Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





17 février 2015

Flotte contractuelle et Flotte virtuelle ?


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© Marine nationale.

Dans une interview donnée récemment à la rédaction de Mer et Marine, le chef d'état-major de la Marine nationale, l'amiral Bernard Rogel, nous offre un grand tour d'horizon de l'actualité de la Flotte. Nous pouvons en retenir la citation du CEMM qui orne l'entretien : "La marine est au-delà de son contrat opérationnel".

Phrase qu'il faut entendre dans le sens où la Marine nationale, comme l'Armée de Terre et l'Armée de l'air, a une activité plus importante que celle définie dans le "contrat opérationnel" fixée par le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.



Par exemple, le livre blanc demande à la Marine nationale d'assurer deux missions navales permanentes (contre trois précédemment). L'amiral Rogel de dire que la Royale assure 4 à 5 missions navales permanentes. Ce qui nous renvoie au propos d'Hervé Coutau-Bégarie (Le meilleur des ambassadeurs, éditions Economica, 2010) qui décrivait l'orientation inquiétante de la diplomatie navale, non plus vers des crises ponctuelles et courtes (à l'instar de "la guerre de la morue") mais bien vers des engagements de longue durée. Ainsi, la mission Corymbe, dans son format actuel, est assurée dans le Golfe de Guinée depuis plus de 20 ans.

Engagements structurants ou ponctuels qu'il faut assurer en plus d'autres missions comme la dissuasion nucléaire qui demande l'engagement, outre d'un SNLE en permanence à la mer, de moyens de protection et d'éclairage. Le potentiel d'Atlantique 2, de frégates anti-sous-marine (ASM), d'avisos et de SNA (Sous-marin Nucléaire d'Attaque) est consommé pour conduire cette mission.

Sans oublier l'engagement du GAn (Groupe Aéronaval) constitué, outre le porte-avions, d'une frégate ASM, d'une autre de Défense Aérienne (DA), d'un SNA et d'une unité logistique.

Enfin, dans la même interview, le chef d'état-major de la Marine confirme, comme chaque année depuis 1982, que les missions de l'Action de l'Etat en Mer (AEM) tiennent une place de plus en plus importante au sein de la Marine nationale. Les zones économiques exclusives ainsi que la maritimisation des économies imposent de grandes exigences en matière de maîtrise des espaces aéromaritimes. Parfois ou souvent c'est même une question de souveraineté territoriale élémentaire. L'ancien CEMM, l'amiral Forissier, expliquait à EchoRadar qu'en raison de la géographie navale française, il était préférable d'avoir une Marine nationale et non pas une garde-côtière pour assurer ces missions. Notons au passage que le développement des énergies marines demande un accroissement des missions de déminage effectuées par la Marine nationale.

Le format de la Marine nationale décidé à travers le livre blanc se constitue de 4 SNLE, de 6 SNA, d'1 porte-avions, de 3 BPC, de 15 frégates de 1er rang, d'une force de guerre des mines, d'une quinzaine de patrouilleurs et de 6 frégates de surveillance. C'est ce que nous proposons d'appeler la "flotte contractuelle", celle qui existe dans le livre blanc, dans les débats budgétaires entre l'Exécutif, le Législatif et Bercy.

Non pas par opposition mais par complément à celle-ci nous proposons de considérer l'existence d'une "flotte virtuelle". L'amiral Rogel, toujours dans la même interview, se refuse à se plaindre. Toutefois, le chef d'état-major de l'Armée de Terre disait devant les députés que témoigner des difficultés rencontrées pour effectuer les missions ne revient pas à se plaindre mais à tenir informé de la réalité le Parlement. Le concept de flotte virtuelle permettrait ainsi de matérialiser le décalage entre l'activité opérationnelle définie par le livre blanc et les moyens attribués et de l'autre côté les décisions d'engagement des forces ordonnées par le politique selon les ambitions de la France sur la scène internationale.

L'actuelle flotte virtuelle pour 2015 consacre des différentiels positifs et négatifs.

Pour le côté positif, cette flotte virtuelle ne nécessite pas un second porte-avions. Mais au regard de ce qui s'est déroulé pendant l'opération Harmattan (2011) au large de la Libye, il est apparu que le format à 6 SNA était trop juste et pour protéger la mission de dissuasion océanique et pour soutenir le GAn au Sud de Toulon. Manque-t-il un SNA ? Une autonomie plus importante par navire ? Le passage de 2 missions navales permanentes (flotte contractuelle) à 4 ou 5 (flotte virtuelle) demande un très grand effort à la flotte de surface. Celle-ci vient de perdre une frégate qui est vendue à l'Egypte. Le CEMM souhaite recevoir 4 FREMM d'ici à 2016.

Pour le côté négatif, cette flotte virtuelle enregistre une décrue très importante de ses moyens dédiés aux missions de l'AEM. La frégate de surveillance Nivôse subissait un incendie fin 2014 qui la retire temporairement du service opérationnelle. Le nombre de patrouilleurs subit une décrue importante d'ici à 2019 alors que la Marine tente péniblement de renouveler une partie de ces moyens (B2M, B3M, B4M, BSAH et PLG). Ce qui n'empêchera pas des ruptures temporaires de capacité. Tout ceci en attendant le programme BATSIMAR et de connaître la succession des frégates de surveillance pour la prochaine LPM.

Si témoigner n'est pas se plaindre, afficher le décalage entre une flotte contractuelle et une flotte virtuelle ne le sera peut-être pas non plus. Une nouvelle manière de matérialiser le décalage entre les ambitions, les nécessités et les moyens attribués ?

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