Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





17 septembre 2017

3,33 à 15

© Naval group.


Le projet Magellan (2015 - ...) pouvant aboutir à des "coopérations renforcées" entre Fincantieri et Naval group amènerait une rupture bienvenue dans les constructions navales militaires françaises car le site de Lorient se suffit à lui-même pour lancer l'ensemble de la flotte de surface (18 frégates) en moins de dix années. D'une multiplication des classes de navires par une diminution du nombre de bateaux au sein de celles-ci au prix d'une cadence de production volontairement abaissée, il y aurait la possibilité de venir à une diminution du nombre de classes par une augmentation du nombre d'unités au sein de chacune d'elles grâce à un maintien ou une augmentation de la cadence de production.

Le déficit de compétitivité des constructions navales françaises se matérialisait par le lancement du HMS Dreadnought (1906) tandis que la France réceptionnait le Danton. Le premier, rupture militaire, demandait 35 millions de livres quand le deuxième réclamait 45 millions de livres. C'est-à-dire que tous les 10 cuirassés français, le Royaume-Uni en obtenait pratiquement 13. Il faudra attendre les années 1960 pour que la France rattrape cet échec stratégique.

Il n'est plus d'actualité en fonder une analyse comparative des puissances aéronavales et/ou aéro-sous-marines de l'Océan par le seul critère du tonnage. L'excès n'est pourtant pas loin car cet indicateur brut ne doit pas non plus être négligé. Par exemple, et pour l'année 2016, dans le concert européen, replaçons les Royal Navy (407 000 tonnes) et Royale (281 000 tonnes) face aux marines suivantes que sont les Marina militare (125 000), Deutsche Marine (~100 000) et Armada española (87 000).

Concentrons-nous sur la seule question des frégates pour mettre de côté les effecteurs de premier et deuxième rang que sont les porte-avions, porte-aéronefs et SNA. Les frégates demeurent la cheville ouvrière du sea control dans les trois dimensions du combat naval. Traduisons ces données par le nombre de frégates (premier et deuxième rang mélangés) de chacune de ces marines d'ici à 2030 :
  • 22 frégates (Horizon (2), FREMM (10), PPA (10) pour la Marina militare ;
  • 19 frégates (Type 45 (6), Type 26 (8) et Type 31 (5) pour la  Royal Navy;
  • 18 frégates (Horizon (2), FREMM (8), FTI (5) et F-NG (3) plus les frégates de surveillance à la valeur dissuasive relativisée (6) pour la  Marine nationale ;
  • 11 frégates (F123 (4), F124 (3), et F125 (4) - plus 10 corvettes (K130 et K131) pour la  Deutsche Marine ;
  • 10 frégates (F100 (5), F110 (5) pour l'Armada  española.
La Marine nationale devait pourtant bénéficier de 21 frégates de premier rang en 2005 (Horizon (2), FREMM (17 (9 ASM et 8 AVT). L'ancien PDG de DCNS, Patrick Boissier, détaillait le coût de ces décisions devant la commission Défense et forces armées de la représentation nationale :
  • "À titre d’information, le coût du programme [FREMM] a déjà augmenté d’une frégate lorsqu’on est passé de 17 à 11 frégates" (18 septembre 2013) ;
  • "et d’une deuxième frégate lorsque l’on est passé d’une frégate tous les 7 mois à une frégate tous les 10 mois(18 septembre 2013) ;
  • "Notre première préoccupation est le rythme de production de nos frégates, qui passera, pour une livraison de frégate avant 2019, de 10 à 14 mois. Le surcoût de cet étalement serait à peu près équivalent au coût d’une frégate." (18 septembre 2013)
Ces différentes décisions sous deux gouvernements et deux livres blancs entraînent donc un renchérissement du coût global du programme à hauteur de trois frégates soit au moins 1500 millions d'euros. "Il faut bien avoir à l’esprit que ce n’est pas l’augmentation du coût des programmes qui conduit à étaler les commandes mais l’étalement ou la réduction du nombre qui conduit mécaniquement à augmenter le prix de chaque unité." (18 septembre 2013) Le volume financier demeurait inchangé dans le même temps à 7 milliards d'euros pour la perte de 11 frégates.

