Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





03 décembre 2019

BATSIMAR/POM : SOCARENAM !

© Ministère des Armées. Merci au camarade @Marsattaqueblog pour la trouvaille.

 
     Le Président de la République, M. Emmanuel Macron, à l’occasion de son intervention lors des Assises de la Mer s'est, notamment, exprimé au sujet du programme Patrouilleurs d'Outre-Mer (POM). Il a déclaré que « la commande de six nouveaux patrouilleurs outre-mer a été officiellement passée la semaine dernière par la ministre des Armées. » Le journal Le Marin est le premier à proclamer le nom du vainqueur : SOCARENAM (Société Calaisienne de Réparation Navale et Mécanique). Dans la foulée de l’obtention de la commande des 14 EDA-S, la société - dont le carnet de commandes était déjà plein – remporte deux marchés coup sur coup. Et le programme BATSIMAR, en sa deuxième « scission », bénéficie de la commande d’une nouvelle classe après celles émises au profit des PAG (Patrouilleurs Antilles Guyane) de classe La Confiance.

BATSIMAR (PAG + POM + PO)

     Le programme BATSIMAR (BATiment de Surveillance et d'Intervention MARitime) bénéficiait d'une première présentation publique par la description qui en était donnée dans le projet de loi de finances pour 2009 (commission des finances, Sénat, 2008) et qui résumait l'ensemble des caractéristiques visées par ce programme : « La marine a exprimé le besoin d'un bâtiment de haute mer, endurant et autonome , capable d'une vitesse de transit suffisante, apte à accueillir des commandos et à mettre en oeuvre les moyens habituels d'intervention (hélicoptère ou drone et drome). »

Programme qui n'était inscrit ni à la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2009-2014, ni dans la LPM 2014-2019, malgré son actualisation décidée par le Président François Hollande et l'historique stabilisation des dépenses militaires françaises.

     Toutefois, la LPM 2014-2019 portait la première « scission » du programme BATSIMAR de par le remplacement des P400 (La Gracieuse (1987 - 2017), La Capricieuse (1986 - 2017) de Guyane par deux Patrouilleurs Légers Guyanais (PLG) commandés en 2015 : La Confiance (2017 - 2047 ?) et La Résolue (2017 - 2047 ?). Leur cahier des charges demandait qu'ils soient adaptés à la géographie navale locale, imposant un modeste tirant d'eau dont la limite a été fixée à 3,5 mètres. Le passage de l'ouragan Irma (30 août 2017 - 14 septembre 2017) soulignait les conséquences des RTC observées aux Antilles, notamment dans les missions NARCOPS, et permettait la commande d'une troisième unité était commandée. Les PLG devenaient les Patrouilleurs Antilles Guyane (PAG) de classe Confiance.

     Par ailleurs, et au cours de la même LPM 2014-2019, l'Amiral Christophe Prazuck prenait trois décisions structurantes au profit du programme BATSIMAR :

Le 12 octobre 2016, l'Amiral Christophe Prazuck défendait (audition devant la commission de la Défense nationale et des forces armées, Assemblée nationale, 12 octobre 2016) la stratégie des moyens de la Marine nationale quant à l'Action de l'Etat en Mer (AEM) au sein de laquelle les futurs patrouilleurs tiennent une place essentielle et proposait, à ce titre, un schéma simple à assimiler et presque intuitif dans la compréhension de la répartition des bateaux : « le format global que nous visons, et que nous connaissons depuis plusieurs décennies, est d’une frégate, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique pour chaque département ou collectivité d’outre-mer. »

Début décembre 2016, lors d'un échange avec les membres de l'Association des Journalistes de Défense (AJD), le Chef d'État-Major de la Marine nationale (CEMM) définissait finalement la cible du programme BATSIMAR vis-à-vis du schéma précédemment établi et exprimait son souhait que la cible soit à hauteur de18 patrouilleurs (Vincent Groizeleau, « BATSIMAR : La marine en souhaite 18 et les premiers dès 2021 », Mer et Marine, 25 janvier 2017) tandis que le premier était espéré pour 2021 dans le cadre de la maquette Marine 2030 et non plus 2024 (maquette Horizon Marine 2025), comme précédemment enregistré par la programmation.

Toujours au sein de l'Assemblée nationale (audition devant la commission de la Défense et des forces armées, Assemblée nationale, 11 octobre 2017), l'Amiral Christophe Prazuck déclamait la deuxième scission du programme BATSIMAR qu'il présentait alors en ces termes « après plusieurs années de bataille pour avoir des BATSIMAR outre-mer, j’ai proposé de différencier ce programme. J’avais initialement l’intention de remplacer les patrouilleurs métropolitains et les patrouilleurs outre-mer par une même classe de bateau. Je n’y parviens pas. Ce serait trop cher, me dit-on. Je propose donc de déployer outre-mer des bateaux deux à trois fois moins chers, pour les avoir plus vite. »

La LPM 2019-2025 inscrivait à la programmation l'ambition de porter le nombre de patrouilleurs de 16 (2019) à 18 (2025) grâce au lancement de deux programmes, découlant directement des propos de l'Amiral Christophe Prazuck : les Patrouilleurs d'Outre-Mer (POM) et les Patrouilleurs Métropole NG (PMNG). Ces derniers recevront successivement d'autres dénominations - Patrouilleurs Métropolitains NG (PMNG), Patrouilleurs de Haute Mer de Nouvelle Génération (PHM-NG) - avant de recevoir finalement l'appellation de Patrouilleurs Océaniques (PO).

