Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





19 novembre 2020

AVSIMAR : 7 + 5 Falcon 2000 « Albatros » (2025 - 2032)

© Dassault Aviation. Falcon 2000 Albatros aux couleurs de la flottille 24F.

     La ministre des Armées, Mme Florence Parly, visitait à partir de 15h00 le site Dassault Aviation de Seclin (Nord) à 15h00. Il est avéré selon une longue suite de papiers publiés dès la veille, avec force de détails donnés par le cabinet de la ministre, que sera signé le contrat portant commande de la première tranche du programme Avion se Surveillance et d'Intervention Maritime (AVSIMAR) : 7 exemplaires du Falcon 2000 LXS Albatros. Ce programme avait été confirmé par et inscrit à la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019-2025. Et il avait été mis en avant lors des salons EuroNaval 2018, du Bourget 2019 et à nouveau EuroNaval 2020.

AVSIMAR

Le programme Avion se Surveillance et d'Intervention Maritime (AVSIMAR) est d'un âge presque égal à celui du défunt programme BATiment de Souveraineté et d'Intervention MARitime (BATSIMAR) puisque son inscription à la LPM 2009-2014 avait été demandé, avant d'être repoussé. La cible visait le remplacement des 5 Falcon 200 Gardian (Tahiti et Nouméa), 10 Nord-Aviation Nord 262 (Nîmes-Garons) et des 4 Falcon 50 M SURMAR (Lorient) par 18 nouveaux avions.

L'inscription du programme AVSIMAR à la LPM 2019-2025 voyait la cible être réduite de 18 à 13 avions tandis que ne subsistent plus que les 5 Falcon 200 Gardian (Tahiti et Nouméa), les 4 Falcon 50M SURMAR (Lorient). Afin de tenter de compenser et le report d'AVISIMAR et le retrait du service des derniers Nord-Aviation Nord 262 en 2009, la Marine nationale bénéficiait du transfert de 4 Falcon 50B anciennement mis en œuvre par l'escadron de transport 00.060 (Armée de l'Air) au profit du gouvernement.

Ces appareils sont progressivement adaptés à leur mission de SURveillance MARitime (SURMAR) par l'adjonction d'un système de mission et des équipements associés (hublots d’observation, radar Ocean Master 100 et une optronique infrarouge) par leur mise à niveau du standard Falcon 50 Mi (2013 - 2016). La capacité à larguer des chaînes SAR fut obtenue par les travaux suivants (2017 - 2020) permettant d'homogénéiser le parc à 8 Falcon 50 Mi et le programme de transformation des 4 Falcon B aurait coûté 49 millions d'euros (2012).

La phase préparatoire du programme AVSIMAR a bénéficié de deux études dont la première (2017 – 2018 ?) permettait de retenir comme future plateforme le Falcon 2000 LXS à partir duquel serait dérivé le futur avion de surveillance maritime. Le deuxième contrat portait l’étude de définition détaillée et a été notifié en novembre 2018 à Dassault Aviation. Il portait la conduite des travaux visant à définir les adaptations nécessaires de l’appareil pour remplir les missions de surveillance et d’intervention maritime selon les standards souhaités par la Marine nationale.


Falcon 2000 LXS

Le programme AVSIMAR bénéficie des travaux menés au profit de Falcon 2000 MRA (Corée du Sud) et Falcon 2000 MSA (Japon) développés à partir du Falcon 2000 LXS et à partir duquel seront également dérivés les 7 + 6 Falcon 2000 Albatros.

La version « LXS » du Falcon 2000 possède une longueur de cellule portée de 19,33 à 21,38 tandis que sa masse maximale au décollage est augmentée de 18,6 à 19,1 tonnes, par rapport au Falcon 2000 DX.

L'appareil peut franchir 7400 km (ou 4000 miles nautiques) grâce aux winglets qui terminent les ailes depuis la version « Ex « EASy », ce qui avait augmenté l'autonomie en vol de 5% ou 400 km vis-à-vis du Falcon 2000 DX.

Il est toujours motorisé par deux réacteurs Pratt&Whitney Canada PW308C contrôlés par des systèmes FADEC à double canal, permettant le meilleur rendement et une consommation minimale pendant chaque segment de la mission. La vitesse maximale, pour la seule version civile, est de Mach 0,86. Et la configuration des deux réacteurs à proximité de la ligne médiane est un facteur de sécurité majeur car il n'y a pas de lacet induit en cas de panne moteur, même lors de manœuvres à basse altitude.

