Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





11 avril 2021

Marine nationale : SNA 72M Rubis III

© Naval group.

     La ministre des Armées, Mme Florence Parly (21 juin 2017), effectuera une visite au site Naval group de Cherbourg, ce lundi 12 avril 2021, et plus particulièrement au Dispositif de Mise à l'Eau (DME) recevant habituellement les nouveaux sous-marins accouchés de la nef Maxime Laubeuf. Mais la ministre se penchera sur le sort de la Perle (1993 - 2027 ?), devant bénéficier de l'avant du Saphir (1984 - 2019). La visite ministérielle sanctionnera probablement le début des travaux de soudure. Le don d'organes ne laissant pas indemne le receveur : la Perle constituera une ultime variante des SNA 72, après la refonte AMETHYSTE (AMElioration Tactique HYdrodynamique, Silence Transmission, Écoute).

     La Perle avait été remise à Naval group le 18 novembre 2019 pour ce qui devait alors être le dernier ATM d'un SNA de classe Rubis (6). D'une durée de 18 mois, le chantier devait s'achever en mai 2021 (Vincent Groizeleau, « Ultime arrêttechnique majeur pour un SNA du type Rubis », Mer et Marine, 17 janvier 2020). Le retour à la mer était semble-t-il prévu pour le deuxième semestre 2021 dans l’optique d’un retour en opérations dès 2022.

     L'incendie de la Perle (1993 - 2027 ?), le 12 juin 2020, durait près de douze heures et la atteignait une température supérieure à 600 degrés à l'intérieur de la coque, malgré l’arrosage continu de celle-ci par les marins-pompiers. Il avait laissé augurer le pire quant au sort du Sous-marin Nucléaire d'Attaque (SNA) alors au cœur de son Arrêt Technique Majeur (ATM) : c'est-à-dire quand le bateau est mis entièrement à nu et que ses principaux organes ont été débarqués du bord.

La coque des Rubis (6) est divisée en quatre tranches, soit depuis l'arrière jusqu’à l'avant : Alpha, Bravo, Charly et Delta. Les tranches Charly et Delta ont été déclarées irrécupérables, après des mesures dont certaines par radiographie, car la coque résistante qui, si elle demeurait intacte en apparence, a perdu ses qualités mécaniques et ne pouvait donc plus supporter les cycles de descente à l'immersion opérationnelle (300 mètres) et de remontée à l'immersion périscopique.

     Florence Parly avait demandé un rapport d'étape des différentes actions engagées sur ce dossier pour la fin juillet 2020, dans l'optique de prendre une décision à l'automne. Le 21 octobre 2020, était annoncé que le propre compte Twitter de la ministre des Armées prononcerait une déclaration le jeudi 22, à 11h45, au sujet de la Perle (1993 - 2027 ?). Le compte du ministère des Armées d'accompagner la déclaration par un autre tweet, citant la ministre, et précisant par un mot-dièse que cette déclaration était faite dans le cadre de l'édition numérique du salon EuroNaval 2020. C'était au terme d'un quasi « show » que Florence Parly annonçait que la Perle (1993 - 2027 ?) allait être réparée.

La décision était allée en faveur d'une solution consistant à découper les tranches Charly et Delta de la Perle pour les remplacer par les mêmes tranches du Saphir. Le chantier est piloté, pour la Marine nationale, par le Service de Soutien de la Flotte (SSF), avec l'appui de la Direction Générale de l'Armement (DGA). Le coût a été indiqué comme s'élevant à, environ, 120 millions d'euros (2020) dont 50 à la charge de l'industriel et de son assurance.

     Cet ambitieux chantier n'était pas, stricto sensu, une première pour la construction sous-marine française. Une commande notifiée à DCNS, en mars 2007, visait à intégrer le Module d'Energie Sous-Marine Anaérobie (MESMA) aux PNS/M Khalid et PNS/M Saad, par découpe des sous-marins et soudure des modules. Les deux chantiers auraient été menés de front, au cours des travaux de révision des bateaux, en 2011, et achevés, au plus tard, au mois de décembre de la même année. Des chantiers très similaires s'annoncent sur les sous-marins Scorpène CM-2000 ou classe Kalvari (6) dont cinq des sous-marins devraient être concernés, afin de recevoir un module AIP indien.

     Le 24 novembre 2020, la Perle quittait le bassin MY02 pour la darse sous-marine, de la zone Missiessy (base navale de Toulon). Le 7 décembre 2020, la Perle était chargée à bord du RollDock Storm, affrété à cet effet, et quittait la base navale de Toulon le 10 décembre 2020. L'ensemble touchait Cherbourg le 18 décembre 2020. Déchargée et remise en situation de flottabilité, la Perle rejoignait le port militaire de Cherbourg mais ce n'était que le 6 janvier 2021 qu'elle était mise au sec sur le Dispositif de Mise à l'Eau (DME), en compagnie du Saphir.

Le Saphir, en opérations de désarmement depuis 2019, a été préparé simultanément aux travaux menés sur la Perle, depuis novembre 2020, par la découpe d'éléments structuraux internes et le sectionnement de toutes les servitudes électriques et fluides entre les tranches Bravo et Charly. Et afin de permettre le déplacement de sa coque vers le DME, le Saphir a bénéficié de travaux de reprise d'étanchéité.

