Manuel Pedro González López (Acorazados de la Segunda Guerra Mundial: Un estudio técnico (1921-1945), Saragosse, HRM ediciones, 2020, 392 pages), publie son premier
livre, offre une étude technique des croiseurs de bataille et cuirassés rapides
conçus après 1921 et jusqu'en 1945 grâce à cette œuvre à visée pédagogique pour
qui s'intéresse à la question. C'est un bel outil qui pourrait servir même les
lecteurs les plus éclairés car il concentre des richesses de précisions,
permettant de « travailler » rapidement plutôt qu'à se procurer ou à
manipuler plusieurs monographies spécialisées. L'auteur nous offre un entretien
à paraître demain pour mieux pour présenter l'ouvrage et ses choix.
Le propos débute par une introduction puis une
chronologie contenant un tableau par lequel sont recensés tous les croiseurs de
bataille et cuirassés rapides concernés par l'étude et pour lesquels est dressé
l'ordre chronologique des principales opérations des programmes (commande,
construction, service).
22 courts chapitres constituent le cœur même de
l'ouvrage et s'organisent véritablement en trois parties :
Les chapitres 1 à 4 traitent spécifiquement de la
question du cuirassé dans les Relations internationales et donc, ici, entre les
grandes puissances depuis la place de l'ouverture des négociations quant au
futur traité naval de Washington (12 novembre 1921 - 6 février 1922 ) jusqu'au cheminement
conduisant à la guerre car le cuirassé est alors, et comme le rappelle
adroitement l'auteur, le système d'armes plus puissant et complexe jamais conçu
par l'homme jusqu'à la détonation de la première bombe atomique (Trinity, 16
juillet 1945).
Entre parenthèses : l'auteur aborde tous les projets « gigantesques »
caressés aux États-Unis, dans l'Empire Britannique ou dans l'Empire du Soleil
Levant de bâtiment de lignes portant du 406, 457 mm mais pas celui qui aurait
couvé en France d'un cuirassé de 40 000 tonnes portant des canons de 450 mm
modèle 1920 A de 45 calibres, faute que les recherches aient suffisamment
abouties en France à ce sujet.
Les chapitres 5 à 10 traitent, eux, de l'objet par
lui-même : l'acorazado, c'est-à-dire le cuirassé depuis ses principaux
organes jusqu'à l'architecture de sa protection. Et tout, absolument tout, est
présenté... et comparé : peu d'ouvrages ont eu cette idée pertinente en
comparant plusieurs classes de présenter côte-à-côte les bâtiments
caractéristiques principales par caractéristiques principales.
Les solutions de distribution de l'artillerie
principale de toutes les classes étudiées sont rassemblées sur une seule page,
par exemple. Ou encore toutes les tourelles d'artillerie principale sont
comparées : dessins et tableaux à l'appui. La comparaison des ceintures,
protections verticales et horizontales sur une seule et même page permet d'un
seul coup d'œil de comprendre, propos de l'auteur à l'appui, quels cuirassés
étaient bien conçus et d'autres voués à connaître un sort funeste.
Ces chapitres présentent également ce qu'est une
séquence de tir d'une salve et toutes les forces à prendre en compte - comme
n'importe lequel des tirs d'artillerie - pour parvenir au résultat escompté.
Toute la chaîne de ciblage et de guidage y passe.
12 des 22 chapitres sont en réalité des monographies
de chacune des classes des bâtiments de ligne abordé par l'auteur, sans oublier
deux appendices détaillant, pour le premier, le cas des « cuirassés de
poches », et pour le deuxième, celui des croiseurs lourds de classe
Alaska. Par cohérence avec le propos, croiseurs de bataille et cuirassés
rapides ont été distingués de ce qu'il convenait d'appeler des croiseurs
lourds.
Un lecteur Français, par exemple, pourrait conclure
grâce à ces nombreuses monographies et comparaisons page à page, et de manière
anachronique, que les Richelieu étaient les plus petits des grands
cuirassés de 35 000 tW et plus et que, à bien des égards, ils soutenaient la
comparaison avec des 40 000 tW, voire sous certains angles avec les Yamato.
Ce qui n'est pas sans rappeler l'expression consacrée dans la Marine nationale
que les porte-avions de classe Clemenceau étaient les plus grands des
petits porte-avions et le Charles de Gaulle permet d'avoir le
plus petit des grands porte-avions.
Est-il envisageable de lire en Espagnol ? Le plus
trompeur pour un francophone est certainement le titre : acorazado, bien
éloigné de cuirassé ou corazzata en Italien.
Néanmoins, l'Espagnol, langue latine est très proche du Français. Certains
termes techniques sont empruntés à l'Anglais et donc largement connus de
l'amateur du sujet. Le vocabulaire technique s'apprend à la lecture des
tableaux. Par exemple, quand l'un d'eux précise une cubierta de 115 mm
pour le Dunkerque, le lecteur comprendra qu'il s'agit de la
ceinture, etc. Il serait dommage de buter sur l' « obstacle »
de la langue car l'Espagnol est
la deuxième langue vivante la plus populaire en France : 45 à 50% des
collégiens et lycéens élisent la langue de Cervantès.
À qui s'adresse l'ouvrage ? Au lecteur qui désire
détenir un outil aisé d'accès permettant de comparer les principales classes de
croiseurs de bataille et cuirassés de la Deuxième Guerre mondiale. Il y
trouvera toutes les précisions nécessaires dans cette optique et disposera des
outils afférents à une comparaison rapide, voire d'un seul coup d'œil. Manuel
Pedro González López fait œuvre de pédagogie et rend accessible la matière,
malgré la la langue est-il possible d'ajouter.
Le seul regret qu'il est possible d'éprouver est
l'absence de publication en couleur des dessins de l'auteur : cela n'entache
pas le plaisir de la lecture et la consultation de l'iconographie. Mais cela ne
rend pas grâce aux efforts de l'auteur.
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