C'est par la plume, toujours aussi bien informée, de Michel Cabirol (La Tribune) que l'on apprend deux décisions qui peuvent autant inquiéter que réjouir : le report des programmes BMM (Bâtiment Multi-Missions) et BATSIMAR (BATiment de Souveraineté et d'Intervention MARitime).
Étude des avant-projets demandés par l'organe ayant à charge la flotte à construire (Conseil Supérieur de la Marine, Conseil des Travaux, SCEM/PLANPROG, OCA Marine, ASF, etc) et présentés à l'autorité politique. L'enjeu consiste à déterminer comment la Marine engage ces projets dans le processus institutionnel (contrat opérationnel, plan naval ? Loi(s) de financement, etc) pour faire correspondre la flotte à construire avec la flotte répondant au problème militaire français. ISSN : 2271-1163
Les @mers du CESM
Les @mers du CESM - 19 avril 1944 : Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945. | |
18 octobre 2012
13 octobre 2012
Chine : un outil aéronaval en construction pour réaffirmer les ambitions géopolitiques de Pékin
© APL. Le porte-avions chinois Liaoning. |
Le « porte-avions » de la Marine de l'Armée Populaire de Libération (MAPL) a été admis en service le 26 septembre 2012. Ni le bâtiment, ni le futur groupe constitué autour ne sont opérationnels, Pékin évoquait un bâtiment "école". Son arrivée dans la flotte chinoise est pourtant l'accomplissement des ambitions formalisées dans les années 1980 quand la marine océanique chinoise était imaginée. Et ce premier porte-aéronefs ouvre très certainement la voie à un long apprentissage afin de former un outil opérationnel apte vers 2022.
09 octobre 2012
Qu’est ce qu’un trois-ponts ?
L'auteur du blog "Trois Ponts"
me fait l'honneur de répondre longuement et de manière très complète à
quelques questions concernant ces navires de ligne : un grand merci à
lui !
24 septembre 2012
Chine : pas de groupe aéronaval crédible avant 2022
© Inconnu. Photomontage montrant le porte-aéronefs chinois avec groupe aérien embarqué et un navire d'escorte.
La nouvelle a fait le tour du monde : le "porte-avions" de la Marine populaire de libération a été livré !
Il est la seconde unité de la classe Kuznetsov qui ne compte pas d'autres navires (outre le Varyag
et cette tête de série). Il est question que la coque vendue à la Chine
devienne un casino-flottant (un croiseur porte-aéronefs, le Kiev, tête de série de sa classe, a connu un tel destin en Chine. Un navire de la même classe, le Minsk, est devenu un musée).
Il y eu des chancelleries qui ne furent pas dupes de la finalité du projet puisque la Turquie bloqua le passage de ses détroits (des Dardanelles et du Bosphore). La coque eu alors quelques difficultés à quitter la mer Noire. Les détroits turcs ont la particularité d'être sous la juridiction de traités internationaux (comme, par exemple, la convention de Montreux) qui prohibent le passage de navire porte-avions. Le pont plat quitte donc finalement l'Ukraine en 2001 et arrive en Chine, à Dailan, en 2002. Mais, le navire qui est livré n'est doté d'aucun engin de propulsion.
Il y eu des chancelleries qui ne furent pas dupes de la finalité du projet puisque la Turquie bloqua le passage de ses détroits (des Dardanelles et du Bosphore). La coque eu alors quelques difficultés à quitter la mer Noire. Les détroits turcs ont la particularité d'être sous la juridiction de traités internationaux (comme, par exemple, la convention de Montreux) qui prohibent le passage de navire porte-avions. Le pont plat quitte donc finalement l'Ukraine en 2001 et arrive en Chine, à Dailan, en 2002. Mais, le navire qui est livré n'est doté d'aucun engin de propulsion.
Le Kuznetsov et l'ex-Varyag
sont plus des porte-aéronefs que des porte-avions -et la différence est
fondamentale. Première chose, les soviétiques les ont conçu comme des
"croiseurs porte-aéronefs". Il s'agissait de pouvoir s'affranchir de la
convention de Montreux par un artifice juridique.
De plus, la stratégie navale soviétique s'appuyait sur des bastions. Ces zones, au nombre de deux, étaient sous la responsabilité des flottes du Nord et du Pacifique. Il s'agissait pour la marine russe de construire, par diverses actions opérationnelles, des zones interdites à toutes les menaces dans l'optique de sécuriser les vecteurs nucléaires (SNLE principalement) qui pouvaient y patrouiller.
Donc, il y avait nécessité de navires de défense aérienne car l'attaque anti-navires se faisait par avions à long rayon d'action (Tu-95 et 142, par exemple). En outre, il n'y avait pas de projection de puissance dans la doctrine navale russe car elle était essentiellement défensive (mais pas seulement, soit dit en passant). Alors, ces deux navires (ainsi qu'une classe de quatre autres croiseurs porte-aéronefs : les Kiev) sont des croiseurs lance-missiles en tout premier lieu. Le navire tête de série, le Kuznetsov qui est en service dans la Marine russe, permet d'appréhender la chose. Ils (exemple de la classe Kuznetsov) ont donc :
De plus, la stratégie navale soviétique s'appuyait sur des bastions. Ces zones, au nombre de deux, étaient sous la responsabilité des flottes du Nord et du Pacifique. Il s'agissait pour la marine russe de construire, par diverses actions opérationnelles, des zones interdites à toutes les menaces dans l'optique de sécuriser les vecteurs nucléaires (SNLE principalement) qui pouvaient y patrouiller.
Donc, il y avait nécessité de navires de défense aérienne car l'attaque anti-navires se faisait par avions à long rayon d'action (Tu-95 et 142, par exemple). En outre, il n'y avait pas de projection de puissance dans la doctrine navale russe car elle était essentiellement défensive (mais pas seulement, soit dit en passant). Alors, ces deux navires (ainsi qu'une classe de quatre autres croiseurs porte-aéronefs : les Kiev) sont des croiseurs lance-missiles en tout premier lieu. Le navire tête de série, le Kuznetsov qui est en service dans la Marine russe, permet d'appréhender la chose. Ils (exemple de la classe Kuznetsov) ont donc :
- une batterie principale composée de missiles : "12 missiles anti-navires SS-N-19 Shipwreck ("Granit" de 555 km de portée) situés sous le pont d’envol au milieu de la piste (la phase de tir interromprait donc les opérations aériennes). La défense anti-aérienne du bâtiment est assurée par 4 groupements de 6 silos à 8 missiles surface-air SA-N-9 (15 km de portée), 4 systèmes anti-aériens CADS-N-1 (2 canons de 30mm et 8 missiles SA-N-11 -8 km de portée- chacun) et 6 canons anti-aériens multitubes de 30mm. Deux lance-roquettes anti sous-marins complètent le tout" ;
- et d'une batterie secondaire qui repose sur un groupe aérien embarqué : "Le groupe aérien du Kouznetsov se compose généralement de trente aéronefs dont des chasseurs embarqués Su-33, des avions d’entraînement Su-25UTG et des hélicoptères anti sous-marins Ka-27, de guet aérien Ka-31 et de transport d’assaut Ka-29. A l’origine, il était également prévu d’embarquer des chasseurs à décollage vertical Yak-141 Freestyle avant abandon du programme à la chute de l’URSS. Le Mig-29K a quant à lui été testé mais n’a pas été retenu face au Su-33".
Le
problème pour la Chine, c'est que le navire a été livré sans sa
batterie principale. Cette dernière prend une place considérable à bord,
ce qui fait que le groupe aérien est plutôt limité (30 machines,
officiellement) par rapport au tonnage du navire (60 000 tonnes, contre
32 aéronefs et 40 000 tonnes pour le Charles de Gaulle). Le vaisseau
n'est pas non plus optimisé, à l'origine, pour les opérations aériennes
puisqu'il fallait composer avec un navire hybride
(croiseur/porte-aéronefs) avec deux batteries aux solutions
architecturales presque contradictoires.
De plus, les deux navires russes (et six avec les quatre Kiev) relèvent de la filière aéronavale des STOBAR (Short take-off but arrested recovery).
C'est-à-dire que les aéronefs à voilure fixe décollent à la seule force
de leur réacteur et avec l'aide d'un tremplin et ils reviennent
apponter sur le navire avec l'aide de brins d'arrêt. Il n'y a pas de
catapultes et c'est une différence vraiment fondamentale d'avec la
filière CATOBAR (Catapult Assisted Take Off Barrier Arrested Recovery -
qui compte comme seuls membres les Etats-Unis, la France et le Brésil).
Si la filière STOBAR simplifie l'architecture des navires, elle
implique que l'avion embarqué soit inférieur en performances à son
homologue terrestre. La chose est simple à constater : un Su-33 qui
décolle du Kuznetsov ne le fait pas avec son plein chargement
de munitions et de carburant. A contrario, et avec la filière CATOBAR,
un Rafale qui est catapulté du Charles de Gaulle a les mêmes
performances que celui de l'Armée de l'Air qui décolle d'une base
terrestre : ils sont tout les deux aussi chargés. Cette symétrie des
performances entre l'avion catapulté et son homologue terrestre est
vraie dans l'US Navy depuis les années 50. Dans la pratique,
cela aboutit à ce que le groupe aéronaval CATOBAR ait une portée très
supérieure au groupe aéronaval STOBAR.
Si l'ex-Varyag
arrive finalement en Chine en 2002, il n'entre en cale sèche qu'au
cours de l'année 2005. Si ce long retard reste à expliquer (était-ce
pour cacher la finalité de l'opération ? Les deux porte-aéronefs musée
et casino ne suffisaient-ils pas pour faire illusion ?), il faut noter
que le navire ne quitte sa cale que pendant l'année 2011. 6 années de
travaux, c'est à la fois beaucoup et à la fois très peu. Il fallait, au
mons, motoriser le navire. Par la suite, les chinois l'ont un peu adapté
à leurs besoins, comme c'est expliqué par Mer et Marine.
