Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





14 octobre 2013

Programme FREMM : 11 frégates perdues, 8 plus chères

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Ce billet n'a qu'une seule vocation : tenter de briser l'idée que la réduction du programme FREMM aurait occasionné une seule économie.

 

Nous peinons à trouver en quoi :

  • la Marine nationale est "privilégiée" par l'actuel gouvernement,
  • la maritimisation de l'Archipel France a été un choix stratégique.

 

Marine 2015 était-il plus coûteux ?

 

Premièrement, je vous propose de larges citations d'un article de Mer et Marine de 2007 au titre évocateur : "Supprimer des frégates : un non-sens économique et stratégique ?" . Depuis 2007, les dires de l'équipe de Mer et Marine ont été largement confirmés par les faits.
"Dans le cadre du modèle d'armée 2015, le nombre de frégates dont doit disposer la marine a été fixé à 26. Pour maintenir au début des années 2020 ce niveau d'équipement, obtenu depuis plusieurs années grâce à une réduction du format de la flotte, 17 frégates multi-missions, 2 frégates de défense aérienne du type Horizon et deux frégates antiaériennes dérivées des FREMM sont attendues. Elles complèteront les cinq frégates légères furtives du type La Fayette".

 

Un programme économique

 

"Grâce à l'effet de série et à une cadence de production très élevée, une livraison tous les sept mois étant prévue, DCNS présente un bâtiment bon marché. Développement et armement compris, si les 17 unités sont construites, le coût unitaire moyen des FREMM sera de 380 millions d'euros. Ce prix est, environ, 30% moins élevé que celui des frégates construites dans les autres chantiers européens. Il mérite par exemple d'être comparé au programme allemand F125, qui prévoit une enveloppe de 2.5 à 3 milliards d'euros pour quatre bâtiments, soit 630 à 750 millions d'euros pièce, pour un navire au tonnage et aux équipements similaires".

 

"En cas d'abandon partiel ou total des tranches optionnelles, le ministère de la Défense se privera donc des effets d'une longue classe répétitive, qui permettra de réduire la facture des FREMM optionnelles de 25%. Dans le même temps, si une telle décision est prise, l'Etat devra payer un surcoût à DCNS, comme spécifié dans les clauses de dédit du contrat signé fin 2005. En clair, il faudrait ajouter plusieurs dizaines de millions d'euros à la facture des huit premiers bateaux".


"Enfin, on notera que dans le cadre des économies budgétaires souhaitées sur la prochaine loi de programmation militaire (2008 - 2013), amputer le programme FREMM ne serait d'aucun secours. La première tranche aboutira en effet à une livraison de la Frégate n°8 en 2015. Ce n'est donc qu'en toute fin de LPM, voire sur la LPM suivante, que la charge de la première tranche optionnelle aura des effets. La deuxième tranche conditionnelle devrait, quant à elle, être en partie imputée à la LPM 2018-2023, ce qui permet d'étaler les dépenses sur près de 20 ans".

 

"Autre sujet de préoccupation en cas de réduction du programme FREMM, celui du budget de fonctionnement. Premier bâtiment de surface français imaginé après la guerre froide, la frégate multi-missions bénéficiera d'une automatisation très poussée, permettant une réduction considérable de son équipage. Seuls 108 hommes armeront chaque navire. A titre de comparaison, 298 marins sont nécessaires pour une frégate du type F67, 240 pour une frégate du type F70 et 89 pour un aviso. 40% du prix d'utilisation d'un bateau étant constitué par l'équipage, une réduction notable de la masse salariale est attendue avec l'entrée en flotte des FREMM. Ainsi, seuls il faudra un peu plus de 1800 hommes pour armer les 17 FREMM, contre près de 3100 pour les 18 frégates et avisos devant être remplacés. La marine y gagnera donc sur le coût de fonctionnement, d'autant que les futurs bâtiments bénéficieront de modes de propulsion moins gourmands en énergie. Le « plein » en carburant d'une frégate étant actuellement estimé à plus de 15.000 dollars, il y aura, là encore, des économies à faire".

 

"Tout comme le coût de fonctionnement, le poids de la maintenance a, également, fait l'objet d'importantes études destinées à réduire le budget nécessaire à l'entretien des FREMM. Cette flotte bénéficiera d'un contrat de Maintien en Condition Opérationnelle de six ans, soit le double des contrats de MCO aujourd'hui gérés par DCNS. Le nombre plus important de navires à traiter, la possession d'une série homogène et l'allongement de la durée des contrats donneront aux industriels une meilleure visibilité et une capacité accrue pour réduire le prix de leurs prestations. Ces dernières devraient osciller autour de 6 millions d'euros par an et par frégate. Ce budget est prévu pour être inférieur au prix consenti pour les actuelles frégates, bien que les navires soient plus gros et nettement mieux armés. Grâce à une conception adaptée, le programme de maintenance sera quant à lui allégé. Les FREMM ne nécessiteront un grand carénage de six mois que tous les 10 ans, contre un arrêt technique majeur de 4 mois tous les trois ans pour les F67 et F70. Les périodes d'entretien courant seront elles-aussi diminuées, avec seulement 2 à 3 mois d'Indisponibilité pour Entretien (IE) tous les trois ans".

