Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





26 novembre 2025

Sûreté de la navigation en surface des SNLE : prises de dispositions actives américaines et passives russes

     L'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie dessine, non seulement de nouveaux emplois de l'Air, mais également une nouvelle manière d'aborder la sûreté des plateformes (aériennes, sous-marines mais pas seulement, en toute logique) des différentes composantes existantes ou à venir des forces nucléaires. La capacité des forces nucléaires à interdire un volume aérien autour desdites plateformes confortera leur crédibilité opérationnelle ou découvrira des vulnérabilités nouvelles, aux conséquences stratégiques renversantes.

     Pour débuter, retenons deux exemples pouvant figurer un certain nombre d'attaques aériennes au moyen de drones ayant atteint des installations militaires et industrielles dans la péninsule de Kola, vraisemblablement dans le courant des années 2024 et 2025.

28 juillet 2024 une ou plusieurs unités ukrainiennes auraient réussi à atteindre un Tupolev Tu-22M3 au moyen d'un drone aérien alors que le bombardier était parqué sur l'aérodrome de l'aviation à longue portée d'Olenya, dans la région de Mourmansk (péninsule de Kola).

Au 1ier juillet 2025 (opération toile d'araignée), une ou plusieurs unités ukrainiennes frappaient plusieurs bombardiers sur la même base, prouvant leur fait avec des films ont l'authenticité ne semble pas avoir pu être remis en doute.

     L'ensemble des actions aériennes ukrainiennes, en particulier au moyen de drone, à l'encontre d'installations militaires russes dans la péninsule de Kola ne semble pas avoir suscité un quelconque intérêt. Il ne s'agit rien de moins que de la tanière de la Flotte du Nord de la Военно-морской флот (ВМФ ou Voïenno-Morskoï Flot (VMF), entretenant à l'état opérationnel plusieurs composantes nucléaires « stratégiques » et « non-stratégiques » (environ 704 têtes nucléaires à la disposition de la Marine russe, selon la Federation of American Scientists).

     Notre attention se porte logiquement quant au sort des sous-marins. De manière classique, il s'agirait de relever la présence des huit SNLE de la 31ième division sous-marine, c'est-à-dire :

  • cinq unités du type Izd. 667BDRM Delfin (indicatif radio : Delta IV), à savoir les

    • K-18 Karelia,

    • K-51 Verkhoturye,

    • K-114 Tula,

    • K-117 Bryansk

    • K-407 Novomoskovsk ;

  • trois autres unités, issues du type Izd. 955 Borei et Borei-A (indicatif radio : Dolgorukiy), à savoir les :

    • K-535 Yury Dolgorukiy (Izd. 955),

    • K-549 Knyaz Vladimir (Izd. 955A Borei-A),

    • K-555 Knyaz Pozharskiy (Izd. 955A Borei-A).

Mais nous nous devons de nous soucier également de la présence des sous-marins du 29ième escadron spécial de sous-marins, opérant sous le commandement du Главное управление глубоководных исследований (Glavnoye upravlenie glubokovodnikh issledovanii (GUGI)). La « Direction principale de la recherche en eaux profondes. Citons les plus intéressants :

  • BS-64 Podmoskovye (originellement du type Izd. 667BDRM Delfin, refondu selon l'Izd. 09787) ;

  • BS-136 Orenburg (originellement du type Izd. 667BDR Kalmar, refondu selon l'Izd. 09786), dans l'attente de son remplacement (par l'Izd. 09853 ?).

Mais le plus intéressant demeure le  K-329 Belgorod (originellement du type Izd. 949A, achevé selon l'Izd. 09852), conçu « nativement » pour recevoir et lancer l'un des nouveaux nucléaires, à savoir la « torpille de grande croisière » 2M39 Poseïdon (indicatif radio OTAN : Kanyon) qui recevrait une « charge spéciale » d'une puissance de l'ordre de plusieurs Mégatonnes (Mt).

     Dans cette perspective, un reportage de Russia-24, diffusé courant mars 2024 (mais avant le 19 du même mois) permet d'apercevoir accosté à un ponton le SNLE K-114 Tula de la 31ième division sous-marine. La « baignoire » est surplombée par une structure métallique (cf. photographie ornant ce papier), pouvant figurer une « cope cage » (ou cage anti-drones).

