La Marine nationale manque
aujourd'hui, et chaque année un peu plus, de patrouilleurs. Et la
pénurie touche aussi bien les moyens côtiers que hauturiers. Depuis 1945, si ce n'est depuis 1922, la Royale, a toujours fait
un choix clair : le développement et la modernisation des FHM (Forces
de Haute Mer) avant tout. Les
programmes de renouvellement des moyens affectés à l'AEM (Action de l'État en Mer) ont
toujours été le parent pauvre du budget de la Marine (lui-même étant,
historiquement, le parent pauvre du budget de la Défense nationale).
Étude des avant-projets demandés par l'organe ayant à charge la flotte à construire (Conseil Supérieur de la Marine, Conseil des Travaux, SCEM/PLANPROG, OCA Marine, ASF, etc) et présentés à l'autorité politique. L'enjeu consiste à déterminer comment la Marine engage ces projets dans le processus institutionnel (contrat opérationnel, plan naval ? Loi(s) de financement, etc) pour faire correspondre la flotte à construire avec la flotte répondant au problème militaire français. ISSN : 2271-1163
Les @mers du CESM
Les @mers du CESM - 19 avril 1944 : Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945. | |
24 mars 2013
20 mars 2013
Le croiseur lance-missiles sous-marin : une arme dissuasive limitée
© Wikipédia. SNLE Ohio transformé en croiseur lance-missiles sous-marin.
Il
est indéniable que les temps budgétaires actuels sont durs (pour
changer). Du côté des Etats-Unis, c'est le grand moment de redéfinir les
priorités. Les "chapelles" de la marine américaine (surfaciers,
sous-mariniers et aviateurs) ne peuvent que s'entretuer pour sauvegarder
des positions ou en conquérir des nouvelles (soit une guerre
(administrative) dans la Guerre).
A
moins de ne jamais s'intéresser aux affaires militaires, il était
difficile d'échapper à de nombreuses tentatives de "tuer" le
porte-avions ces dernières semaines. Il y a en a aux Etats-Unis,
notamment sous la plume du Captain Hendrix.
Mais il y en a aussi en France : après les opérations libyennes et
somaliennes, l'on voudrait nous démontrer, sans en faire la
démonstration, que les Rafale de l'Armée de l'Air sont d'un usage plus
économique qu'une mission du GAn. Et de là à proposer la vente du
porte-avions Charles de Gaulle, un PA a déjà été franchi.
Le problème qui se pose inévitablement alors est de savoir quoi faire après avoir tuer le porte-avions :
- soit le système était tellement obsolète dans le nouveau contexte stratégique et il n'y a pas besoin de le remplacer,
- soit il y a nécessité de remplacer ce complexe guerrier par une alternative qui sera
- soit plus efficiente,
- soit plus économique
- et pourquoi pas les deux ?
Imaginons que ce soit la seule question à se poser puisque dans le cas américain, il y a, par exemple, cette étude du CIRPES ("L'industrie navale américaine : une puissance en trompe l'oeil ?",
Roland de Penanros, 18 novembre 2005) qui pose une question dérangeante
: et si le coût du porte-avions américain n'était que le reflet d'une
industrie navale étasunienne inefficace au possible ? Cette question
avait déjà été posée par les canadiens quand il s'agissait d'expliquer
une raison, par mi d'autres, pour laquelle l'US Navy était farouchement
opposée à la vente de SNA de classe Rubis à Ottawa.
Oui, il n'aurait pas fallu découvrir que le coût des SNA américains
s'expliquerait, pour partie, par des chantiers peu productifs (même si
tout est relatif quand il s'agit de comparer un 688 et un Améthyste).
Donc, et pour en revenir à la "simple" question, le Captain Hendrix propose donc trois solutions pour remplacer le porte-avions américain :
Donc, et pour en revenir à la "simple" question, le Captain Hendrix propose donc trois solutions pour remplacer le porte-avions américain :
- le porte-hélicoptères d'assaut amphibie (LHD et LHA),
- le Sea basing (création plus ou moins structurée d'une "île artificielle",
- et le croiseur sous-marin lance-missiles.
C'est bien cette troisième option qui nous intéresse.
Première remarque, il y a une expérimentation américaine, d'un coût qui serait de 1,4 milliards de dollars, qui a consisté en la conversion de quatre SNLE de classe Ohio
en croiseur lance-missiles sous-marin. Ce sont les quatre premiers de
cette classe qui furent ainsi convertis. Au lieu d'embarquer 24 missiles
balistiques, ils mettent en oeuvre actuellement 154 Tomahawk et près de 70 commandos. Ces vaisseaux pourraient naviguer jusqu'à 2026 à 2029 selon l'usure des coeurs nucléaires.
Deuxième
remarque, il s'agit d'échanger un système d'armes par un autre.
Cependant, il n'est pas envisagé de répéter strictement
l'expérimentation. C'est-à-dire que la future classe de SNLE étasuniens,
les SSBN(X), n'offrira pas une sous-classe conventionnelle.
Cependant, et c'est la troisième remarque, on accuse le porte-avions et son coût prohibitif, mais a-t-on conscience que l'on parle, à propos des futurs SNLE américains, de vaisseaux dont le coût unitaire projeté a été ramené de 7 à 4,9 milliards de dollars ? Ce serait faire injure aux lecteurs que de convertir ces sommes en Euro pour montrer que nous sommes au-dessus du coût du Charles de Gaulle. Et peut être même que nous ne sommes pas très loin du coût d'un porte-avions américain, justement, hors frais d'études, celles-ci étant répercutées sur la tête de série.
Cependant, et c'est la troisième remarque, on accuse le porte-avions et son coût prohibitif, mais a-t-on conscience que l'on parle, à propos des futurs SNLE américains, de vaisseaux dont le coût unitaire projeté a été ramené de 7 à 4,9 milliards de dollars ? Ce serait faire injure aux lecteurs que de convertir ces sommes en Euro pour montrer que nous sommes au-dessus du coût du Charles de Gaulle. Et peut être même que nous ne sommes pas très loin du coût d'un porte-avions américain, justement, hors frais d'études, celles-ci étant répercutées sur la tête de série.