 

"Les clefs de comparaison entre l'actuelle génération et les futurs navires sont donc, économiquement, probantes. Il convient, d'ailleurs, de noter qu'un étalement du programme FREMM, parfois évoqué, ne ferait que prolonger le surcoût du maintien en service des vieilles frégates. En dehors du report des bénéfices attendus sur FREMM en matière de masse salariale et de maintenance, prolonger l'activité des bâtiments en service provoquerait inévitablement un accroissement des dépenses liées à leur obsolescence. Remplacement d'équipements usés, maintien en état de matériels vétustes, problèmes de stocks liés à l'arrêt de la production de pièces trentenaires, obérant parfois certaines capacités faute de rechanges disponibles... Passé un certain âge, l'entretien d'un navire n'est pas sans conséquence budgétaire. Les exemples sont légion dans le secteur naval comme dans l'aéronautique. Il y a dix ans, faute d'avoir reçu à temps ses premiers Rafale, la marine faisait encore voler son antique Crusader. Totalement dépassé, l'avion nécessitait, pour chaque heure de vol, plusieurs dizaines d'heures de maintenance. Ce que militaires et industriels appellent de l'« acharnement thérapeutique » sur des matériels hors d'âge finit, à la longue, par coûter beaucoup plus cher au contribuable que l'acquisition d'équipements neufs".

 

Un incroyable gâchi

 

Un second article de Mer et Marine, "FREMM : chronique d'un incroyable gâchi" (14 octobre 2013), confirme malheureusement ce que le premier a pu avancer. Ce sont des extraits de cet article qui suivent.

 

"Pour la première fois, la semaine dernière, le ministre français de la Défense a ouvertement envisagé la possibilité d'un abandon des trois dernières frégates multi-missions (FREMM) destinées à la Marine nationale".


"Pour l'heure, Jean-Yves Le Drian n'a pas tranché, renvoyant la décision à la fin de l'année 2016. Mais, d'ores et déjà, on peut estimer que les esprits sont préparés à cette éventualité, qui pour être honnête ne surprend personne. Toutefois, si depuis plusieurs mois il n’y a plus grand monde pour croire à la construction des FREMM 9 à 11, cette nouvelle amputation probable du programme laisse quand même un profond sentiment de gâchis".


"Comme il serait bien entendu ridicule de lancer un nouveau programme comprenant seulement deux unités, sauf à y intégrer le remplacement des six frégates de surveillance du type Floréal (mais la marine envisage plutôt, dans ce cas, des patrouilleurs hauturiers), l’idée fait donc son chemin d’abandonner les trois dernières FREMM pour les remplacer par des FTI, portant ainsi cette série à cinq unités".


"Il est d’ailleurs intéressant de noter que DCNS a déjà développé une frégate de taille intermédiaire, la FM400. Ce modèle de 4000 tonnes, lancé en 2008, était destiné à succéder aux La Fayette, différentes versions étant proposées suivant les besoins des marines (unités plus axées sur la défense aérienne, la lutte anti-sous-marine ou l’action vers la terre). Sauf que, trois ans plus tard, le groupe naval a mis la FM400 en sommeil, après s’être rendu compte auprès des prospects que l’intérêt pour un tel bâtiment n’était pas avéré. En effet, compte tenu du niveau d’équipements demandé, le prix de la FM400 était finalement très proche de celui de la FREMM, ne justifiant donc pas l’achat d’un bâtiment plus petit et aux capacités inférieures".


"Oui, ces frégates sont aujourd’hui plus chères que ce qui était annoncé lors du lancement du programme en 2005 (7 milliards d’euros pour 17 frégates). Mais à qui la faute ? A l’Etat, et d’abord à l’ancienne majorité, qui a décapité un superbe projet basé sur une très forte productivité. Celle-ci était conditionnée par une grande série (17 frégates) et une cadence de livraison particulièrement élevée (une tous les 7 mois), permettant à DCNS (qui a investi pour l’occasion des dizaines de millions d’euros dans la modernisation de son outil industriel lorientais) et ses sous-traitants d’optimiser au maximum les achats et la production".


"En supprimant six FREMM en 2008, l’Etat a obéré les gains de productivité escomptés et, mécaniquement, renchéri le coût du programme puisque l’effet de série est bien moindre. Sans même parler des pénalités prévues dans le contrat en cas d’annulation ou d’étalement, DCNS et ses fournisseurs ont été obligés de revoir la facture à la hausse, ce qui doit aussi avoir des répercussions sur les tarifs proposés à l’export, puisque l’amortissement du projet est moindre sur sa base nationale".


