Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





26 avril 2021

Marine nationale : nouveaux standards des FDI ?

© Naval group. Dessin assisté par ordinateur de la Frégate de Défense et d’Intervention (FDI) Amiral Ronarc’h, montrée dans cet état matériel à l’occasion de la visite de la ministre des Armées, Mme Florence Parly, au site Naval group de Lorient, le 29 mars 2021.

     La décision d'accélérer partiellement la cadence industrielle du programme Frégates de Défense et d'Intervention (FDI), en ce qui concerne les FDI n°2 - Amiral Louzeau - et FDI n°3 - Amiral Castex, ainsi que le non-affermissement d'une commande grecque (17 juillet 2020), emporte des conséquences relatives aux standards 1 et 2 dudit programme. La capacité Missile de Croisière Naval (MdCn) aurait pu être renvoyé aux calendes grecques puisque le réagencement du plan de charge de Lorient procède de rationalités permettant d'abonder rapidement et une livraison (FDI n°2) et une éventuelle mise sur cale (2023 ?) supplémentaire à Lorient. Mais la dernière proposition de Naval group, présentée à la Marine de guerre hellénique, arbore un système de lancement verticale, certes fort de quatre SYLVER, ne comprenant plus la capacité MdCN (SYLVER A70). Les coûts d'intégration de celle-ci ne reposent plus que sur la seule Marine nationale.

     La LPM 2014 - 2019 précisait la cible du programme FREgates Européennes Multi-Missions (FREMM), en retenant un objectif de six FREMM livrées sur la période auxquelles s'ajouteront deux unités aux capacités de défense aérienne renforcées à réceptionner à l'occasion de la période suivante. « Pour les trois suivantes [FREMM n°9, 10 et 11], qui seront livrées d'ici à 2025, leur type pourra être adapté, en fonction de l'analyse du besoin et du marché, la décision étant prise au plus tard en 2016. Le programme des Frégates de Taille Intermédiaire (FTI) émergeait grâce à la décision, annoncée le 29 mai 2015, par le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, d'une ultime réduction de la cible du programme FREMM de 11 à 8 unités et la commande future de cinq FTI. 

     À l’occasion de l’inauguration, le 18 octobre 2016, de la 25ième édition du salon EuroNaval, le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, révélait, sur le stand du ministère de la Défense, la maquette des futures FTI. Le Comité ministériel d'investissement (CMI) du 20 mars 2017 actait la décision de lancer le programme FTI grâce à la signature du dossier de lancement et de réalisation. Le ministère des finances bloquait pourtant la décision mais le Premier ministre, M. Bernard Cazeneuve, mettait le dossier en bon ordre la semaine du 10 avril 2017.

     Le coût du programme FDI pour la Marine nationale atteignait 3800 millions d'euros (2015) pour les études et la production de cinq frégates, soit 3981 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (décembre 2020). Sur les 3981 millions d'euros, 2100 millions d'euros (mai 2015) concernent l’addition des coûts unitaires de production des cinq frégates, soit 2200 millions d'euros en données corrigées de l'inflation (décembre 2020). Les frais d'études de ce programme s'élèvent donc à 1781 millions d'euros (décembre 2020).

     Le marché, comprenant les études détaillées et la construction de la tête-de-série, le développement de différents systèmes dont le radar à faces planes numérique Sea Fire 500 (Thales), était notifié aux industriels concernés le 21 avril 2017, grâce à 162,7 millions d'euros inscrits dans la loi de finances 2017, en sa mission Défense. La LPM 2019 - 2025 ne sanctionnait aucune décision venant modifier le format de 15 frégates de 1er rang. La commande de la FDI n°2 - Amiral Louzeau - devait intervenir courant 2021. Et le calendrier de cette commande aura peut-être été jalonné par les négociations entre la France et la Grèce. 

