Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





22 novembre 2020

Marinha do Brasil : nouveaux Navios de Apoio Logístico Móvel ?

© Marina do Brasil. Le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991).

     La Marinha do Brasil bénéficie de la publication, le 10 septembre 2020, du Plano Estratégico da Marinha 2040 (PEM 2040). La nouvelle programmation navale, comme sa prédécesseure, porte l'ambition du renouvellement de la flotte logistique brésilienne. Malgré l'atteinte de limites juridiques, matérielles et opérationnelles, le début de commencement d'exécution d'un programme de renouvellement tarde à se matérialiser et l'unique G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) ne peut soutenir plus la projection hauturière de la flotte, en raison de l'importante progression du tonnage, due à des unités aux dimensions conséquentes (A-140 PHM Atlântico (2018) et G-40 NDM Bahia (2015).

En septembre 2007, le président Luiz Inácio Lula da Silva réclamait pour parfaire le projet géopolitique brésilien sa déclinaison géostratégique. L'Estratégia Nacional de Defesa fut adoptée le 18 décembre 2008 avec un objectif d'achèvement de ses principales capacités opérationnelles visées à l'échéance 2030. Par voie de conséquence, un Plano de Articulação e Equipamento da Marinha do Brasil (PAEMB) était formalisé en 2009 comme composante navale du projet brésilien sur la période (2009 - 2030).

Ce PAEMB se déclinait concrètement par le Programa de Reaparelhamento naval da Marinha (PRM - Programmes de Réaménagement naval de la Marine) dont la période d'exécution était comprise entre 2010 et 2047. La responsabilité de son exécution était confiée à la Diretoria de Gestão de Programas Estratégicos da Marinha (DGePEM). 

Les deux principales parties du PAEMB sont les PRograma de Obtençao de meios de SUPerfície (PROSUPER) et PROgrama de desenvolvimento de SUBbmarinos (PROSUB). En ce qui concerne les capacités logistiques navales, le Programa de Reaparelhamento naval da Marinha (2010 - 2047) étalait l'ambition de constituer une flotte logistique forte de cinq Navios de Apoio Logístico (NapLog) de facture neuves qui devaient être être reçues entre 2015 et 2022 (3) puis entre 2023 et 2030 (2). Il s'agissait de pouvoir soutenir une force aéronavale renouvelée et forte de deux porte-avions (45 à 60 000 tonnes, ~ 30 avions de combat plus des avions de guet aérien et des hélicoptères) et d'un groupe amphibie, lui aussi entièrement renouvelé, composé de quatre grandes unités.

La publication du Plano Estratégico da Marinha 2040 (PEM 2040), le 10 septembre 2020, s'insère dans un nouveau concert de documents stratégiques : Política Nacional de Defesa (PND), l'Estratégia Nacional de Defesa (END), le Livro Branco de Defesa Nacional (LBDN) et la Política Maritíma Nacional (PMN). Il s'agirait de comprendre que le PEM 2040 sanctionne l'état d'avancement du Programa de Reaparelhamento naval da Marinha (PRM), tout en réaménageant les priorités matérielles de la Marinha do Brasil ou bien qu'un nouveau PRM devrait être publié.

Faute du grand tableau synthétique des programmes navals à poursuivre ou à lancer contenu dans le PRM, le PEM 2040 se décline en Ações Estratégicas Navais (AEN - Actions Stratégiques Navales), toutes contenues en son chapitre 5, qui nomment plutôt les tendances et directions ordonnées à la stratégie des moyens navals brésiliens plutôt que de nommer dans le détail les programmes lancés ou à lancer.