Quatrième remarque, et pour faire aboutir la seconde, l'US Navy envisage actuellement de créer une sous-classe dans la classe de SNA Virginia afin de matérialiser l'expérimentation des SSGN Ohio réformés. La cible des 30 Virginia
permettrait de trouver un certain nombre de SNA qui se verrait
augmenter d'une section de coque de 27 mètres pour recevoir 28 missiles
de croisière, en sus des 12 qui sont installés dans la partie avant, ce
qui est toujours en plus des munitions stockées dans la soute à armes
tactiques (qui peuvent être des missiles de croisière).
Au passage, on ne peut que remarquer que Russes et Américains cherchent à augmenter le nombre d'armes portées par leurs sous-marins nucléaires d'attaque. Si l'URSS concevait des sous-marins tueurs de porte-avions, les Etats-Unis ont fini par leur donner raison en reprenant le concept pour le rediriger vers la terre. Quoi de plus logique, alors que la puissance navale recherche à s'exprimer vers la bande littorale et non plus en haute mer ?
Au passage, on ne peut que remarquer que Russes et Américains cherchent à augmenter le nombre d'armes portées par leurs sous-marins nucléaires d'attaque. Si l'URSS concevait des sous-marins tueurs de porte-avions, les Etats-Unis ont fini par leur donner raison en reprenant le concept pour le rediriger vers la terre. Quoi de plus logique, alors que la puissance navale recherche à s'exprimer vers la bande littorale et non plus en haute mer ?
Autre parenthèse, l'US Navy ne pourra continuer à chercher la classe unique de SNA : les Seawolf
étaient trop coûteux (3 milliards de dollars, vraiment trop coûteux ?)
pour devenir le sous-marin standard de la marine de Washington. Les Virginia devaient avoir ce rôle. Et face à un coût encore trop important de ces derniers, il y a eu le projet Tango Bravo : par simplification de l'architecture, il était question d'arriver à des SNA de la taille des Skipjack -et bien moins coûteux que les Virginia. Mais il y a un fossé qui se creuse entre les Virginia, les Virginia qui seront peut être "croiseurisés" et ces potentiels "Skipjack-NG".
Cinquième remarque, quelque part, les Ohio
réformés, croiseurisés, sont les dignes descendants de la pensée de
René Loire. C'est peut être la seule matérialisation de son Frappeur qui
devait assurer une dissuasion conventionnelle par sa seule force de
frappe et sa relative discrétion. Mais les navires américains sont
plutôt durcis, très silencieux et furtifs.La seule chose qui diffère
véritablement est celle du coût : le Frappeur devait être une batterie à
missiles au coût maîtrisé et réduit au strict nécessaire quand les
quatre Ohio et les éventuels futurs Virginia coûtent des milliards... hors munitions.
Sixième
et dernière remarque : nous arrivons au coeur du sujet. En effet, la
question qui reviendra fatalement, en dehors de toute problématique de
coût, est celle de la pertinence opérationnelle. Mettons de côté la
question des opérations spéciales, pendant un temps.
L'intérêt d'un tel navire, ou de son équivalent en surface (destroyers Arleigh Burke et autres croiseurs Ticonderoga) est de pouvoir mener, à lui seul !, une frappe stratégique "shock and awe" pour paralyser l'appareil militaire adverse par décapitation. Si un seul croiseur sous-marin peut lancer une salve foudroyante de 154 Tomahawk, la saturation atteindra presque n'importe quel adversaire.
Cependant, il y a l'après qu'il faut considérer. L'exemple libyen montre des forces gouvernementales qui se sont reconfigurées pour continuer à combattre, bien que les forces coalisées aient détruit leurs infrastructures militaires et civiles. Il s'agissait alors de saisir un adversaire devenu mobile et agile, capable de se servir de la moindre aspérité du terrain pour se cacher. Il se pose alors un premier problème : comment reconfigure-t-on le bateau pour poursuivre le combat ? C'est une difficulté très difficilement surmontable avec un sous-marin, il est très difficile, peut être même impossible, de recharger les tubes en pleine mer. Peut être est-il possible ponctuellement de réembarquer quelques torpilles. Mais serait-il possible de réembarquer, en pleine mer, plusieurs dizaines de missiles de croisière ? A priori, il faudrait quitter le théâtre pour aller dans une base avancée où il y aurait suffisamment de stock pour la reconfiguration.
L'intérêt d'un tel navire, ou de son équivalent en surface (destroyers Arleigh Burke et autres croiseurs Ticonderoga) est de pouvoir mener, à lui seul !, une frappe stratégique "shock and awe" pour paralyser l'appareil militaire adverse par décapitation. Si un seul croiseur sous-marin peut lancer une salve foudroyante de 154 Tomahawk, la saturation atteindra presque n'importe quel adversaire.
Cependant, il y a l'après qu'il faut considérer. L'exemple libyen montre des forces gouvernementales qui se sont reconfigurées pour continuer à combattre, bien que les forces coalisées aient détruit leurs infrastructures militaires et civiles. Il s'agissait alors de saisir un adversaire devenu mobile et agile, capable de se servir de la moindre aspérité du terrain pour se cacher. Il se pose alors un premier problème : comment reconfigure-t-on le bateau pour poursuivre le combat ? C'est une difficulté très difficilement surmontable avec un sous-marin, il est très difficile, peut être même impossible, de recharger les tubes en pleine mer. Peut être est-il possible ponctuellement de réembarquer quelques torpilles. Mais serait-il possible de réembarquer, en pleine mer, plusieurs dizaines de missiles de croisière ? A priori, il faudrait quitter le théâtre pour aller dans une base avancée où il y aurait suffisamment de stock pour la reconfiguration.
Autre
problème, c'est l'exploitation de la foudroyance : quand l'appareil
militaire libyen a été décapité, il s'agissait d'exploiter cette percée.
Mais comment un sous-marin peut-il faire ? Revenons-en aux forces
spéciales : elles peuvent très bien repérer les cibles, voire les
illuminer dans certaines situations. Mais à ce moment là, une faiblesse
apparaît : comment le sous-marin peut-il soutenir des commandos et leur
servir de batterie lance-missiles ? C'est une position de vulnérabilité
où l'une des deux composantes sera identifiée et localisée.
