Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





14 juillet 2020

PANG : « le choix du successeur du porte-avions « Charles de Gaulle »


     Le Président de la République, M. Emmanuel Macron, a prononcé un discours à l'occasion de la traditionnelle garden party du ministère des Armées, organisée dans les jardins de l'hôtel de Brienne. Le Président a eu cette phrase indiquant qu'une décision a été prise, concernant le programme PANG, en phase avec les déclarations de la ministre des Armées, Mme Florence Parly. Il est logiquement attendu que la décision soit pleinement exposée lors de l'interview du 14 juillet, donnée au palais de l'Élysée.

L'Amiral Bernard Rogel (12 septembre 2011 - 12 juillet 2016) avalisait devant la commission de la Défense nationale et des forces armées en juillet 2012 que le Président de la République précédent, M. Nicolas Sarkozy, n'avait pas rendu sa décision au sujet du « PA2 », question pendante depuis 1987 alors qu'il devait être l'une des lignes de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 1990 - 1995 et pour laquelle le seul début de commencement de formalisation d'une réponse fut l'aventure du CVF-FR (Carriel Vessel Futur - FRance) alors que les livres blancs 1994 et 2008 repoussaient à une meilleure situation économique et donc financière la question.

La Marine nationale introduisait alors, en 2013, un nouveau sujet, après avoir donné la mort au PAN n°2 - PA2 (1987 - 2012) : la succession du Charles de Gaulle. Le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale 2013 ne soufflait mot ni d'un deuxième porte-avions, ni de l'avenir du groupe aéronaval. S'enchaîne alors le Nouveau Porte-Avions (NPA) puis le Futur Porte-Avions (FPA).

La Revue stratégique de Défense et de sécurité nationale, présentée lors d’un conseil de Défense le 11 octobre 2017 et remise officiellement au Président par la ministre des Armées le 13, engage que « le maintien de la supériorité aéromaritime implique de préparer le renouvellement du groupe aéronaval » (point 303).

Et en toute logique, la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 – 2025, adoptée le 13 juillet 2018, disposait que « les études relatives à l'aviation de combat du futur et au successeur du porte-avions Charles de Gaulle seront fondamentales pour garantir nos capacités d'intervention dans le haut du spectre. »

Le 14 novembre 2018, en interview avec Gilles Bouleau pour le journal télévisé de TF1, depuis le porte-avions Charles de Gaulle, le Président déclarait vouloir prendre une décision mi-2020 à partir des conclusions des quatre études commandées par la ministre des Armées et dont il avait été donné publicité à la décision à l'occasion de son discours inaugural au salon EuroNaval, le 23 octobre 2018.

Mais, et très théoriquement, ces quatre études, et l'ensemble des réflexions conduites par les différents protagonistes du dossier, pouvaient conclure autant à la pertinence stratégique de renouveler le groupe aéronaval, notamment en assurant la succession du Charles de Gaulle, mais également de ne pas reconnaître comme pertinent de perpétuer la capacité opérationnelle d'une aviation navale embarquée à voilure fixe. Les questions du nombre de plateforme ou même de la nature de leur propulsion devenant logiquement accessoire, à cet égard.

Les conclusions de ces études furent rendues au ministère des Armées en février 2020 et leur « consolidation » dans l'optique de présenter un certain nombre d'options au Président de la République ne pouvaient que nécessiter plusieurs semaines. Le Président indiquait vouloir prendre une décision à la moitié de l'année 2020, ce qui correspond théoriquement à la deuxième semaine du mois de juin où un conseil de Défense était bien à l'agenda... comme chaque semaine ou presque depuis les premiers mois du mandat d'Emmanuel Macron.

Un silence et une discrétion presque absolue des acteurs du dossier ou évoluant autour du dossier fut remarquable autour de ce dossier, rien que durant le premier semestre 2020... et ce, jusqu'au 14 juillet.

Seule la ministre des Armées, Florence Parly, troublait ce silence quand la note d'information annonçant son déplacement aux Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire), le 18 mai 2020, pour la cérémonie de découpe de la première tôle du BRF n°1 (Bâtiment Ravitailleur de Forces) - le futur Jacques Chevallier -, déclamait en une ligne qu'elle « se fera présenter les capacités industrielles des Chantiers de l'Atlantique, où sera construit le porte-avions de nouvelle génération ». Le propos était déclamé lors du discours, lors des réponses aux journalistes.

La ministre s'était-elle positionnée et donnait-elle ainsi une première indication ? Difficile d'ignorer les implications de pareille affirmation alors que la France est confinée depuis le 17 mars 2020. Tout comme il est intéressant de relever l'emploi de l'article défini « le ».

Retour à l'hôtel de Brienne, ce 13 juillet : au cours de son discours en l’honneur des défilants du 14 juillet, le Président de la République clame que les militaires savent bien que la Défense de demain se prépare aujourd'hui et évoque, dans cette perspective, les sujets structurants pour les Armées dont l'intelligence artificielle, le rôle majeur que devrait jouer l'innovation et les principaux programmes des trois Armées, à savoir l'avion de combat et le char de demain.