Du point de vue de l'avionique, le Falcon 2000LXS se distinguait par l'adoption d'un cockpit EASy avec la possibilité d'y adjoindre le premier affichage tête haute (HUD) à combiner les capacités de vision synthétique (SVS) et de vision améliorée (EFVS) : le FalconEye.

 

Falcon 2000 MRA et Falcon 2000 MSA

La première déclinaison SURMAR du Falcon 2000 proposée par Dassault était baptisée Falcon 2000 MRA (Maritime Reconnaissance Aircraft). Elle a été mise au point à partir du Falcon 2000 LXS. La cellule a été modifiée afin d'être adaptée aux missions que doivent accomplir les appareils :

La maniabilité à basse vitesse a été renforcée grâce aux bords d'attaque intérieurs et un revêtement anti-corrosion est appliqué sur toute la cellule.

L'appareil est piloté par un équipage de deux personnes (pilote + copilote) et la cabine peut être aménagée, selon les besoins, pour deux à cinq opérateurs disposant de consoles multifonctions, sans compter l'éventuel embarquement de passagers supplémentaires pouvant servir, notamment, d'observateurs.

Le système de mission peut être fourni aussi bien par Thales (Airborne MAritime Situation and COntrol Système (AMASCOS) que L3 Communication. La cellule peut recevoir un ensemble d'antennes conformes ELINT / COMINT / ESM ainsi que des récepteurs EW reliés à des éjecteurs de contre-mesures thermiques et électromagnétiques. Le système de communication du bord peut s'appuyer sur des antennes HF, SATCOM et des liaisons de données tactiques.

Le premier hublot, après la porte de l'appareil, et sur chaque bord de la carlingue, a été remplacé par deux grandes fenêtres d'observation. Une tourelle électro-optique rétractable est installée à l'arrière de la cabine et toujours sous le fuselage, offrant une vue panoramique. Un radar (OceanMaster (Thales), Seaspray (Leonardo), ELTA) est installé dans un radôme de grandes dimensions à faible traînée disposé sous le fuselage, à l'arrière du cockpit mais devant les ailes.

Ailes qui peuvent recevoir jusqu'à quatre points d'emport (2 x 450 kg + 2 x 680 kg) avec la possibilité qu'ils puissent autant recevoir des nacelles (de brouillage, de simulation de guerre électronique par exemple) que des armements dont, et par exemple, deux AM-39 Exocet depuis les points d'emport intérieurs. Une trappe a été percée dans la carlingue et permet le largage de chaînes SAR.

La Corée du Sud commandait deux Falcon 2000 MRA (Maritime Reconnaissance Aircraft), à raison de 26 millions de dollars américains par exemplaire (soit 22 millions d'euros ajustés des données de l'inflation (2019). Mais il s'agirait plutôt de deux appareils conçus et équipés dans l'optique de conduire des missions de renseignement électroniques et d'alerte avancée au profit de la défense aérienne sud-coréenne.

Le Japon devient le deuxième client d'une version SURMAR du Falcon 2000 quand les garde-côtes japonais retenaient le Falcon 2000 MSA (Maritime Surveillance Aircraft) à haut de six exemplaires en plusieurs commandes successives (2015 (2), 2017 (1), 2018 (2) et 2019 (1). Ils opéraient déjà deux Falcon 900 MSA qui avaient été livrés en 1988. 

Plus spécifiquement, le Falcon 2000 MSA a été conçu en collaboration avec Thales et L-3 Platform Intergration. Les appareils japonais sont construits et modifiés à Mérignac (France). Mais tous les équipements de la version MSA sont intégrés à la cellule et reliés au système de mission au Texas (États-Unis) dans les locaux de L-3 Platform Intergration

Les Falcon 2000 MRA/MSA sont indiqués pour être en mesure de soutenir une vitesse de patrouille de 180 à 240 nœuds jusqu'à 14 325 mètres, permettant largement d'optimiser l'emploi du radar et d’obtenir sa meilleure portée. Aussi, l'autonomie en patrouille peut aussi s'exprimer par les manières suivantes : 

  • 7h jusqu'à 200 milles nautiques 
  • 5h à 400 milles nautiques
  • 2h45 à 1 000 milles nautiques

Ce qui revient à souligner que les appareils ont la faculté d'intervenir jusqu'à plus de 1500 miles nautiques pour une brève intervention et qu'il est en mesure de couvrir en, environ, 8 heures une superficie de 150 000 miles nautiques carrés.