L'AEN - Forca Naval-3 (p. 69) - dont le responsable de son exécution est la Diretoria-Geral do Material da Marinha (Direction Générale du Matériel de la Marine (DGMM) - est à mettre en exergue car elle paraît contenir le cœur hauturier de la flotte de surface :

AEN - Naval Force-3 Obtenir des navires de surface pour composer la puissance navale (PROSUPER et programmes spécifiques)

Description :
Obtenir les moyens suivants : Navire avec capacité de contrôle de la zone maritime (NCAM) capable de fonctionner avec des avions pilotés et/ou télé-pilotés, des navires d'escorte, des navires de soutien logistique mobiles, des navires amphibies, des navires-écoles, navires de de guerre des mines, des avisos d'instruction pour l'école navale et le collège naval.

Les Navios de Apoio Logístico (NapLog) du précédent Programa de Reaparelhamento naval da Marinha (2010 - 2047) deviennent les Navios de Apoio Logístico Móvel dont le nombre désiré n'est pas souhaité dans ce document : s'agit-il de considérer le remplacement du seul bâtiment existant ou bien de développer cette capacité opérationnelle ? L'ajout de l'adjectif mobile peut paraître redondant au sujet de navires ou bâtiments dont la fonction première est d'en ravitailler d'autres afin de prolonger leur capacité à durer à la mer. C'est pourquoi il est à se demander si l'évolution de l'appellation ne trouve pas sa raison d'être dans les limitations opérationnelles du G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991).

Les actuelles capacités logistiques hauturières navales de la Marinha do Brasil ne reposent plus que sur le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991). Son financement était approuvé le 24 juillet 1986 et sa construction autorisée le 15 décembre 1987. Il s'agissait de compléter le G-27 NT Marajó (1968 - 2016) et sa construction permettait d'abandonner la conversion, comme pétrolier-ravitailleur, du navire civil NM Itatinga, acquis par le ministère brésilien de la Marine en 1984 et finalement revendu en 1987. La quille du futur G-23 a été posé le 11 décembre 1989 au chantier ISHIBRAS - Ishikawajima do Brasil S/A de Rio de Janeiro où avait été également mis sur cale le G-27 NT Marajó. La coque était lancée le 1er juin 1990. Et le bâtiment rejoignait le service actif le 26 novembre 1991.

Le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) se révèle être incapable de pouvoir soutenir, loin et longtemps, un groupe naval constitué à la mer dès qu'il s'agit d'engager des frégates, à l'exemple des deux Type 22 brésiliennes, en haute mer, comme lors des exercices Aspirantex. Et c'est pourquoi les limitations opérationnelles sont d'autant plus grandes dès qu'il s'agit de soutenir les bâtiments amphibies (49 957 tonnes) : A-140 PHM Atlântico (2018), G-40 NDM Bahia (2015), G-28 NDCC Mattoso Maia (2001) et G-25 NDCC Almirante Sabóia (2009). Il a même pu être observé des manœuvres du G40 NDM Bahia (2015) consistant à ravitailler une corvette.

En outre, et nonobstant l'âge du pétrolier-ravitailleur qui atteindra symboliquement les 30 années de service en 2021, se pose également la problématique juridique pour la Marinha do Brasil de continuer à opérer un bâtiment logistique transportant du pétrole et du kérosène dont l'architecture repose sur une simple coque. Le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) est l'un des derniers représentants de sa race car mis sur cale (11 décembre 1989) avant la catastrophe de l'échouement de l'Exxon Valdez (23 mars 1989) et de la marée noire consécutive. La principale conséquence juridique fut le vote et l'entrée en vigueur de l'obligation de construire des pétroliers à double coque par la loi américaine de l'Oil Pollution Act (1990) et de la transposition de cette norme par l'amendement, en 1992, de l'annexe I de la convention MARPOL 73/78.

 

 

 

 

Classe
Almirante Gastão Motta

Logistic
Support
Ship

Classe Vulcano

Bâtiments
Ravitailleurs
de Forces

Clase Jacques Chevallier

Fast
Fleet
Tanker

Wave-class

 

 

G-23 NT
Almirante Gastão Motta (1991)

Vulcano (2020 ?)