Il semblerait que la batterie principale n'ait pas été renouvelée. Mais
les chinois n'auraient pas mené les travaux nécessaires pour optimiser
les opérations aériennes à bord du navire, comme cela est actuellement réalisé par la Russie sur un autre navire de la classe Kiev qui a été vendu à l'Inde. Il n'y a pas eu d'installations de catapultes de conception russe ou chinoise à bord non plus.
Le
navire sert donc à pratiquer de nombreux essais à la mer depuis 2011,
et il a surtout fait l'objet d'une mise en service, plutôt que d'une
refonte aussi ambitieuse que celle choisie par l'Inde pour un autre
croiseur porte-aéronefs.
Pékin
présente son porte-aéronefs (puisque ce n'est pas un porte-avions)
comme un navire-école. Il y a un décalage entre ce qui se passe en Asie
et ce qui est perçu dans divers endroits de l'Occident. Ce décalage en
sera que plus dommageable pour ceux qui perçoivent très mal la montée en
puissance des capacités aéronavales chinoises.
Dans un premier temps, l'apprentissage de l'outil aéronaval fondé sur un porte-aéronefs sera très long pour la Chine. Comme le faisait remarquer Coutau-Bégarie, il est nécessaire de distinguer deux notions différentes :
Dans un premier temps, l'apprentissage de l'outil aéronaval fondé sur un porte-aéronefs sera très long pour la Chine. Comme le faisait remarquer Coutau-Bégarie, il est nécessaire de distinguer deux notions différentes :
- le groupe aérien embarqué, qui va de paire avec le navire porte-aéronefs,
- le groupe aéronaval.
Le groupe aérien embarqué n'est pas une notion qui va de soi. Par exemple, dans le colloque du CESM consacré
au centenaire de l'aéronautique navale française, Coutau-Bégarie notait
qu'il avait fallu attendre les porte-avions Foch et Clemenceau pour que
la notion s'impose en France. Entre temps, bien des compétences avaient
été perdues entre les porte-avions de la guerre de l'Indochine et de la
crise de Suez et l'entrée en service des deux navires de la classe
Clemenceau. Les chinois peuvent difficilement passer à côté d'une telle
unité organique qui permet de générer, diffuser et de régénérer les
compétences opérationnelles.
Pékin a pris les devants. D'une part, la Chine a conclu un accord aéronaval avec le Brésil, en 2010, relatif à la formation des futurs pilotes embarqués chinois. D'autre part, il y a de nombreuses installations terrestres en Chine qui permettent le début de la formation du groupe aérien embarqué et des personnels méconnus mais ô combien indispensables pour sa mise en œuvre (rien que la gestion du pont est tout un art).
La marine chinoise bénéficierait d'une très bonne préparation avant de percevoir son navire-amiral : mais la pratique sur le porte-aéronefs demeure indispensable...
Pékin a pris les devants. D'une part, la Chine a conclu un accord aéronaval avec le Brésil, en 2010, relatif à la formation des futurs pilotes embarqués chinois. D'autre part, il y a de nombreuses installations terrestres en Chine qui permettent le début de la formation du groupe aérien embarqué et des personnels méconnus mais ô combien indispensables pour sa mise en œuvre (rien que la gestion du pont est tout un art).
La marine chinoise bénéficierait d'une très bonne préparation avant de percevoir son navire-amiral : mais la pratique sur le porte-aéronefs demeure indispensable...
De plus, si la Chine prépare la constitution d'un groupe aérien embarqué et sa mise en œuvre à la mer sur son pont plat, il est à noter que ce groupe est incomplet. Par exemple, il n'y a pas d'aéronefs dédié à l'éclairage de l'escadre ou à la coordination et au soutien des activités aériennes. Ce groupe est donc sans aéronef de guet aérien (AEW dans la terminologie anglo-américaine) et c'est un manque crucial car c'est l'absence de ce genre d'appareils qui a coûté bien des pertes aux anglais lors de la guerre des Malouines (sans compter qu'il semblerait que la Royal Navy ait été incapable de suivre le 25 de Mayo, le porte-avions Argentin).
C'est sans oublier les hélicoptères de sauvetage qui sont, eux aussi, indispensables pour parer à toutes les éventualités. De même que les hélicoptères logistiques sont nécessaires pour faire durer le navire à la mer.
Outre le couple porte-aéronefs/groupe aérien embarqué, il faut pouvoir l'escorter.
Ce n'est pas une mince affaire que d'articuler une base aérienne
flottante avec, au moins, un escorteur dédié à la lutte anti-sous-marine
et un autre à la lutte anti-aérienne. Tout comme il est impensable de
nos jours de déployer un porte-aéronefs ou un porte-avions sans
sous-marin nucléaire d'attaque pour assurer sa protection (sauf quand la
nation détentrice du pont plat ne possède pas de SNA, mais alors elle
déploie rarement son porte-aéronefs de manière indépendante). C'est
l'escorte minimale pour protéger le porte-aéronefs.
Et c'est sans compter sur le nécessaire train logistique pour faire durer le navire à la mer : il faut autant ravitailler le pont plat que ses aéronefs que son escorte. Tout comme l'escorte doit pouvoir être relevé si besoin est par de nouveaux navires. Cela implique d'avoir une flotte de surface bien dimensionnée par rapport au besoin -même si le navire n'est pas destiné à être projeté loin de sa base (par exemple, le Charles de Gaulle œuvrait au Sud du port de Toulon pendant l'opération Harmattan). L'escorte de SNA (française était insuffisante pendant l'opération Harmattan) doit aussi suivre, et dans ce domaine, la Chine ne déborde pas de sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire.
Et c'est sans compter sur le nécessaire train logistique pour faire durer le navire à la mer : il faut autant ravitailler le pont plat que ses aéronefs que son escorte. Tout comme l'escorte doit pouvoir être relevé si besoin est par de nouveaux navires. Cela implique d'avoir une flotte de surface bien dimensionnée par rapport au besoin -même si le navire n'est pas destiné à être projeté loin de sa base (par exemple, le Charles de Gaulle œuvrait au Sud du port de Toulon pendant l'opération Harmattan). L'escorte de SNA (française était insuffisante pendant l'opération Harmattan) doit aussi suivre, et dans ce domaine, la Chine ne déborde pas de sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire.
Le
porte-aéronefs chinois se prépare à entrer en service depuis l'année
2011 : c'est-à-dire que son équipage prend en main le navire et le porte
vers l'état opérationnel en qualifiant les systèmes les uns après les
autres. Si le navire est livré en fin d'année 2012 (le 23 ou le 25
septembre, peu importe), c'est qu'il aura fallu au moins une année pour
le prendre en main depuis ses premiers essais à la mer.
Dans le même temps, le navire a commencé les essais aéronautiques dont les objectifs sont autant de qualifier les hommes que les machines et l'intégration des deux aussi bien sur le pont d'envol que dans les airs. Il faudra probablement une bonne année pour prendre en main tout cela.
Dans le même temps, le navire a commencé les essais aéronautiques dont les objectifs sont autant de qualifier les hommes que les machines et l'intégration des deux aussi bien sur le pont d'envol que dans les airs. Il faudra probablement une bonne année pour prendre en main tout cela.
Mais
il faudra encore une bonne année, si ce n'est plus, pour adjoindre au
pilier du groupe aéronaval son escorte et un train logistique efficace.
Bernard Prézelin,
l'auteur actuel de "Fottes de combat", estimait en 2011, que cinq
année, au minimum, serait nécessaire à la Chine pour construire un
groupe aéronaval crédible (par rapport à ce qui se faisait pendant
l'opération Harmattan). Il faudra certainement quelques années de plus
car il sera nécessaire à la marine chinoise d'apprendre de nombreux
exercices, voire d'interventions militaires.
Dire
que le groupe aéronaval chinois ne sera crédible que vers l'an 2022, ce
n'est ni exagéré, ni une sous-estimation. La Chine se donne les moyens
de préparer l'aventure avant la perception du navire afin de gagner du
temps sur les enseignements à tirer de la mer. Elle parviendra à
construire l'outil qu'elle ambitionne de se doter, à n'en pas douter.
Donc, il serait surfait de craindre que le navire puisse actuellement,
et dès sa livraison (comme s'il pouvait être livré "prêt à l'emploi en
guerre"), être la pièce maîtresse d'un dispositif naval offensif.
C'est sur le plan de la diplomatie navale que le navire produit ses premiers effets car il est l'objet du fantasme d'une "Chine impéraliste". Tout du moins, il montre que la Chine entend aussi projeter sa puissance aérienne par la voie des mers, au moins au large de ses côtes. Mais en attendant le nécessaire apprentissage, il n'est pas un instrument de combat, ce qui va compliquer les bénéfices politiques à retirer de ses croisières. Cela pourrait même fragiliser sa position : un navire inapte au combat ne va pas dans un théâtre d'opérations où pourrait se dérouler des actions offensives de moyenne ou haute intensité. Et donc, le moral chinois en prendrait un coup terrible puisque le fleuron de la flotte resterait au port ou loin des combats, dans une sorte de "fleet in being". La diplomatie navale peut être à double tranchant.