C'est
presque un corollaire : comment est-ce qu'un croiseur lance-missiles
sous-marins, soutenant ou non des forces spéciales, pourrait cibler des
cibles mobiles ? L'expérience libyenne a montré qu'il fallait pouvoir
les débusquer, jusqu'au coeur des populations. Même les voilures fixes
français avaient du laisser la place à des voilures tournantes, seules
capables de descendre suffisamment bas sur le plan tactique pour aller
débusquer l'adversaire.
Pire,
le croiseur sous-marin lance-missiles rejoint le défaut du Frappeur :
il s'agit d'un usage très spécialisé, quand il s'agit de décapiter
l'adversaire. Mais quoi faire avant, quoi faire après ? Outre les
difficultés de mise en oeuvre opérationnelle, on ne peut que remarquer
que l'utilisation politique de la Flotte et la diplomatie navale sont
absente d'un tel navire. Il n'a aucun affichage ou si peu (comme quand
l'Ohio réformé, justement, a franchi le détroit de Gibraltar en
surface). Il ne peut exploiter la puissance aérienne avec toute sa
souplesse : quid de l'intérêt d'envoyer un missile de croisière à "x"
millions de dollars contre un engin civil (comme un 4x4) ? Comment faire
pour faire une démonstration de force avec des missiles ?
En somme, le croiseur sous-marin lance-missiles est un vecteur de destruction, à un coup, qui offre de nombreux avantages. Mais finalement, il participe plus de la partie conventionnelle de la dissuasion. Celle-ci peut être mise en oeuvre, et cela confirme nettement son intérêt pour marquer, presque partout et à chaque élevation du niveau de crise, un coup d'arrêt que peu de pays peuvent encaisser ou contrer. Les plans de l'US Navy en témoignent puisqu'il s'agirait de ne pas se concentrer sur un nombre réduit de plateformes, mais bien de diffuser l'emport en nombre de missiles de croisière sur un grand nombre de navires.
Finalement, nous nous rapprocherions de la position français qui diffuse le MdCN -ou Scalp-EG- sur toutes les FREMM et sur les futurs SNA de classe Suffren. Alors, certes, en France, ces munitions procéderont plus d'un emploi stratégique, sur ordre du pouvoir politique. Mais est-ce si différent du cas américain ?
En somme, le croiseur sous-marin lance-missiles est un vecteur de destruction, à un coup, qui offre de nombreux avantages. Mais finalement, il participe plus de la partie conventionnelle de la dissuasion. Celle-ci peut être mise en oeuvre, et cela confirme nettement son intérêt pour marquer, presque partout et à chaque élevation du niveau de crise, un coup d'arrêt que peu de pays peuvent encaisser ou contrer. Les plans de l'US Navy en témoignent puisqu'il s'agirait de ne pas se concentrer sur un nombre réduit de plateformes, mais bien de diffuser l'emport en nombre de missiles de croisière sur un grand nombre de navires.
Finalement, nous nous rapprocherions de la position français qui diffuse le MdCN -ou Scalp-EG- sur toutes les FREMM et sur les futurs SNA de classe Suffren. Alors, certes, en France, ces munitions procéderont plus d'un emploi stratégique, sur ordre du pouvoir politique. Mais est-ce si différent du cas américain ?
Après
cela, il ne semble pas évident que le porte-avions puisse être remplacé
par le seul croiseur lance-missiles sous-marin. Peut être qu'il
faudrait considérer l'alliance de deux options de remplacement -soit le
croiseur sous-marin et le porte-hélicoptères d'assaut amphibie. Le
premier décapiterait quand le second exploiterait.
16 mars 2013
Territorialiser la motorisation des futurs navires de l'AEM ?
Le Remorqueur de Haute Mer (RHM) Malabar aux Antilles (2e trimestre 2003 - photographie CC Benoît POTIN). Bateau qui doit être remplacé par une unité du programme BASH. |
La
Marine doit changer intégralement tout ses patrouilleurs depuis
quelques années (programmes BATSIMAR, B2M, BIS et BSAH). Ceux-ci sont
d'ores et déjà en cours de désarmement, et on compte avec peine ceux qui
sont encore en service.
12 février 2013
Action sous-marine dans la bande littorale et TRM
De
l’avis de tous, ou presque, l’avenir de l’action navale est
majoritairement à une plus grande place des sous-marins dans les
flottes. Les vaisseaux noirs possèdent quelques caractéristiques,
différentes de celles de la surface. Parmi celles-ci, on peut noter une
capacité à recueillir plusieurs types de renseignement au plus près de
la source (tant que celle-là est proche de la fameuse bande littorale
des 200km où se concentre 80% de la population mondiale). Mais aussi de
pouvoir le faire, et d’agir sans élever le niveau de la crise. Le
sous-marin est ainsi invisible aux senseurs de la sphère
électromagnétique, tant qu’il ne franchit pas le dioptre.
C’est cette invisibilité qui lui confère des capacités de froudroyance très recherchées, à travers les forces spéciales et les missiles de croisière.
Le problème du sous-marin, c’est son relatif isolement vis-à-vis de ce qui se trouve au-dessus dioptre. Les ondes électromagnétiques ne franchissent pas la surface, ce qui protège les vaisseaux noirs mais les isole également. Cependant, il y a de nouvelles technologies qui laissent espérer que le sous-marin pourra de plus en plus receuillir du renseignement lorsqu’il sera à immersion périscopique.
Il y a, donc, au moins deux grands moyens qui permettent au sous-marin de s’affranchir de cet isolement :
C’est cette invisibilité qui lui confère des capacités de froudroyance très recherchées, à travers les forces spéciales et les missiles de croisière.
Le problème du sous-marin, c’est son relatif isolement vis-à-vis de ce qui se trouve au-dessus dioptre. Les ondes électromagnétiques ne franchissent pas la surface, ce qui protège les vaisseaux noirs mais les isole également. Cependant, il y a de nouvelles technologies qui laissent espérer que le sous-marin pourra de plus en plus receuillir du renseignement lorsqu’il sera à immersion périscopique.