"Selon le chef d’Etat-major de la marine, auditionné au Sénat le 17 septembre, « l'ordre de grandeur est qu'en passant de 17 à 11, nous renchérissons le coût de la commande d'environ deux FREMM »".

 


"Au final, la France va réussir une nouvelle fois ce tour de force dont elle a le secret : payer plus pour avoir moins, et moins bien. Une gestion consternante que les magistrats de la Cour des comptes apprécieront sans doute, un jour, à sa juste valeur…"

12 octobre 2013

"Renaissance navale" de Michel Perchoc

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Grâce au livre Renaissance navale - Les nouveaux navires de surface français (Michel Perchoc, aux éditions Marines éditions), nous pouvons avoir un historique des trois grands programmes qui structurent le renouvellement de la flotte de surface : Horizon, Mistral et FREMM.

 

En outre, c'est un petit détail trouvé dans l'ouvrage qui peut éclairer les débats d'aujourd'hui. Par exemple, le lecteur peut apprendre de la plume du vice-amiral d'escadre Lajous (2S) quel était le format envisagé pour la Marine nationale en 1997 pour 2015. C'est une véritable surprise que de découvrir que ce format, aujourd'hui considéré comme ambitieux, est, de facto, encore atteignable !

 

En 1997 donc, l'état-major de la Marine projetait une flotte de surface comme suit :

  • quatre frégates F11 de défense aérienne,
  • huit frégates F12 de lutte anti-sous-marine,
  • quatorze frégates F2 pour les crises de basse intensité.

=> 26 frégates

 

Dans son intervention écrite, l'amiral Lajous nous entretient des réflexions de l'époque sur les syngergies à rechercher entre les trois classes de frégates. Ainsi que de nombreuses prises de contact avec des marines alliés et des chantiers navals européens révélèrent le besoin d'une frégate modulaire.

 

Par les dénominations employées entre les différentes classes, nous pouvons avancer, sans prendre beaucoup de risques de nous tromper, que le premier chiffre doit renvoyer au rang du navire. Ainsi, la Marine aurait visé 12 frégates de 1er rang contre 14 du second rang.

 

La chose est particulièrement frappante dans la mesure où la Marine devrait avoir à terme (2025) :

  • quatre frégates de défense aérienne : deux de classe Forbin et deux FREDA,
  • six frégates de lutte anti-sous-marine FREMM.

Toute la question porte actuellement sur la Frégate de Taille Intermédiaire (FTI). Elle a été annoncée par le ministre de la Défense lors de la présentation du livre blanc à la Marine nationale à Toulon. Récemment, alors que des rumeurs menaçantes portent sur les trois dernières FREMM, le ministre a réaffirmé que le programme irait jusqu'aux onze unités.Néanmoins, il a ouvert la voie à ce que les trois derniers frégates soit de "dernière génération" et puissent être cette fameuse FTI. Ce serait donc cela les trois fameuses "FREMM légères" qui avaient été brièvement évoquées.

 

Ces trois frégates seraient le point de départ d'une nouvelle classe de frégates de second rang. Peu d'informations ont filtré sur le sujet, ce qui donne lieu à bien des spéculations :

  • Mer et Marine croit savoir qu'il s'agirait d'une frégate de 3 à 4000 tonnes,
  • elle devrait remplacer à terme les frégates La Fayette (ce qui serait la continuation du projet NCF (Navire de Combat du Futur),
  • le même site et un membre du Forum Air & Défense avancent que la FTI pourrait donner lieu au remplacement des frégates de surveillance de classe Floréal.

Il ne serait pas illogique que la FTI donne lieu au remplacement de ces deux classes de bateaux. Les croisières12 des frégates de surveillance et du patrouilleur hauturier l'Adroit ont démontré que, pour les pays riverains de l'Asie du Sud-Est, nous ne comptons pas avec des patrouilleurs hauturiers dans cette région du monde. Cela pourraît être l'une des raisons d'une montée en gamme pour les FS. Montée en gamme qui serait toute relative, toutefois.
 
Ce qui nous rapproche de notre point de départ du jour est qu'à terme la Marine nationale pourrait recevoir, théoriquement, 11 FTI. Le Marine en 2030 pourrait alors ressembler à cela :

  • quatre frégates de défense aérienne (deux de classe Forbin et deux FREDA),
  • six FREMM de lutte ASM,
  • onze frégates de taille intermédiaire.

=> 21 frégates
 


1 "Croisière : vieilli fait d'aller et venir, de croiser, pour un bateau de guerre."
 
2 Larousse :  "Vieux. Action de croiser, en parlant d'un navire de guerre. Vieux. Flotte de navires qui participent à la surveillance d'une zone ou au blocus d'un port."
 

