C'est avec un grand plaisir que j'ai pu
lire le dernier ouvrage d'Olivier Kempf - Alliances et mésalliances
dans le Cyberespace (2014, Economica) pour plusieurs raisons.
La première est que ce nouvel opus s'inscrit dans une continuité. L'auteur est directeur de la collection cyberstratégie aux éditions Economica. Qui plus est, entre la deuxième édition de son Introduction à la Cyberstratégie (2015, Economica - avec, notamment, un ajout sur la question de la géographie politique, la géopolitique et la géostratégie dans le cyberespace) et sa participation comme co-auteur au livre de Quentin Michaud (Edward Snowden - Une rupture stratégique, 2014, Economica). Ou encore, avec sa participation aux ouvrages collectifs dont il assurait la direction (Le Cyberespace - Nouveau domaine de la penséestratégique (2013, Economica) et Penser les réseaux - Une approchestratégique (2014, L'Harmattan). Alors, nous ne pouvons qu'espérer à l'avenir un travail de systématisation de toutes ces approches exploratoires qui se complètent par de nombreux articles dans plusieurs revues (la Revue Défense nationale, Hérodote, etc.).
Deuxièmement, si l'objet central du livre se construit autour de la question des alliances dans le cyberespace, il s'accompagne d'une capacité à englober la question. Bien des annexes au propos central offrent autant de réflexions pour autant de milieux différents du cinquième.
La première est que ce nouvel opus s'inscrit dans une continuité. L'auteur est directeur de la collection cyberstratégie aux éditions Economica. Qui plus est, entre la deuxième édition de son Introduction à la Cyberstratégie (2015, Economica - avec, notamment, un ajout sur la question de la géographie politique, la géopolitique et la géostratégie dans le cyberespace) et sa participation comme co-auteur au livre de Quentin Michaud (Edward Snowden - Une rupture stratégique, 2014, Economica). Ou encore, avec sa participation aux ouvrages collectifs dont il assurait la direction (Le Cyberespace - Nouveau domaine de la penséestratégique (2013, Economica) et Penser les réseaux - Une approchestratégique (2014, L'Harmattan). Alors, nous ne pouvons qu'espérer à l'avenir un travail de systématisation de toutes ces approches exploratoires qui se complètent par de nombreux articles dans plusieurs revues (la Revue Défense nationale, Hérodote, etc.).
Deuxièmement, si l'objet central du livre se construit autour de la question des alliances dans le cyberespace, il s'accompagne d'une capacité à englober la question. Bien des annexes au propos central offrent autant de réflexions pour autant de milieux différents du cinquième.
Plongeons dans le cœur du sujet. Une
des parties qui pourra grandement intéresser le lecteur est la
théorie des alliances (II. Théorie des alliances). Source d'inspiration pour tous les milieux, ce qui en fait son grand
intérêt. Nous pouvons en retenir, entre aux exemples, que les
alliances se fondent pour partie sur un rapport de forces entre
partenaires. Aussi, les alliances observées depuis les premières années du XXe
siècle (début de la mondialisation selon une approche stratégique
pour l'auteur) peuvent devenir permanente (à l'instar de l'OTAN, du
défunt Pacte de Varsovie ou la question du réseau Echelon et ses
évolutions). Mais elles peuvent encore et toujours être des
alliances de circonstances.
Les première (I. Complexité
stratégique et cyberconflictualité) et troisième parties (III.
Conditions stratégiques du cyberespace) se complètent à merveille.
Elles permettent d'entrer dans la seconde moitié du sujet : la
conflictualité dans le cyberespace. Cette troisième partie est une
trop brève synthèse d'Introduction à la Cyberstratégie. Nous ne pouvons qu'inviter le lecteur à s'y reporter. Tout
comme la lecture d'Attention : Cyber - Vers le combatcyberélectronique permettra d'appréhender les angles tactiques et
opératifs dans le cyberespace.