Il y a, donc, au moins deux grands moyens qui permettent au sous-marin de s’affranchir de cet isolement :
Le premier d’entre eux est le radar. Dès la seconde guerre mondiale les premiers radars furent installés sur bien des sous-marins, dont ceux de l’US Navy et ils rendirent bien des sevices pour détruire la flotte de commerce japonaise. Plus largement, il évite au sous-marin de naviguer que par la seule vue de son périscope ou des veilleurs. Mais aussi de voir au-delà de l’horizon. Le radar de veille aérienne se fait rare parmi les submersibles, tandis qu’il est plus courant chez les submersibles qui restent longtemps en surface. C’est ce que proposait DCNS à travers son submersible SMX-25 qui est pourvu d’un radar de veille aérienne. Mais le projet des anciens arsenaux ne dit pas si c’est un radar digne des grandes frégates de défense aérienne ou si l’ambition est moindre.
L’autre
grand moyen est un développement des moyens de communication. Il y a
forcément de tout à bord d’un sous-marin. Les U-Boat émettaient et
recevaient leur traffic par ondes de la gamme HF. Guy de Malbosc et Jean
Moulin (" Guerre des codes et guerre navale") nous expliquent comment c’était un enjeu de percer le chiffrement des communications allemandes.
Depuis lors, la plus grande évolution est venue des communications spatiales. La Marine rechercha très tôt (dès les années 60) la possibilité de communiquer avec ses navires de par le monde. L’Espace est donc venu offrir de formidables possibilités en la matière. Les communications spatiales sont mêmes supposées être très sûres puisque bénéficiant de gammes de longeur d’ondes très directives, donc relativement dures à intercepter (là où les ondes HF sont très évasives).
Le radar RBE-2 du Rafale arrive enfin pleinement à mâturité grâce à l’entrée en service de sa version la plus évoluée à antenne active (radar dit AESA). L’on peut apprendre dans le DSI du mois de janvier 2013 que ce radar se compose de x modules : les TRM. Ceux-ci constituent l’antenne proprement dite du radar. Mais par rapport aux antennes à balayage mécanique et/ou électronique des précédentes générations, il serait possible, désormais, avec les TRM de subdiviser l’action de l’antenne en répartissant x TRM par x tâche. Ainsi, une partie de ces modules pourrait effectuer des recherches en mode air-air quand l’autre partie s’occuperait simplement de carthographier le sol.
Plus loin encore dans l’exploitation du potentiel des TRM, il serait envisageable de les utiliser comme moyen de communication. Ces modules pourraient, grâce à un faisceau d’énergie dirigée (lire "Les armes à énergie dirigée : mythe ou réalité ?" de Bernard Fontaine), envoyer des données à des débits comparables aux dernières prouesses des communications spatiales. La chose ne sera pas inintéressante pour remplacer les actuelles liaisons 11 et 16 et permettre à un groupe d’attaque de travailler en réseau (capacité déjà actuelle, mais avec des échanges de données sans commune mesure avec ce qui se fait actuellement).
Le sous-marin, là-dedans, peut rêver à -peut être...- bénéficier des avancées offertes par ces TRM. On peut imaginer qu’il puisse rentrer dans l’appendice d’un mât périscopique. Si l’on observe certains mâts des Virginia et des Astute, il est possible d'apercevoir des mâts optimisés pour réduire autant :
- le sillage engendré par leur hissage
- que leur SER (Surface Equivalente Radar).
Les
SNA de la classe Suffren (programme Barracuda) peuvent légitimement
nous laisser croire qu’ils bénéficieront de ce type de mât car leur
conception générale semble tourner pour aussi, mais pas seulement,
opérer dans la bande littorale.
Dans cette optique, l’on peut imaginer deux choses :
Dans cette optique, l’on peut imaginer deux choses :
- un mât de veille aérienne qui aurait des portées intéressantes grâce à l’emploi d’un certain nombre de TRM. Il semblerait que le volume du cône du Rafale soit plus ou moins similaire à celui de l’appendice d’un mât de Astute.
- Un mât de communication à base de TRM, mais pas seulement.
Il
faut dire que la seconde option laisse entrevoir des possibilités très
intéressantes en matière de cyberstratégie. L’ouvrage d’Olivier Kempf («
Introduction à la Cyberstratégie
») nous dit que le degré de coertition de l’action cybernétique est
inversement proportionnel à sa discrétion. Cependant, dans le cadre d’un
conflit déclaré, un certain nombre de nations (Israël, Etats-Unis
notamment) semblent avoir laissé filtrer quelques bruits sur les
capacités de leurs aéronefs en matière d’actions cybernétiques. Ils
auraient recours à leurs capacités de guerre électronique pour
développer des capacités cybernétiques afin de mieux mener leurs
missions de suppression des défenses aériennes ennemies. Au vu de ce que
faisait les SNA français pendant la guerre en Libye, où ils
recueillaient du renseignement au large des côtes, tout porte à croire
que des mâts remplis de TRM offriraient quelques possibilités
intéressantes.
11 février 2013
2013 : essais et expérimentations d'une "French MEU (SOC)" ?
Plusieurs
choses sont proposées à l'heure actuelles pour structurer les forces
armées françaises après la rédaction du nouveau livre blanc. D'un côté,
notamment, il y a les tenants de la pause stratégique. De l'autre côté,
d'autres sont plus convaincus par la nécessité de continuer à participer
aux affaires du monde, et arguent du fait que si la crise malienne
éclate ou que le Nord-Kivu appelle à l'aide, c'est que l'on laisse de
l'espace à des forces politco-militaires qui déplaisent aux valeurs de
la France de A à Z. C'est pourquoi il vaudrait mieux continuer à
soutenir une défense en avant et surtout au devant des crises
naissantes.
L'avantage de la première option, c'est que cela pourrait être un bel exercice logistique. Mais rien ne dit qu'une pause stratégique en France irait de paire avec un large débat, débridé, où des choses capitales seraient remises en cause. A quoi bon s'arrêter pour discuter si l'on n'ose pas ? La pause aura été une pure perte. Et si on peut parler, alors pourquoi s'arrêter ? Certes, quand les processus s'arrêtent, il y a plus de marges de manœuvre, mais il est aussi possible de s'adapter sans tenter de se retirer du monde.
