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La question du nombre de batteries devant équiper les futures Frégates de Taille Intermédiaire (FTI) ne peut qu'être actuellement en cours de définition car, rappelons-le, les seules différences entre les Aquitaine et les FTI résident dans le non-embarquement des MdCN (Missiles de Croisière Navale) et un tonnage moindre de 1000 tonnes - ce qui supposerait un tonnage à pleine charge de 5000 tonnes... Une première batterie serait constituée d'une suite Anti-Sous-Marine (ASM), une deuxième d'une autre suite mais de Défense Aérienne (DA) et, enfin, la frégate embarquera-t-elle une dédiée à l'Action Vers la Terre (AVT) ?
La FREMM AVT résidait, finalement, que dans une sorte de modularité où le sonar remorqué des FREMM ASM était débarqué au profit de l'utilisation de ses installations comme rampe arrière pour la drome du bateau. Sur le plan financier, l'absence du sonar finançait l'installation d'une pièce de 127mm. La FREMM AVT existait-elle ? D'un certain point de vue, elle montrait bien que les FREMM peuvent prétendre à être totalement polyvalentes : de la croiseurisation.
Le Chef d'Etat-Major de la Marine nationale (CEMM) dessinait alors devant les députés les trois besoins opérationnels qui doivent guider la conception de la FTI :
- "la principale menace est sous-marine : aujourd’hui – et c’est inédit, me semble-t-il –, plus de 49 nations disposent de sous-marins modernes."
- "de capacités anti-aériennes pour pouvoir s’approcher des zones de crise car, et c’est la deuxième caractéristique des opérations navales actuelles, dès lors que l’on s’approche de la terre, on s’expose notamment à la menace aérienne et aux missiles sol-mer."
Les frégates de premier rang, pour continuer à évoluer dans les zones de crises, doivent pouvoir prétendre à juguler certaines menaces. Dans le vocabulaire de l'US Navy et de l'US Air Force, il s'agit de ne pas se laisser dissuader d'intervenir par les menaces Anti-Access/Area-Denial (A2AD - Déni d'Accès/Interdiction de Zone). Plus pratiquement, il s'agit de pouvoir contrer des menaces sous-marines (mines, "mines intelligentes" (sous-marins de poche et côtier), sous-marins hauturiers), côtières (batteries de missiles anti-navires, technoguérilla navale, embarcations suicides) et aériennes (missiles anti-navires lancés par aéronefs, menaces balistiques, roquettes missilisées, etc).
Dans le cadre de la lutte entre la Terre et la Mer, la première essaye de repousser au large la deuxième afin de diminuer son influence, ce qui était souvent caractérisé par la pression lente de sa puissance sur les affaires terrestres. La bande littorale des 200 kilomètres concentre 80% de la population mondiale et les principaux groupes maritimes, les principales unités navales disposent très souvent de senseurs et d'armes dotés d'une portée, d'une influence équivalente du simple au double de cette fameuse bande des 200 km.
Prétendre à dissuader, éliminer des menaces A2AD/DAIZ et continuer à durer à la mer au plus près des côtes adverses supposent un ensemble de capacités, dans la mesure où celles des adversaires se diffusent bien plus vites que les adaptations des puissances océanes.
Ajoutons que la prééminence de la puissance aérienne occidentale, alliée majeure des guerres dites occidentales, est remise en cause par deux facteurs. Le premier est la diffusion de cette même puissance et des moyens de la contrer. Le deuxième est la dérive occidentale dans le renouvellement des moyens servant la puissance aérienne. De l'hélicoptère jusqu'à l'avion ravitailleur, le remplacement des matériels anciens est lent, les disponibilités des aéronefs calamiteuses. Les deux facteurs amènent à remettre sur le devant de la scène d'autres capacités que celles permises par les aéronefs : c'est le retour de l'artillerie à terre et sur mer.
Plusieurs possibilités existent. Le problème français en matière d'AVT consiste dans le manque de souplesse des feux employables : entre les pièces de 76 et 100mm (~20km), l'Exocet (180km) et le MdCN (1000km), les solutions sont soient trop courtes, soient trop coûteuses pour être régulièrement employées.
