Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





16 mars 2015

"Un maître de la tactique navale au XVIIIe siècle - Le chevalier du Pavillon (1730-1782)" de Thomas du Cheyron du Pavillon


C'est un livre impressionnant à plus d'un titre que nous livre monsieur Thomas du Cheyron du Pavillon à propos de la vie et de l'œuvre de son ascendant. Et une fois n'est pas coutume, ce n'est pas le blog Trois ponts qui nous présente une monographie monumentale sur la marine à voile !

Livre aux multiples mérites. Au premier titre, c'est une très belle histoire de famille qui est relatée là. Au second, nous avons une page de l'histoire de la Marine Royale qui est écrite. Enfin, au troisième et dernier titre, l'œuvre du chevalier du Pavillon se concentre sur la création d'un code de signaux pour les communications navales, au temps où diriger une escadre était une bataille en soi. Ce qui nous renvoie à toutes les thématiques sur les communications cyberélectroniques. Ajoutons avant d'entrer dans les détails que le livre est préfacé par Etienne Taillemite de l'Académie de Marine et sa préface ne manque pas d'intérêt, bien au contraire.

Les deux premières parties du livre ("L'Appel de l'Océan" et "Officier dans le Grand corps") dressent le portrait d'un garde de Marine. Du Québec aux Antilles en partant de Rochefort, le Chevalier du Pavillon voyage beaucoup à bord des vaisseaux sur lesquels il sert. 

Ce qui retient l'attention du lecteur est sa participation à la bataille des Cardinaux (1759). Désastre naval français face à la Royal Navy, nous pouvons relever plusieurs choses.  Le chevalier est embarqué en tant qu'enseigne à bord de l'Orient, vaisseau de 80 canons. 24 voiles françaises en affrontent 23 anglaises sur le papier, sans compter les frégates. La bataille se déroule dans la baie de Quiberon. L'enchaînement des manœuvres et des ordres apportent son lot de gloire et de misère. Par exemple, la Thésée - dont l'épave a été retrouvée récemment - ouvre sa partie basse et l'eau s'engouffre. Il n'y aura que 21 survivants sur un vaisseau de 74 canons qui comptait plusieurs centaines de marins. 
Il en ressort de cette bataille pour le Chevalier du Pavillon qu'il faut un nouveau système de signaux pour la Marine Royale pour ne pas reproduire une telle bataille.

La troisième partie ("Les signaux numéraires et sans places fixes" aux pp. 173-331) constituent presque un ouvrage dans l'ouvrage tant le degré de précision est tel pour comprendre, si cela n'était pas déjà acquis lors de la bataille des Cardinaux, l'importance d'un tel système de communication.
En particulier, le lecteur se régalera de la présentation faite des maîtres de la tactique navale (p. 187). Les noms glorieux défilent : Tourville et le père Hoste, Bigot de Morogues et Bourdé de Villehuet. A l'heure où ce sont les stratèges et stratégistes qui sont les plus lus, l'époque nécessitait une science tactique très poussée afin de lutter contre la servitude du vent et les rudimentaires communications, dans le simple but de ne pas se faire dicter sa volonté par l'ennemi. 

A propos du couple formé par Tourville et le Père Hoste, l'auteur ne craint pas d'avancer que leur œuvre est fondatrice de la pensée navale française (p. 189). Le chevalier les a lu mais s'en détourne car, selon lui, la tactique navale a déjà beaucoup trop évolué pour s'en référer à leur système. 
A contrario, le même chevalier rapporte dans un entretien que les travaux de Bigot de Morogues n'ont pas joué un grand rôle dans la conception de son système (p. 192). 

Par contre, il est bien plus élogieux à propos du système de signaux de Bourdé de Villehuet : "je ne crois pas qu'il y ait eu de plus parfaits à tous égards que ceux qui ont été mis en usage et inventés par M. de la Bourdonnaye". (p.193)

Toute la suite de cette troisième partie nous narre l'art des communications navales à base de fanions, de coups de fusil et de canon, ou encore de flammes. Aussi, cela permet d'arriver au propre système du chevalier du Pavillon, ses essais et ses critiques.

La quatrième et dernière partie ne manque aucunement d'intérêt puisqu'elle permet d'achever ce voyage de toute une vie : l'essai au combat du système de signaux du chevalier du Pavillon à l'occasion de la guerre d'Indépendance américaine. Guichen l'expérimente à la mer avec l'escadre d'évolutions en 1776 et le trouve supérieur sur tous les autres systèmes de signaux connus à ce jour. Il est donc adopté.

La lutte pour l'indépendance américaine débute pour le volet naval français par le furieux combat de Ouessant (17 juin 1778) entre la Belle Poule et l'Arethusa, remporté par cette première où un certain officier auxiliaire Bouvet s'illustre (d'où le nom du cuirassé coulé par une mine lors des Dardanelles ?). L'auteur de souligner que nous avons peine à mesurer l'importance morale de cet engagement. Ce combat de se doubler d'une bataille indécise où la Marine Royale tient tête à la Royal Navy .
L'ouvrage de s'achever sur le commandement du vaisseau Le Triomphant par le chevalier du Pavillon pendant la guerre d'Indépendance américaine. Un vaisseau qui navigue toujours sous une autre coque.

Il est bien étonnant donc que l'histoire navale française n'ait pas retenu le nom du Chevalier du Pavillon alors que son système, fruit du travail d'une grande page de notre histoire navale, utilisé à la mer lors de la guerre d'Indépendance américaine, est l'une des évolutions techniques ayant contribué à la victoire. Aussi, à l'heure du combat cyberélectronique, se rappeler qu'une Marine était d'abord la somme de deux défis, voguer sur les flots et communiquer entre bateaux pour diriger un effort, permet de mesurer l'importance cruciale des communications dans l'armée navale.

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