La seconde option est plus exigeante puisqu'il s'agit de s'adapter, en essayant des idées plus ou moins neuves, plus ou moins originales, sans arrêter la machine. Si nôtre budget militaire ne s'est pas effondré, il faut le considérer comme très contraint. Michel Goya souligne, par ailleurs -dans "Res militaris - De l'emploi des forces armées au XXIe siècle"-, la nécessité de se ménager des marges d'innovations et d'expérimentations pour entretenir la modernité d'une machine guerrière.
Donc, il serait toujours possible d'essayer des choses. Là, jonction va être faite entre deux choses :
L'avantage de la première option, c'est que cela pourrait être un bel exercice logistique. Mais rien ne dit qu'une pause stratégique en France irait de paire avec un large débat, débridé, où des choses capitales seraient remises en cause. A quoi bon s'arrêter pour discuter si l'on n'ose pas ? La pause aura été une pure perte. Et si on peut parler, alors pourquoi s'arrêter ? Certes, quand les processus s'arrêtent, il y a plus de marges de manœuvre, mais il est aussi possible de s'adapter sans tenter de se retirer du monde.
La seconde option est plus exigeante puisqu'il s'agit de s'adapter, en essayant des idées plus ou moins neuves, plus ou moins originales, sans arrêter la machine. Si nôtre budget militaire ne s'est pas effondré, il faut le considérer comme très contraint. Michel Goya souligne, par ailleurs -dans "Res militaris - De l'emploi des forces armées au XXIe siècle"-, la nécessité de se ménager des marges d'innovations et d'expérimentations pour entretenir la modernité d'une machine guerrière.
Donc, il serait toujours possible d'essayer des choses. Là, jonction va être faite entre deux choses :
- la première est le tryptique qui est proposé. Il s'appuie sur une déconcentration des forces dans tout l'Archipel et de par le monde grâce aux bases installées à l'étranger. La concentration de nos forces de manœuvre se réaliserait grâce aux troupes embarquées en mer ou projetées par voie aérienne grâce à nos différentes bases.
- La seconde est une évolution assez profonde de nos forces amphibies qui les verrait gagner en autonomie et de les structurer à la manière de groupes amphibies permanent.
En vérité, ce ne serait que porter à son paroxysme une manière de structurer les forces qui est déjà en œuvre :
- depuis plusieurs années déjà, la mission Jeanne d'Arc (qui remplace le croiseur porte-hélicotères du même nom) embarque une sorte de SGTIA aéromobile. Ce n'est pas permanent, mais cela devient "régulier", même si la période considérée est assez courte. La force de frappe diplomatique de cet embarquement est important puisque nos forces amphibies ont pu s'entraîner avec diverses armées dans les océans Indien et Atlantique.
- Ensuite, il y a eu la mission Corymbe qui était dotée du BPC Tonnerre alors que la crise ivoirienne était proche de sa résolution militaire en 2011. Les forces aéromobiles embarquaient dans le navire ont été d'une aide précieuse dans la capitale ivoirienne pour soutenir le renversement du président sortant.
Les
conditions financières permettraient de s'essayer à une expérimentation
de la seconde idée précitée afin de l'insérer dans le schéma présenté
dans le premier point.
Les Marine Expeditionnary Unit (Special Operation force Capable) de l'US Marines Corps
américain est un grand modèle. Ces groupes amphibies américains
comprennent des outils pour déplacer 1800 Marines (par groupe) à travers
le monde. Mais aussi, ils peuvent faire durer leurs groupes aéromobiles
(hommes comme matériels) à la mer pour les projeter à tout moment,
comme un groupe aéronaval peut le faire.
Cette
expérimentation française pourrait tirer parti des moyens actuels. Le
premier de ceux-ci est un cadre opérationnel existant : la mission
Jeanne d'Arc. Il s'agirait de la renforcer, le temps d'une mission, pour
expérimenter une structuration de nos forces amphibies pouvant
déboucher sur deux groupes amphibies permanent à l'avenir. Hors, la
mission Jeanne d'Arc ne comprend que de faibles moyens pour faire durer à
la mer une force aéroterrestre pendant le temps d'une campagne. Et
c'est bien normal puisque ce n'est pas le but de la mission.
Pour palier ce déficit, il est proposé :
Pour palier ce déficit, il est proposé :
- de constituer ce groupe à travers trois navires : un BPC, le TCD Siroco et une frégate d'accompagnement.
- Le BPC apporte des moyens de commandement hors du commun avec les autres marines de l'OTAN (hors US Navy), un hôpital embarqué et les installations nécessaires pour embarquer un groupe aéromobile. Le BPC embarquerait des ateliers, autant pour les blindés et les voilures tournantes que pour les navires de la mission Jeanne d'Arc
- Le TCD emporterait des hommes, leurs blindés (quitte à en décharger le BPC d'une partie) et des soutes pleines de carburant pour servir comme pétrolier-ravitailleur auxiliaire.
- La frégate d'escorte fourirait la bulle de défense contre toutes menaces à la force et pourrait appuyer un débarquement de vives forces.
La force aéroterrestre embarquée devra, à l'instar des Marines,
se comporter comme l'aile amphibie des Armées françaises. S'il n'est
pas nécessaire d'embarquer le nombre d'hommes maximun permit par les
installations (920 (450 (BPC) + 470 (TCD), il pourrait s'agir de
proposer un format original. Depuis quelques temps déjà, les BPC servent
de bases terrestres mobiles : par exemple, cela a encore été vu en
Somalie où le Mistral servait de base de départ du raid du commando du
Service Action (DGSE) quand le Dixmude transportait un SGTIA en
direction du Mali.