Jacques Chevallier (2022)
Jacques Stosskopf (2024)
Émile Bertin (2026)
Gustave Zédé (2029)

Wave Knight (2003)
Wave Ruler (2003)

Caractéristiques nautiques

Longueur (mètres)

135,00

193,00

194,00

196,50

Maître-bau (mètres)

19,00

27,2

27,40

28,25

Tirant d’eau (mètres)

07,52

08,40

09,00 <

09,97

Déplacement (tonnes)
lège
à charge


7075
10 320



27 200


16 000
31 000


12 500
31 500

Propulsion (MW)

8,6

24

24

18,76

Vitesses (nœuds)
Maximale :
de croisière économique :


20,50
15,00


20,00
10,00


20,00
10,00 ?


20,50
15,00

Autonomie :
Distance franchissable
(mn)
Vivres (jours)


10 000 à 15 nœuds


7000 à 16 nœuds
30


8 000 à (16 ?) nœuds
60


10 000 à 15 nœuds

Logements
(équipage + passagers)


121


167 + 33


130 + 60


102

Capacités logistiques

Gazole


4 400 tonnes

9 000 m³ (F-76)


13 000 m³

13 000 m³

Carburant aviation (TR5)

3 700 m³ (F-44)

3 000 m³

Eau douce

800 m³

380 m³

Vivres


200 tonnes

40 tonnes


1 500 tonnes

150 tonnes

Munitions

220 tonnes

500 m3

Rechanges

20 tonnes

Ateliers


/

Oui

Oui


/

Hôpital embarqué

Rôle 2 (OTAN)

Rôle 2 (OTAN) ?

Installations aéronautiques

1 x CH-53
ou
MV-22

1 x NH90 NFH
et
Drones

 1 x EH-101 Merlin

Tableau 1 - Comparaison entre les différentes classes étudiées théoriquement par la Marinha do Brasil pour renouveler sa flotte logistique

     Le point de naissance du renouvellement de la flotte logistique hauturière brésilienne, alors composée des G-27 NT Marajó (1968 - 2016) et G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) semble être, au plus tard, l'année 2011 avec la volonté de la Marinha do Brasil d'engager plusieurs programmes dont PROSUPER et PROSUB, dans la foulée de la publication du Programa de Reaparelhamento naval da Marinha (2010 - 2047).

Et aux côtés de ces deux programmes était considéré l'acquisition d'un pétrolier-ravitailleur d'environ 12 000 tonnes à pleine charge devant être mis sur cale au Brésil avec 55% de la charge de travail et/ou des composants à réaliser et à fournir par les industriels brésiliens. Six pays furent, notamment, consultés à cette fin : l'Allemagne, la Corée du Sud, l'Espagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni (variante de la classe Wave (BAE Systems).

 Les quelques éléments révélés du cahier des charges (Roberto Lopes, « EXCLUSIVO: Ingleses sondam interesse da MB em um navio-tanque classe ‘Wave’ », Poder Naval, 1er juin 2018) permettent d'apprendre que la Marinha do Brasil souhaitait obtenir un pétrolier-ravitailleur polyvalent :

Du point de vue des caractéristiques nautiques recherchées, il s'agissait d'un bâtiment de 23 000 à 24 000 tonnes à pleine charge. La vitesse maximale exigée était de 20 nœuds. Son autonomie en vivres devait être de 30 jours et ses soutes devaient lui permettre de naviguer pendant 10 000 miles nautiques. Il aurait été armé par un équipage donné pour 150 marins.

Du point de vue des capacités opérationnelles recherchées : ses cuves devaient lui permettre de recevoir du MAR-C et de l'eau douce pour les navires et du JP-5 pour les aéronefs. Des magasins devaient recevoir des pièces, des munitions et des vivres, notamment réfrigérés. Un hôpital embarqué, apte à recevoir des urgences, devait intégrer le bord. Ses installations aéronautiques auraient été disposées à l'arrière du bâtiment et dimensionnées afin que le futur bâtiment puisse opérer un EC-725/H225

Son architecture devait respecter les normes des conventions SOLAS et MARPOL. La seule succession du G-27 NT Marajó (1968 - 2016) semblait être considérée.

