© Inconnu. Le Messerschmitt Me-262, premier avion de chasse à réaction.
Qu’y
a-t-il de commun entre les “bouches à feu” (canons) françaises des
victoires de Castillon (1453) et de Marignan (1515), les galéasses
vénitiennes de la bataille de Lépante (1571), l’introduction du tank
durant la Première guerre mondiale ou les fusées nazies V1 et V2 de la
Deuxième guerre mondiale ? En apparence, il paraît difficile sinon
impossible de répondre à une telle question. En apparence seulement !
Car, ce qui relie ces différentes inventions, c’est la rupture
technologique qu’elles symbolisent et, pour leurs chefs militaires, le
souhait - parfois l’utopie - de changer l’issue de la bataille sinon de
la guerre par leur emploi.
Cette
rupture caressée, envisagée et, parfois, réussie, peut revêtir diverses
formes sans être nécessairement tactiques ou même stratégiques au sens
militaire. Toute technologie de rupture, aussi innovante soit-elle,
n’entraîne pas nécessairement d’application concrète dans le domaine
militaire. Une rupture sur un champ de bataille donné peut se révéler un
handicap déterminant sur un autre champ de bataille. Le passage, au
tournant du 21ème siècle, de conflits symétriques à des conflits de
basse intensité et asymétriques nous en offre de nombreux exemples. Ce
qui nous offre là le second axe de notre dossier.
Si
les exemples d'une technologie qui, au service des armées, permettent
la victoire des gouvernants abondent, la victoire militaire n’est pas la
seule finalité. Par exemple le canon a une histoire étroitement liée à
la construction de l'État. C'est-à-dire que la maîtrise des
connaissances scientifiques, technologiques et techniques pour forger et
entretenir des bouches à feu est l'occasion d'une nouvelle distribution
de la puissance politique. Ainsi, les États capables de maîtriser ce
processus et de se servir habilement de cette artillerie sur le champ de
bataille triomphent face à ceux qui ne disposent ni du moyen ni des
connaissances nécessaires pour le créer et l’utiliser de manière
combinée.
Nous
sommes heureux de vous proposer dans ce cadre un dossier qui, sans
pouvoir tout balayer, le sujet étant tellement vaste, cherchera
davantage à questionner des inventions emblématiques, pour certaines peu
connues du grand public. Les wunderwaffen, ces armes du IIIème
Reich données comme miraculeuses par la propagande des services de
Goebbels, occuperont d’ailleurs une place importante de ce dossier.
Après de grandes campagnes hitlériennes privilégiant plutôt la quantité
sur la qualité, et face à une masse continentale soviétique que rien ne
semble pouvoir arrêter, le régime nazi paria sur l'avènement d’armes
technologiques qui devaient inverser le cours de la guerre. Un exemple
qui illustre parfaitement ce moment où l'arme de rupture devient un but
dans la guerre au service des buts de la guerre.
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