     En septembre 2018, à l'occasion du voyage presse préparatoire au salon EuroNaval 2018 (23 - 26 octobre 2018), il avait été annoncé par les responsables du programme Frégates de Taille Intermédiaire (FTI) - renommées Frégates de Défense et d'Intervention (FDI) au 1er janvier 2019 selon le Dossier Informations Marine 2019 - que la configuration des cinq frégates allaient différer :

Le standard 1 ne devait concerner que les FDI n°1 - Amiral Ronarc'h - et FDI n°2 - Amiral Louzeau - commandées, respectivement, en 2017, tandis que la deuxième devait l'être courant 2021. Leur configuration matérielle ne devait pas comprendre un système de lancement vertical pourvu de la capacité MdCN (2 x SYLVER A70) mais bénéficiant de réserves matérielles permettant de l'intégrer à l'occasion d'un arrêt technique majeur ; des systèmes de leurres anti-missiles et anti-torpilles et des brouilleurs.

Le standard 2 devait concerner les FDI n°3 - Amiral Castex -, FDI n°4 - Amiral Nomy - et FDI n°5 - Amiral Cabanier - et bénéficier d'une configuration matérielle comprenant des systèmes de leurres anti-missiles et anti-torpilles et des brouilleurs.

Il fallait comprendre, bien après le salon EuroNaval 2018, que l'existence des standards ne procédait pas seulement de rationalités financières - ne touchant que la capacité MdCN - mais procédé, en réalité, pour les autres matériels considérés par le fait que les systèmes et technologies employées par eux arrivaient en butée d'évolution et qu'il y avait un léger retard quant au lancement de nouveaux programmes afin d'obtenir les nouvelles générations de systèmes. Et l'ambition était d'obtenir la configuration dite maximale - selon le vocable employé par Naval group - pour les FDI n°3, n°4 et n°5 et d'amener les FDI n°1 et n°2 du standard 1 au standard 2 à l'occasion d'un arrêt technique majeur, vraisemblablement postérieur à 2027, voire 2030.

     Dans le cadre des négociations franco-grecques, une lettre d'intention avait été demandée par Paris à Athènes, envoyée, au plus tard, en juin 2019, afin de sanctionner l'intérêt grecque pour les frégates Belharra. La lettre d'intention portant sur le projet d’acquisition par la Grèce de deux FDI fut effectivement signée le 10 octobre 2019, à l'occasion du voyage à Paris du ministre de la Défense Nikos Panagiotopoulos.

En effet, et dès juillet 2019, les discussions évoluaient sur la base d'un accord de gouvernement à gouvernement ne portant plus sur la frégate Belharra mais sur la FDI : c'est-à-dire la version Marine nationale ayant vocation à être adapté au besoin militaire grec afin d'aboutir à une même définition matérielle, nonobstant certains systèmes spécifiques à chacune des deux marines. Dans l'optique de tenir les délais du programme FDI, il était nécessaire de passer tous les contrats d'approvisionnement à long terme avant le 31 janvier 2020.

Le système de lancement vertical des FDI avait été prévu pour recevoir deux lanceurs octuples SYLVER A50 (ASTER 15, 30) et des réserves prises pour pouvoir installer deux lanceurs octuples SYLVER A70 (MdCN) supplémentaires. Mais ni ces lanceurs, ni leur intégration au système de combat SETIS n'avait été financés dans l'enveloppe initiale du programme. C'est pourquoi il ressortait des négociations franco-grecques (2019 - 2020) que la configuration finale des FDI françaises et grecques, figée autour d'un système de lancement vertical de 32 silos (3 x SYLVER A50 + 1 x SYLVER A70 ; voire une variante française avec 2 x SYLVER A50 + 2 x SYLVER A70), pouvait permettre de financer l'intégration desdits lanceurs.  

Les discussions se poursuivirent jusqu'au réagencement des priorités de la programmation grecque, décidé au plus tard le 17 juillet 2020, au profit de l'avancement, d'environ, 2025 à 2020 de la commande de Rafale F3R (Dassault Aviation). 

     L'enjeu du Comité ministériel d'investissement (CMI) en date du vendredi 12 février 2021 était de prendre une décision vis-à-vis du creux du plan de charge de Naval group Lorient, débutant dès la fin 2021 pour les ateliers de chaudronnerie et gagnant l'ensemble des capacités jusqu'en 2026. Il a été décidé d'accélérer la cadence industrielle du programme Frégates de Défense et d'Intervention (FDI) mais seulement en ce qui concerne les FDI n°2 Amiral Louzeau – et FDI n°3 - Amiral Castex – qui seront construites en 12 mois et non plus 18 mois. C'était le minimum demandé par Naval group et les syndicats afin de compenser la fin du programme FREMM, le non-affermissement des Gowind 2500 n°3 et n°4 par les Émirats Arabes Unis, sans compter les conséquences de la non-décision grecque (cf. supra).

