ce sens là. Surtout drôle quand ce sont les escadres aéronavales qui ont porté les coups décisifs dans la seconde guerre mondiale (Tarente, Midway, etc...).

 

Les chapitres 10, 11 et 17 abordent la question de la place de la France combattante dans le cadre de la lutte en Méditerranée. Premier renversement par rapport à l'Histoire c'est que Londres n'a plus à s'inquiéter des capacités de l'Italie ou de l'Allemagne à perturber ses capacités d'approvisionnement en Méditerranée du fait du maintien de la France dans son camp. Deuxième chose, les allemands sont face à un choix : ou poursuivre la lutte contre l'Angleterre comme cela a été le cas lors de la bataille d'Angleterre ou se risquer à attaquer l'Empire français, ce qui, comme le note Jacques Belle, aurait nécessité de déplacer une luftflotten jusqu'en Espagne (tout en supposant que Madrid accepte). Sur le plan stratégique, si la France perd la bataille sur le continent européen, les Alliés ne perdent pas pour autant la guerre.

 

Où nous conduit Jacques Belle ? Finalement, à respecter la stratégie initiale des Alliés : tenir le choc face à l'Allemagne dans le cadre d'une stratégie défensive. S'approvisionner au près des Etats-Unis, l'arsenal des démocraties, pour constituer les forces nécessaires pour vaincre l'Allemagne. Il ne se serait pas passer autre chose dès lors qu'Alger aurait bénéficié des commandes françaises aux Etats-Unis qui auraient pu être livré à la France et non pas à l'Angleterre. Et l'or de la Banque de France n'aurait pas passé la guerre aux Antilles sur le Béarn.
L'originalité, c'est le choix de déplacer le centre politico-militaire de la France des "territoires français d'Europe" à l'Afrique du Nord. C'était l'alternative en 1940. C'est aussi une question qui pourrait à nouveau se poser en France en cas d'échec de la politique de défense et de ses moyens. L'Archipel France est-il si différent de l'Empire français de 1940 ? La question se pose. La prise en compte de ce fait stratégique n'est pas à l'ordre du jour. Tout comme, dans l'entre-deux-guerres, la poursuite de la guerre depuis l'Empire était évoquée par un certain Castex, parmi d'autres.

Tout est affaire de choix et de volonté de combattre nous dit Clausewitz.

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