C'est grâce à l'ouvrage de Jean Moulin, Clemenceau et Foch
(Marines Editions), qu'il est possible d'avoir une description
précise de la gestion des deux équipages des deux anciens ponts plats
(aux pages 210 et 217). Une instruction du 11 octobre 1973
officialise les rotations des équipages à bord des porte-avions. C'est
l'instruction du 2 janvier 1974 qui précise ces cycles.
Pour
l'état-major de la Marine, il s'agissait de tenir compte de la
permanence à la mer du groupe aéronaval avec deux navires. C'est-à-dire
que, en permanence, l'un des deux porte-avions est à la mer, tandis que
l'autre est soit en entretien, en refonte et à l'entraînement. Sans
oublier le "détail" que l'équipage d'un navire qui revient d'une mission
de 4 à 8 mois a besoin de se reposer (sauf si l'on est nostalgique des
mutineries ou demandeur d'équipages qui désertent l'institution). Tout
ceci limite drastiquement les périodes où les deux porte-avions sont à
la mer, et aptent à partir pour un déploiment complet.
En outre, monsieur Jean Moulin ajoute à la page 217 de son ouvrage un tableau qui récapitule les passages PA1/PA2 entre les deux navires. De 1972 à 1993 il y en a eu 21 dont 10 pour IPER (PEI et IE), deux pour avaries et trois pour modernisation.
En outre, monsieur Jean Moulin ajoute à la page 217 de son ouvrage un tableau qui récapitule les passages PA1/PA2 entre les deux navires. De 1972 à 1993 il y en a eu 21 dont 10 pour IPER (PEI et IE), deux pour avaries et trois pour modernisation.
Il
n'est donc pas impératif d'avoir deux équipages au grand complet afin
d'assurer la conduite des deux navires... L'objectif opérationnel est
d'avoir un porte-avions à la mer. La disposition de deux équipages
complets avec deux groupes aériens embarqués auraient été un effort
disproportionné par rapport au gain espéré. Ce faisant, cela aurait-il
était vraiment utile d'user plus vite le potentiel de navire dont on
n'est pas assuré de leur remplacement ?
C'est pourquoi la première instruction précitée prévoit deux armements différents des Clemenceau et Foch :
- l'armement PA 1 correspond à l'effectif armé paix normal.
- l'armement PA2 correspond à un effectif armé paix spécial pour mission porte-hélicoptères en conservant des capacités de mise en oeuvre d'aéronefs à voilure fixe avec une catapulte utilisable.
Cela
se traduit dans les faits par l'existence d'un équipage propre et
permanent à chaque navire qui est de 984 personnes. Cet équipage là est
l'armement PA2. L'équipage de complément (PA COMPL) est systématiquement
affecté au PA1 et se compose théoriquement de 354 personnes. C'est ce
dernier qui, quand il est à bord d'un des deux navires, permet de facto
qu'il soit PA1. L'équipe complet (et théorique) se monte à 1338
personnes, hors groupe aérien.
Notons que trois passages d'équipages ont eu lieu hors de la métropole : au large des Orcades (12 juin 1972), en mer Rouge (14 juin 1977) et la dernière fois au large du Liban (10 octobre 1983). Un passage d'équipages nécessite trois jours nous dit l'auteur de l'ouvrage. L'intérêt des hélicoptères lourds (15 à 20 tonnes) et des avions de transport catapultables (C-2 Greyhound) ou convertibles (V-22 Osprey), c'est qu'ils peuvent ou pourraient réaliser un tel changement d'équipages en pleine mer.
L'intérêt
de la manoeuvre, outre d'ajuster le besoin en hommes au strict besoin,
permet de réduire significativement le nombre de spécialistes aviation
(installations d'aviation, armement) puisque l'objectif de l'armement du
PA2 n'est que de mettre en oeuvre une catapulte et des hélicoptères.
Néanmoins, pendant la guerre en Libye de 2011, le Charles de Gaulle a souffert d'une ressource en spécialistes aviation trop faible. Le navire n'a qu'un seul équipage (car il n'y a qu'un seul porte-avions) ce qui fait que quand il a fallu enchaîner avec cette guerre après la mission Agapanthe, la réserve humaine était trop faible. Ce qui oblige à observer qu'il doit être très difficile pour l'état-major de jongler avec les contraintes budgétaires et permettre de parer aux imprévus.
Néanmoins, pendant la guerre en Libye de 2011, le Charles de Gaulle a souffert d'une ressource en spécialistes aviation trop faible. Le navire n'a qu'un seul équipage (car il n'y a qu'un seul porte-avions) ce qui fait que quand il a fallu enchaîner avec cette guerre après la mission Agapanthe, la réserve humaine était trop faible. Ce qui oblige à observer qu'il doit être très difficile pour l'état-major de jongler avec les contraintes budgétaires et permettre de parer aux imprévus.
Cette
visite des pratiques passées et révolues permet d'imaginer un éventuel
futur (tout est éventuel tant que rien ne flotte, ni n'est armé). Par
exemple :
- le Charles de Gaulle est armé par un équipage de 1950 hommes, dont 1260 sont affectés à la conduite du navire (la différence, 690 hommes, constitue les personnels du groupe aérien embarqué). Si l'on tient compte des chiffres des Foch et Clemenceau, alors sur ces deux porte-avions l'équipage de complément représentait 26,5% de l'équipage total du navire. S'il s'agissait de la même proportion à bord de l'actuel porte-avions nucléaire, alors son équipage de complément serait de 334 personnes (ce qui donne l'équipage PA2 à 926 hommes).
- Le PA2 à propulsion nucléaire (c'est plus simple à gérer qu'une seconde unité à propulsion conventionnelle) serait armé par un équipage de 900 hommes pour la conduite du bâtiment. Mais l'équipage total serait de l'ordre de 1690 personnes (soit 110 de moins que sur le Charles de Gaulle).
Tout
ceci, et malgré les grossières erreurs de calcul (peu importe en
réalité) reviendrait à dire que si le second porte-avions était mis en
chantier, alors l'équipage qui devrait lui être affecté représenterait
environ 900 hommes (et femmes).
Si
jamais le second porte-avions était mis en chantier, alors il ne serait
pas question de 2000 ou 1500 hommes, mais de 900 hommes nécessaires à
son armement. Et à glisser dans le budget de la Marine nationale, alors
que les effectifs baissent continuellement depuis l'arpès-guerre, c'est
beaucoup plus simple. Mais cela supposerait une baisse dans les
suppressions de postes (qui se produit dans d'autres ministères).
Qui
plus est, la nouvelle génération de navires nécessite souvent deux à
trois fois moins d'hommes d'équipage que la précédente (une FREMM ASM
nécessite 108 personnes contre 235 sur une F70 ASM). Le "solde"
générationnel pourrait être reversé à la marine afin qu'elle puisse
armer les nouveaux navires.
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