     L'une des premières conséquences pour le programme FDI et sa version Marine nationale est que la répartition des frégates entre les deux standards est inversée car la FDI n°3 - Amiral Castex – passe du standard 2 au standard 1. Ce qui pourrait avoir éventuellement une conséquence heureuse quant au développement des nouveaux systèmes de lance-leurres actifs et de brouilleurs puisqu'ils gagnent une année par rapport à la programmation initiale.

L'état-major de la Marine nationale a continué à travailler quant à l'obtention de la capacité MdCN pour les FDI, sans que ces efforts ne fassent la rencontre de l'esquisse financière. Et son sort était suspendu à une éventuelle commande grecque dans le cadre du plan de renouvellement et de modernisation de la flotte de surface grec remanié, selon les propos du Premier ministre grec du 12 septembre 2020. En cas de sélection de l'offre française, un accord franco-grec reprenant, peu ou prou, les mêmes rationalités que les discussions avortées (2019 - 2020) aurait pu permettre de financer l'intégration de la capacité MdCN sur les FDI n°4 - Amiral Nomy - et FDI n°5 - Amiral Cabanier.

     Mais l'offre présentée (Xavier Vavasseur, « In details: Naval Group’s Frigate Proposal to Greece », Naval News, 21 avril 2021) par Naval group, au plus tard, en février 2021, souligne un changement de configuration du système vertical, autour cette fois-ci de quatre lanceurs SYLVER A50. Les capacités de lutte anti-aériennes seront ou pourraient être complétées par :

Un système RAM, en guise de capacité CIWS (Close-In Weapon System). Le choix de la Marine de guerre hellénique s'était porté, au plus tard, en mai 2020, au profit de l'installation d'un système RAM Mk 31 Guided Missile Weapon System (GMWS) par frégate. Ce système est composé d'un lanceur - le Mk-144 Guided Missile Launcher (GML) - et de 21 RIM-116 Rolling Airframe Missile (RAM), d'une portée maximale de 10 km. L'enveloppe allouée à l'acquisition, aux études d'installation et d'intégration aux FDI (au-dessus du hangar aéronautique ?) et au système de combat était donnée pour 100 millions d'euros, en 2020.

Capacités de lutte anti-aériennes dont il était question, courant 2020, qu'elles bénéficient d'une autre modification touchant à la pièce d'artillerie principale : un 76 mm/62 calibres STRALES / DART (2004) d'OTO Melara en remplacement de la précédente version (76 mm/62 calibres Super Rapido (1985). La Marina militare remplace actuellement ses 76 mm/62 calibres Super Rapido par ces nouveaux systèmes.

Le 76 mm/62 calibres STRALES / DART se compose d'une version améliorée du 76 mm/62 calibres Super Rapido et d'obus spécialisés dans la lutte anti-missile. Le 76 mm/62 calibres Super Rapido évolue par l'adjonction d'une conduite de tir Dardo-F appuyé par un radar NA-25X en bande Ku projettant quatre faisceaux, deux pour illuminer et poursuivre la cible, deux autres pour suivre l'obus tiré à son encontre. L'obus guidé DART (Driven Ammunition Reduced Time of flight) sont chambrées en 42 mm et insérées dans un adaptateur de 76 mm afin de pouvoir être tiré par la pièce. Chaque obus manœuvre par six ailerons grâce aux ordres reçus par récepteur radio afin de corriger sa trajectoire jusqu'à la cible.

Le 76 mm/62 calibres STRALES / DART atteint une portée pratique de jusqu'à 8000 mètres avec une vitesse en sortie de bouche portée à 1200 m.s-1 contre 900 m.s-1 pour la version précédente. La pièce peut tirer au coup par coup ou par rafale d'obus guidés contre un missile car l'intérêt du système est sa faculté à tirer des coups multiples contre un seul et même missile assaillant. Autant de caractéristiques qui le voit prétendre à concurrencer les CIWS, grand point d'attention de la marine grecque.