C'est sur le plan de la diplomatie navale que le navire produit ses premiers effets car il est l'objet du fantasme d'une "Chine impéraliste". Tout du moins, il montre que la Chine entend aussi projeter sa puissance aérienne par la voie des mers, au moins au large de ses côtes. Mais en attendant le nécessaire apprentissage, il n'est pas un instrument de combat, ce qui va compliquer les bénéfices politiques à retirer de ses croisières. Cela pourrait même fragiliser sa position : un navire inapte au combat ne va pas dans un théâtre d'opérations où pourrait se dérouler des actions offensives de moyenne ou haute intensité. Et donc, le moral chinois en prendrait un coup terrible puisque le fleuron de la flotte resterait au port ou loin des combats, dans une sorte de "fleet in being". La diplomatie navale peut être à double tranchant.
Le
décalage entre la situation opérationnelle du porte-aéronefs chinois
d'aujourd'hui et la montée en puissance des capacités aéronavales
chinoises dissimulent ce qui pourrait se passer en 2022. Ce navire
demeurera très certainement un navire-école (tout comme il sera le
centre d'un groupe aéronaval école, à vrai dire) car tant qu'il
flottera, il sera une inappréciable source d'enseignements opérationnels
pour la Chine. Si jamais il devait ne plus naviguer pour bien des
raisons, alors ce serait autant de temps perdu.
Mais si Pékin tient son calendrier, alors la marine chinoise pourrait sereinement faire entrer en service d'autres porte-avions à partir de 2022 (la Chine achète les coques d'anciens porte-avions depuis les années 70 (pour leur déconstruction, officiellement) et elle est soupçonnée de pratiquer la rétro-ingénierie à ces occasions). Les équipages du premier groupe aéronaval auront constitué le noyau dur de la puissance aéronavale chinoise. C'est à partir de ce noyau qu'elle grandira. Les actuelles agitations autour de la livraison du navire font oublier le fait que bien des échos annonçent la construction de porte-avions en Chine. S'ils étaient livrés en 2022, alors la Chine ferait un pas de géant dans le club des puissances aéronavales.
Ce n'est pas vraiment une projection saugrenue puisque :
Mais si Pékin tient son calendrier, alors la marine chinoise pourrait sereinement faire entrer en service d'autres porte-avions à partir de 2022 (la Chine achète les coques d'anciens porte-avions depuis les années 70 (pour leur déconstruction, officiellement) et elle est soupçonnée de pratiquer la rétro-ingénierie à ces occasions). Les équipages du premier groupe aéronaval auront constitué le noyau dur de la puissance aéronavale chinoise. C'est à partir de ce noyau qu'elle grandira. Les actuelles agitations autour de la livraison du navire font oublier le fait que bien des échos annonçent la construction de porte-avions en Chine. S'ils étaient livrés en 2022, alors la Chine ferait un pas de géant dans le club des puissances aéronavales.
Ce n'est pas vraiment une projection saugrenue puisque :
- le Japon aura alors au moins quatre porte-aéronefs (avec, peut être, des F-35B),
- la Russie devrait percevoir un second porte-avions (en plus de ses deux premiers BPC et de son Kuznetsov qui serait alors toujours en service),
- l'Inde percevra, au minimum, deux porte-aéronefs (l'Air Defense Ship et l'ex-Gorshkov, refondu, Russe),
- la Corée du Sud aura toujours ses trois Dokdo (et pourquoi pas des F-35B à mettre dessus),
- et les Etats-Unis auront toujours un porte-avions basé au Japon, en sus des autres naviguant de la mer d'Arabie jusqu'au Pacifique en passant par l'océan Indien.
Dans une telle mêlée, deux ou trois porte-aéronefs chinois, ce n'est pas difficile à justifier.
Pendant ce temps là, en France, le second porte-avions et le remplaçant du Charles de Gaulle se font attendre... Que sera la puissance aéronavale française dans le contexte des années 2020 ?
23 septembre 2012
Renforcer la puissance navale française ? Des solutions logistiques originales
©
Inconnu. Les navires de l'opération Myrrhe : le porte-avions Foch,
bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme, la frégate (ou croiseur léger) Duquesne et le navire-atelier Jules Verne. Un SNA pourrait certainement être partie intégrante de cette escadre.
La
logistique navale n'est que trop rarement mise en avant alors qu'elle
est parfaitement essentielle. Par exemple, pendant la seconde guerre
mondiale, les allemands s'appuyaient intelligemment sur des pétroliers
pour allonger le rayon d'action des raiders (les cuirassés de poche par
exemple), des croiseurs auxiliaires et des sous-marins. Les alliés
eurent bien des difficultés à enlever à l'Allemagne ce bras logistique
qui démultipliait le rayon d'action de ses navires. Autre exemple, et
plus près de nous, pendant la guerre des Malouines, la capacité de la Royal Navy
à durer à la mer ne tenait qu'en sa capacité à ravitailler son escadre
combattant en Atlantique Sud depuis la métropole. Si les Argentins
avaient visé en priorité les navires logistiques anglais, la fin de
cette guerre aurait pu être tout autre (comme dans le cas où les
Argentins auraient réussi à se procurer quelques missiles Exocet de
plus).
Globalement,
il est impossible d'envisager l'action lointaine et durable d'une force
navale sans qu'elle puisse s'appuyer sur un train logistique hauturier
apte à ravitailler les navires en munitions, combustibles, nourritures
et pièces de rechanges. Pour peser sur une crise, les outils militaires
adéquats sont appelés à durer. En mer, il est donc nécessaire que le
groupe naval puisse durer en face des côtes de la crise. Toutes les fois
où la puissance aéronavale française a été engagée, les porte-avions
durèrent à la mer, sans séloigner de l'épicentre de la crise -ce qui
revient à dire que le lien doit être fait entre la base avancée et
l'escadre. Mais cette nécessité de durer à la mer concerne aussi le
groupe amphibie (voir la présence du Tonnerre pendant la crise présidentielle ivoirienne) et le groupe de la guerre des mines (voir son action durable (un peu plus de 4 mois) et bénéfique dans la dépollution des eaux koweïtiennes (quand l'Irak avait interdit l'accès de cet Etat à l'US Marines Corps).
Pour
satisfaire aux besoins de la logistique navale, il faut, généralement,
des pétrolier-ravitailleurs et des navires-ateliers. Ainsi, la Flotte des porte-avions Clemenceau et Foch
était, à ses débuts, accompagnée par des pétroliers-ravitailleurs, des
transports-ravitailleurs et des bâtiments de soutien logistique. Les
derniers servaient plutôt au soutien de différentes divisions navales,
grâce à leurs ateliers, dans des lieux éloignés des arsenaux ou
directement à la mer. Cette flotte logistique était alors constituée
d'unités très spécialisées. Par la suite, au cours des années qui
suivirent (de 1970 vers 2000), la flotte logistique se resserra autour
d'unités de plus fort tonnage et plus polyvalentes. Il faut dire aussi
que, après la mise à la retraite des unités logistiques des années 60,
il n'y eu pas vraiment de nouvelles entrées en service de navires
logistiques. Outre le pétrolier-ravitailleur Durance et les Bâtiments de
Commandement et de Ravitaillement (BCR) Meuse, Var, Marne et Somme (ils
sont issus de la même classe, sauf que la tête de série n'a pas de
moyens de commandement), il n'y a pas eu d'autres constructions de
navires logistiques. Par ailleurs, passé l'an 2010, il ne reste plus que
les quatre BCR. Le dernier bâtiment se soutien logistique affecté à la
guerre des mines, le Loire, a quitté le service en 2009. Le dernier navire-atelier affecté au reste de la Flotte, le Jules Verne, a été désarmé, lui aussi, en 2009.
Les buts de la guerre navale française ont changé et l'évolution du visage de la flotte logistique l'atteste.
Par exemple, la flotte logistique qui existe en 1960 semble très bien adaptée à la flotte issue de la IVe République qui était très équilibrée et très pyramidale. Les trois types d'unités logistiques navales d'alors -pétroliers, transporteurs et navires-ateliers- devaient, manifestement, permettre de soutenir en de nombreux points de la planète bleue les escorteurs et les sous-marins classiques. Il s'agissait de diffuser la flotte en différentes escadres légère pour combattre là où les adversaires se concentreraient, certainement près des points vitaux du trafic maritime. Les porte-avions ne constituent pas encore le centre névralgique du ravitaillement.
Par exemple, la flotte logistique qui existe en 1960 semble très bien adaptée à la flotte issue de la IVe République qui était très équilibrée et très pyramidale. Les trois types d'unités logistiques navales d'alors -pétroliers, transporteurs et navires-ateliers- devaient, manifestement, permettre de soutenir en de nombreux points de la planète bleue les escorteurs et les sous-marins classiques. Il s'agissait de diffuser la flotte en différentes escadres légère pour combattre là où les adversaires se concentreraient, certainement près des points vitaux du trafic maritime. Les porte-avions ne constituent pas encore le centre névralgique du ravitaillement.
Mais
la montée en puissance de la force aéronavale française semble
bouleverser la flotte logistique toute entière. Les buts de la guerre
navale changèrent aussi. La permanence aéronavale française,
matérialisée par la navigation quasi-permanente d'un porte-avions,
devient la finalité de la flotte logistique. Qui plus est, la guerre
navale change car la puissance navale française, tout du moins, se fait
au soutien d'opérations de moins en moins hauturières et de plus en plus
côtières. Si les Clemenceau et Foch
quittent Toulon et la Méditerranée en 1966, sur décision du général De
Gaulle, après le retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN,
c'est pour la retrouver le 18 décembre 1974 par la décision
présidentielle de Giscard d'Estaing. Dès lors, nos deux porte-avions ne
cessèrent de projeter la puissance aérienne française de la mer vers la
terre afin de peser sur les différentes crises qui apparaîtront.