Pour le premier programme - POM -, la DGA publiait dès le 13 août 2018 un appel d'offres portant sur six unités, avec des caractéristiques plus importantes que celles demandées aux PLG/PAG :

  • qualités nautiques : 70 mètres de longueur, tirant d'eau égal ou inférieur à 3,8 mètres, 22 nœuds, autonomie 5500 nautiques avec 30 jours de vivres, de bonnes capacités de manœuvre et de navigabilité ;

  • qualités opérationnelles : équipage de 35 marins plus 18 hommes supplémentaires, une drome composée de deux semi-rigides de huit mètres, des installations de manutention, capable d'opérer des hélidrones d'environ 700 kg, des installations aéronautiques, un système de visualisation des données tactiques, des communications militaires et civiles, des armes légères d'infanterie ;

  • logistique : le contrat de MCO pour les premières années de service doit comprendre des services conçus pour l'entraînement en plus de la documentation et des pièces de rechange.

Le programme POM sera aussi celui qui bénéficiera des premiers Systèmes de Drone Aérien de la Marine (SDAM) devant équiper aussi les Frégates de Défense et d'Intervention (FDI) que les POM. La solution industrielle désirée pour ce programme est l'hélidrone VSR700 mis au point par Airbus à partir du Cabri G2 d’Hélicoptères Guimbal. Le prototype a connu son premier vol le 8 novembre 2019. Le premier démonstrateur prévu pour les essais embarqués menés conjointement par la Marine nationale et Naval group est attendu en 2021 (Rédacton, « Airbus : premier vol du prototype du drone VSR700 », Air et cosmos, 12 novembre 2019).

Le Président de la République - M. Emmanuel Macron - déclarait, le 3 décembre 2019, lors des assises de la Mer qu'avait été commandé 6 unités. Et il fallait apprendre que les signature et notification du contrat avaient été effectués la dernière semaine du mois de novembre 2019. Il est étonnant qu'un silence ait été observé de la part de tous les protagonistes, administrations comme industriels depuis. Cela peut laisser supposer que la communication ait attendu l’extinction de toute ou partie des éventuelles voies de recours pouvant déboucher sur une procédure contentieuse de la part d’un des concurrents à la procédure d’appels d’offres.

Aux @AssisesdelaMer et « face aux défis de demain », le Président de la République a annoncé la commande, par la ministre des armées, de 6 nouveaux patrouilleurs outre-mer au profit de la @MarineNationale pour « moderniser et renouveler les capacités navales de nos armées ». https://t.co/TAOBXtM5D9

— Chef d'état-major de la Marine (@amiralPrazuck) December 3, 2019

La proposition de SOCARENAM a été jugée la plus à même de satisfaire le besoin que celles de Kership (OPV 70) et d'OCEA (OPV 230).  Et elle a probablement été jugée la solution la plus économique de toutes celles proposées. Le budget du programme BATSIMAR était tombé sous les 30 puis 25 millions d'euros par unité avant d'être scindé, ce qui les rapproche des 24 millions d'euros (coûts des études et du contrat de MCO inclus) par patrouilleur (17 millions de coût unitaire de production (2015) de la classe La Confiance.

OCEA qui se félicitait pourtant que la porte ait été ouverte à des coques en aluminium se contentera d'avoir lancé son premier patrouilleur hauturier (Offshore Patrol Vessel (OPV) au profit des garde-côtes philippins, sans bénéficier d'un contrat majeur avec la Marine nationale sur ce segment.

La proposition de SOCARENAM est probablement une variante de celle développée à partir des OPV 600 conçus par Mauric et mis sur cale par SOCARENAM dans le cadre du programme Patrouilleurs Légers Guyanais (PLG) devenu Patrouilleurs Antilles Guyane (PAG) lors de la commande de la troisième unité fin 2017. Les frais d'études se cantonnent probablement à adapter l'existant au cahier des charges, ce qui devrait se matérialiser par une coque allongée de 9,2 mètres afin d'intégrer des installations aéronautiques par la réorganisation de la plage arrière afin de pouvoir mettre en œuvre deux embarcations semi-rigides de 8 mètres (EDO NG, ETRACO).

Les conséquences prévisibles sont le renforcement des chances de la co-entreprise Kership (Piriou, Naval group) de remporter le futur appel d'offres pour les Patrouilleurs Océaniques (PO) dont la pièce d'artillerie principale pourrait être le RAPIDFire Naval 40 mm CTA (GME Nexter – Thales), à l'instar des FLOTLOG.

Le calendrier du programme n'est pas encore détaillé pour sa partie production mais les dates d'admission au service actif des bâtiments sont connues car très probablement exigées dans le cahier des charges.


POM n°1 (2022)
P40 La Glorieuse (RS 2020 ?)
ASA 
Nouvelle-Calédonie
POM n°2 (2023)
P400 La Moqueuse (RSA 2020 ?) 
ASA 
Nouvelle-Calédonie
POM n°3 (2023)
Arago et P400 La Railleuse (RSA 2011)
ASA 
Polynésie française
POM n°4 (2024)
Le Malin et P400 La Rieuse (RSA 2011)
ASA 
La Réunion
POM n°5 (2024)
P400 La Boudeuse (RSA 2011)
ASA 
La Réunion
POM n°6 (2025)
P400 La Tapageuse (RSA 2013)

11 années d'attente pour que les six premières unités du programme BATSIMAR en sa deuxième « scission » après la première ayant accouché des PLG/PAG. L’enveloppe budgétaire dédiée aux POM pourrait être comprise entre 150 et 200 millions.


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