10 octobre 2013

"L'offensive du Têt - 30 janvier-mai 1968" de Stéphane Mantoux

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L'ouvrage de l'allié Stéphane Mantoux (auteur de Historicoblog et l'un des trois auteurs de L'autre côté de la colline) invite à découvrir la deuxième guerre d'Indochine qui n'intéresse pas tellement les foules en France (tout comme la première, a priori). Plusieurs points sont particulièrement intéressant à relever, même si cela ne sera pas fait de manière très ordonnée, car ils sont d'une furieuse actualité.

 

Sur le plan militaire

 

Premièrement, nous pouvons constater que la guerre en coalition est encore et toujours un facteur d'affaiblissement stratégique car il est bien difficile d'unifier la conduite des opérations. Ainsi, chaque force armée américaine défend sa manière de faire la guerre, tout comme chaque contingent étranger (dont les principaux sont Australiens et Sud-coréens). La tâche du général Westmoreland était donc bien compliquée.

 

Cette situation n'est pas sans rappeler la seconde guerre d'Afghanistan où chaque allié viendra sur le théâtre avec ses propres normes d'engagement. Guerre où l'on se demande encore pourquoi les européens ne s'étaient pas regroupés sous une banière européenne pour coordonner ce qu'ils savent faire de mieux : l'aide civilo-militaire avec les outils forgés dans d'autres conflits.

Ce qui amène à demander si deux conflits ont déjà été comparés :

  • les deux guerres d'Indochine,
  • les deux guerres d'Afghanistan.
Il serait très intéressant dans quelle mesure la guerre en coalition est facteur d'efficacité ou non, sur quels plans, etc.

 

L'expérience des Marines est particulièrement intéressante au Vietnam grâce à la création d'unités jaunisées. C'est un moyen de décupler la force initiale tout en s'offrant de multiples possibilités pour se fondre dans la population et y trouver du renseignement.

 

Cette expérience de l'USMC semble se construire au même niveau que celui des milices populaires qui sont mises en place au Sud-Vietnam pour aider, grâce à ces forces paramilitaires, à tenir le terrain face à la subversion ennemie. Et nous retrouvons au Vietnam des milices qui serviront plus les intérêts des chefs politiques locaux que des chefs qui conduisent la guerre. Aurait-il fallu coupler des forces américaines à ces milices pour les encadrer et découpler les "mauvais objectifs politiques" des "bons" des américains ?
C'est une question pernicieuse qui renvoie à la question de la politique : les travaux de Michel Goya sur le combat couplé et la reconstruction de l'Etat ne peuvent qu'être invoqués ici. Il est donc plus que nécessaire de contrôler l'Etat allié à divers échelon quand la conduite de la guerre est très mal assurée.

 

Ce qui choque donc c'est la grande difficulté à partager l'expérience dans le camp américain. La très faible durée d'engagement des soldats étasuniens n'aident pas, l'auteur explique très bien ses effets pervers. Avec un peu de provocation, il faudrait même avancer qu'il aurait mieux valu de plus faibles effectifs, et mieux aux faits des affaires locales, que de grands effectifs qui n'apprennent rien.
Ce qui, au passage, pose la question de l'autonomie des unités militaires pour atteindre les objectifs : faut-il confier un territoire à une ou des unités militaires pour atteindre les buts de la guerre avec une certaine liberté, c'est-à-dire une grande décentralisation dans la prise de décision (pour le renseignement, pour organiser les forces de sécurité, l'économie, etc...) ? Cela ne veut pas dire aucun contrôle mais moins de contrôle.

 

Chronostratégie ?

 

La question de la logistique ennemie le long de la piste Hô Chi Minh est particulièrement intéressante en ce sens où il semblerait que c'était affaire d'une chronostratégie. Il aurait été nécessaire que :

  • les américains puissent d'un côté perturber suffisamment le fonctionnement de cette "voie sacrée" vietnamienne pour qu'il y ait une coupure temporaire dans les renforts en hommes et matériels,
  • tout en réussissant de l'autre côté une offensive généralisée contre le vietcong pour tenter de le briser pendant ce court laps de temps.
C'est si simple sur le papier. Est-ce que les américains avaient une telle perception du problème pendant le conflit ?

 

La caractérisation des espaces

 

Ce n'est pas fait dans l'ouvrage car sa force est, justement, de restituer tout le contexte à chaque niveau militaire et politique. Néanmoins, le lecteur semble invité à se plonger plus en avant dans les questions de l'époque et, pourquoi pas, essayer de qualifier les espaces d'affrontement en Indochine. Quels sont les apports des espaces lisse, strié, visqueux, solide et lacunaire ?

 

Guerre de contre-guérilla : politique, politique et politique

 

C'est un truisme presque pénible à écrire, tellement il est répété -mais est-il seulement entendu ?-, que la guerre est une affaire politique.