Il
y eu des années 60 à 1974 un passage de témois entre une guerre navale
qui se concevait dans l'optique d'une guerre des communications et de
batailles de rencontre dans l'Atlantique entre les deux blocs à des
missions d'intervention dans le cadre des conflits périphériques et au
plus près des côtes. Dès lors, il ne s'agissait plus de soutenir des
escadres et des divisions qui combattraient à travers le monde. Mais il
s'agit bien désormais d'appuyer l'action d'un groupe aéronaval qui doit
durer face à des côtes pour peser politiquement sur le règlement d'une
crise. Il y a eu concentration de la logistique navale sur une escadre
en particulier. A cette formation, il est possible d'adjoindre deux
autres groupes tout aussi essentiels : le groupe amphibie et celui de la
guerre des mines. La Marine doit pouvoir escorter le groupe amphibie,
indépendamment du groupe aéronaval, nous dit le livre blanc de 2008.
D'un autre côté, il est bien difficile d'imaginer l'engagement dissocié
des trois groupes navals -et donc un soutien logistique naval à assurer
en trois points différents du globe. Mais cela est encore arrivé,
récemment : le Tonnerre participait donc à la résolution de la crise
ivoirienne alors que le porte-avions était en mission Agapanthe.
La physionomie des escorteurs a également été bouleversée. Premièrement, l'Amiral Nomy expliquait
que l'introduction des engins (premier nom des missiles) dans la Marine
était l'occasion de concevoir de grands escorteurs : il n'était plus
question dans son esprit d'escorteurs spécialisés (anti-aérien et
anti-sous-marin) mais bien de frégates polyvalentes car il valait mieux "les construire plus gros et plus cher".
L'aboutissement de ce processus là, sous l'influence américaine, était
le croiseur à propulsion nucléaire. De l'autre côté, c'est bien
l'évolution de la guerre navale française qui réduit les objets à
protéger et concentre les missions de protection sur la FOST (Force
Océanique Stratégique) et sur le GAn (Groupe Aéronaval). Le passage
d'une guerre navale à l'autre entraîne aussi des besoins différents :
s'il n'est plus tellement question de lutter contre une marine mondiale
comme la flotte rouge, alors il s'agit de réussir à peser sur une
succession de crises régionales. Le besoin en escorteurs est moins
grands (même s'il y a des paliers à ne pas franchir pour pouvoir
continuer à avoir une présence mondiale) mais l'endurance qui leur est
demandée l'est beaucoup plus, d'où une croiseurisation des frégates, ce qui amène à disposer de FREMM de 6000 tonnes en charge.
Il
y a encore une chose qui a poussé la logistique navale vers la
concentration : la propulsion nucléaire. Quid de l'intérêt de posséder
un train naval dédié au soutien des sous-marins quand ceux-ci sont
devenus les navires les plus libres de la planète grâce à leurs
réacteurs nucléaires ? L'adoption de cette propulsion par le
porte-avions n'a fait que pousser le processus à son paroxysme.
La
Royale dispose donc d'un train de logistique navale très concentré, ce
qui a entraîné une croissance en tonnage des plateformes et une
réduction du nombre de navires. L'expression des besoins de la Marine a
conduit DCNS à proposer les BRAVE
pour le programme de remplacement des BCR. Ce programme de
renouvellement devrait être notifié dans le cadre de la prochaine loi de
programmation militaire (et serait même nécessaire pour sauvegarder
l'avenir des Chantiers de l'Atlantique, arsenal devenu indispensable
pour la Marine). Il y a une confirmation, par cette matérialisation de
la pensée actuelle de l'état-major, du processus entamé depuis les
années 70 : quatre unités
sont espérées. Il y a donc confirmation d'une flotte (logistique) avec
de grandes unités polyvalentes. Le processus de concentration
s'accompagnerait, tout de même, d'une certaine croissance car le tonnage
unitaire grimperait de 18 000 tonnes (BCR) à 30 000 tonnes (BRAVE). Ce
surplus consisterait en la prise en compte qu'il manque quelques
capacités opérationnelles depuis le retrait du service des
navires-ateliers (Loire (guerre des mines) et Jules Verne). Tout aussi
intéressant, il faut noter que les volumes supplémentaires des BRAVE
serviront pour transporter hommes et matériels au soutien d'une
opération amphibie.
Le
problème d'une logique qui est portée à son paroxysme, c'est qu'elle
crée des déséquilibres propres à déstabiliser tout le système. Cela a
été vu avec l' US Navy qui souffre d'une logique mahanienne
qui réduit son nombre de navires et donc sa présence mondiale. Dans le
cas de la logistique navale française, la concentration observée,
constatée, permet, effectivement, de soutenir le groupe aéronaval et ses
branches que sont le groupe amphibie et celui de la guerre des mines.
Mais c'est un mouvement qui ampute la Marine nationale des capacités
nécessaires pour intervenir dans d'autres endroits de la planète quand
la nécessité se fait impérieuse. Il y a des choses qui corrigent
naturellement les déséquilibres :
- l'une des premières choses qui redonne de la souplesse au système c'est la plus grande endurance des plateformes actuelles : les sous-marins nucléaires ont très peu besoin de logistique navale dans le cas français (différent dans le cas américain avec des missions de 7 à 9 mois contre 3 à 4 en France) et les frégates sont désormais conçues pour durer plusieurs mois à la mer, avec comme seuls arrêts logistiques les bases avancées.
- C'est par ailleurs ces bases avancées qui permettent aux unités de la Marine de prendre appui sur des relais terrestres tout autour de l'arc de crises, et même plus grâce aux territoires français d'Outre-mer.
- Enfin, il y a donc cette concentration du soutien logistique navale sur un groupe et ses ramifications qui permettent de supporter un si petit nombre de navires logistiques.
Néanmoins,
les hypothèses actuelles d'emploi dissocié du groupe aéronaval et de
l'un des deux autres groupes ne sont pas si minces. Dans le cadre de la
crise syro-iranienne, il ne serait pas étonnant que le porte-avions soit
employé dans le bassin oriental de la Méditerranée quand au large de
l'Arabie Saoudite Washington demandera l'aide du groupe de guerre des
mines français (car la marine américaine n'a presque plus de capacités
dans ce domaine et que le groupe de guerre des mines de l'OTAN, s'il a
le mérite d'exister, est relativement restreint).
Corriger
les déséquilibres constatés ne serait pas simple quand le budget
(éternellement, il faut le dire) est contraint. Néanmoins, c'est peut
être possible.
Première
possibilité, c'est le BPC. Le navire est constitué de grands volumes,
vides, pour permettre l'embarquement d'un groupe aéromobile (constitué
de voilures tournantes) et et d'un SGTIA (Sous-Groupement Tactique
InterArmes) de l'Armée de Terre pouvant être à dominante blindée (il est
peut être imaginable qu'un BPC embarque deux SGTIA pour de "courte
durée", mais c'est une autre affaire). La proposition se retrouve en bas
des billets de blog : pourquoi ne pas utiliser, ponctuellement, un BPC
comme navire-atelier ? Cela supposerait que les ateliers soient
modulaires et déplaçable pour ne pas faire d'un BPC un navire
définitivement spécialisé après installation de tels équipements. Le
monde est bien fait puisque à bord des BRAVE "sur
l'arrière, une zone modulable peut servir au stockage de matériel,
abriter des ateliers de réparation ou accueillir des troupes et des
véhicules". Les hangars à véhicules et hélicoptères des BPC
devraient bien pouvoir embarquer de telles installations. La plateforme
aurait même de belles qualités nautiques puisque ses grandes dimensions
et son fort tonnage lui assure une grande stabilité, caractéristique
essentielle pour un navire-atelier où peut se dérouler de la
micro-électronique (par exemple).
De cette première possibilité, il découle deux directions différentes, mais complémentaires :
- un BPC au soutien du groupe aéronaval,
- un autre, BPC, au soutien du groupe de guerre des mines ou de missions aéroamphibies devant durer dans le temps (comme la mission Corymbe en cas de crise).
Dans le cas d'un
BPC navire-atelier, il pourrait soutenir le porte-avions, ses frégates,
son SNA et de ses aéronefs. Il pourrait s'approcher de chacune des
unités pendant une opération pour livrer des pièces de rechange, des
équipements réparés et faire des ravitaillements complémentaires à ceux
opérés par les BCR et les futurs BRAVE. Par la suite, le navire
s'éloigne rapidement de l'escadre pour se protéger et se ravitailler
lui-même au près d'un port amical ou d'une base avancée.
Dans
ce cadre là, l'hélicoptère est le moyen incontournable pour faire
rapidement le lien pour opérer les échanges entre les navires
logistiques et les unités soutenues. Mais est-ce le seul moyen ? Un BPC
logistique pourrait se servir de deux EDA-R pour ravitailler plus
rapidement les navires de l'escadre et donc écourté une manœuvre qui
demeure risqué dans une zone de guerre.
De
là, il faudrait peut être proposer un échange de services entre le
porte-avions et l'unité logistique. Clément Ader disait que les aéronefs
devaient être entretenus et réparés à bord. Mais dans le cadre d'un
BPC-atelier qui ferait le lien entre le porte-avions et la terre, il
pourrait fluidifier l'entretien des voilures fixes et tournantes. A quoi
bon garder à bord un chasseur qui serait bon pour plusieurs semaines de
réparations ? Pourquoi ne pas permettre à un BPC qui ferait la rotation
entre une base avancée et le porte-avions d'en apporter un directement
depuis la France qui serait entièrement disponible et d'enlever la
machine indisponible et qui ne pourrait plus quitter le bord par
elle-même ? Le porte-avions pourrait délocaliser les opérations lourdes
d'entretien vers le BPC et la terre. Ce nouveau partage des tâches
allégerait le bateau porte-avions (et peut être son coût - est-ce que le
déplacement des moyens de commandement vers un BPC serait de nature à
en faire de même pour le PA2 ?). Mais cela permettrait, aussi, de
maintenir un groupe aérien embarqué avec des machines en permanence
disponible. Mais un tel changement suppose de disposer d'un hélicoptère
lourd apte à réaliser de tels mouvements...
