La guerre navale occupe une place centrale dans l'histoire des
Etats-Unis d'Amérique. Dès l'année 1775, les treize colonies décident de
constituer une marine. Six année plus tard, cette marine en
voie de constitution ne dispose en tout et pour tout que de trois
"croiseurs".
Étude des avant-projets demandés par l'organe ayant à charge la flotte à construire (Conseil Supérieur de la Marine, Conseil des Travaux, SCEM/PLANPROG, OCA Marine, ASF, etc) et présentés à l'autorité politique. L'enjeu consiste à déterminer comment la Marine engage ces projets dans le processus institutionnel (contrat opérationnel, plan naval ? Loi(s) de financement, etc) pour faire correspondre la flotte à construire avec la flotte répondant au problème militaire français. ISSN : 2271-1163
Les @mers du CESM
Les @mers du CESM - 19 avril 1944 : Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945. | |
10 décembre 2013
28 novembre 2013
Porte-avions Charles de Gaulle : une refonte historique
© ECPAD. Le 9 mai 1994, dans le port de Brest, le porte-avions à propulsion nucléaire “Charles de Gaulle” est inauguré
en présence de M. François Mitterrand, président de la République,
M. Edouard Balladur, Premier Ministre, et M. François Léotard, ministre
de la Défense.
La décision historique est tombée dans la plus grande indifférence !
Monsieur le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonçait que le Charles de Gaulle allait être refondu pour 1,3 milliards d'euros
(2016-2018).
Cette indifférence est révélatrice à plus d'un titre !
Premièrement, c'est une décision majeure sur le plan historique.
Lors de l'élaboration de la loi de programmation militaire actuelle, et
les fameuses trajectoires X, Y et Z, il avait été
question, selon les bruits de coursives, de retirer du service le
porte-avions. Il y a un monde entre remettre en doute l'outil majeur de
la puissance aéronavale et confirmer cette dernière.
Pourquoi est-ce donc une décision majeure sur le plan historique ?
Le temps naval est un temps long, même si cela n'est pas toujours
compris. La question du second porte-avions a été ouverte en
1990 quand le R92 Richelieu n'était pas commandé. En 2013 (23 ans
plus tard) le gouvernement prend la décision majeure de confirmer le R91
Charles de Gaulle avec cette refonte à mi-vie. Le
prochain rendez-vous est la période 2025-2030 où il faudra débattre
de l'intérêt de remplacer le Charles de Gaulle et de l'accompagner d'un
sistership puisque c'est le minimum pour
disposer de l'outil.
Notons que c'est la énième décision gouvernementale depuis 2004 qui
confirme la volonté de l'Etat de maintenir la capacité à concevoir,
construire et mettre en oeuvre des porte-avions, depuis la
décision du président Chirac de travailler avec les anglais (et les
coûts afférents !) jusqu'à cette décision de refondre l'unique
porte-avions.
Les refontes de navires, et en particulier les refontes à mi-vie, ne
sont pas monnaie courante dans l'Histoire. Ce sont des opérations très
lourdes et qui nécessitent des investissements
équivalent à plus ou moins la moitié de la valeur du bateau. Par
exemple, Coutau-Bégarie nous décrivait l'exemple américain à travers les
refontes SLEP (Sea Life Extension Program) "destiné à prolonger la durée de vie de ces porte-avions d’une quinzaine d’années [alors qu'ils avaient été conçu
pour 30 ans de service] au prix de 28 mois de travaux pour un
coût qui atteint maintenant environ près d’un milliard de dollars par
unité. Le SLEP comporte la révision complète de la coque,
des machines..., la modernisation de l’équipement électronique et la
refonte des installations aéro".
Le coût de production du Charles de Gaulle, incluant les études, les
premières pièces de rechanges et celles de grande prévoyance était de 3 milliards d'euros (contre 2 pour le R92 Richelieu).
Il s'agit bel et bien de pérenniser le porte-avions pour qu'il demeure un outil opérationnel de premier plan dans le monde pour la seconde partie de son existence opérationnelle.
Le volume financier impressionne et confirme donc le caractère
historique de la décision. 1,3 milliards d'euros ! C'est une somme
gigantesque et pour la remettre en perspective il suffit de citer
le coût de la première IPER du Charles de Gaulle, intervenue après sept années
d'activités opérationnelles : 0,3 milliards d'euros...
Nous ne devrions qu'être stupéfait par l'incroyable situation que nous vivons :
- les anti-porte-avions français sont vent debout contre la commande d'un second porte-avons qui coûtait 2 milliards d'euros dans les années 90 et 2,5 milliards d'euros HT aujourd'hui,
- et personne ne s'offusque que l'outil soit confirmé et lourdement modernisé pour 1,3 milliards d'euros.
C'est une situation ubuesque.
Qu'est-ce qu'un 1,3 milliards d'euros ? A 200 millions près, c'est le coût du porte-aéronefs Cavour (qui jauge presque autant que les porte-avions Foch et Clemenceau pour 1,5 milliards).
Le second porte-avions c'est l'équivalent de trois Rafale par année fiscale sur sept années.