Il serait alors plus intéressant d'installer à bord de cette mission Jeanne d'Arc alourdit l'ossature d'une alerte Guépard : "Le Guépard est l'alerte prise par une brigade pendant six mois, capable de mobiliser jusqu'à 5 000 hommes. Il est coupé en plusieurs modules, à commencer par le commandement à l'échelle d'un bataillon. Ensuite, le Guépard d'urgence est de deux types : l'extrême urgence, des parachutistes capables d'être projetés directement (aujourd'hui au Mali, nous n'avons pas une force TAP, troupes aéroportées) ; une composante motorisée, des VAB du 2e RIMA dans le cas du Mali, qui tenaient l'alerte 12 heures ; nous avons aussi des alertes à 48 heures, 72 heures... Il existe également le Guépard de décision, quand il s'agit de décider de l'avenir de la bataille, fournir un gros effet de niveau brigade face à une menace conséquente, par exemple un GTIA (groupement tactique interarmes) avec trois compagnies de VBCI, un escadron de chars Leclerc, plus un environnement d'artillerie, de génie et un d'éclairage et d'investigation..."
Il serait alors plus intéressant d'installer à bord de cette mission Jeanne d'Arc alourdit l'ossature d'une alerte Guépard : "Le Guépard est l'alerte prise par une brigade pendant six mois, capable de mobiliser jusqu'à 5 000 hommes. Il est coupé en plusieurs modules, à commencer par le commandement à l'échelle d'un bataillon. Ensuite, le Guépard d'urgence est de deux types : l'extrême urgence, des parachutistes capables d'être projetés directement (aujourd'hui au Mali, nous n'avons pas une force TAP, troupes aéroportées) ; une composante motorisée, des VAB du 2e RIMA dans le cas du Mali, qui tenaient l'alerte 12 heures ; nous avons aussi des alertes à 48 heures, 72 heures... Il existe également le Guépard de décision, quand il s'agit de décider de l'avenir de la bataille, fournir un gros effet de niveau brigade face à une menace conséquente, par exemple un GTIA (groupement tactique interarmes) avec trois compagnies de VBCI, un escadron de chars Leclerc, plus un environnement d'artillerie, de génie et un d'éclairage et d'investigation..."
Ainsi, les
BPC et TCD de l'expérimentation embarqueraient le cinquième théorique
d'une alerte Guépard. Pour ainsi dire, l'on pourrait même avancer que
cette mission Jeanne d'Arc prendrait l'alerte Guépard avec les forces
mises en alerte en France. L'articulation des moyens se ferait comme
suit :
- L'alerte Guépard serait partagée entre la réserve en métropole et la réserve en mer.
- Un Guépard d'urgence qui serait décomposé en deux structures :
- "L'extrême urgence, des parachutistes capables d'être projetés directement..."
- La force amphibie pourrait alors projeter rapidement un ou deux SGTIA motorisés, voire mécanisés (pourquoi ne pas inclure un demi-escadron de Leclerc et une ou plusieurs batteries d'artilleries à bord ?).
- Le
Guépard de décision se partagerait lui aussi entre la métropole et la
mer. Le partage se ferait d'autant mieux que la force amphibie du
Guépard d'urgence pourrait comprendre des éléments du Guépard de
décision.
Le Guépard d'urgence amphibie pourrait permettre de préparer un point de chute au Guépard de décision entier pour trouver une base de départ pour le rassemblement avant la projection finale vers le théâtre.
Ainsi,
le temps d'une mission Jeanne d'Arc, la France augmenterait sa
dissuasion conventionnelle en facilitant la projection du Guépard de
décision, ou, tout du moins, d'une partie de ses éléments (comme un
demi-escadron de chars Leclerc et des batteries d'artillerie
prépositionnées, elles aussi) qui renforcerait le Sea basing
français, tel qu'il est actuellement mené. Plus largement, cela
validerait, ou non, l'éventuelle plus value apportée par un groupe
amphibie à trois unités.
07 février 2013
Colloque "Les sous-marins d'attaque dans l'action navale"
© Inconnu.
Est le nom du colloque organisé par le Centre d'Etdues Supérieures de la Marine le mardi 18 décembre 2012.
Après les introductions prononcées par le CV Finaz (nouveau commandant du CESM) et par l'IGA1 Cousquer (DGA), le colloque commença véritablement après l'introduction du premier thème - « le besoin opérationnel du sous-marin dans l'action navale »- par l'animateur du jour, monsieur Lamarque, journaliste à France Inter.
Après les introductions prononcées par le CV Finaz (nouveau commandant du CESM) et par l'IGA1 Cousquer (DGA), le colloque commença véritablement après l'introduction du premier thème - « le besoin opérationnel du sous-marin dans l'action navale »- par l'animateur du jour, monsieur Lamarque, journaliste à France Inter.
« Les sous-marins dans la vision stratégique des espaces maritimes » était la première communication du colloque, prononcée par le VAE (2S) D’Arbonneau. Il ne faudrait pas se limiter au bon mot de l'amiral (« telle est la célèbre formule du maréchal de Mac Mahon : "que d'eau, que d'eau" -et encore maréchal, vous n'avez pas vu toute celle qui est en-dessous ! »). Mais bien comprendre que ce bateau permet d'avoir une mobilité stratégique à l'échelle mondiale, si tant est qu'il est pourvu d'une propulsion nucléaire, et qu'il peut agir sans élever le niveau de la crise. L'un de ses principaux avantages est de pouvoir s'approcher de l'épicentre de la crise pour collecter divers types de renseignement, à la source même, tant que celle là est dans la bande littorale. Et quand il lance ses armes, c'est une action presque forcément foudroyante puisque douée d'une surprise éclatante.
L'intervention suivante, « Évolutions des techniques et tactiques dans l’histoire du sous-marin »,
était prononcée par le CV (R) Eudeline. L'auteur s'est concentré sur
l'apparition du sous-marin sous les mers. Après quelques mots sur les
mentions de navires sous-marins par les auteurs de l'Antiquité, le
communicant choisissait de faire naître le sous-marin en France. Tant il
est vrai que Paris était en avance sur son temps en lançant des engins
révolutionnaires pour l'époque : le Plongeur (1863), le Gymnote (Q 1 -
1888 – 1908), le Gustave Zédé (Q 2 - 1893 – 1909), le Morse (Q 3 - 1899 –
1909) et le Narval (Q 4 - 1900 – 1909).
Attribuer
une telle paternité française à la création des submersibles et
sous-marins est bien téméraire et ne pourrait que faire réagir les
Américains (CSS Huntley) ou encore les Espagnols, au moins. Cependant, il est indéniable que la France est une nation pionnière.