Imaginez
une autre hypothèse : le soutien d'un BPC-atelier aux opérations
offensives du porte-avions. Grâce à l'aide d'hélicoptères lourds, il
serait donc possible de transporter des Rafale du pont d'un BPC vers le
porte-avions. Ce dernier envoie tout ses Rafale. A ce moment là,
pourquoi ne pas concevoir que les Rafale stockés à bord du BPC soient
déplacés sur le porte-avions. La suite de l'idée consisterait à les
conditionnés pour constituer la seconde vague de l'attaque et donc, à
être catapultés. La première vague, à son retour, pourrait être
transvasée du porte-avions au BPC et y serait reconditionnée quand la
seconde le serait à bord du porte-avions. Dans cette optique, le BPC
devient un considérable multiplicateur de forces. L'idée peut être
séduisante car elle offre la possibilité de ne plus se laisser limiter
aux 32 aéronefs du Charles de Gaulle (dont 24 Rafale) : le poids
opérationnel du GAn face à un groupe aéronaval américain serait beaucoup
plus relatif.
© Marine nationale. BCR Var entouré de l'Andromède et du Croix du Sud.
Si
le BPC pouvait devenir navire-atelier, ponctuellement, alors il
pourrait servir de navire-base au groupe de guerre des mines. Bien que
les futurs chasseurs de mines seront plus hauturiers que les actuels, il
n'en demeure pas moins qu'ils auront besoin d'un soutien logistique
pour renouveler "leurs munitions" nécessaires à la chasse aux mines
(constatations de l'opération menée dans le Golfe persique en 1991). Le BCR Var
a d'ores et déjà expérimenté une telle formule lors d'un exercice en
2011. Est-ce qu'un BPC pourrait servir dans une telle mission ? Cela
permettrait, en tout cas, de délester les futurs BRAVE de missions qui
n'emploieraient pas l'intégralité de leur potentiel et où un BPC
démultiplierait la force d'une opération de guerre des mines. La
protection du groupe pourrait passer, par exemple, par l'embarquement
d'hélicoptères Tigre à bord du porte-hélicoptères. Il serait
envisageable, à nombre de chasseurs de mines égale, d'embarquer
plusieurs équipages afin de travailler presque nuit et jour (grâce aussi
aux ateliers et à l'embarquement de consommables). Surtout que, un BPC,
avec son radier, pourra emporter deux drones porte-drones (du programme
SLAMF) en plus de ceux des futurs chasseurs de mines. Ce ne serait pas
un mince avantage quand l'économie mondiale peut être menacée par le
minage d'un détroit.
Enfin,
il y a le cas où BRAVE et BPC pourraient être au soutien d'une mission
aéroamphibie. Il y a clairement la volonté d'utiliser les BRAVE pour
renouveler les équipages lors d'une opération qui dure, mais, et peut
être aussi, pour soutenir une opération amphibie. Ce serait une option
prise sur le Sea basing : le BPC servirait de porte d'entrée sur un théâtre et le BRAVE transporterait les troupes à injecter sur ce théâtre.
Dans
une autre mesure, il y aurait le cas où le BPC dépasse le cas du
navire-atelier pour devenir presque un navire-usine. Il est alors engagé
dans une mission qui dure et il a besoin de se faire durer, mais aussi
de soutenir des moyens qui lui sont rattachés (comme des aéronefs) ou
adjoints (d'autres navires qui ne pourraient pas durer aussi longtemps).
Ce serait tout l'avantage de coupler les capacités aéroamphibies d'un
BPC avec celles d'un navire-atelier. Une telle utilisation du BPC en Somalie
permettrait de se passer de quelques frégates dans un contexte où il
est difficile d'obtenir les précieuses frégates de la part des Etats
engagés dans l'opération Atalante.
Il
y a une toute dernière option. La guerre navale à la française permet
de se concentrer avec de grands moyens sur chaque crise internationale
qui se présente. Cette manière de faire empêcherait d'être
ponctuellement présent en d'autres endroits du globe, avec, certes, des
moyens moins important. Mais être présent, c'est le minimum pour pouvoir
pesé, et c'est le propre d'une marine à vocation mondiale. Les Russes
reconstruisent leur puissance hauturière avec des remorqueurs comme
navire logistique. Ces auxiliaires de haute mer font rarement partie
intégrante d'une escadre. Et pourtant, ils servent très souvent dans la
marine russe à appuyer un déploiement de deux ou trois frégates ou
destroyers, notamment au large de la Corne de l'Afrique ou dans le
bassin oriental de la Méditerranée.
Le
cas du groupe de guerre des mines de l'OTAN a été évoqué : lors de son
dernier passage à Brest, le SNMCMG1, était composé de quatre chasseurs
de mines et d'un navire de soutien polonais, le Kontradm. Z. Czernick.
Ce dernier jauge à peine plus qu'un chasseur de mines (6 ou 700
tonnes). Sa présence demeure un puissant moyen pour faire durer la
formation à la mer.
Ce ne serait peut
être pas une solution à négliger en France que de constituer une
seconde ceinture logistique autour de petites unités, comme des
remorqueurs de haute mer polyvalent. Dans cette optique, il y a les
programmes BSAH et BMM
qui pourraient fournir les unités nécessaires. Les BSAH semblent
étudiés pour. Mais pourquoi donc ne pas saisir l'opportunité de
fusionner, au moins, ces deux programmes pour avoir ce second rideau
logistique ? A l'heure où les relations en Asie se tendent, il faudrait
peut être plutôt miser sur le déploiement d'une FREMM (avec commandos,
MdCN et Exocet block III (donc MdCN aussi) avec l'appui d'un navire de
soutien en Asie du Sud-Est pour faire sentir la présence de la France,
sans se couper de la présence du GAn en Méditerranée.
En
tout dernier lieu, il y a le cas des EDA-R (Engin de Débarquement
Amphibie Rapide). Ils pourraient constituer le troisième niveau du
soutien logistique naval. Ils sont de faible tonnage, ce qui fait leur
force le jour où il sera possible de remonter des fleuves dans le cadre
d'une opération terrestre. Une version agrandie de ces chalands -soit la
taille d'un EDIC-
avec une plus puissante motorisation pourrait servir de navire
logistique et amphibie rapide. Prépositionné, il pourrait faire le lien
entre BRAVE, BPC et la base avancée la plus proche. Hors opération, il
pourrait bien servir de patrouilleur hauturier : l'EDA-R demeure un
catamaran -ce qui est une formule architecturale assez économique- et il
n'est pas impératif qu'il navigue à sa vitesse maximale, mais bien à sa
vitesse de croisière économique.
Ce
ne sont là que quelques pistes qui sont jetées comme sur un brouillon.
Le format se réduira à quatre unités logistiques : les futurs BRAVE.
Ceux-ci devraient permettre de remplacer une partie des capacités qui
étaient offertes par les navires-ateliers et de soutien. C'est le
premier rang du soutien logistique naval. Il n'en demeure pas moins que 4
navires est un format bien léger : il faut considérer que le format en
SNA à six unités est insuffisant pour protéger la FOST et soutenir le
GAn en Libye, face à Toulon. Donc, il y a ces pistes pour combattre les
déséquilibres créés par le système : se servir des BPC comme navire
logistique auxiliaire, voire comme navire-atelier. La logique pourrait
même être poussé pour en faire des porte-aéronefs auxiliaires afin de
participer au soutien des aéronefs du GAn, et pourquoi pas d'augmenter
le nombre d'avions pouvant être catapultés par le porte-avions. C'est le
deuxième rang du soutien logistique naval. En outre, il ne faudrait pas
négliger les "nouvelles" capacités de projections (celles des années
60, aujourd'hui perdues, en réalité) qui pourraient être offertes par
l'utilisation de navires dédiés initialement à l'Action de l'Etat en Mer
comme d'une flotte logistique. C'est le troisième rang. Parfois, il
suffit d'une frégate multi-missions et d'un navire de soutien pour
participer à une crise à l'autre bout du monde. Enfin, les nouveaux
chalands de débarquement, les EDA-R, et une éventuelle version agrandie,
les EDA-R XL, pourraient servir d'unités logistiques de bases pour
accélérer la manœuvre logistique lors du ravitaillement d'une escadre ou
faire la liaison entre la terre et l'escadre. La version agrandie du
nouveau chaland de la Marine servirait de moyen prépositionné pour des
transports entre théâtres et de patrouilleur en dehors du service aux
escadres. C'est le quatrième rang.
Qu'est-ce
que ces propositions représentent sur le plan budgétaire ? Les quatre
unités logistiques (BRAVE) sont d'ores et déjà programmées : ne pas les
commander, c'est une économie comptable et la perte du statut de marine à
vocation mondiale. Il y a d'ores et déjà trois BPC, et dans le cadre
des propositions, ce ne serait pas un luxe que de monter à 5 unités,
sachant qu'une telle commande en lot offrirait des navires moins coûteux
(300 millions l'unité) qu'une commande isolée (400 millions l'unité)
-soit dit en passant qu'une commande en série et en lot de 5 BPC aurait
coûté autant que la méthode actuelle pour en acquérir quatre unités. En
attendant, le quatrième BPC est programmé pour la prochaine loi de
programmation militaire. Tout comme les programmes BSAH et BMM
qui concerneront des unités de 2 à 3000 tonnes. Enfin, il est prévu de
percevoir deux EDA-R par BPC. Et la version agrandie n'a pas quitté le
brouillon. Donc, au final, il n'est question que d'un BPC de plus et
d'EDA-R XL.