La reprise de cette capacité, en 2021, n'a été ni confirmée, ni infirmée. Il avait pu être compris, courant 2020, que la Marine nationale aurait pu consentir à adopter cette pièce d'artillerie. Une partie des 76 mm des FDI françaises devaient provenir des FREMM n°9, 10 et 11 dont la commande fut annulée sans que le contrat d'approvisionnement auprès de l'industriel italien puisse être renégocié. Néanmoins, les 76 mm/62 calibres Super Rapido peuvent être portés au standard STRALES / DART par grâce à un lot de modernisation prêt-à-monter. 

     Il aurait alors été intéressant d'observer si après avoir étendu le nombre de plateformes employant l'ASTER 30, l'adoption d'une pièce à haute cadence de tir de 40 mm, la Marine nationale renforcera les qualités intrinsèques de ses 76 mm en matière de défense anti-aérienne. Dans tous les cas, la capacité MdCN semble ne plus pouvoir être financée à l'occasion d'un accord entre les gouvernements français et grec. Néanmoins, et dans le cas de l'obtention de cet accord : il se pourrait que la FDI n°2 soit livrée à la Marine de guerre hellénique et que donc la répartition des FDI entre standard 1 et standard 2 serait à nouveau bouleversé, avec trois hypothèses différentes :

  • La première est que la FDI n°2 serait finalement livrée à la Marine nationale. 
  • La deuxième est que le remplacement de la FDI n°2 serait compensée par une nouvelle frégate à mettre sur cale fin 2022, début 2023 pour livraison courant 2025, début 2026. 
  • La troisième est que la nouvelle mise sur cale correspondrait à la possibilité initiale de mettre sur cale une FDI destinée à la Grèce en 2023 pour livraison en 2026, voire 2027.

Par voie de conséquence, le standard 1 demeurerait cantonné aux FDI n°1 et n°2 dans une hypothèse ou se restreindrait à la seule FDI n°1 dans les deux autres. Et, inversement, le standard 2 pourrait comprendre jusqu'à 4 FDI sur 5 dans les hypothèses deux et trois, en revenant au calendrier initial des livraisons du programme (2023, 2025, 2027, 2028 et 2029).

 

6 commentaires:

  1. Aux dernières nouvelles, les grecs ne sont plus tentés par des frégates françaises, mais ils
    achèteraient six rafale F3R supplémentaires. (lot de consolation donc). A voir la suite des évènements et le fait de leur céder les Jean Bart et Latouche Tréville.

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  2. Que de valses hésitations...
    Au final il aurait été plus simple d'arrêter de faire les pingres.
    Et d'inclure directement les A70 tout en développant la capacité Quad Mica VL.
    Il manque aussi très certainement 2 silos.
    Mais on part de tellement loin qu'il faut déjà se réjouir de passer de 2 à 4 silos.

    Les présidences Chirac-Sarkozy auront été de vrais désastres. Les soit disant "Gaullistes".

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    1. A qui le dites vous, sans parler d' hollande qui s'est réveillé mais trop tard.

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  3. Sur cette nouvelle infographie on voit qu'il y a maintenant l'espace pour 48 Sylver grâce à un raccord moins triangulaire avec le 76mm.

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  4. Et la Chine sort des Type 55 avec 112 cellules verticales !
    Mouais du moment que ces destroyers ne naviguent pas en Méditerranée.

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  5. En gros, les FDI remplaceront les Lafayette, nombre pour nombre.
    Si elles ne sont pas dotées de MDCN, ça en fera des FLF améliorées, avec juste une capacité anti-sous marine existante et des ASTER, mais n'oublions pas que pour les habituelles raisons de coût, l'emplacement dédié aux ASTER 15 n'a jamais été employé sur les Lafayette.
    Donc, notre marine dispose d'un nombre de navires de 1er rang largement insuffisant, le projet FREMM portait sur 17 unités, seulement 8 Aquitaine et 2 Alsace...
    Je ne parle même pas du nombre de SNA : 6...
    Enfin bref, tant que ces gouvernements d'incompétents sont à la tête de ce pays, jamais la marine nationale n'aura un nombre de navires à la hauteur du 1er espace maritime que nous sommes.

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