La stratégie mise au point par le général Westmoreland semblait parfaitement logique : par le truchement du "search and destroy" les forces armées américaines pourraient porter des coups significatifs au "corps de bataille" ennemi au point qu'il s'effondre. Là où les américains sont par le biais de cette stratégie dans la recherche du chiffre, l'adversaire est dans l'affichage politique. La bataille de Drang (14 au 26 novembre 1965) montre ainsi une réussite des forces américaines contre le vietcong : 305 soldats perdus contre 3000 tués. Néanmoins, du côté communiste, cela sera interprêté comme une victoire car les viets pouvaient montrer qu'ils avaient réussi à tenir l'engagement.

 

La bataille de Drang peut illustrer assez bien ce qui va se dérouler pendant toute l'offensive du Têt. Initialement, le Vietcong ambitionne une offensive généralisée contre les villes du Sud afin de provoquer le soulèvement de la population. Tout comme ils pensent qu'au-delà d'un certain nombre de pertes américaines, l'opinion publique aux Etats-Unis va flancher et retirer son soutien à la guerre. Il s'agit donc bien de mener des actions militaires non pas pour vaincre un adversaire sur un champ de batailles, mais bien de le vaincre sa volonté à faire la guerre.

 

Le plan politique est particulièrement intéressant car nous pourrions nous avancer à dire que l'avantage du Vietcong et du Nord-Vietnam est la communauté politique qui les unit. Pas besoin d'énoncer à nouveau les objectifs du communisme révolutionnaire à cette époque, ni l'objectif d'un mouvement de libération (bien que l'auteur nous entretienne des hésitations du Nord à réunifier le pays entre ceux qui la veulent cette réunification et les autres qui préfèrent consolider l'acquis initial, le Nord).

 

Du côté des Etats-Unis il y a un découplage handicapant entre le président Johnson qui veut mener ses projets de "Grande société" et que la guerre empêche. De l'autre, il y a le Sud-Vietnam qui est bien loin des idéaux américains, occidentaux et où la population souffre de divers maux dont le népotisme et la violence politique sont les principaux.
Une fois encore, ce n'est peut être pas dans cette seule guerre où l'on va rencontrer cette opposition. Dans une guerre de contre-guérilla où l'on se bat pour gagner politiquement et non pas militairement, il est bien difficile de manoeuvrer l'allié récalcitrant sans s'aliéner la polulation.

 

 

Au final, le livre de Stéphane Mantoux est un format très intéressant pour saisir la substance d'une guerre, sans se perdre dans les détails, ce qui donne envie de s'intéresser au reste de la collection. Il est étonnant de découvrir la criante actualité des questions de ce conflit.

 

08 octobre 2013

Global commons pour un Grand-Espace ?

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© inconnu.
 
Ceci n'est que le premier d'une très longue série de billets sur les Global commons. Par un total manque de respect des conventions formelles et d'une certaine rationalité, il est proposé d'entrer dans le vif du sujet sans autre forme de procès -et encore moins une présentation.
 
Global commons
 
L'un des objets du conflit Est-Ouest a été le règlement du conflit de la seconde guerre mondiale entre les Etats-Unis et l'URSS. L'une des particularités de ce conflit était que les deux camps se réclamaient de la fin de l'Histoire. Cette dernière aurait une fin. Pour le camp communiste, la fin de l'Histoire, grossièrement présentée, était un passage au socialisme avec la suppression de la menace militaire représentée par la coalition occidentale. Une fois cette transition réalisée le communisme pourrait alors apparaître et unifier le monde. La coalition occidentale proposait elle-aussi sa fin de l'Histoire fondée sur le libéralisme.
 
L'URSS a disparu de la société internationale et la fin de l'Histoire dans le communisme avec elle. Néanmoins, les Etats-Unis n'ont pas non plus réussi à atteindre cette fin de l'Histoire. C'est en cela que le discours sur les Global commons peut être intéressant. Enoncé au sein du commandement à la transformation de l'OTAN, il propose à l'Alliance un nouveau paradigme fondé sur la protection des accès aux global commons : la haute-mer, l'espace aérien, l'espace exo-atmosphérique et le cyberespace.
 
Sur une suggestion d'EGEA, il est effectivement particulièrement intéressant de rapprocher ce discours de ce que le juriste allemand Carl Schmitt a pu dire à travers Le nomos de la Terre (aux éditions PUF, collection Quadrige). Mais pas seulement dans cet ouvrage. Un article en ligne de Theo Hartman -Carl Schmitt : Etat, Nomos et "grands espaces"- permet d'essayer de replacer le discours des Global commons dans une pensée géopolitique dont l'un des éléments est la notion schmittienne de "Grand-espace".
 
Le Grand-Espace
 
L'article propose une citation de "Joseph Chamberlain qui illustre bien l'intention des géopolitologues et de Schmitt lui-même: «L'ère des petites nations est révolue depuis longtemps. L'ère des empires est advenue» (1904)". Il peut être admis que la disparition de l'URSS signifie la fin des empires traditionnels.
 