21 septembre 2012
Crédibilité de la doctrine nucléaire nationale face à l’évolution de l’anti-missile balistique, par le général Pinatel
© DGA. Le SNLE Le Téméraire a été admis au service actif en 1999.
Le
général Pinatel me fait l’honneur de m’expliquer son point de vue sur
la question de la DAMB (Défense Anti-Missile Balistique) de territoire
otanienne (couplée à l’ABM -Anti-Ballistic Missile- américain)
et sur ses conséquences sur la dissuasion nationale. Ce qui suit est le
résultat de ce dialogue où j’ai pu lui demander si l’ABM américain
pouvait avoir quelques conséquences sur l’évolution de notre dissuasion
nucléaire.
Quand le général mène la fronde contre la défense antimissiles balistique de territoire de l’EPAA (European Phased Adaptive Approach)
de l’administration Obama, l’équivalent de l’ABM américain, en Europe,
il aime revenir sur les fondements des dissuasions nucléaires américaine
et française.
Les
explosions des deux premières bombes nucléaires américaines sur
Hiroshima et Nagasaki (1945) s’accompagnent après la guerre d’une
volonté de « dominance » des États-Unis qui souhaitent tirer
les bénéfices politiques du pouvoir nucléaire et ne le partager avec
personne. Dès lors, ils commencent à pratiquer une dissuasion « du fort au faible » c’est-à-dire à développer une capacité de première frappe
suffisante pour désarmer tout adversaire potentiel et se mettre ainsi à
l’abri de ses représailles. C’est l’explosion de la bombe atomique
soviétique (à fission, le 29 août 1949) qui va permettre l’apparition
d’un dialogue entre les deux puissances nucléaires. Mais c’est aussi
l’apparition d’autres bombes -anglaise, française et chinoise- qui
achève de complexifier le jeu nucléaire qui n’est plus un « je »
américain. Dès lors, les États-Unis ne peuvent retrouver la suprématie
nucléaire, c’est-à-dire une capacité de première frappe sans risque de
représailles, qu’en disposant d’un bouclier anti-missile efficace.
Ainsi, le RIM-8 Talos, engin anti-aérien de la série « T » des
années 60, était semble-t-il une première ébauche d’une défense contre
les missiles balistiques pour l’US Navy.
La
crise de Cuba de 1962 permet de calmer le jeu et de poser les bases
d’un dialogue fructueux (sur le plan nucléaire) entre les deux
supergrands, et le traité ABM de 1972 enterre, pendant un temps, toutes
prétentions à casser l’équilibre qui s’est construit entre les deux
grands.
La dernière bataille de la
Guerre froide a été la relance de la course aux armements dans les
années 80, dont le point d’orgue est le lancement de l’Initiative de Défense Stratégique (IDS) du président Reagan, qui a conduit à l’épuisement de l’économie soviétique.
L’URSS
disparue, l’IDS et ses suites perdureront : le traité ABM n’est plus
là, et les États-Unis tentent de saisir l’occasion pour reconstruire une
« dominance » de l’espace mondial, tant par des moyens
conventionnels que nucléaires. L’ABM doit permettre de retrouver la
suprématie nucléaire perdue avec l’apparition de la bombe soviétique et
la prolifération nucléaire. La mise sur pied d’un système antimissile
efficace permettrait de mettre en échec la dissuasion « du faible au
fort » des nouvelles ou potentielles puissances nucléaires.
En
effet et c’est une constante, une partie importante des stratèges
américains ont toujours refusé la logique de la dissuasion nucléaire car
elle revient à accepter, si elle échoue, de subir une première frappe
adverse avant de riposter. Or la mentalité «cow-boy» est
fortement ancrée chez les militaires et les stratèges américains : c’est
celui qui dégaine et qui tire le plus vite qui sort vainqueur de
l’affrontement. C’est dans cette logique et, en dehors de tout mandat de
l’ONU, que, prenant prétexte de l’existence d’armes de destruction
massive en Irak, le texan George Bush junior a décidé la seconde Guerre
du Golfe ; c’est pour cela aussi qu’un débat existe actuellement aux
États-Unis sur la nécessité de lancer une attaque préemptive contre le
potentiel nucléaire iranien en cours de constitution.
Il va s’en dire que le pari est audacieux, au regard des résultats de l’avatar actuel de l’ABM : les missiles GBI (Ground Based Interceptor) ont, au mieux, une réussite de 50%. Ce sont plutôt les missiles SM-3 de l’US Navy
(couplés au système AEGIS) qui donnent les meilleurs résultats lors des
essais : autour de 70%. Bien entendu, il est difficile de parler d’un
bouclier avec une telle passoire. L’interception de missiles balistiques
d’une portée de 2000 km, comme celle du missile iranien Sejil 2,
est, en effet, très difficilement réalisable car, entre le moment où le
tir est décelé et la phase d’impact, on ne dispose que de 15 à 20
minutes pour prendre une décision, lancer un missile anti-missile et
espérer toucher une cible qui fonce vers la terre à une vitesse de 4 à 6
km par seconde.
Pour
qu’un bouclier anti-missile soit efficace, il devrait être capable
d’arrêter à coup sûr un missile équipé d’une tête nucléaire. Cela
implique un système en alerte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, un
processus de décision quasi-automatique et surtout une capacité
démontrée d’interception de 100%. En effet, on ne peut pas accepter le
risque qu’un missile équipé d’une tête nucléaire atteigne son objectif.
Or il n’existe aucune preuve qu’un taux d’interception voisin de 100%
soit réalisable.
C’est
pour cette raison que tous les théoriciens de l’arme nucléaire, et en
particulier Lucien Poirier et le Général Gallois, ont bâti une stratégie
basée sur la dissuasion nucléaire du faible au fort:
signifier à tout agresseur potentiel qu’une attaque qui mettrait en
cause nos intérêts vitaux entraînerait automatiquement des représailles
nucléaires massives sur ses villes. Dès lors, il n’est pas question de
concurrencer les deux grands et de tenter de pouvoir annihiler une force
considérablement supérieure. Mais les forces stratégiques françaises
doivent pouvoir mener des représailles, même après une première frappe
destinée à détruire son potentiel nucléaire. Le vocable utilisé sera
l’expression de « capacité de seconde frappe » et les SNLE seront
l’incarnation de cette expression. Il y aura également une composante
terrestre fixe (le plateau d’Albion).
Le
problème inhérent à cette capacité de dissuasion est qu’elle
s’apparente à une stratégie du tout ou rien. Que faire donc si les
divisions soviétiques menaçaient d’envahir notre territoire? La
stratégie de dissuasion est alors complétée par la notion « d’ultime
avertissement » que doivent donner à l’adversaire l’arme nucléaire
tactique, lui signifiant que nous considérons que nos intérêts vitaux
sont mis en cause par son agression. Les forces atomiques nationales
vont ainsi s’articuler entre celles dédiées à l’ultime avertissement
(Mirage IV, missiles Pluton) et celles devant causer des dommages
considérables à un éventuel assaillant, au point de le dissuader de
tenter l’aventure.
Les
vecteurs nucléaires français ont très bien traversé les épreuves à coup
de modernisations successives. D’une part, des « aides à la
pénétration » ont même été inclues pour tenir compte des développements
en URSS et aux États-Unis, puis face aux développements américains issus
de l’IDS. D’autre part, les missiles balistiques français embarqués à
bord des SNLE ont évolué du M-2 au M-51. Cette succession d’évolutions a
permis d’augmenter considérablement les zones de patrouilles des
navires de la FOST (grâce à l’augmentation de la portée des missiles
embarqués), et par conséquence, de renforcer leur crédibilité rendant
leur localisation encore plus difficile.
Enfin,
est-ce que la France doit participer à la défense antimissile
balistique de territoire, adoptée dans son principe à l’OTAN ? La
réponse découle des explications du général Pinatel : non, ce n’est pas
l’intérêt de la France de favoriser tout ce qui peut affaiblir sa
capacité de dissuasion nucléaire. Mais surtout, l’EPAA de
l’administration Obama (relance des sites de l’ABM américain en Europe
suite à l’échec du projet de l’administration Bush -installation de
missiles GBI-, qui ne permettait aucune protection des territoires
européens contre les menaces balistiques) n’est dirigée, dans les
discours, que contre la « menace » iranienne. Dans cette optique, il y
aura l’installation et le pré positionnement de missiles SM-3 (les
destroyers Arleigh Burke AEGIS/SM-3 de la Rota, Espagne, et d’autres destroyers et croiseurs AEGIS en mer Noire). Hors, et comme l’explique très bien le général dans un de ses billets, la menace iranienne n’existe pas contre l’Europe !
Les
développements de l’ABM servent, notamment, et peut être
essentiellement, à faire tourner les industries de défense américaines.
Une partie des Européens y répondent favorablement en s’équipant de
missiles SM-3 pour leurs navires, construits autour du système AEGIS
qu’ils ont acquis. C’est par exemple le cas des Pays-Bas
qui viennent de franchir le pas en annonçant la mise à jour du système
d’armes de leurs navires et l’acquisition de missiles SM-3. Les marines
de la Norvège, du Danemark et de l’Espagne pourraient franchir également
le pas. Dans ce cas ou bientôt ces cas, il ne s’agit pas tant de
répondre à une menace. Comme pour le programme JSF, et surtout, comme
pour le contrat du siècle où ces pays ont acquis des F-16, il est
question d’acheter la présence américaine en Europe : ces dépenses
militaires aux États-Unis compensent les frais de stationnement des
troupes américaines en Europe.