La première des solutions consisterait dans l'adoption d'une plus grosse pièce que le 76mm. Le 127mm (64 calibres) ? Ce canon ne répondrait aux problématiques que si, et seulement si, son acquisition puis installation à bord des FTI était couplé avec une dotation de Precision-Guided Munition (PGM). La munition Vulcano de l'italien OTO Melara prétend doubler la portée d'une pièce de 127mm (64 calibres) d'une grosse trentaine de kilomètres à plus de 70, voire même plus de 100 km.
Ouvrons-nous à toutes les munitions dites "PGM" telle la roquette M31 (dont l'EMA affirme qu'elle aurait une portée de 84 km) ou encore l'ATACMS. Cette dernière est un missile balistique portant jusqu'à 300 km. Pourquoi ne pas investir les roquettes de gros calibres missilisées ou non ? Ces munitions devraient pouvoir être installées dans un caisson ou encore ensilotées.
Il y aurait également matière à investir les missiles anti-char de l'infanterie (MMP, etc) ou encore les missiles anti-aérien (par exemple, le Mica) dans l'optique d'offrir de nouvelles solutions que la pièce d'artillerie principale pour contrer toute attaque saturante (swarming) d'embarcations porteuses de torpilles ou de missiles, voire "suicides".
N'oublions pas que l'ensemble des munitions à plus ou moins longue portée implique des capacités de reconnaissance, de discrimination et d'observation. C'est toute la problématique des moyens de ciblage qui ne peuvent reposer uniquement sur l'utilisation du GPS ou bien dépendre d'un guidage laser offert par les forces spéciales ou l'aviation. L'utilisation de drones ou d'hélicoptères devient crucial pour guider l'emploi des feux ; les retards constatés dans des programmes comme le SDAM ou le HIL n'aident pas.
Disposer de l'ensemble de ces munitions ouvriraient la voie à de larges possibilités opérationnelles où il deviendrait possible pour une ou plusieurs frégates de mener des frappes depuis le littoral (0 à 200 km) jusque dans la profondeur stratégique de l'adversaire (300 à 1000km)
Il ne nous semble pas opportun de laisser reposer la question de la lutte dans la bande littorale sur la simple question d'une pièce d'artillerie. Il est certain que c'est structurant puisqu'une pièce de 76 nécessite une structure de 5,5 tonnes quand celle de 127 en exige 25. Plus largement, il s'agit de diversifier les munitions tant en portée qu'en pouvoir destructeur. Mais aussi de diversifier leur nature. Les problématiques A2/AD supposent que la puissance hauturière ait à lutter contre des menaces diverses de milieux différents. Mais est-ce que l'adversaire A2/AD s'est lui-même protégé contre ses propres armes ?
Tout comme la question ne se limite pas au programme FTI mais aussi aux FREMM ASM et FREMM de DA (FREMM ASM aux capacités de défense aérienne étendues) car la diplomatie navale repose sur l'effet produit par la puissance navale, soit une pression continue contre la terre, ce qui suppose une permanence des capacités installées face à la terre. Et ce ne sont pas cinq FTI sur quinze frégates de premier rang qui suffiront.
Ouvrons-nous à toutes les munitions dites "PGM" telle la roquette M31 (dont l'EMA affirme qu'elle aurait une portée de 84 km) ou encore l'ATACMS. Cette dernière est un missile balistique portant jusqu'à 300 km. Pourquoi ne pas investir les roquettes de gros calibres missilisées ou non ? Ces munitions devraient pouvoir être installées dans un caisson ou encore ensilotées.
Il y aurait également matière à investir les missiles anti-char de l'infanterie (MMP, etc) ou encore les missiles anti-aérien (par exemple, le Mica) dans l'optique d'offrir de nouvelles solutions que la pièce d'artillerie principale pour contrer toute attaque saturante (swarming) d'embarcations porteuses de torpilles ou de missiles, voire "suicides".
