Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





25 février 2011

Diplomatie navale de l'Iran et les facilités navales de Syrie


La croisière des navires iraniens suscite quelques vagues. Ces quelques remarques hostiles n'empêchait nullement l'Égypte de respecter le libre passage des unités de la marine iranienne par le canal de Suez. Toutefois, cela révèle une diplomatie navale très active dans la recherche d'un désenclavement politique.



De la division navale à l'escadre ?

La valeur militaire de cette division navale est modeste.Le premier navire est une "frégate" du nom d'Alvand (ci-dessous) de la classe Saam. Au lieu d'une frégate nous sommes plus proche d'un aviso français. Le navire a des caractéristiques nautiques similaires (95m pour 1540 tonnes) tout comme son armement. Toutefois, et contrairement à l'aviso français, le navire pousse normalement les feux jusqu'à 39 nœuds, on retrouve là ce besoin de vitesse des marines des mers étroites.

Le second navire est un pétrolier-ravitailleur de 33 000 tonnes de déplacement à pleine charge pour 200 mètres environ. La frégate Alvand aurait une autonomie de 5000 nautiques à 15 nœuds, ce qui est normalement suffisant pour atteindre la Syrie en partant du golfe Persique.

A cela, il faut préciser deux chose : la force d'une marine consiste dans la valeur des hommes. Pour être efficace, les marins doivent être entraînés et les navires entretenus. La deuxième est une double supposition : ou bien l'Iran ne peut pas déployer plus d'un navire de guerre à la fois, ou bien l'Iran n'a pas souhaité en faire plus. 

La marine iranienne faute de pouvoir accéder à tous les partenaires internationaux potentiels en raison du contentieux nucléaire a des capacités bien réduites. La Russie aurait abandonné la livraison des systèmes de défense anti-aérienne S-300 que l'Iran avait acquis. Il n'est pas à exclure que les Kilo ne feront pas l'objet de modernisation avec l'assistance de la Russie à cause de pressions internationales diverses.

Diplomatie de puissance

Hervé Coutau-Bégarie (le Meilleur des ambassadeurs1) propose une typologie des actions navales devant produire un effet diplomatique. L'auteur distingue la "diplomatie de puissance", catégorie qui rassemble les actions de force ayant pour but de montrer les capacités navales d'un État. L'objectif des manœuvres est d'envoyer un message politique à un autre ou plusieurs États. Il n'est pas à exclure que en l'espèce la démonstration soit dédiée à l'ensemble de la communauté internationale.  

L'Iran maîtrise l'art de la diplomatie navale de puissance puisque avec un pétrolier et aviso. Téhéran a créé une tension internationale avec si peu. Il y a bien une disproportion flagrante entre l'effet produit et la valeur militaire des unités navales iraniennes.


La mer, cette profondeur stratégique

Autre manière d'appréhender cette diplomatie navale, elle est le moyen pour Téhéran de se désenclaver. Le passage de ces navires est certainement une manière pour l'Iran de gagner une profondeur stratégique en occupant la Méditerranée orientale. La mer permet à ce pays d'aller toucher d'autres pays, d'autres alliés. L'Iran contourne l'Irak sous occupation américaine pour trouver une route jusqu'à Damas, son allié, et l'Egypte ne semble pas disposée à couper cette route en temps de paix.

Cette profondeur naval permettra à l'Iran de toucher un certain nombre de communautés chiites. En effet, la politique étrangère iranienne consiste, notamment mais pas seulement, dans un soutien aussi bien diplomatique que militaire à l'endroit de ces mêmes communautés chiites. Il sera intéressant d'observer quand et comment les navires iraniens toucheront le Liban, et si jamais ils pourront toucher la Palestine...

Les facilités navales syriennes

L'alternative à la flotte logistique ce sont des facilités navales. En la matière la Syrie est un bon hôte puisque le port de Tartous a accueilli une base navale soviétique et il semblerait que la Russie remettre au goût du jour cette place afin que l'Eskadra puisse à nouveau quitter la Mer Noire.

Seulement, et là se cachait une information intéressante, les navires iraniens n'ont pas été accueilli à Tartous ! L'Iran n'a pas souhaité que les mouvements de ses unités navales puissent être assimilés à ceux de la Russie. On peut aussi interpréter la chose comme le fait que la Russie n'a pas souhaité être mêlée à cette démonstration iranienne.

Réaction israélienne

La marine israélienne est appelée à un avenir plus prometteur que par le passé. L'Iran porte son activité navale sur la façade méditerranéenne d'Israël, cela justifiera une marine israélienne... aussi longtemps que durera cette menace ! A ce moment là, l'élévation du niveau militaire israélien est un acte purement politique pour souligner la présence iranienne nouvelle en Méditerranée orientale. Il sera intéressant d'observer si la flotte de surface3 de Tel Aviv aura un avenir proportionné à une ou plusieurs diplomaties navales perçues comme hostiles par Israël pour sa sécurité nationale.


1 Le meilleur des ambassadeurs, théories et pratiques de la diplomatie navale, Hervé Coutau-Bégarie, Economica 2010, 384 pages.


2 "Les deux navires de guerre iraniens en Méditerranée sont arrivés en Syrie", le Monde, 24 février 2011.

3 "Avenir de la flotte de surface israélienne", le Fauteuil de Colbert, 11 janvier 2011.

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