La refonte du porte-avions Charles de Gaulle ce sera 1,3 milliards d'euros étalés sur deux années de 2016 à 2018.
L'effort financier n'est rigoureusement pas le même... et l'hystérie anti-porte-avions ne s'est même pas manifestée !
Nous sommes donc dans l'obligation, sans nier la nécessiter de
réaliser l'IPER du Charles de Gaulle, de poser la question suivante : ne
serait-il pas plus judicieux sur le plan stratégique de
lancer la construction du second porte-avions grâce à la ligne de
crédit prévue pour 1 milliard d'euros (moins les 0,3 milliards de
l'IPER) ?
La situation est proprement incroyable si nous la rapportons aux
"discussions" qui ont eu lieu sur l'avenir de la puissance aéronavale
française de 2008 à 2013.
Pour en revenir à la refonte, nous ne pouvons que nous ne demander
ce qu'il y aura dans ce milliards supplémentaire par rapport à une IPER
classique du porte-avions.
Premièrement, Mer et Marine avait supposé que le Charles de Gaulle
verrait le remplacement de ses radars car la suite actuelle tend vers
l'obsolescence. Il y a deux solutions possibles :
- une remise à niveau via un Herakles amélioré (le même que sur les FREMM ASM),
- une solution ambitieuse avec un radar à surfaces planes qui pourrait être le même que celui de la FREMM-ER.
Cette dernière pourrait préfigurer ce que seront les deux FREDA qui seront livrés en 2018
et 2019 puisque le ministre de la Défense a choisi que ces deux
frégates, initialement prévues pour la LPM suivante, soient contenues
dans l'actuelle LPM.
Solution qui serait soutenue par l'export puisque la demande irait
pour des frégates de défense aérienne avec radar à surfaces planes
pouvant s'intégrer dans une défense anti-missile
balistique.
Deuxièmement, il n'y a pas beaucoup d'informations qui sont tombées
quand aux modernisations qui seront effectuées. C'est pourquoi nous nous
devons de les imaginer :
- le déplacement de l'ilot à l'arrière du pont d'envol,
- l'installation de catapultes électromagnétiques (et pourquoi pas atteindre la capacité catapo et le doublement des catapultes à cette occasion),
- une défense aérienne à très courte portée par laser (à l'instar du CVN 78),
- la modernisation des installations aéronautiques pour l'accueil de drones,
- la robotisation du bord pour faciliter les flux logistiques,
- l'utilisation de peintures au silicone pour la carène,
- l'installation de dispositif de supercavitation pour améliorer la propulsion,
- une automatisation accrue du navire (permettant de diminuer l'équipage du bateau de 1300 à 900 personnes et permettre de le doubler à terme),
- la remotorisation du navire par des moteurs supraconducteurs,
- l'installation de pods en lieu et place des lignes d'arbres,
- l'utilisation de l'espace libéré pour améliorer la puissance propulsive,
- l'autre utilisation de l'espace libéré pour améliorer les capacités d'emport de carburant et de munitions (et donc réduire le besoin logistique).
L'enveloppe de la refonte aurait pu être dépassée par tant de
projets. Néanmoins, bien des suggestions ci-dessous relèvent directement
d'une partie des 34 plans industriels présentés par le gouvernement.
Cette refonte à mi-vie n'a pas fini de faire parler d'elle.
27 novembre 2013
Les deux océans français
La géographie navale de la France, ou plutôt de l'Archipel France, évolue significativement depuis 1989. En guise de préliminaires, il convient de rappeler qu'en France la projection de l'État dans l'espace était marquée par les apparitions successives de menaces continentales contre son existence (des Habsbourg au pacte de Varsovie). Depuis la fin de cette menace continentale en 1989, la France européenne s'entoure de "Longs Murs", analogues à ceux de l'Antique Athènes, par la construction européenne. Cette insularité artificielle rend total le caractère archipélagique de la France, et consacre par ailleurs un Archipel France reposant sur deux océans.
Port(s) des SNA : Brest, Toulon ou ailleurs dans l'Archipel France ?
Il y a un gros dossier qui attend la Marine nationale, et
malheureusement, la décision qui en découlera sera, peut-être, déjà
obsolète.
C'est bien entendu celui du port base... des IPER des sous-marins français dont il est question. En 2008 et suite au choix de confirmer Toulon comme port base des SNA, il était dit à Brest que c'était une "décision politique". Forcément, mais par là il fallait entendre que c'était une solution dictée par l'aménagement du territoire varois (salutations) et non pas par l'intérêt stratégique.
Entre parenthèses, ce serait le moment idéal de lancer une critique constructive de la "rationalité" des acteurs dans le processus de décision.
A Brest, on met en avant l'Ile Longue. Paradoxalement, il me semble que ce territoire n'est pas Brestois. La majeure partie de ses travailleurs sont de Brest. La question fiscale sous-jacente n'est pas à négliger (selon que l'on parle des IE ou des IPER des SNA-NG) mais le propos n'est pas là.