Une nouvelle ère apparaîtrait alors autour de la notion de "Grand-Espace" avant même que la précédente ait été terminée. "A la place des empires, nous avons désormais les “Grands-Espaces”. Dans son essai Raum und Großraum im Völkerrecht, Schmitt définit clairement le concept qu'il entend imposer et vulgariser: «Le “Grand-Espace” est l'aire actuellement en gestation, fruit de l'accroissement à l'œuvre à notre époque, où s'exercera la planification, l'organisation et l'activité des hommes; son avènement conduira au dépassement des anciennes constructions juridiques dans les petit-espaces en voie d'isolement et aussi au dépassement des exigences postulées par les systèmes universalistes qui sont liés polairement à ces petits-espaces»".
Plus loin, il est dit que Schmitt cite Friedrich Ratzel pour dire, citations de Ratzel à l'appui, que "chaque génération, l'histoire devient de plus en plus déterminée par les facteurs géographiques et territoriaux". Faut-il rapprocher cette citation de l'article des changements obervés dans le monde ? Il y a la multiplication de ces espaces d'échanges internationaux qui ne se limitent plus à l'Océan.
 
Grundbuch des Planeten
Par la suite, il faudrait s'intéressait à la théorie de Haushofer. Celui-ci, nous dit l'article, envisageait de publier un Grundbuch des Planeten : un livre universel sur l'organisation territoriale de la planète. "La géopolitique, selon Haushofer, ne devait pas servir des desseins belliqueux —contrairement à ce qu'allèguent une quantité de propagandistes malhonnêtes—mais préparer à une paix durable et éviter les cataclysmes planétaires du genre de la première guerre mondiale. Ce Grundbuch haushoférien devait également définir les fondements pour maintenir la vie sur notre planète, c'est-à-dire la fertilité du sol, les ressources minérales, la possibilité de réaliser des récoltes et de pratiquer l'élevage au bénéfice de tous, de conserver l'“habitabilité” de la Terre, etc., afin d'établir une quantité démographique optimale dans cer‐tains espaces. Les diverses puissances agissant sur la scène internationale pratiqueraient dès lors des échanges pour éviter les guerres et les chantages économiques".
 
L'auteur de cet article rapporte cette remarque révélatrice que le géopolitologue Haushofer était peut être "un peu écolo avant la lettre". Ce qui incite à s'interroger sur le rapport entre le discours otanien sur les Global commons et la très forte présence de cette notion en droit de l'environnement.
 
Enfin, nous arrivons à la citation du concept de "région géopolitique" du géographe américain Saul Bernard Cohen. Ce concept cohenien répondrait à celui de "Grand-Espace" de Schmitt.
 
Si l'on tentait d'ordonner le tout alors le Grundbuch de Haushoer offre le cadre global dans lequel replacer nos éléments. Nous n'avons qu'une seule planète comme le disait un grand soviétique et il faut ajouter que ses ressources sont limitées. Le contre-amiral Jean Dufourq (2S) exposait ainsi dans son article "70 bleu versus 30 vert" le paradigme suivant. Nous avons ou allons bientôt épuiser la majeure partie des ressources minéarales terrestres et les réserves restantes sont dans les océans.  Il y a une nouvelle course pour y accéder qui correspond à toutes les batailles autour des zones économiques exclusives.
 
Le Grand hémisphère occidental ?
 
Les notions de région géopolitique et de Grand-Espace pourraient être présentées sous l'angle des constructions institutionnelles qui visent, dans un premier temps, à pacifier les échanges économiques d'une région mondiale au sein d'un espace commun, voire à pacifier la région elle-même. La construction européenne en est un grand avatar, mais pas seulement.
Ce que l'affaire Snowden nous cache, c'est l'interaction actuelle entre l'espace économique européen et les espaces économiques de l'hémisphère américain. L'un des arguments pour promouvoir ce traité commercial est le futur poids normatif de ce futur espace de libre échange vis-à-vis des autres économies. C'est à dire que l'on viserait donc à rapprocher des constructions juridiques de chaque côté de l'Atlantique pour permettre au libre échange économique de donner sa pleine mesure.
Notez au passage que l'économie est évoquée mais pas le centre politique : actuellement, le centre est toujours aux Etats-Unis.
Dans quelle mesure ce traité va-t-il tendre à rapprocher ou unifier les différentes zones d'échanges américano-européennes, c'est une question liée.
 
Ainsi, la référence au Nomos de la Terre semble prouver toute sa pertinence puisque nous trouverions un hémisphère occidental tendant à retrouver un espace juridique unifié. Dans cette optique, le discour sur les Global commons serait la traduction militaire de cette vision d'une région géopolitique, d'un Grand-Espace en construction. Il s'agirait donc d'en défendre tant les flux internes à cet espace que les flux externes en liaisons avec les autres espaces et les ressources comprises dans les Global commons. 
 