Les tranches Charly et Delta du Saphir ont été découpées courant février 2021 et celles de la Perle ont été terminées d'être séparées de celle-ci le 23 février 2021. Pierre Éric Pommellet déclarait, le 24 mars 2021, « dans les semaines qui viennent, nous allons positionner l'arrière de la Perle pour le mettre à l'avant du Saphir. » (Michel Cabirol, « Nous sommes sur une trajectoire de croissance » (Pierre Éric Pommellet, PDG de Naval Group) », La Tribune, 24 mars 2021).

Les travaux dits de jonctionnement des tranches Charly et Delta du Saphir à la Perle ont été préparés par la mise en place d'équipements et de structure au niveau de la zone de jonction, en mars 2021. Et les tranches concernées « marcheront » jusqu'à la fin du mois d'avril, celles de la Perle cédant la place à celles du Saphir.

     Les prochaines grandes étapes consisteront dans la poursuite des travaux de l'IPER à Cherbourg. La Perle rejoindra le bassin du Homet au début de l'été 2021. Il s'agira de procéder à la jonction de toutes les servitudes (120 câbles électriques, 60 collecteurs). D'autres travaux, de l'ordre du réaménagement de la coque et de remontages probables de certaines installations se poursuivront jusqu'à l'automne, la Perle était attendue à Toulon à la fin de l'automne (novembre, décembre ?). L'IPER des Rubis (6) reprendra à Toulon jusqu'aux environs de la fin du premier semestre 2022. Le retour dans le cycle opérationnel est visé pour le début de l'année 2023, au lieu de 2022 comme c'était initialement prévu.

Et quand elle libérera la forme du Homet, le Saphir constitué de l'avant de la Perle et ayant été gardienné en zone Homet, prendra sa place dans la forme. Et les travaux préalables à sa future déconstruction reprendront.

     Il est à noter que le dossier de presse, diffusé préalablement à la visite de Florence Parly, le 12 avril 2021 au site Naval group de Cherbourg, précise ultimement que le Saphir et la Perle n'ont pas été découpés exactement au même endroit, de sorte que la Perle sera plus longue de 1,4 mètre, son déplacement (normal, en surface ?) étant augmenté de 68 tonnes. Le jour de la visite ministérielle, il a été précisé que la longueur de l’anneau supplémentaire s’élève à 1,40 mètre (Jean LAVALLEY, « La « Perle » bientôt soudée à la partie avant du « Saphir », Le Marin, 12 avril 2021). 

La longueur de la coque atteindra 75 mètres, contre 73,60 pour les Rubis, améliorant le coefficient de finesse hydrodynamique à la marge - 9,86 contre 9,68. Le déplacement en surface pourrait atteindre 2453 tonnes, contre 2385 pour les autres Rubis.

L'allongement de la coque permettra l'emménagement de deux nouveaux postes grâce à la création de jusqu'à un maximum de 254 m3 nouveaux. L'une de leur première utilité, voire leur utilité unique, pourrait être d'améliorer le volume dédié aux logements, et peut-être même le nombre de bannettes. Les Rubis (6) étant particulièrement réputés pour leurs conditions de vie spartiates.

Les Améthyste (1992 - 2029 ?) et Perle (1993 - 2027 ?) étant appelés à servir jusqu'à la fin des années 2020, ils connaîtront la concurrence dans leur emploi opérationnel et seront appelés à rivaliser avec les Suffren (2021 - 20254 ?), Duguay-Trouin (2023 - 2056 ?), Tourville (2024 - 2057 ?) et De Grasse (2026 - 20259 ?) du point de vue du confort, justement, mais aussi de l'autonomie en vivres : portée à 70-90 jours contre 45-60 pour les Rubis, ce qui permettra l'allongement des missions. Ce que prépare, paradoxalement, les Rubis : l'Améthyste accomplissait une mission de 101 jours en 2018, le Casabianca de pas moins de 137 jours en 2019 et l'Émeraude atteignait même 199 jours (23 septembre 2020 - 7 avril 2021), constituant probablement le record d'un SNA français.

     La Perle constituera une variante à part entière, voire une sous-classe en exagérant, rien que par la modification de ses qualités nautiques. Le programme SNA 72 a été décliné par la classe Rubis (6). La variante AMETHYSTE, portée par l'Améthyste (1992 - 2029 ?) et la Perle (1993 - 2027 ?), avait vu les coques hydrodynamiques des Rubis (1983 - 2021 ?), Saphir (1984 - 2019), Émeraude (1988) et Casabianca (1987) être entièrement reconstruites. La Perle sera désormais unique. 

 

Ce papier paru le 11 avril 2021 a bénéficié d’une correction, en ce qui concerne la longueur supplémentaire de la coque de la Perle nouvelle, car il n'était pas possible que la donnée initialement indiquée demeure en ligne.

 

1 commentaire:

  1. Joli travail à signaler concernant la construction navale en France:
    http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2021/04/11/la-construction-des-armes-navales-en-france-depuis-1852-l-h-22035.html

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