© Marine nationale. Rare réunion des Mistral,
Tonnerre et Dixmude à l'occasion d'un Gabian en 2015.
|
Le
Président de la République, M. Emmanuel Macron, a déclaré lors de son
déplacement à l'Élément Militaire de Réanimation (EMR), armé par le Service de
Santé des Armées et le Régiment MEDical (RMED) de l'Armée de Terre, que sur
proposition de la ministre des Armées, Mme Florence Parly, et du Chef
d'État-Marjor des Armées (CEMA), le général d'armée François Lecointre, qu'il avait
décidé de lancer l'opération Résilience au profit du théâtre national.
L'entièreté du groupe amphibie est engagée.
Le Chef d'Etat-Major de la Marine (CEMM), l'Amiral Christophe Prazuck, l'avait déclaré le 17 mars 2020 que les marins devaient se préparer à accomplir des missions dont ils n'avaient pas l'habitude. L'idée de manœuvre avait transpiré, au plus tard, le
vendredi 20 mars 2020 dans la presse spécialisée (Mer et Marine, Naval news).
Le Président de la République a décidé de s'en saisir. Il a proclamé que le Mistral
(2005) était dérouté « immédiatement » à direction du Sud de l'Océan
Indien tandis que le Dixmude (2013) devrait appareiller
prochainement pour les Antilles et la Guyane. Et il s'agirait de comprendre que
le Tonnerre (2007) demeurerait engagé en Méditerranée. Mais rien n'est annoncé pour la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie qui ne sont pourtant pas épargnées.
Les actions
attendues des Porte-Hélicoptères Amphibies (PHA) n'ont pas été précisées. Le
ministère des Armées indique que l'opération Résilience concerne des actions de
la santé, de logistique et de protection. Sans préciser en quoi cette dernière
action peut se recouper ou bien se distinguer de l'opération Sentinelle. Il se
devine donc que les capacités logistiques et, surtout, celles de l'hôpital
embarqué seront mises à contribution. Et en matière de logistique : la manœuvre arrêtée suppose une certaine contribution de l'Armée de l'Air ou d'Air France pour le transport aérien au niveau stratégique et de l'Armée de l'Air seule - sauf à réquisitionner - pour l'infra-théâtre.
Océan
Indien
Les
officiers-élèves embarqués à bord du Mistral, escorté par le Guépratte (2001 -
2031 ?), pour la mission Jeanne d'Arc ont vu leur programme d'escales fondre
comme neige au soleil ces derniers jours. À l'image de leurs aînés, et dans la
grande tradition de secours et de diplomatie humanitaire instaurée par le
croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc (1964 - 2010), ils vont participer à
une mission humanitaire. La Jeanne d'Arc avait porter assistance à Haïti
(2003), l'Indonésie (2005) et à Madagascar (2007).
Le
Mistral est au mouillage, au large des Maldives, depuis aujourd'hui. À
l'évidence, et sans surprise par rapport aux difficultés rencontrées par le
groupe aéronaval, l'équipage n'a pas été autorisé à faire escale. Ce PHA est
même ravitaillé par ce qui semble être des unités portuaires.
Le
Président de la République n'a pas précisé autre chose que le bâtiment se
dirigerait immédiatement vers le Sud de l'Océan Indien
Il
y a 1800 nautiques (5 jours de mer à 15 nœuds) à parcourir jusqu'à la Réunion
(115 cas COVID-19). 111 lits de réanimation, auxquels s'ajoutent 50 qui sont en
préparation, équipent le centre hospitalier universitaire de La Réunion pour
860 000 habitants. Et les deux départements sont touchés, un malheur n'arrivant
jamais seul, par une épidémie de dengue (1200 cas à la Réunion, 2200 cas à
Mayotte) qui tend les capacités hospitalières.
Il
y a 1930 nautiques (5,3 jours à 15 nœuds) jusqu'à Mayotte. Il y a 16 lits
d'hospitalisation au sein du Centre hospitalier de Mayotte pour une population
de 255 000 habitants. Mayotte (35 cas COVID-19) a le système sanitaire le plus
faible car est considérée comme un désert médical et n'a que 80 médecins pour
100 000 habitants contre une moyenne nationale à 437. Il n'y a que 18
médecins-libéraux en activité auxquels s'ajoutent 7 retraités qui aident.
Il y a 940 nautiques entre Mayotte et la Réunion.
Il y a 940 nautiques entre Mayotte et la Réunion.
Mer des Antilles
Le
Dixmude est à Toulon et il est désigné pour aller se positionner pour la zone
Antilles Guyane. Le bâtiment aura à parcourir 3930 nautiques, soit 11 jours de
mer à 15 nœuds. Il devrait appareiller au début du mois d'avril selon le Président
de la République pour aller se positionner dans la zone Antilles Guyane.
