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Après les parties Défense des projets de Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson, Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé, vient le tour de François Fillon, autre candidat à la
primaire du parti politique "Les Républicains". Sans esprit partisan, il nous semble opportun de discuter de ces
propositions, tout comme nous pourrions le faire d'un autre candidat de
cette primaire ou d'une autre, ou de tout candidat déclaré à l'élection
présidentielle.
C'est sous le vocable d' "Armées" (pp. 14-15) que la vision du candidat pour la Défense nationale se dévoilent dans le premier document proposé. Le citoyen gagne quelques lignes d'explications sur le sursaut budgétaire à accomplir en faveur de la Défense. Aussi bien ici (Mon programme en 50 mots, p. 14) que dans le le deuxième document il est dit que le budget
serait relevé à hauteur de 1,9% du PIB en 2022 après des augmentations
successives. Il se rapprocherait des 2% en 2024 (Cadrage financier, p. 3). Le partage du coût des opérations extérieures serait proposé aux européens.
L'idée d'une "armée numérique" ou de "pôle chargé de la sécurité numérique" au sein du ministère de la Défense est réaffirmé tout comme la modernisation de la dissuasion nucléaire en ses deux composantes, l'amélioration de la condition militaire ainsi que de "doter nos forces des équipements qui leur font défaut" et faire un effort sur le MCO. Enfin, le service national ne serait pas rétabli mais la réserve opérationnelle serait renforcée par 10 000 nouvelles recrues chaque année sur les 800 000 jeunes en âge de servir sous les drapeaux (Mon programme en 50 mots, p. 15).
S'il fallait strictement lire cette prose alors le lecteur pourrait
comprendre que dans ""doter nos forces des équipements qui leur font défaut" il y a le deuxième porte-avions (PA2), voire les BATSIMAR
(frégates de troisième rang renvoyées à la LPM 2020-2025). Les besoins
en frégates de premier rang sont pourvus si tant est que la trajectoire
actuelle soit financée de bout en bout (FREMM, FTI).
C'est pourquoi les lignes suivantes se concentrent exclusivement sur la
question du deuxième porte-avions eu égard à ses anciennes
responsabilités de député, ministre et Premier ministre et son rapport ancien aux affaires aéronavales. Il s'était engagé en faveur de la construction du deuxième porte-avions (PA2) en juin 2007.
PA2
M. François Fillon entretient un rapport constant aux porte-avions français. Il visait "souvent" le Clemenceau (22 novembre 1961 - 1er octobre 1997). Mieux encore, il avait pu observer de très près l'engagement du porte-avions Clemenceau au Liban par le truchement d'un embarquement pendant près d'une semaine (1983 ou 1984) au large de Beyrouth (missions OLIFANT XVII (6 octobre au 30 novembre) et XIX (1er décembre 1983 au 14 mars 1984).
En tant que membre de la commission de la Défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale (du 4 avril 1986 au 1er avril 1993 puis au 13 juin 1997 au 19 juillet 2002), dont il assurait même la présidence (du 8 avril 1986 au 14 mai 1988), il n'a pas pu manquer le renouvellement des porte-avions Clemenceau (22 novembre 1961 - 1er octobre 1997) et Foch (15 juillet 1963 - 15 novembre 2000) par les PAN 1 Charles de Gaulle et PAN 2 Richelieu.
Si c'est un Conseil de Défense restreint en 1980 qui se prononce sur le choix de deux porte-avions à propulsion nucléaire (passage des PH75 aux PA75), il faut attendre que le Conseil Supérieur de la Marine valide l'avant-projet en 1984. Et ce n'est qu'en février 1986 que le ministre de la Défense Paul Quilès signe l'ordre de mise en chantier. Les premières tôles du Charles de Gaulle (nom attribué par le Premier ministre Jacques Chirac en 1987) sont découpées à partir du 25 novembre 1987. Le navire est mis sur cale le 14 avril 1989. Il est achevé en mai 1994.
Sur cette période, aussi bien en tant que membre de la commission de la Défense de la chambre basse du Parlement qu'en tant que membre de la majorité parlementaire qui portait le livre blanc de 1994, il ne peut ignorer que le PAN 2 Richelieu était attendu dans la LPM 1992-1994 ni les surcoûts du devis initial pour le PAN 1 (16%) engendrés presque exclusivement par les arrêts organisés du chantier pour "raison" budgétaire. Il n'est pas non plus étranger à l'abandon du PAN 2 jusqu'à ce que "les conditions financières et économiques" permettent sa construction.
Le porte-avions Charles de Gaulle est mis en service en 2001 et est engagé dans l'opération Héraclès dès le 21 novembre 2001 avec la 12F équipé de ses 9 Rafale M au standard F1. Le sénateur André Boyer rend alors en 2000 un rapport parlementaire (tandis que M. Fillon est toujours membre de la commission Défense de l'autre assemblée) très favorable à la construction du PA2, celle-ci est espérée pour 2002.
François Fillon n'exerce pas directement de responsabilités liées à la Défense nationale dans les gouvernements du Président Jacques Chirac (2002-2007). Toutefois, il reçoit des porte-feuilles ministériels. Ce n'est que sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012) qu'il sera Premier ministre pendant cinq années.
A ce titre, il embarque notamment sur le Charles de Gaulle (2011). Comme Premier ministre, il n'est pas étranger au sort du livre blanc de 2008 ou à l'engagement présidentiel de Nicolas Sarkozy qu'il reprend et assume en faveur du PA2. Il est aux responsabilités pendant son report puis son abandon de 2008 à 2012. Eu égard à son parcours et ses responsabilités, il n'était pas ignorant des enjeux aéronavals.
Finalement, en cas de victoire de M. François Fillon à la primaire du
parti "Les Républicains" et à l'élection présidentielle de 2017, la
situation serait la même sur ce dossier qu'en 2007. Le Charles de Gaulle
entrera en cale sèche pour sa deuxième IPER en février 2017. Il y
aurait au moins les FTI qui ne sont pas encore totalement financées
(analyse du parti "Les Républicains"). Il s'agirait de maintenir un
effort financier ascendant pour absorber l'ensemble des dépenses
programmées et soutenir la modernisation de la dissuasion nucléaire. A
l'heure où sont écrites ces lignes, le PA2 n'est pas un engagement de
campagne de M. Fillon.
Un peu dans la lignée d'un Sarkozy ou d'un Jupé, François Fillon a longuement exercé des responsabilités, et n'a dans les faits pas assez peser pour lancer ce chantier. Pourra-t-il faire en 2017 ce qu'il n'a pas fait en 2017 ? Rien n'est moins sur. Un PA2 est un outil symbolique, et sa mise en chantier est un engagement politique fort et sans ambiguïté, je ne suis pas certains qu'on soit dans cette optique. Si c'est déjà vague aujourd'hui, sera-ce plus précis demain ?
RépondreSupprimerOn retrouve néanmoins les 1,9%/2% communs à certains candidats de la primaire, c'est déjà un bon début. La Marine a besoin d'argent pour alimenter ses projets.