La quatrième partie (IV. Le difficile
calcul stratégique dans le cyberespace) aborde les conditions de
l'action stratégique dans sphère cyber. L'opacité permise par ce
milieu, notamment par l'existence du tiers, permet le retour à
l'offensive stratégique. "Il n'y a plus de régime suffisamment
totalisant pour forcer à la schématisation de l'ami et de l'ennemi."
(p. 60). Nous pourrions oser la comparaison avec les XVIIe et XVIIIe
siècle quand la chambre noire espionnait toute l'Europe depuis la France.
Plus en phase avec notre temps, nous retrouvons là une description
des causes et conséquences faisant, selon l'auteur, que les faiblesses
se partagent, non les forces.
Ces prérequis stimulants passés, le lecteur s'avance, bien armé, pour la lecture des parties consacrées aux alliances et mésalliances dans le cyberespace. Les parties V à XI tentent d'embrasser la question. Nous passons alors en revue les objectifs de l'alliance dans le cinquième milieu (V), les cas de l'Alliance Atlantique (VI) et de l'Union européenne (VII). Surtout, l'auteur explique les raisons du peu de succès des alliances multilatérales (VIII). Ce qui montre bien toute la pertinence des réflexions sur le pourquoi du comment l'action stratégique dans le cyberespace demeure l'apanage d'une poignée d'Etats et ne se partage pas, ou très difficilement.
Aussi, nous apprécions le traitement de
l'évolution du réseau Echelon au programme PRISM. Un passage qui
mériterait un développement tout entier (voir à ce sujet les
réflexions de Bonnemaison et Dossé qualifiant cette alliance de
traité de Tordessillas dans le cyberespace).
Les parties IX et X invitent à une nouvelle marche en avant grâce à une description systématique des alliances étatiques bilatérales (IX) et des alliances composites (X). L'auteur le souligne : si nous avons peu d'exemples d'alliances multilatérales, nous avons par contre de nombreuses alliances étatiques bilatérales supposées. En effet, les deux acteurs s'entendent pour tenir secrète leur coopération affirme l'auteur. Ce qui renvoie à la question de la diplomatie secrète rejetée avec force lors de la négociation du traité de Versailles (1919) par la diplomatie américaine. Et offre une nouvelle prise à la comparaison avec les autres actions clandestines ou spéciales, dont les opérations sous-marines.
Les parties IX et X invitent à une nouvelle marche en avant grâce à une description systématique des alliances étatiques bilatérales (IX) et des alliances composites (X). L'auteur le souligne : si nous avons peu d'exemples d'alliances multilatérales, nous avons par contre de nombreuses alliances étatiques bilatérales supposées. En effet, les deux acteurs s'entendent pour tenir secrète leur coopération affirme l'auteur. Ce qui renvoie à la question de la diplomatie secrète rejetée avec force lors de la négociation du traité de Versailles (1919) par la diplomatie américaine. Et offre une nouvelle prise à la comparaison avec les autres actions clandestines ou spéciales, dont les opérations sous-marines.
La partie X appréhende les alliances composites dont surtout les actions réciproques entre Etats et entreprises. Quelque part, nous touchons là aux rouages les plus sensibles de l'Etat. L'auteur rappelait avec pertinence en première partie que la défense est la première mission de l'Etat.L'avant dernière partie du livre se propose d'aborder le refus d'alliance. Surtout, ce qui retient mon attention est la question de l'alliance universelle. Le lecteur est invité à partager les réflexions de l'auteur sur la question d'une alliance universelle. Nous n'avons pas, encore, de volonté interétatiques fortes de réguler le cyberespace comme ont pu l'être les mers et océans avec la convention de 1982.
La toute dernière partie de l'ouvrage - "De la souveraineté dans le
cyberespace" - semble être la conséquence logique de toute la thèse avancée. Les
réflexions portent loin, grâce à toutes les fondations précédentes, sur
la capacité, ou non, d'un Etat à être finalement indépendant des Etats-Unis dans
le cyberespace. Là, nous touchons à un point sensible entre ce qu'est le
cyberespace et ce qui le distingue d'autres espaces. En particulier,
nous aurions peut-être une rupture avec l'analogie maritime, souvent
usitée pour aborder le cyberespace.
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