Il y a 8 lits de réanimation au Centre Hospitalier de Kourou et 11 lits au Centre Hospitalier de l'Ouest Guyanais (CHOG) - Frank Joly en Guyane pour une population de 290 000 habitants. Le nombre de lits de réanimation en Guyane (28 cas COVID-19) a été porté depuis un minimum de 19 à 38 lit au profit du CHOG.
Il y avait 22 lits de réanimation qui ont été portés depuis à 75 lits, au sein des Centre hospitalier universitaire de Guadeloupe et nouveau CHU de Guadeloupe pour une population de 390 000 habitants. La Guadeloupe compte 76 cas COVID-19.
Il
y a 16 lits d'hospitalisation au sein du CHU Martinique pour une population de
375 000 habitants. La Martinique compte 66 cas COVID-19.
Il
y a 800 nautiques entre la Guyane et la Martinique et 100 nautiques entre la
Martinique et la Guadeloupe. Et il y a les cas de Saint-Marin et Saint-Barthélémy à proximité, dans l'arc antillais, dont des habitants sont atteints de COVID-19 (8 dont 2 guéris pour la première et 3 pour la deuxième).
La
rotation du Tonnerre à destination de la Corse a vu un éventail de capacités
inter-ministérielles être mobilisées avec, outre l'équipage, le Service de
Santé des Armées, des soignants civils rassemblés par l'Agence Régional de
Santé de Marseille ainsi qu'un élément du bataillon des marins-pompiers de
Marseille et des hommes du 2e Régiment de Dragons. La décontamination du bateau a nécessité 24h selon le journaliste Jean-Marc Tanguy.
Il n'a pas été
évoqué, non plus, quelles capacités opérationnelles viendront renforcer les équipages
des Mistral et Dixmude. Le Mistral est d'ores
et déjà présent, il ne serait donc pas étonnant qu'un A330 MRTT Phénix ou un C-135
FR effectue une ou plusieurs rotations pour convoyer matériels et hommes. À
moins qu'un vol civil puisse suffire. Le trafic de fret aérien est loin d'être
à l'arrêt.
L'hôpital
embarqué (750-950 m²) de chacun des PHA recèle 69 lits dont un minimum de 8 en
réanimation et jusqu'à 19 lits de soins intensifs. Un hôpital de campagne de
250 m² peut être installé dans le hangar aéronautique, augmentant le nombre de
lits de 50 et portant leur quantité totale à 119. Futures questions :
existe-t-il un EMR pouvant être projeté à bord ou à terre ? D'augmenter le
nombre de lits de réanimation à bord à partir des 69 lits disponibles ?Les SAMU concernés paraissent peu dotés en hélicoptères (Réunion (1), Mayotte (1 (Gendarmerie), Martinique (1) et
Guyane (1). Il se devine que les hélicoptères des Forces Armées aux Antilles
(FAA) et Forces Amées de la Zone Sud de l'Océan Indien (FAZOI), soit 1 et 1
machine, pourraient être amenés à prêter main forte. Le Mistral a en son sein quatre voilures tournantes dont une italienne. D'autres machines seront-elles nécessaires ?
Les Mistral
et Dixmude paraissent voués à être amarré dans un port
afin d'être reliés aux différentes infrastructures, systèmes et réseaux des
hôpitaux. Rien ne paraît interdire que le pont d'envol puisse servir aux
hélicoptères du SAMU. Les capacités ro-ro permettront aux ambulances de
pouvoir déposer les patients au plus près de l'hôpital embarqué.
L'engagement simultanée des trois PHA de classe Mistral, c'est-à-dire l'intégralité du groupe amphibie, est loin d'être négligeable car l'ajout de 69 lits avec un minimum de 8 lits de réanimation permettra de soutenir des hôpitaux qui ne possèderaient plus de marges de manœuvre afin de pouvoir augmenter leurs propres capacités en la matière. Engagement qui manifeste une action politique forte décidée par le Président de la République au profit des Français d'outre-mer. La Marine y tient une place essentielle, comme à chaque fois qu'il a été nécessaire d'apporter une réponse à une crise humanitaire du fait d'une catastrophe naturelle, souvent, ou d'une épidémie ici, pour la première fois.
La, nous sommes à la limite du système, la nlle calédonie et toute la Polynésie devront se débrouiller tout seul.Je me répète encore une fois, mais des bâtiments hopitaux auraient été d'un beaucoup plus grand secours du fait de leur plus grande capacité et de leur meilleure spécialisation. Enfin, ne regrettons rien mais essayons d'en tirer des conséquences pour l'avenir.
RépondreSupprimer@fusco il faudrait augmenter le budget pour ça. Je trouve que les BPC… pardon les "Portes Hélicoptères" amphibie sont parfaitement adaptés à ce rôle du fait de leur conception aux normes civiles les rendant inaptes à une mission de débarquement quand il y a un adversaire sérieux en face. L'exemple type de notre micro armée de gestion de crise décrite par le CEMA, pour le coronavirus c'est parfait.
Supprimer