Donc le site finistérien présenterait l'avantage, s'il devenait plateforme unique des IPER des sous-marins nucléaires, d'offrir un coût de revient moindre. C'est bien là le coeur du dossier : il existe deux chaînes distinctes d'IPER en France pour les sous-marins : Brest (SNLE) et Toulon (SNA). La réflexion qui s'achèvera bientôt doit déterminer si nous devrions rationaliser l'ensemble à une seule chaîne à IPER de sous-marins nucléaires. Sur le plan industriel, cela n'est pas irrationnel : plus de volume, moins d'infrastructures.
Nous parlons donc bien de conserver Toulon comme port base des SNA, que l'entretien courant y soit effectué (les IE) et que l'Ile Longue ne conserve que les IPER (soit une IPER tous les 10 ans pour chaque SNA-NG).
Mais il semblerait que certains veuillent aller plus loin et faire de Brest un pôle ASM en y basant tous nos SNA et SNLE. Forcément, deuxième acte, Toulon est contre.
On accuse un "lobby" (groupe de pression en Français) brestois qui serait à l'oeuvre. Gageons que le fait de baser actuellement tous nos SNA à Toulon, même pour les IPER, est un choix stratégique savamment étudié et que les Toulonnais sont insensibles aux retombées engendrées... (à l'instar des brestois, salutations).
Le ministre de la Défense, lorientais (et qui a donc perdu les sous-marins classiques il y a peu (en temps marin) attend donc ce rapport sur le choix à effectuer. Officiellement, et à moins que j'ai raté bien des marches, il s'agit de savoir si Brest et l'Ile Longue seraient plus rentable pour les IPER des sous-marins nucléaires français que Toulon.
Parle-t-on d'un port base unique ? Je n'ai pas vu.
C'est bien entendu celui du port base... des IPER des sous-marins français dont il est question. En 2008 et suite au choix de confirmer Toulon comme port base des SNA, il était dit à Brest que c'était une "décision politique". Forcément, mais par là il fallait entendre que c'était une solution dictée par l'aménagement du territoire varois (salutations) et non pas par l'intérêt stratégique.
Entre parenthèses, ce serait le moment idéal de lancer une critique constructive de la "rationalité" des acteurs dans le processus de décision.
A Brest, on met en avant l'Ile Longue. Paradoxalement, il me semble que ce territoire n'est pas Brestois. La majeure partie de ses travailleurs sont de Brest. La question fiscale sous-jacente n'est pas à négliger (selon que l'on parle des IE ou des IPER des SNA-NG) mais le propos n'est pas là.
Donc le site finistérien présenterait l'avantage, s'il devenait plateforme unique des IPER des sous-marins nucléaires, d'offrir un coût de revient moindre. C'est bien là le coeur du dossier : il existe deux chaînes distinctes d'IPER en France pour les sous-marins : Brest (SNLE) et Toulon (SNA). La réflexion qui s'achèvera bientôt doit déterminer si nous devrions rationaliser l'ensemble à une seule chaîne à IPER de sous-marins nucléaires. Sur le plan industriel, cela n'est pas irrationnel : plus de volume, moins d'infrastructures.
Nous parlons donc bien de conserver Toulon comme port base des SNA, que l'entretien courant y soit effectué (les IE) et que l'Ile Longue ne conserve que les IPER (soit une IPER tous les 10 ans pour chaque SNA-NG).
Mais il semblerait que certains veuillent aller plus loin et faire de Brest un pôle ASM en y basant tous nos SNA et SNLE. Forcément, deuxième acte, Toulon est contre.
On accuse un "lobby" (groupe de pression en Français) brestois qui serait à l'oeuvre. Gageons que le fait de baser actuellement tous nos SNA à Toulon, même pour les IPER, est un choix stratégique savamment étudié et que les Toulonnais sont insensibles aux retombées engendrées... (à l'instar des brestois, salutations).
Le ministre de la Défense, lorientais (et qui a donc perdu les sous-marins classiques il y a peu (en temps marin) attend donc ce rapport sur le choix à effectuer. Officiellement, et à moins que j'ai raté bien des marches, il s'agit de savoir si Brest et l'Ile Longue seraient plus rentable pour les IPER des sous-marins nucléaires français que Toulon.
Parle-t-on d'un port base unique ? Je n'ai pas vu.
Malheureusement, cette décision sera forcément, troisième étape,
obsolète. La géographie navale française n'est plus la même :
- nous n'avons plus deux façades maritimes (Atlantique et Méditerranée) ;
- mais nous en avons au moins cinq : Atlantique, Antilles, Méditerranée, océans Indien et Pacifique.
Plus synthétiquement, la géographie navale française peut se résumer
à une opposition entre le Vieux Monde et le Nouveau Monde. C'est-à-dire
que les détroits du Cap (Afrique du Sud), de Magellan
(Argentine), le Canal de Suez (Egypte) et de Béring (Russie -
Etats-Unis) séparent deux océans français. C'est par là que la
concentration de la Flotte se joue (et c'est toute l'Histoire navale
de la France).
C'est pourquoi nous devrions peut être parler de l'opportunité de
déplacer des frégates et des sous-marins du premier océan français au
second.
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