« Un sous-marin d’attaque, à quoi cela sert ?
», telle était la question qui introduisait le propos du CV Mesnet
(CICDE). Ne pouvant déborder sur le programme Barracuda car il était le
sujet central du thème suivant, l'auteur s'est alors borné à présenter
ce qu'il était possible de faire à l'heure actuelle. Il a été question
des missions qui peuvent être menées par un sous-marin d'attaque, et en
particulier celles qui peuvent être menées par les sous-marins
nucléaires d'attaque que possèdent la France. Ainsi, il a été question
de missions comme le blocus naval défensif que le SNA Saphir, l'un des
sous-marins qui y ont participés, a pu mener au large du Monténégro
pendant la guerre du Kosovo (1999). Cas intéressant qui montre que si
l'action navale pure (sans actions vers la terre) ne peut forcer la
décision, tout du moins, elle peut fortement l'influencer, en empêchant
les monténégrins de rejoindre l'alliance serbe, en réduisant les
capacités de manœuvre de l'adversaire (c'est toute la philosophie d'un
penseur comme Sir Julian S. Corbett). Les actions menées en Libye (2011)
et au quotidien, mais ne bénéficiant d'aucune publicité, ont pu aussi
être rappelées (renseignement de toutes sortes, dépose de forces
spéciales).
Le point de vue d'une marine étrangère a été celui de l'Angleterre, proposait par l'attaché naval de l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris. Le Captain Nicholas Stanley a ainsi pu montrer que Royal Navyet
Marine nationale partageaient bon nombre de points communs quant à la
place du SNA (le sous-marin d'attaque est aussi nucléaire en Angleterre)
dans l'action navale et son utilisation par les deux pays. Plus
précisément, l'officier anglais mettait en avant qu'il évait été très
important pour Londres de mettre en oeuvre des missiles de croisière
depuis ses SNA pour participer à l'entrée en premier sur les théâtres,
avec l'US Navy. Raison pour laquelle des Tomahawk furent achetés.
Selon une procédure bien huilée, le second thème - « L'état de l'art, les programmes et la prospective »-
fut introduit de la mêne manière que le premier par l'animateur.
Sheldon Duplaix (Service Historique de la Défense) à travers « Les sous-marins dans le monde et leur prolifération
», ce grand spécialiste des sous-marins et des porte-avions, brossa un
tableau statistique très complet sur la diffusion de ce bateau de par le
monde. Il montrait en quoi la Guerre froide se faisait ressentir sur la
possession de sous-marins à travers les deux Grands. Et comment la fin
de cette période amorça une décrue spectaculaire dans le nombre de
sous-marins en service sur la planète. Par ses chiffres, il voulait
aussi attirer l'attention sur le fait que si les sous-marins de toutes
sortes voyaient leur nombre de réduire dans l'Atlantique Nord et dans le
Pacifique Nord, il ne cessait d'augmenter dans d'autres zones et de se
démocratiser, en tout particulier dans l'Asie du Sud-Est, mais pas
seulement (Océan Indien et Atlantique Sud également).
« État de l’art et prospective technique
», intervention de l'ICA Dugué (DGA) permettait à la salle de suivre où
en était les enjeux technologiques et ce qu'il serait possible de faire
demain et après-demaine. Une telle prospective n'était pas inutile
alors que les nouveaux SNA de la classe Suffren, sont conçus pour offrir
40 années de service.
Mais
le colloque atteignit son apogée quand, après toutes ces communications
qui revisitaient l'histoire du sous-marin de ses origines à
aujourd'hui, du pourquoi au comment faire en passant par le pourquoi, il
fut question du programme Barracuda. « Le programme français : Barracuda
» fut alors présenté par trois personnes (c'est dire l'enjeu) : CV
Ginisty (EMM, officier programme), ICA Le Yaouanc (directeur du
programme (DGA), et M.Dufour (directeur du programme (DCNS). Outre les
nouvelles capacités offertes par ces futurs vaisseaux noirs dans
l'action vers la terre (« dry dock shelter » accessible par sas
pour nageurs de combat et Missile de Croisière Naval (MdCN), il a été
question de la philosophie du nouveau SNA. Comme le disait le CV
Ginisty, les SNA Rubis ont été conçus pour quelques missions de la
Guerre froide, et finalement, ils n'ont servi essentiellement qu'après
sa fin. Hors, ils ont pu s'adapter à leurs nouvelles et inédites
missions, malgré un un volume très rentabilisé. C'est pourquoi si le
tonnage double d'une classe (Rubis) à l'autre (Suffren), ce n'est pas
seulement pour faire progresser la discrétion acoustique (bénéficiant
des avancées des SNLE-NG), mais essentiellement pour rendre les nouveaux
venus plus modulaires. Les grandes fonctions du bord sont regroupés
géographiquement avec des volumes supplémentaires afin de faire évoluer
les bateaux dans le temps. Ainsi, ils seront prêts à mener les missions
de demain, alors que personne ne sait de quoi il en retourne vraiment
aujourd'hui.
Cette intertitude de l'avenir fut rappelée par la question d'un auditeur, adressée au CV de la Royal Navy :
« commandant, est-ce que l'ordre de lancement peut être donné au SNLE
de Sa Majesté en patrouille en toute indépendance ou faut-il l'accord de
Washington ? ». L'officier britannique botta en touche, affirmant qu'il
n'y avait pas d'officiers américains à bord. Cependant, cela permet
d'introduire l'avenir, c'est-à-dire la succession des SNLE français de
la classe Le Triomphant et il n'est pas dit qu'une coopération
significative soit possible avec Londres. Avenir qui ne doit pas manquer
d'occuper le VA De Coriolis, commandant les forces sous-marines et la
force océanique stratégique qui conclua le colloque, non sans repartir
avec la maquette du Suffren, de quoi patienter jusqu'à la mise à l'eau
dudit bateau, en 2016.
03 février 2013
"Guerre des codes et guerre navale" de Guy Malbosc et Jean Moulin
L’ouvrage reçu de Marines Editions nous offre encore une excellente étude. Celle-ci mériterait même de figurer dans n’importe quelle bibliothèque type d’une personne qui s’intéresse à la stratégie navale, voire à la stratégie tout cours.