Néanmoins, la question du cadre territorial est inachevée. Les Etats-Unis ont étendu ce qui pourraît être nommé l'Occident jusque dans l'ancien glacis soviétique. C'était pour la façade Atlantique, et du côté de la façade Pacifique américaine, il y a eu la proposition du président Obama de construire un espace de libre échange entre l'Asie du Sud-Est et l'Amérique. C'est par ce biais que l'on peut reposer la question de la fin de l'Histoire : ce magma de projets et de traités va-t-il dans le sens d'une hégémonie américaine préservée au sein d'un espace modelé par ses soins ou bien l'Amérique poursuit-elle encore la fin de l'Histoire ?
 
Ceci n'est qu'un brouillon très grossier pour tenter de donner un peu de sens aux premières recherches sur le sujet.

07 octobre 2013

Décret du 29 février 1972 fixant la composition des forces navales françaises

© Inconnu. Le porte-avions Foch menant l'escadre.
Les plans navals sont assez peu nombreux dans l'histoire de la Marine nationale au cours du XXe siècle. Celui consacrait par le décret du 29 février 1972 a la particularité d'être le plus discret de tous. Il est assez difficile de comprendre pourquoi alors que c'est justement ce "Plan bleu" qui transpose dans les textes la Flotte dont la pointe de diamant sera la dissuasion océanique. Rien ne semble expliquer non plus pourquoi l'année 1973 a plus marqué ce plan que celle de 1972 quand est édicté le décret. 


06 septembre 2013

6 septembre 1683, mort de Jean-Baptiste Colbert

http://www.metronews.fr/_internal/gxml!0/r0dc21o2f3vste5s7ezej9x3a10rp3w$971lclqg4krm7y5uqx1a42uss1llab/colbert.jpeg 
© Inconnu. La statue du secrétaire d'Etat à la Marine garde l'entrée de l'Assemblée nationale.
 
Un des fondateurs de la Marine nationale


"Mort de Jean-Baptiste Colbert considéré comme le fondateur de la Marine française. En charge de la Marine pendant plus de vingt ans, il accomplit une oeuvre immense. Il crée le systèmes des classes pour assurer le recrutement des équipages de vaisseaux, il n'est l'auteur de textes organisant la flotte de combat et la marine marchande et entreprend des grands travaux maritimes à Toulon, Rochefort, Brest et Dunkerque".

 

De 18 à 276 vaisseaux

 

"Pendant la durée de son ministère, la Marine royale voit le nombre de ses vaisseaux passer de dix-huit à 276. "Aucun ministre n'a joué un rôle aussi grand rôle dans l'histoire de la Marine" (E. Taillemite).
Citation extraite de Histoires de Marine - Mille cinq cents événements de la vie des marins de 1295 à nos jours, Amaury du Chéné, avec la participation du Service Historique de la Défense, aux éditions d'ART.

 

C'est la disparition d'un homme qui aura porté l'effort de modernisation de ce qu'est alors la Marine royale sur tous les plans. Il réforme aussi bien les grands textes organiques, les crée de toutes pièces s'il le faut, qu'il modernise le recrutement, reprend en main l'industrie navale et soutient la marine marchande.
Il n'attendait pas des finances calamiteuses pour mieux organiser l'administration, mieux dépenser son budget.

Colbert concentrait alors beaucoup de pouvoirs et de fonctions qui sont aujourd'hui militaires et civiles. L'avocat du diable, aux regards des dossiers plus actuels, dirait que c'est un exemple à méditer à l'heure actuelle. Néanmoins, une spération des "pouvoirs" permet au moins de ne pas tous les laisser dépérir dans les mains d'une seule personnalité, pouvant être médiocre au demeurant. Le faire alors qu'un grand organisateur est disponible n'est pas, néamoins, à exclure. Colbert est le catalyseur d'une phase d'accélération de l'histoire navale française.

31 août 2013

Fin du monde en Syrie

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Thibault Leroy nous propose un papier sur la situation actuelle en Syrie. 
 
Interviendront-ils ? N’interviendront-ils pas ? Avec qui ? Pour quoi ? On spécule, c’est médiatique, sur la décision des Occidentaux d’intervenir en Syrie à la suite de l’utilisation de gaz Sarin, le 21 août. Les cabinets américains et européens, incapables de s’entendre avec les Russes et de faire avancer le dossier au Conseil de sécurité, ont opté en parallèle pour un discours beaucoup plus menaçant, laissant craindre ces derniers jours une intervention rapide et ciblée.
 