Pourtant, ce programme était abandonné en 2014 sur décision de la présidente Dilma Rousseff (1er janvier 2011 – 31 août 2016), reportant de cinq ans le lancement du programme PROSUPER dont le premier acte n'était pris que le 28 mars 2019 grâce à l'attribution du marché des quatre corvettes de la future classe Tamandaré  et de la rénovation de la corvette Barroso. Et le pétrolier-ravitailleur G-27 NT Marajó (1968 - 2016) terminait une longue carrière.

Malgré la décision de la présidente Dilma Rousseff (2014), la Marinha do Brasil parvenait à obtenir en sa fin de mandat que le Brésil soit admis comme pays observateur, en juin 2016, au programme Logistic Support Ship alors lancé par l'Italie et dont la gestion était confiée à l'Organisation Conjointe de Coopération en matière d'ARmement (OCCAR) depuis 2015 et que la France rejoignait le 10 avril 2017. Mais le Brésil ne paraît pas avoir dépassé le seul témoignage d'intérêt pour ce programme.

Afin de pourvoir au remplacement du G-27 NT Marajó (1968 - 2016), sans vouloir désarmer au passage le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) malgré son âge, le Brésil marqua son intérêt pour le futur désarmement d'un, voire des deux pétroliers-ravitailleurs « rapides » de la classe Wave (RFA Wave Knight (2003 - 2033 ?), RFA Wave Ruler (2003 - 2033 ?) lorsque l'état-major de la Marinha do Marine fut sondée par la Royal Navy à cet effet et à pas moins de deux reprises. Les deux bâtiments de la Royal Fleet Auxiliary ont alors à peine quinze années de service à leur actif et le Royaume-Uni semblait en demander 100 millions de livres sterling (116 millions d'euros  ajustés des données de l'inflation (2019) pour chacun des deux bâtiments (Roberto Caiafa, « Um substituto para o navio-tanque Gastão Motta (G-23) », Tecnologia & Defesa, 1er juin 2018).

L'affaire ne se concrétisait pas. La Marinha do Brasil bénéficiait pourtant de l'acquisition de l'ex-HMS Ocean (1998 - 2018) de la Royal Navy qui fut admis au service actif presque immédiatement une fois l'affaire conclue, sous le nom de baptême A-140 PHM Atlântico (2018) ? Ce dernier remplaçait l'A-12 NAe São Paulo (2000 - 2018), dernier porte-avions sud-américain. Faute d'acquérir un ou deux pétroliers-ravitailleurs rapides de la classe Wave, le Brésil se privait du ou des moyens idoines de soutenir le groupe amphibie afin de pouvoir conduire des opérations de projection de forces et de puissance.

Une très probable relance du projet de renouvellement de la composante logistique hauturière de la flotte brésilienne, afin, et finalement, de remplacer le G-23 NT Almirante Gastão Motta (1991) augurerait de futurs déploiements du groupe amphibie brésilien, partiellement renouvelé avec les A-140 PHM Atlântico (2018) et G-40 NDM Bahia (2015) qui réunissent le couple PHA/TCD (ou LHA/LPD). Mais force est de constater que c'est le programme de bâtiment logistique polaire qui a reçu la plus grande priorité. Dans l'attente de décisions brésiliennes, l'accélération des décisions structurantes britanniques pourraient déboucher sur la vente des deux unités de la classe Wave. Et le basculement brésilien dans l'obtention d'une capacité hauturière, voire océanique, serait alors immédiat. À moins que ne soit préféré, dans le cadre d’une relance économique par la commande publique, la mise sur cale, au Brésil, de nouvelles unités.

 

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