N'oublions pas que l'ensemble des munitions à plus ou moins longue portée implique des capacités de reconnaissance, de discrimination et d'observation. C'est toute la problématique des moyens de ciblage qui ne peuvent reposer uniquement sur l'utilisation du GPS ou bien dépendre d'un guidage laser offert par les forces spéciales ou l'aviation. L'utilisation de drones ou d'hélicoptères devient crucial pour guider l'emploi des feux ; les retards constatés dans des programmes comme le SDAM ou le HIL n'aident pas.
Disposer de l'ensemble de ces munitions ouvriraient la voie à de larges possibilités opérationnelles où il deviendrait possible pour une ou plusieurs frégates de mener des frappes depuis le littoral (0 à 200 km) jusque dans la profondeur stratégique de l'adversaire (300 à 1000km)
Il ne nous semble pas opportun de laisser reposer la question de la lutte dans la bande littorale sur la simple question d'une pièce d'artillerie. Il est certain que c'est structurant puisqu'une pièce de 76 nécessite une structure de 5,5 tonnes quand celle de 127 en exige 25. Plus largement, il s'agit de diversifier les munitions tant en portée qu'en pouvoir destructeur. Mais aussi de diversifier leur nature. Les problématiques A2/AD supposent que la puissance hauturière ait à lutter contre des menaces diverses de milieux différents. Mais est-ce que l'adversaire A2/AD s'est lui-même protégé contre ses propres armes ?
Tout comme la question ne se limite pas au programme FTI mais aussi aux FREMM ASM et FREMM de DA (FREMM ASM aux capacités de défense aérienne étendues) car la diplomatie navale repose sur l'effet produit par la puissance navale, soit une pression continue contre la terre, ce qui suppose une permanence des capacités installées face à la terre. Et ce ne sont pas cinq FTI sur quinze frégates de premier rang qui suffiront.
Le gros problème de notre temps est de tout vouloir sur un même flotteur. Même les Américains, avec des destroyer de 9.000t n'y arrivent pas, leur suite asm n'étant pas des plus performantes, la mission DA étant privilégiée.
RépondreSupprimerIl faut savoir raison garder, et éventuellement re-diviser les tâches entre l'escorte et le combat littoral. Bref, avoir d'un côté une flotte de navires de 4.000 et 7.000t pour la défense aérienne, la lutte asm et la lutte de surface, et d'un autre une flotte de navires de 5.000t dont la mission est avant tout de pouvoir détruire toute infrastructure en zone côtière.
Cette distinction des navires escorte/avt permet de re-spécialiser les navires, et donc cultiver l'excellence dans chaque discipline tout en maximisant le nombre de coques.
On se retrouverait donc avec une flotte de surface avec 3 types de coques:
- des destroyers à dominantes DA avec au moins 64 Aster et 32 Mica VL, 2 canons de 76mm, 8 MM40 et quelques torpilles Mu90.
- des frégates à dominante ASM avec une suite sonar performante (sonar remorqué, ...), 1 canon de 127mm, 16 MM40 et des ANL, un panachage de torpilles Mu90 et lourdes, éventuellement montée sur un corps propulsé et 32 Mica VL
- des frégates avt avec 32 Mica VL, 32 Mdcn, 1 canon de 127mm, et un panachage de roquettes et missiles légers de 100-200km de portée.
Je retiens cependant que l'un des faiblesses de nos navires est la quasi absence d'un système CIWS (on ne peut pas dire qu'un simbad soit vraiment un CIWS). Ils devraient pourtant être présent sur tous nos navires, y compris ceux dédiés à la logistique. J'espère qu'avec le développement des lasers, il sera bientôt possible d'avoir des tourelles légères équipées d'un panachage mistral/laser/canon rapide de 30mm (semblable par exemple à celui équipant le Rafale)
A la remarque près que ce n'est pas par incapacité de la plateforme à porter un sonar remorqué que les DDG51 n'en sont pas pourvus, mais bien par choix de la Navy de ne pas investir cet outil depuis plus de 30 ans.
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