 

Falcon 2000 Albatros

Les Falcon 2000 LXS devant être adaptés aux besoins de la Marine nationale et bénéficier des travaux conduits au profit des Falcon 2000 MRA et Falcon 2000 MSA ont été baptisés Falcon 2000 Albatross, comme l'avait décidé la ministre des Armées selon sa propre déclaration faite le 15 juin au salon du Bourget 2019.

La signature, ce jour, de la première tranche du programme AVSIMAR permet d'affermir non seulement la mise en fabrication des sept premiers exemplaires mais également de confirmer la deuxième tranche portant sur cinq appareils, valorisant l'entièreté du programme à 1300 millions d'euros. Toutefois, la deuxième tranche demeure conditionnelle et son sort sera décidé en fin de période - 2025 - et la cible a, manifestement, été réduite de treize à douze exemplaires puisqu'il avait été initialement question d'une deuxième tranche à six exemplaires.

Le calendrier de livraisons a également légèrement glissé « vers la droite » de la programmation puisque les trois premiers exemplaires seront livrés en 2025 et non plus à partir de 2024. Les neuf exemplaires suivants seraient livrés entre 2026 et 2031 ou 2032, ce qui suppose une cadence de livraison de seulement 1,5 avion/an et un nouveau glissement à droite car 2030 devait voir la livraison du dernier exemplaire. Les derniers des cinq Falcon 200 Guardian auront 45 ans en 2025 lors de leur retrait du service tandis que les derniers des huit Falcon 50 M SURMAR atteindront quant à eux 48 ans en 2029.

La disponibilité stratégique de la capacité SURMAR de l'aéronavale est un enjeu, avec l'idée même d'une permanence de ses effets, puisqu'il est indiqué que l'industriel Dassault Aviation est engagé à atteindre une disponibilité technique opérationnelle de 80% mais également que sept des douze Falcon 2000 Albatros soient en permanence disponibles.

Mais il n'est pas dit si le contrat de maintien en condition opérationnel sera « verticalisé » ni même s'il pourrait rassembler - hors équipements spécialisés - sous un même contrat les Falcon 2000 Albatros, les deux Falcon 2000 (2011) de l'ET 60 de l'Armée de l'Air et de l'Espace.

Les perspectives à l'exportation paraissent significatives puisque la Finlande et la Nouvelle-Zélande étaient indiqués comme étant des pays où l'appareil aurait ses chances. Mais, et surtout : au titre des compensations industrielles négociées dans le cadre du contrat portant vente de 36 Rafale au profit de l'Indian Air Force, la production des Falcon 2000 Albatros sera transférée à une ligne d'assemblage indienne à partir du quatrième exemplaire. Mais les travaux d'intégration des équipements de missions seront toujours assurés en France. Ce futur « Make In India » permettra à Dassault Aviation de viser, avec un nouvel argument, le remplacement de neuf des dix Britten-Norman BN-2 Islander de l'Indian Navy, voire des avions de reconnaissance et de guerre électronique de l'Indian Air Force.

En ce qui concerne les spécificités de la version Albatros des versions SURMAR du Falcon 2000, le programme rassemble Dassault Aviation qui semble être le maître d'œuvre et aussi l'intégrateur avec comme « sous-traitants », si le schéma était celui-ci, Naval group pour le système d'informations et de mission, Thales et Safran.

Le senseur principal des Falcon 2000 Albatros sera le radar SearchMaster (Thales) dont le premier exemplaire est sorti de la chaîne de production en 2017 ; le même radar qui a été retenu pour la modernisation des Atlantique 2 (standard 6). Ce radar électronique à antenne active et à ouverture synthétique est directement dérivé des travaux du RBE2 AESA (Rafale). Il sera en mesure de suivre jusqu'à 1000 pistes, d'effectuer de l'imagerie radar avec une très forte résolution et bénéficiera, notamment, d'un mode Ground Moving Target Indicator (GMTI).

Les autres équipements ou capacités évoqués sont un durcissement contre les tentatives de brouillage de systèmes GNSS dont le GPS, l'intégration de liaisons de données tactiques (L16 et L22 ?) et une tourelle électro-optique rétractable portant l'Euroflir 410.

Partageant le même radar que l'Atlantique 2 standard 6, le Falcon 2000 Albatros pourrait être alors en mesure - s'il en détenait toutes les fonctionnalités - de soutenir des forces navales dans des missions de lutte anti-surface et même de lutte anti-sous-marine, hors mise en œuvre de senseurs acoustiques et magnétiques. Ces avions de surveillance maritime devraient même pouvoir assister, voire délester les Atlantique 2 de missions de renseignement et de frappes conduites au profit des forces terrestres et même de participer au soutien des forces spéciales.

 

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