Il faudrait être un ermite déconnecté des réalités politiques de ce
monde pour se désintéresser de tout ce qui a pu se dérouler depuis 2007.
A vrai dire, l'opus de Christian Chavagneux est
l'occasion d'effectuer une brève visite des crises financières les
plus marquantes de l'Histoire.
La thèse de l'auteur pourrait se résumer à l'affrontement entre les
marchés et les politiques pour réguler le secteur financier. Pour en
(dé)montrer l'enjeu, Christian Chavagneux nous présente la
genèse et la résolution des différentes crises financières qu'il a
retenu. Celle de 1929 occupe une place centrale dans l'ouvrage. Pas
seulement en raison de son importance dans le cadre
d'économies interdépendantes. Mais surtout car d'un président
américain à l'autre, il a été possible d'observer le rôle du politique
face aux techniciens de toutes sortes.
Quel rapport avec la mer ? Il n'y a pas de marine - quelqu'en soit
la sorte - sans finances. Si je n'ai rien trouvé sur cette facette de la
puissance maritime, le lecteur trouve une crise
financière française assez peu mise en avant. Dans le chapitre 2
intitulé "John Law, un aventurier aux Finances", l'auteur nous
présente la crise financière provoquée par le financier
écossais (et que seul lui était capable de comprendre son oeuvre).
Tentons de résumer la chose : le Royaume de France et son empire
colonial financiarisés dans la Banque générale. Mon empire dans
une banque ? Incroyable montage financier qui fait passer pour
conservateur les tenants des PPP.
C'est vraiment le chapitre 4 traitant de la crise financière de 1929
(avec en corollaire son introduction via le chapitre 3 et la crise de
1907) qui est la pièce centrale de la démonstration de
l'auteur. Le président Roosevelt ainsi narré nous montre comment le
politique peut décider et construire une architecture financière bonne
pour les intérêts particuliers mais surtout pour
l'intérêt public. Surtout, c'est une architecture qui survivra une
quarantaine d'années.
Le chapitre 5 permet de passer de la pratique (de la petite crise
des tulipes jusqu'à la crise de 1929) à la théorie de ce qu'est une
crise financière. Sans dévoiler tout le contenu de l'ouvrage,
notons qu'il s'agit d'une perte d'équilibre provoquée par des
innovations non contrôlées grâce à une déréglementation subie ou voulue.
L'ouvrage se termine sur les propositions de l'auteur pour sortir
des crises financière (2007), économique (2008) et des dettes
souveraines de la zone euro (2009). Nous apprenons quelques petites
choses savoureuses. Si l'Etat est souvent opposé au secteur
financier (les banques, disons-le), la classe politique et l'opinion
publique doivent elles affronter des économistes parfois très
intéressés aux théories qu'ils profèrent. Justement, Christian
Chavagneux nous apprend que le "prix Nobel" d'économie n'existe pas.
Artifice simple pour augmenter la portée de théories
intéressées.
A lire, cela vaut le détour.
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