Le système naval pratiqué par la France depuis 1962 jusqu'en 2015 est relativement coûteux puisqu'il y a eu 30 frégates de premier rang construites en 9 classes différentes : 3,33 navires/classe. Le cas de la FTI illustre parfaitement cet état des choses entre des bureaux d'études qui ne peuvent se satisfaire de longues séries, tout comme la marge de leur entreprise qui s'étiole après quatre à six frégates. Il s'agit de ne pas oublier qu'au début des années 1960 il était espérait 24 frégates mais chacune d'elle demandait 28 mois de travail. De sorte que la chaîne fonctionnait en permanence puisque la quinzième unité pouvait remplacer la première. Depuis le programme La Fayette, la cadence de production est tombé à une frégate tous les six mois et sept mois pour le programme FREMM. Le seul site de Lorient peut lancer la flotte de surface française en moins de 7 à 8 ans.

Cependant, remarquons que les Italiens sont dans une toute autre disposition sur cette question et parviennent à passer d'une première longue série de frégates (FREMM) à une deuxième (PPA) tout en ménageant les intérêts de leur industrie navale.

L'une des manières de traduire le format de la flotte de surface de la Marine nationale (15 à 18 frégates) dans la restructuration de l'industrie navale translapine menée par Fincantieri et Naval group serait de s'approcher de bureaux d'études communs, voire uniques, à la manière de "One MBDA". Le marché domestique des deux entreprises, joint dans le même espace, permet d'atteindre un volume de 44 frégates, voire un peu plus, au lieu de la vingtaine de navires à produire jusqu'ici pour le premier tiers du XXIe siècle.

Dans les faits, cela se traduirait par un format réuni de 20 frégates ASM, 8 frégates de DA et 15 frégates polyvalentes plus un volant de trois frégates supplémentaires pour la France (la cinquième frégates de DA plus deux nouvelles frégates ASM ?). Les flottes franco-italiennes seront renouvelées pour le deuxième tiers du XXIe siècle via le remplacement des frégates du programme Horizon à partir des années 2035 pour terminer avec les frégates d'emploi général vers l'année 2050.

Par voie de conséquence, une coopération industrielle réussie entre les deux entreprises doit se matérialiser par des classes de huit frégates, au minimum pour les navires de défense aérienne, et plutôt 15 frégates pour les autres. La standardisation des flottes de surface générerait des économies de fonctionnement très importantes, rejaillissant d'autant sur le volume des flottes. C'est grâce à ce gain de compétitivité de l'industrie navale que les flottes européennes pourront réduire leur dilution dans le concert des grandes flottes mondiales.


1 commentaire:

  1. Mutualiser les besoins Français et Italiens ne reviendrait-il pas à devoir fournir deux fois plus de frégates, mais sans avoir plus de classes, tout en devant fournir du travail à deux bureaux d'études ? L'équation me parait complexe vu sous cet angle.

    Je suis très sceptique sur la coopération Franco-Italienne. Les FREMM sont des navires réussis mais dont les objectifs techniques ont été revus à la baisse (plus de mature unique par exemple). Selon l'audition de DCNS par l'Assemblée (la mémoire me fera défaut pour plus de précisions), la coopération a sur-coûté 20% (différences techniques, négociations interminables, etc) tandis que les économies plafonnaient à 1% (queqlues achats en commun). Rappelons aussi que le bureau d'études de Naval Group est le meilleur du monde quand celui des Italiens est plus a priori plus limité.
    Bref, je crains un très fort nivellement par le bas.

    La nécessité d'allonger les séries de frégates me parait également indispensable. Mais plutôt que développer une FTI, et surtout de l'imposer à la Royale, j'aurais préféré que l'on se concentre sur une évolution des FREMM (radar faces planes / 80 missiles (24 VL MICA (à l'arrière) + 24 Aster 30 + 24 Scalp + 8 MM40)) qui aurait permis de baisser les coûts du programme au global. Et je pense clairement que proposer la meilleure frégate du monde à l'export conviendrait parfaitement à Naval Group ...

    Pour conclure, j'ai toujours du mal à voir l’intérêt d'un coopération transalpine tant les compétences italiennes sont moindres. C'est vrai dans le civil à St-Nazaire, c'est tout aussi vrai avec militaire à Lorient. Néanmoins une FREMM améliorée donne de la charge aux ingénieurs de Naval Group et fait faire des économies à l'Etat.
    => FTI out !!!

    QC

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