Pour
conclure, le général Pinatel insiste bien pour affirmer que la
dissuasion nucléaire française est crédible et que c’est notre seule
assurance pour nous garder de tout acte hostile recourant à des « armes
terribles » (discours de l’Île Longue de 2006 du Président Chirac) et
qu’elle nous permet de préserver notre rang.
01 septembre 2012
Amiens, Marseille : ascension aux extrêmes ?
© Collection Marc Pilot. Un canon de 75mm sur le boulevard Alsace-Lorraine (Amiens) en 1940.
Ce
genre de quartier ressemble un peu à tout les autres morceaux de ville
qui, en France ou ailleurs, par divers cheminements, a fini par se
ghettoïser. Dans un premier temps, les premières populations de ces
"quartiers HLM" s'en allèrent s'installer ailleurs, pour d'autres formes
de logement. Il ne restait donc que les populations qui ne pouvaient
pas s'offrir une autre forme de logement.
La
"crise" passant par là, et la population de ces quartiers
s'uniformisant, ces territoires s'appauvrissent. Une partie des
activités économiques et administratives s'en vont ailleurs, notamment
pour suivre les populations qui ont besoins de ces services et qui ne
sont plus là. La violence monte en puissance, limite après limite. Elle
est dans un premier temps, manifestement, le signe d'un ennui, d'un
désespoir, d'un appel à l'aide. Dans un second temps, la violence gagne
une signification : c'est un langage, un dialogue, une conversation.
Il
s'agit pour ses émetteurs d'envoyer un signal aux multiples facettes
mais à la signification simple et unique : le territoire change de
maître. C'est un temps quasi féodal où tout et n'importe quoi échappe
aux règles de l'ancien empire politico-administratif qu'était la
République. Des activités économiques qui sont normalement prohibées
dans l'empire finissent par se développer sur le territoire. Elles
occupent les acteurs. Elles catalysent aussi la violence puisque les
seigneuries se recomposent et vont s'adapter à la modification des flux
économiques et financiers. De nouveaux seigneurs émergent. La violence
n'est plus le signe de l'ennui mais bien l'expression d'une lutte de
réseaux pour le pouvoir. "Il est rare qu’un État veuille la guerre
pour elle-même, mais il veut être puissant et cette volonté provoque
finalement une situation qui rend la guerre inévitable" disait Julien Freund (L’essence du politique, op. cit., p. 596).
Cette
lutte remodèle les structures sociales du territoire, tout s'adapte
autour du nouvel ordre qui se met en place. La paix sociale, nouvelle
version, s'achète elle aussi. Comment ? Par la même monnaie que celle de
l'ancien maître : de l'argent pour pourvoir au bonheur matériel des
habitants du territoire. Une partie d'entre eux est directement
intéressé aux activités économiques illégales. Comme le dit Abou Djaffar ("Ne pas voir que l’argent de la drogue fait vivre des quartiers entiers avec l’assentiment de la République, c’est être aveugle").,
les activités économiques du territoire ne sont pas encore régulées. Il
faut un nouveau maître, et il veut presque automatiquement tenter de
gagner les monopoles économique et celui de l'autorité. La lutte fait
donc rage entre les divers seigneurs pour étendre leur fief. Il s'ensuit
alors une spirale ascendante où les acteurs tentent de grossir et de
supprimer leurs rivaux.
Le
pouvoir se complexifie avec l'apparition des châtellenies : des
seigneuries dont le seigneur est nommé par un autre au pouvoir plus
grand. Il doit répondre de ses activités à son suzerain. Les derniers
vestiges de l'ancien empire tendent alors à tomber dans cette lutte pour
le pouvoir : les services publiques s'en vont ou fonctionnent tant bien
que mal.
Il
y a même un phénomène qui apparaît : des frontières. Les seigneurs et
leurs porte-armes s'occupent de qui à le droit d'intervenir, de venir ou
de passer sur le territoire. Ce sont les "officiers" qui sont les plus
particulièrements visés par ce filtrage. Les nouveaux maîtres en sont
déjà à la régulation des activités du territoire. L'ancien empire a beau
envoyer ses troupes, elles ne peuvent même pas arbitrer les luttes
entre seigneurs, et encore moins reprendre pied.
La
bataille fait rage chaque jour entre les seigneurs et les vassaux. Il y
a deux issues à cette situation : ou bien il y a un vainqueur et la
violence s'apaise, ou bien le poids des seigneurs s'équilibrent et la
violence s'auto-entretient.
C'est
une histoire suffisamment abstraite pour s'appliquer à tous les
quartiers de France qui sont en perdition. C'est bien un défi d'autorité
qui est lancé à l'Etat.
Cette lutte pourrait très bien s'apparenter à un phénomène décrit par Clausewitz : la guerre. Elle "est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté" (Carl von Clausewitz, De la guerre, chap. 1, §2, p. 51). Et selon Clausewitz, la guerre est un le moyen d'une lutte politique puisque, "en
effet, elle exprime directement la réalité fondamentale et
caractéristique de la politique : la domination de l’homme sur l’homme" (Carl von Clausewitz, De la guerre, chap. 1, § 24, p. 67).
Il y a eu la constitution de seigneuries dans ces quartiers. Elles ont
évolué jusqu'à un état féodal où il y a seigneurs et vassaux. Les
premiers ont acquis le pouvoir de ban, les seconds exécutent. Les
seigneuries les plus importantes disposent de troupes, de revenus
fonciers, d'une justice, des moyens de réguler les activités
économiques, etc... L'Etat n'a pas disparu. Mais il s'agit bien d'une
lutte politique entre des seigneurs locaux et l'Etat. Il s'agit de
l'affrontement de volontés et la place de l'Etat comme détenteur
légitime de la violence et maître politique suprême est contesté. C'est
pourquoi il s'agit de réponses du politique qui sont attendues.
Il
y a eu des émeutes dans la ville d'Amiens. Le déchaînement de violences
est loin d'être extraordinaire pour une ville qui est habitué à ce que
les affaires de ses quartiers du Nord se règlent par bagarres de rues et
de multiples incendies de voitures. L'éruption de violences sort de
l'ordinnaire par sa concentration de destructions sur laps de temps très
court et la destruction de biens qui ne sont habituellement pas visés
(dont une maternelle, cible devenue habituelle des émeutiers en France).
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'est empressé de se rendre
sur place et d'ordonner le renfonrcement des effectifs de la police. Des
journliastes lui demandèrent combien de temps ces pomiers anti-émeutes
allaient rester sur place ? Le ministre de répondre qu'ils resteraient
jusqu'à ce que les lois de la Répulibuqe s'appliquent dans les quartiers
Nords d'Amiens. La réponse du politique est forte, mais elle
correspondait à quoi ? Il y a deux réponses possibles : ou bien le
ministre voulait dire que les policiers supplémentaires étaient destinés
à réguler une violence extraordinnaire par rapport à celle qui est
quotidienne, ou bien qu'il fallait revenir au statu quo antes,
c'est-à-dire revenir à avant le temps féodal. Le défi n'est pas le même,
et pourtant, l'Etat est défié depuis de très nombreuses années.
A
Marseille, le problème semble être rigoureusement le même : il y a une
féodalisation des quartiers nords de la ville et la guerre fait rage
pour savoir qui sera le maîre des territoires féodaux et des activités
économiques illicites. Cette guerre des féodaux de Marseille est plus
médiatisée car cette contrée est plus riche, et peut donc se fournir
plus aisément en armes (là où à Amiens les armes de guerres se font peut
être plus rare par manque de moyens, même si elles sont très
présentes). Une sénatrice, Samia Ghali, a
lancé une demande attendue : l'envoi de l'Armée à Marseille. Abou
Djaffar condamne fermement, avec une "certaine ironie", l'appel de la
sénatrice à la force militaire. Deux personnes expliquent très bien le
pourquoi de cette demande :
- Julien Freund disait que l'Armée "est le détenteur dans l’État de la violence suprême et extrême, à laquelle celui-ci a recours en période exceptionnelle, soit que la situation lui paraisse désespérée, soit que l’adversaire ait dépassé le seuil de ce qu’il juge tolérable" (Julien Freund, "La finalité de l’armée", Études polémologiques, n° 20-21, avril-juillet 1976, pp. 31-47).
- Abou Djaffar disait donc : "Alors, donc, l’armée. Pourquoi l’armée ? Pardi, pour remplacer la police. Ah. Mais alors, dans ce cas, si on remplace la police par l’armée, c’est pour faire la guerre, non ? Pour faire ce que la police n’a pas le droit de faire, comme, je ne sais pas moi, tirer sans sommation, tirer pour tuer, tabasser les prisonniers (Les quoi ? Les suspects ? Ah non, désolé, il n’y aura plus de suspect en zone de combat, il y aura des ennemis et des civils). A nous, les perquisitions sans commission rogatoire, les arrestations arbitraires, les violences volontaires. Ben oui, parce que, Madame la Sénatrice, vous ne croyez pas que le déploiement du 126e RI, du 2e REP ou du 17e RGP va permettre de garantir les droits constitutionnels des citoyens ? Si ?"
Que
ces situations soient répondent rigoureusement aux caractéristiques de
la guerre, c'est un débat. Il n'est pas tellement question de le
trancher, mais bien de constater que nous avons un beau laboratoire en
France. Si nous avions pu l'avoir avant la guerre d'Afghanistan, cela
eut été une grande chance. L'objet d'étude de ce laboratoire est
précisément le moment où un conflit bascule. Comment est-ce que la
situation en Afghanistan a basculé d'une guérilla larvée et embryonnaire
à une guérilla permanente ? Comment est-ce que les choses ont dégénéré
en Syrie ? Pourquoi pas comparer avec l'Algérie, l'Indochine ? Il serait
osé de tout comparer, et ce n'est pas nécessaire. Mais dans tout ces
théâtres, il a fallu redevenir maître de sa volonté pour l'emporter, ne
plus être dépendant du comportement que nous impose l'adversaire, pour
gagner la "guerre".
