Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





16 mars 2011

La Marine nationale et le manque d'escorteurs AA



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J'ai récemment paticipé au colloque sur les occupations militaires en Europe des espaces maritmes et littoraux en Europe de l'époque moderne à nos jours. A cette occasion, j'ai pu entendre un amiral répondre à une question d'un intervenant, qui était : "avons-nous assez d'escorteurs AA ? Le format actuel est bien faible". L'officier général a bien entendu répondu que les officiers généraux définissent les besoins, et qu'il appartient aux hommes politiques d'y répondre dans la mesure du possible.

  En outre, en dehors de cet éternel problème, je crains qu'il y ait une difficulté à théoriser ce qu'est une "frégate" et un "croiseur".

Plongeons dans les années 60, point de départ de la réponse de l'amiral en question : nous devions avoir six frégates lance-missiles de la classe Suffren (j'ajoute qu'il était prévue d'avoir 18 frégates ASM du type F67 en même temps) et nous en avons reçu que deux. Il est vrai que les numéros 3 et 4 du programme Horizon, pardon (mais l'histoire est toujours la même), Suffren ont été abandonnées au profit d'une commande de Crusader. J'ai fait un petit article sur le troisième Richelieu. Je ne cache pas que conserver deux ou trois cuirassés modernes, après le second conflit mondial, c'est une question et de politique, et de prestige. Hors, la Marine n'a pas donné un grand rôle à ces navires de ligne plus aptes à dévorer les crédits d'entretien qu'autre chose. Certes... mais à ce moment là, en quoi la rue Royale avait-elle une politque rationnelle et cohérente avec la construction et la mise en service des croiseurs CAA Colbert et De Grasse ? Ces deux navires n'avaient-ils pas un équipage de près du double e celles des frégates lance-missiles ? Pourquoi ne pas avoir mis au rebus des cuirassés et des croiseurs pour acquérir les fameuses frégates ?


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Il me semble qu'il est bien difficile de distinguer "frégates" et "croiseurs". Qu'est-ce donc qu'une frégate lance-missiles Suffren ? Un navire avec un système d'armes AA, des moyens de lutte anti-navires, un sonar d'étrave et un sonar remorqué, donc des moyens de lutte ASM plutôt complet. En somme, c'est un navire apte à lutter dans tous les milieux, donc c'est un croiseur. Oui, je qualifie volontiers ce navire de croiseur léger ! S'il y avait eu une meilleure répartition des tâches par navires dédiés à un domaine de lutte seulement, la Marine aurait-elle eu bien plus de navires ?

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Plongeons un peu moins profond et revenons aux années 80, plus ou moins. Je passe sur les escorteurs d'escadre et/ou rapide qui furent refondus en escorteurs lance-missiles, je ne maitrise pas bien encore toute l'évolution de la Flotte. Par contre, je raccroche aux propos dudit amiral : il cite le cas des frégates Jean Bart de la "classe F70". De deux (ou trois) choses l'une :
  • je tiens à vous faire remarquer que nous parlons de deux grands programmes :
    • le programme F67 avec ses croiseurs et frégates ASM ;
    • le programme F70 avec ses deux frégates spécialisées
Donc, force est de constater que le "programme FREMM" n'est pas une nouveauté en France. J'entends par là, la volonté de développer des versions spécialisées à partir d'une "coque unique". Le côté européen a été présent, il a plus ou moins disparu pour le programme FREMM actuel. Donc, ce programme est en réalité une résurgence des programmes F67 et F70 visant à doter notre marine d'un grand nombre de navires à partir d'une même coque :
  • nous devions avoir 17 FREMM, nous n'en recevrons que 11.
  • Combien devions-nous avoir de frégates F70 ? Nous n'en avons reçu que 11.

Le problème est bien le même : tendre à l'idéal colbertien qui est d'avoir une grande standardisation afin d'avoir une flotte plus nombreuse, et moins coûteuse.

Nous devions recevoir 4 frégates de classe Jean Bart. Hors, le Congrès américain force par une loi (dont j'ai oublié le nom) l'US Navy a rationalisé le nombre de système d'armes embarqués. Consequences, le système Tartar (sur SM1) est abandonné. Alors, en France, nous avons  deux frégates AA dont la raison d'être est ce système d'armes. Il faut donc abandonner le programme et se contenter des deux premiers navires. Alors, quel dommage de ne pas avoir reçu toutes les frégates lance-missiles. Quel dommage de ne pas avoir un système d'armes anti-aérien relevant du niveau national : des inconvénients de dépendre de l'étranger (ou de commander et réaliser lentement les programmes). 

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Le format de la Flotte en escorteurs AA est donc bloqué à 4 frégates. Dans les années 2000, je crois bien voir que nous replongeons dans nos travers : les frégates classe Forbin ne sont que deux. On nous dit que les deux FREDA, extrapolées du programme FREMM, seront moins chères. Je doute et je ne suis pas le seul. Sur la pertinence financière des Horizon françaises il y a beaucoup à dire, comme :
  • les frégates T26 anglaises semblent être un dérivé des T45 ;
  • les FREMM italiennes reprennent les études réalisées pour les Horizon ;
  • la France est un pays riche avec deux grandes classes de frégates.

Je pense que nous retrouvons encore là la problématique de la frégate et du croiseur : les frégates Horizon sont bien lourdes. J'aurais plutôt souhaité que ces navires reprennent le rôle, la place, dans la Flotte des frégates lance-missiles de classe Suffren : c'est-à-dire, la place de croiseur léger. D'un autre côté, nous sommes dans l'époque de la "guerre en réseau". Je me demande donc si le rôle des croiseurs n'est pas plutôt de protéger les grandes unités par leurs capacités AA, ASM et peut être ABM, et de diriger une meute de frégates bien plus légères, mais très spécialisées. La question se pose.

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Cette réflexion s'inspire beaucoup des travaux de l'Amiral Mahan et de l'historien britannique Julian S. Corbett. Ces deux personnages reprennent l'image du blocus de Brest par la Royal Navy. Dans cet exemple, le corps de bataille est au large, et les frégates éclairent la Flotte sur la tenue du blocus, la préparation à la sortie, ou non, de la flotte bloquée. Actuellement, je trouve que cette image est toujours pertinente : les frégates éclairent la ou les Flottes (selon qu'elles protègent les ZEE ou l'Escadre), c'est le rôle de toutes les frégates. Presque toutes en réalité puisqu'une partie d'entre-elles sont affectées à l'escorte du corps de bataille.

Le problème théorique, c'est que la frégate est là pour croiser (to cruise). Le croiseur est bien un dérivé de cette fonction, mais pas toujours. Frégate et Croiseur sont intimement liés mais c'est la frégate qui a vocation à croiser aujourd'hui, le croiseur est là pour être le rideau défensif du corps de bataille.

Si je dois donner ma composition de la Flotte, ce serait alors au final :
  • des croiseurs légers Horizon pour défendre le corps de bataille ;
  • des frégates légères furtives Lafayette pour éclairer la Flotte avec des réserves de volume disponible pour installer des armements supplémentaires (en cas de course au sous-marin, comme exemple pris au hasard). Tout du moins, avec un armement polyvalent apte à les intégrer dans le corps de bataille comme aujourd'hui. 
L'intérêt d'une telle pyramide, à contre-courant de la "macrocéphalisation", c'est de pouvoir disposer d'un grand nombres d'unités afin que la Flotte joue ses rôles diplomatiques et politques à travers le monde : les meilleurs ambassadeurs.

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