L'intérêt de l'installation résiderait peut-être moins dans l'intérêt de protéger le massif du bateau que d'interdire à un drone aérien de parvenir à franchir le panneau et à s'engouffrer à l'intérieur de la coque résistante. La légèreté apparente de la structure invite même à considérer qu'elle ait été spécifiquement conçue, non seulement dans ce but, mais également pour être montable et donc démontable depuis la passerelle extérieure de veille et pouvant donc être entreposé à l'intérieur de la coque.

S'il fallait se perdre en conjectures, les journalistes de Russia-24 reçurent peut-être expressément l'opportunité de pouvoir accomplir ce reportage afin que soit filmé l'installation et il s'agirait donc d'un message, montrant la prise de dispositions particulières à bord de toute ou partie de la flotte sous-marine russe, afin de renforcer la sûreté de la bonne tenue des bateaux à quai et lors des navigations de surface.

     À cette aune, le mois du reportage est extrêmement intéressant car diffusé avant les attaques répertoriées par drones aériens intervenues dans la péninsule de Kola. Il y aurait eu anticipation et adaptation russe aux prétentions ukrainiennes à frapper toujours plus profondément le territoire russe. L'attaque du 19 août 2023 aurait marqué la capacité ukrainienne à atteindre la base aérienne de Soltsy-2, au Sud de la péninsule de Kola alors que l'aérodrome de l'aviation à longue portée d'Olenya était encore jugé comme base aérienne « sûre ». Le jugement s'est renversé, s'il fallait interpréter le reportage de mars 2024 comme cela a été proposé.

     C'est rétrospectivement qu'il s'agirait de proposer une interprétation de la prise de mesures « actives » quant à la sûreté de la navigation en surface des SNLE de l'US Navy. Par exemple, le SSBN-739 USS Nebraska (type Ohio) a bénéficié d'une action de la communication institutionnelle permettant de souligner qu'une partie du chenalage (06 mai 2024), allant jusqu'à la plongée, a bénéficié d'une escorte aérienne prodiguée par quatre Fairchild A-10C Thunderbolt II, deux appartenant au Nellis Air Force Base’s 422d Test and Evaluation Squadron et deux autres au Whiteman Air Force Base’s 442nd Fighter Wing. Bis Repetita le 15 juillet 2024, avec le SSBN-742 USS Wyoming (type Ohio), escorté par six A-10C, procédant même à un exercice de tir au canon GAU-8 de 30 mm et de roquettes de 70 mm.

Cela avait été difficilement interprété, faute d'un discours circonstancié et un peu plus explicite. Certains voulurent y voir la continuité avec l'apparition de l'A-10C dans des exercices navales, employés contre des menaces asymétriques et plus particulièrement des buts de surface, comme par exemple des drones de surface (USV). Il s'agirait alors d'un retour d'expérience, en pleine exploitation, de ce qui a pu être observé depuis le Yemen (2015) jusqu'à l'Ukraine.

Mais il aurait finalement été plus logique de s'intéresser à la prise de mesures « actives » sous la forme d'une escorte aérienne composée d'A-10C car étant l'une des plateformes conçues spécifiquement pour le close-air support et sur laquelle a été intégré l'AGR-20 Advanced Precision Kill Weapon System (APKWS). Une roquette du type Hydra 70 (pour 70 mm) pourvue d'un système de guidage par laser. Munition employée au combat, par exemple, par des Lockheed Martin F-16C contre des munitions tirées par les Houthis, au-dessus de la Mer Rouge dans le courant de l'année 2024.

     Il serait bien aventureux d'émettre des hypothèses, néanmoins, force est de constater que les calendriers américain et russe quant à la prise de mesures nouvelles afin de parer à la menace de l'emploi de drones aériens contre des SNLE à quai ou en navigation de surface sont d'une étonnante similarité.

     En reprenant le vocable français, la sûreté des atterrages de la dissuasion impose une posture opérationnelle devant traiter l'ensemble des menaces identifiées, allant de la lutte contre les mines jusqu'à  « blanchir » les zones de navigation des SNLE. Il existe un dispositif opérationnel pour la navigation en surface des SNLE, par exemple aux États-Unis, au Royaume-Uni ou encore en France.

Les évolutions observées; en Russie et aux États-Unis, en 2024; invitent à penser que l' « escorte » pourrait être appelée à se renforcer, jusqu'à obtenir des capacités opérationnelles nouvelles en matière de lutte anti-aérienne. Et celles-ci pourraient débuter dès la situation à quai. Mais les mesures dites actives ne dispensent pas de la prise de mesures passives qui ne se limiteront peut être pas à ce qui a été observé en Russie.

 

C'est peut-être tout le volume aérien des bases navales qu'il s'agirait de repenser.

 

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