En
France, l'Etat entend bien être le maître ultime du pouvoir : celui
d'édicter les normes, de réguler les activités économiques et d'assurer
la sécurité, ce ne sont là que quelques exemples. Il s'agit presque
d'une obligation car si l'Etat ne possède pas ses pouvoirs par un moyen
ou un autre il se met en danger face à d'autes maîtres qui administrent
quelques territoires. C'est la même chose en Syrie. En Afghanistan il
s'agissait aussi de construire un Etat pouvant survivre face à d'autres
rivaux politiques.
Et
donc, il y a ce formidable laboratoire où l'on peut observer de quelle
manière se construit ces acteurs politiques rivaux. Tout comme il est
possible d'observer la très difficile entreprise pour faire imposer
"son" autorité à des territoires qui ne la veulent pas. C'est une
entreprise complexe et difficile et qui est multiformes. L'Union
européenne serait la spécialiste des opérations "civilo-militaires" :
des opérations guerrières où une mission civile sert à construire
l'administration du territoire à pacifier.
Cette
entreprise de pacification et de reconquête de l'autorité de l'Etat ou
de la puissance désireuse de la gagner suppose une volonté farouche. Les
acteurs d'en face cherchent bien souvent à atteindre un but qui peut
aussi bien être leur prospérité économique et le développement de leur
modèle. Ils connaissent les risques de la guerre, ils en respectent les
règles. Face à de tels acteurs, il faut une volonté de fer et un
savoir-fair politique qui fait honneur au Politique. En France il y a
des ZEP, des ZUP et des ZSP : est-ce que face aux évènements d'Amiens ou
de Marseille le Politique s'est-il mobilisé pour réunir ses moyens, les
coordonner et engager une lutte pour reconquérir son autorité ? La
volonté est la clef de la réussite d'une telle entreprise. C'est un
combat de titans pour les politiques que de gagner le temps nécessaire
pour concentrer suffisamment d'attention sur un tel problème afin de
construire les outils pour le régler.
S'il
ne s'agit pas d'un processus d'ascension aux extrêmes, tel que théorisé
par Clausewitz, il s'agit bien d'une guerre, ou tout du moins, d'un
phénomène qui s'en approche. Abou Djaffar le dit parfaitement bien : le
nombre de personnes tuées à Marseille pour règlements de compte liés au
trafic de drogue n'est que de 19 personnes. Ce n'est rien : chaque année
10 personnes meurt à cause de requins quand c'est 100 personnes qui
décèdent par la faute de méduses. C'est là que le basculement peut être
intéressant à étudier, là où il n'a peut être pas pu être très
perceptible en Afghanistan ou ailleurs. La résonnance médiatique donnée à
ces évènements montent crescendo, sans forcément qu'il y ait de rapport
avec leur importance relative. Le pouvoir politique suprême est défié,
qui plus est, sur son propre territoire. Il doit s'engager, et le faire
de façon crédible : on ne rétablit pas les lois républicaines dans les
quartiers nords d'Amiens en quelques jours avec quelques cars de
policiers et de CRS. Il y a aussi l'intervention d'autres acteurs qui
par intérêt ou par maladresse (terrible force que la maladresse) peuvent
tout faire basculer. Imaginez que l'intervention de l'Armée à Marseille
devienne une demande récurrente des français, de la société ? Les
politiques doivent gérer une telle ascencion : le Président de la
République et ses ministres de l'Intérieur et de la Défense ont répondu
que non, l'Armée n'interviendrait pas. Elle a beau intervenir en Italie
pour tenter de supprimer les mafias, et pourtant, elles sont toujours
là.
Nous
sommes à moment clef où l'Etat est ouvertement défié. Sa réponse est de
temporiser. Cela fonctionne assez bien. Sauf que depuis que cette
solution est utilisée faute de mieux, les seigneuries prospèrent et
s'étendent. Il y a donc les deux autres réponses qui peuvent encore être
apportées : la reconquête administrative par les services concernés ou
bien le recours à l'Armée et tous les risques que cela implique. Il n'a
pas encore été question des risques de collisions qui peuvent intervenir
avec une flambée de violences face à des populations qui souffrent et
des acteurs qui ne font pas que du commerce : quid des agents
déstabilisants qui prêchent des discours religieux ou autre pour gagner
les cœurs et les esprits ? Il ne faudrait pas leur offrir un terreau
extra-ordinaire.
Il y a eu bien des débats sur la contre-insurrection, les opérations anti-guérilla, la pacification et encore bien d'autres choses. Ce qui se passe à Amiens et Marseille est une lutte de pouvoir. L'Etat a tous les outils pour rétablir la légalité républicaine. Mais il doit faire face à deux défis : réguler le processus de la violence et construire une volonté de réussir sur le long terme.
Le dernier livre blanc évoquait un "continuum entre la sécurité et la Défense". Il est difficilement perceptible à Amiens et Marseille : s'il faut les forces militaires pour combattre le trafic de drogues à l'extérieur de nos frontières, elles ne sont pas nécessaires pour intervenir dans nos quartiers perdus. Il faut des douaniers, des policiers pour réguler les trafics, et bien d'autres services encore. Il ne faut pas des patrouilles de blindés. Même, les personnes visées s'en accomoderaient très bien, comme cela a pu être vu ailleurs. L'Etat perdrait de sa superbe et de son autorité. C'est à questionner la pertinence de ce continuum.
Il y a eu bien des débats sur la contre-insurrection, les opérations anti-guérilla, la pacification et encore bien d'autres choses. Ce qui se passe à Amiens et Marseille est une lutte de pouvoir. L'Etat a tous les outils pour rétablir la légalité républicaine. Mais il doit faire face à deux défis : réguler le processus de la violence et construire une volonté de réussir sur le long terme.
Le dernier livre blanc évoquait un "continuum entre la sécurité et la Défense". Il est difficilement perceptible à Amiens et Marseille : s'il faut les forces militaires pour combattre le trafic de drogues à l'extérieur de nos frontières, elles ne sont pas nécessaires pour intervenir dans nos quartiers perdus. Il faut des douaniers, des policiers pour réguler les trafics, et bien d'autres services encore. Il ne faut pas des patrouilles de blindés. Même, les personnes visées s'en accomoderaient très bien, comme cela a pu être vu ailleurs. L'Etat perdrait de sa superbe et de son autorité. C'est à questionner la pertinence de ce continuum.
Ces
deux laboratoires sont vraiment très intéressants : quand est-ce qu'un
cap est franchi dans la violence au point de faire basculer une
situation d'un désordre civil à une situation de guerre ? Comment
peut-on reconstruire une légalité tout en évitant une montée aux
extrêmes ? Comment jugule-t-on la violence ? Comment construit-on une
volonté pour parvenir au bout d'une telle bataille ? Comment rétablit-on
la hiérarchie de l'autorité avec un Etat au sommet ? Peut-on placer un
Etat au sommet de la hiérarchie de l'autorité partout ?
Il faut donc une volonté, diffuser cette volonté, des discours, une façon de penser, une idéologie ou une doctrine, et construire les outils pour parvenir au but fixé. Il faut définir ce dernier de manière suffisamment précise pour qu'il puisse être atteint. Il faut penser le rapport à la violence. Il faut savoir comment bouleverser la hiérarchie sociale pour la remodeler. Il faut donc l'intervention du politique. L'Armée n'est que l'outil ultime du politique, elle ouvre la voie à une autorité pilotée par le politique à qui l'on demande souvent d'assurer la sécurité et l'ordre dans une sorte de contrat social. Mais en définitive il faut surtout l'intervention de la qualité essentielle du politique : la compromission. Il n'y a que le politique pour faire des compromis, se compromettre et compromettre les autres pour déstabiliser un système social pour mieux le reconstruire. Le militaire ne sait pas faire, il n'a pas la souplesse nécessaire car il ne peut pas compromettre comme le politique.
Il faut donc une volonté, diffuser cette volonté, des discours, une façon de penser, une idéologie ou une doctrine, et construire les outils pour parvenir au but fixé. Il faut définir ce dernier de manière suffisamment précise pour qu'il puisse être atteint. Il faut penser le rapport à la violence. Il faut savoir comment bouleverser la hiérarchie sociale pour la remodeler. Il faut donc l'intervention du politique. L'Armée n'est que l'outil ultime du politique, elle ouvre la voie à une autorité pilotée par le politique à qui l'on demande souvent d'assurer la sécurité et l'ordre dans une sorte de contrat social. Mais en définitive il faut surtout l'intervention de la qualité essentielle du politique : la compromission. Il n'y a que le politique pour faire des compromis, se compromettre et compromettre les autres pour déstabiliser un système social pour mieux le reconstruire. Le militaire ne sait pas faire, il n'a pas la souplesse nécessaire car il ne peut pas compromettre comme le politique.
"C'est grotesque, c'est ubuesque, nous ne sommes pas en guerre civile". Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille.
"Mobiliser l'armée face au grand banditisme n'est en aucun cas une solution. En revanche, la population de ces cités le vivrait comme un véritable appel à la guerre civile ! La seule réponse cohérente est de déployer, dans les plus brefs délais, de nouveaux moyens policiers, formés à gérer ce genre de conflits sur le terrain". Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille.
"Mobiliser l'armée face au grand banditisme n'est en aucun cas une solution. En revanche, la population de ces cités le vivrait comme un véritable appel à la guerre civile ! La seule réponse cohérente est de déployer, dans les plus brefs délais, de nouveaux moyens policiers, formés à gérer ce genre de conflits sur le terrain". Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille.
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