Et tombe, alors, cette phrase (34'52) :

« C'est de prendre en connaissance de cause les décisions structurantes pour l'avenir, le format de nos Armées, comme le choix du successeur du porte-avions Charles de Gaulle ».


Dans la continuation du positionnement de la ministre des Armées, et avec toute l'autorité conférée par les prérogatives constitutionnelles et de leur pratique (le « domaine réservé »), le Président de la République écarte donc l'option d'une non-perpétuation de la capacité opérationnelle d'une aviation navale à voilure fixe embarquée. Le Charles de Gaulle aura un successeur.

L'interview du Président, pour la première fois de son mandat se déroulera au palais de l'Élysée, à l'instar de nombre des 14 juillet de ses prédécesseurs, débutera à 13h10. Il est très probable qu'il annoncera quelle décision il a rendu au profit du programme PANG.

Nous serions alors face à deux hypothèses très théoriques :

  • le Président ménage l'effet de l'annonce qui sera faite à l'occasion de l'interview du 14, en laissant planer le doute sur l'ampleur de la décision (combien de PANG ?) ;

  • le Président a déjà fait savoir qu'il avait décidé d'engager le programme d'un successeur et de renvoyer à une prochaine LPM la question d'un PANG n°2.


Et il ne serait pas surprenant de connaître quel choix aura été rendu au sujet de la propulsion. Un dessin d'artiste ou assisté par ordinateur et issu des bureaux d'études sera-t-il diffusé à l'issu de l'interview ? C'est assez peu probable, notamment parce que le salon EuroNaval 2020 devrait être l'écrin rêvé à ce sujet. Et ce serait à cette occasion que seront connues les principales caractéristiques de l'avant-projet au sujet duquel se sera porté la décision présidentielle (Xavier Vavasseur et Thibault LAMIDEL,
« PANG: What We Know About France’s Future Aircraft Carrier », Naval News, 6 juillet 2020).


Mise à jour : aucune déclaration du Président de la République au sujet du programme PANG, pas même la moindre question militaire abordée pendant, plus ou moins, une heure d'interview.


4 commentaires:

  1. J'ai du mal à imaginer un lancement du PANG dans un contexte social tendu, où les 7 milliards pour les Soignants sont déjà critiqués comme insuffisants et où on s'attend à une crise très dure à la rentrée.
    L'annonce du PANG tombera plus à point quand les chantiers de l'Atlantique commenceront à appeler à l'aide suite aux multiples annulations de commandes que l'on peut envisager avec les effets du Covid.

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  2. Ou justement élément d'un plan de relance industriel massif, surtout s'il y en a deux à construire !
    Grosse déception qu'il n'y ait pas eu d'annonce en ce 14 Juillet ...
    QC

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  3. On voit là toute l'inutilité d'un budget insuffisant couplé à des exigences sociales mal prises en compte.

    Le besoin militaire, compte tenu de nos ambitions très très élevées pour un pays de notre taille, et uniquement sous leur prisme, est de deux GAN plus des navires et sous marins capables d'opérer en plus dans d'autres zones. Soit à la louche deux PAN, 12 SNA, 30 frégates (toutes de premier rang) et 20 avisos. S'y ajoute le besoin d'avoir une force de garde côte et de la ZEE soit une vingtaine de patrouilleurs hauturiers. Mais nous sommes loin d'avoir un budget pour avoir une marine digne de ce nom (Au standard européen notre flotte est titanesque car le moindre navire opérationnel moderne en Europe c'est colossale).

    Les exigences sociales sont de maintenir à flot Saint Nazaire. Si c'était la priorité deux PAN seraient construits. Problème vu le budget si on fait ça on risque un scénario à l'anglaise avec une micro flotte macrocéphale et presque rien dessus ou autour.

    Donc on fait un entre deux qui ne contente personne. Saint Nazaire n'aura pas assez de charge et les armées pas assez de navires pour remplir les missions qu'on leur fixe, et j'insiste sur ce dernier point je ne dis pas qu'elles n'en ont pas assez dans l'absolue mais que relativement aux missions fixées elles n'ont pas assez.

    La BF rachète pour la BCE notre dettes faisant plonger les taux de la dette non rachetée, il faudrait en profiter ou admettre que nos ambitions sont hors de portée et proclamer notre neutralité.

    " aucune déclaration du Président de la République au sujet du programme PANG, pas même la moindre question militaire abordée pendant, plus ou moins, une heure d'interview." cela dit tout sur l'importance que le pouvoir en place accorde à aux armées. Dans son précédent discours le président avait déclaré vouloir maintenir le cap du budget du Minarm pour "éviter les mauvaises surprises" militaires je pense plutôt que maintenir ce cap nous y conduit tout droit.

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  4. L'angoisse me prend aux tripes, je dois prendre une décision qui engage l'avenir sur des dizaines d'années et qui coutera des milliards, aie, aie, aie, que dois-je décider ? Chirac qui aurait du la prendre en a été totalement incapable pendant 12 ans, sarko trouvait qu'il fallait sans doute un PA plus bling bling, quand au dernier il ne comprenait pas de quoi on lui parlait. Constat triste mais au combien édifiant.

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