Récemment c’était l’ouvrage d’Olivier Kempf - «Introduction à la Cyberstratégie» - qui se chargeait de nous introduire dans une stratégie particulière qui transcende tous les milieux. Plus précisémment, l’auteur nous disait que le cyberespace est né et vit par l’apparition et le développement de la spère électromagnétique.
C’est bien pourquoi l’ouvrage de Guy de Malbosc et de Jean Moulin complète le dispositif puisqu’il va être question de comprendre concrètement les enjeux de cette sphère électromagnétique pour les communications tactiques. En effet, en temps de guerre comme en temps de paix, il faut pouvoir assurer le secret des communications entre les ambassades, pour les services de renseignement et pour les mouvements des Armées et des Flottes afin qu’elles soient toujours en contact avec leur pouvoir politique.
Pour ce faire, il est nécessaire de coder d’une quelconque manière les communications. «Guerre navale et guerre navale» nous offre ainsi une belle introduction sur l’apparition des premiers moyens de codage jusqu’aux enjeux du chiffrement de la seconde guerre mondiale.
Mais l’on entre dans le vif du sujet quand les auteurs abordent les enjeux des codes de la première, mais avant tout de la seconde guerre mondiale.
Le premier théâtre d’action reprend la bataille menée par les Alliés pour déchiffrer les communications allemandes. Ainsi, depuis l’apparition de la machine Enigma en sa version commerciale jusqu’à celle de l’Enigma M4 de la Kriesgmarine, la lutte fut permanente. Combat qi commença en Pologne où les premières recherches pour déchiffrer cee que codait une machine furent entreprises avec un certain succès. Il faut dire que cela remet à l’honneur le travail des services secrets polonais qui appportèrent aux Alliés les premières pierres en la matière, si ce n’est les plus importantes.
On y découvre aussi le rôle important des services français : non, ils ne se sont pas contentés d’être des passeurs entre le travail des SR polonais et les anglais. Oui ils ont eux aussi pu apporter des informations indispensables pour réussir à vaincre Enigma par l’intermédiaire d’un allemand retourné. Guy Malbosc n’hésite pas à dire que pour lui c’est l’espion du cercle car on ne trouve pas mieux que cette source qui transmet des documents stratégiques avec la certitude de leur valeur et de la provenance de leur contenu...
La seconde bataille est la poursuite de la guerre par l’Angleterre. L’enjeu de la guerre des codes apparaît ici car il y a une lutte permanente entre les flottes, et finalement surtout entre Royal Navy et Kriegsmarine, pour déchiffrer le traffic radio de l’autre. Enjeu essentiel pour les allemands afin de connaître l’ordre de bataille et le déplacement des groupes de combat de la marine anglaise. Enjeu non moins essentiel pour la marine anglaise pour pouvoir dérouter un convois si jamais un U-Boat est dirigé dessus.
La troisième bataille se situe dans le Pacifique, théâtre généralement oublié alors que le capitaine de vaisseau (R) Eudeline rappelait récemment («Les sous-marins d’attaque dans l’action navale») que c’est pourtant le théâtre où une guerre des communications fut réussi : les sous-marins américains coulèrent à eux-seuls 55% de la flotte de commerce japonnaise. L’étendue du Pacifique et le temps nécessaire aux mouvements justifiaient une attention toute particulière aux communications. Mais il y avait ce raté de Pearl Harbor : un message japonais annonçant plus ou moins l’attaque avait été déchiffré mais non exploité.
C’est finalement une des leçons essentielles du livre de Guy Malbosc et de Jean Moulin : il n’y a de richesse que d’hommes.
Le
premier enjeu humain de la guerre des codes est ainsi industriel et
scientifique : il faut des têtes bien faites pour comprendre ce qu’ils
se passe, comment se code les messages adverses et imaginer des parades.
La présentation des «bombes» (qui renvoie à la lutte pour obtenir les
premiers "calculateurs" et la lutte qui s'amorça ensuite pour disposer
de supercalculateurs en grand nombre) montre combien cette guerre a
besoin d’imagination et d’inventivité.
Le second enjeu humain renvoie directement aux organisations humaines : une fois qu’il est possible de déchiffrer le traffic de l’adversaire, nécessité est de pouvoir exploiter le renseignement obtenu. Et là, l’on atteint la partie la plus difficile de la lutte puisqu’il faut adapter des schémas administratifs en pleine guerre pour analyser et diffuser des renseignements tous en protégeant les sources alors que l’intertie propre des administrations peut être contre cet objectif.
Enfin, l’on observera de la lutte permanente entre offensive et défensive :
Le second enjeu humain renvoie directement aux organisations humaines : une fois qu’il est possible de déchiffrer le traffic de l’adversaire, nécessité est de pouvoir exploiter le renseignement obtenu. Et là, l’on atteint la partie la plus difficile de la lutte puisqu’il faut adapter des schémas administratifs en pleine guerre pour analyser et diffuser des renseignements tous en protégeant les sources alors que l’intertie propre des administrations peut être contre cet objectif.
Enfin, l’on observera de la lutte permanente entre offensive et défensive :
- attaquer les codes adverses,
- sécuriser les siens.
De là s'observe une certaine victoire anglaise puisque le dernier code de la Royal Navy restera inviolé par les allemands.
16 janvier 2013
Projeter les chars Leclerc au Mali ? Engagement à enjeux multiples
© Inconnu. |
A
travers les lignes qui vont suivre, il va être tenté de montrer que la
projection de chars Leclerc ne relève pas d'une évidence opérationnelle
folle. Mais le recours à ce matériel symbolique peut être
l'accomplissement d'un processus politico-diplomatique où la France
s'engage seule, dans l'urgence, mais avec la bénédiction de la
communauté internationale. A ce moment-là, les vertus de l'intervention
nationale vis-à-vis des coalitions reviennent sur le devant de la scène.
Et le recours à des attributs de la puissance ne sont pas à négliger
pour marquer durablement les esprits. Enfin, la place particulière d'un
système d'arme comme le Leclerc peut en faire un enjeu
politico-militaire quand il s'agit de l'utiliser. A ce moment là, le
char Leclerc incarne la détermination nationale.
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