Le conflit en Syrie est à plusieurs échelles. D’un point de vue local, il met aux prises les forces gouvernementales de Bachar al-Assad à un patchwork de forces « insurgées » : combattants de l’Armée Syrienne Libre, Front Al-Nosra qui regroupe des combattants islamistes, Kurdes. La militarisation de l’opposition, le peu d’informations sur l’emprise réelle du Conseil national syrien, le poids des Syriens de l’extérieur et l’accroissement des réfugiés – ils sont 700 000 au seul Liban – sont autant d’éléments qui encouragent la dynamique centrifuge de la guerre civile syrienne. Même la disparition d’al-Assad demain ne répondrait pas au défi politique posé à l’opposition, le jeu de la révolution n’étant pas à somme nulle. A l’échelle régionale, la déstabilisation du Proche-Orient dessine un tableau en arcs électriques : la plaie demeure ouverte en Irak, toujours victime d’attentats meurtriers ; l’élection de Rohani en Iran n’a pas envoyé de signes tangibles d’un renoncement à son programme nucléaire ; surtout, le Hezbollah intervient aux côtés de Damas dans la guerre civile, tandis que les Israéliens et les Turcs ont vigoureusement réagi aux retombées sur leurs frontières de tirs perdus. Si l’incendie menace de se propager, la balkanisation du Levant est en tout cas à un stade avancé. L’instabilité régionale suffit à dissuader les Etats-majors d’une intervention précipitée, d’autant plus si elle est orchestrée par un axe Occidental loin d’être désiré et lui-même refroidi par ses expériences délicates, en Irak, en Afghanistan et même en Libye.
 
De quelle légitimité peuvent-ils en effet bénéficier ? Les Britanniques se sont appuyés sur l’article VII de la charte de l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité. Il prévoit, en des termes imprécis, la possibilité d’une intervention de la communauté internationale si un Etat se révèle incapable de protéger sa population civile, et a fortiori s’il se montre coupable de crimes envers elle. Les vetos russe et chinois, prévisibles, ont bloqué l’initiative. Pékin et Moscou s’attachent-ils à de quelconques avantages stratégiques dans la région, négociés avec l’équipe au pouvoir à Damas ? Ou ne s’agit-il pas plutôt, pour eux, de ne pas laisser passer une nouvelle Libye ? Les deux grands émergents peuvent craindre que les Occidentaux aient des buts de guerre cachés en Syrie, et ne souhaitent pas une nouvelle fois les laisser gendarmer le monde selon leurs intérêts.
 
L’ordre des choses aurait voulu que l’issue de la crise syrienne se décide entre diplomates, et la clef se trouvait sans doute à Moscou bien plus qu’à Homs. Ce serait avec un cahier des charges politiques vide que les frégates américaines auraient frappé la Syrie. Sans frein, sans fin, les armées occidentales n’auraient-elles pas été entraînées, une nouvelle fois et malgré elles, dans une violente escalade ? L’issue incertaine n’est certainement pas celle des combats, dont la supériorité mécanique américaine décidera facilement, mais celle de la sortie politique, imprécisée par les gouvernements. Le conflit Syrien ressemble étrangement aux conflits post-guerre froide, du Golfe à la Yougoslavie. Ils nous ont montré qu’on ne décide pas arbitrairement de l’avenir politique d’une nation. La subtile organisation des sociétés n’obéit pas aux lois physiques de la guerre, mais à une chimie instable et dangereuse. Les interventions occidentales des vingt dernières années, policières et justifiées par la morale – mais quelle morale ? –ont été pensées comme un devoir de conscience, mais vécues sur le terrain comme des ingérences contre-productives. Il faut se garder de l’impéritie d’un bellicisme angélique. Il faut accepter une complexité inédite. Le nouvel ordre international ressemble bien à cette « a-polarité » dont l’a qualifié le ministre Laurent Fabius, bien plus qu’une multipolarité organisée entre quelques puissants. L’ancien monde tarde à mourir, le nouveau tarde à paraître : de cette formule de Gramsci, interrogeons-nous sur la Syrie, qui pourrait être le départ d’un nouvel état du monde.
 
 
 Thibault Leroy, doctorant en Histoire, Université Paris 1.

29 août 2013

Les six porte-avions de l'étude du 20 juin 1945

© Inconnu. 1941, localisation non-précisée (les Antilles ?).


L'étude du 20 juin 1945 proposait par la Marine nationale exposait la vue de l'état-major quant à la reconstruction de la Flotte pour l'après-guerre. Les six porte-avions (d'escorte) demandés dans ce cadre peuvent apparaître comme hors de propos avec les contingences d'une France libérée et à reconstruire. Le détail des l'étude présente plutôt un état-major de la Marine très pragmatique.

27 août 2013

Projet de conversion du Jean Bart en cuirassé lance-missiles

© Inconnu. Représentation d'artiste d'un Kentucky lance-missiles, projet assez similaire à ceux de la Royale.


Le regretté Alain Guillerm glissait rapidement dans l’un de ses ouvrages – La Marine de Guerre moderne – 1915-2015 - qu’il avait été dommage que la Marine nationale n’ait pas eu les budgets nécessaires à la conversion du Jean Bart en cuirassé lance-missiles.