Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





25 avril 2020

BATSIMAR : PO = POM^BSAH + EPC ?

© Net-Marine. « Au début de sa carrière, en mars 1985, La Glorieuse a été l'objet d'une étrange expérimentation. En effet, dans le cadre de ses activités de recherches acoustiques, la société Thomson Sintra, filiale de Thomson-CSF branche équipements et systèmes, a testé un système de mini VDS (Variable depth Sonar = Sonar à Immersion Variable) sur ce patrouilleur. Ce sonar moyenne fréquence type SS12 donnait une capacité de lutte anti-sous-marine (ASM) au bâtiment. Le programme a toutefois été abandonné, et le "P400 ASM" est resté au stade de l'expérimentation. » À signaler qu’une variante ASM des Floréal a été considérée.

     

     Le programme des Patrouilleurs Océaniques (PO) est sur les rails, s'il fallait croire la communication de la Direction Générale de l'Armement (DGA) du 5 mars 2020. Le lancement de la procédure d'appels d'offres devrait intervenir en fin d'année 2020. Et depuis mai 2018 l’hypothèse d’un dernier remaniement du défunt programme BATSIMAR (BATiment de Souveraineté et d’Intervention Maritime) au profit d’une série de corvettes ou frégates consacrerait le renforcement continu des moyens de lutte anti-sous-marine depuis 1997, tout comme l’augmentation capacitaire outre-mer, en particulier sur le théâtre Indo-Pacifique.

     De quoi les PO seront-ils le nom ? Aucun détail n'a encore filtré à ce sujet, hormis peut-être le choix de l’artillerie : le RapidFire Naval de 40 mm. Et le sujet est à bas bruit, tous les acteurs, et pas seulement publics, respectent cette volonté de ne pas trahir les orientations actuellement étudiées.

L'Amiral Christophe Prazuck, Chef d'État-Major de la Marine nationale (CEMM), justifiait, le 11 octobre 2017, son choix de scinder le programme BATSIMAR afin de différencier les futurs patrouilleurs selon qu'ils seront basés outre-mer (programme Patrouilleurs d'Outre-Mer (POM) ou en métropole (audition devant la commission de la Défense et des forces armées, Assemblée nationale, 11 octobre 2017).

Après avoir bénéficié de plusieurs dénominations, la deuxième moitié du défunt programme BATSIMAR recevait la qualification institutionnelle de Patrouilleurs Océaniques (PO). Non seulement il s'agit de remplacer les neuf avisos A69 reclassés comme Patrouilleurs de Haute-Mer (PHM). Mais le vocable de patrouilleur « océaniques » précise le rayonnement géographique de la plateforme sera, au moins, égal à celui des PHM qui accomplissent des missions de sauvegarde maritime et dans des conflits dits de « basse intensité » depuis le golfe de Guinée jusqu'à la mer Noire en passant par les côtes libyennes.

Il se devine donc qu'entre les POM et les PO devrait être appliqué le « gradient BSAH » : les missions des BSAH/BSAM (2960 tonnes à pleine charge) exercées depuis la métropole au profit des bâtiments et bateaux de la FAN et de la FOSt, bien que demeurant très similaires à celles incombant aux B2M/BSAOM (2300 tonnes), exigent un dimensionnement supérieur des caractéristiques. Comparaison n'est pas raison mais cet exemple induit une hausse du tonnage entre le bâtiment d'outre-mer et celui basé en métropole de 28,7%. Le POM jaugeant 1298 tonnes à pleine charge, il pourrait être attendue un tonnage à pleine charge de 1670,5 tonnes au profit des PO.

     L'une des questions plus critiques à l'égard des choix des caractéristiques du programme PO tient aux installations aéronautiques. Les POM détiennent une plateforme aéronautique apte à la mise en œuvre d'un hélidrone de classe 1 tonne. Rien n'aurait encore été précisé quant à la capacité de ladite plateforme à supporter l'appontage d'un hélicoptère. Et le hangar aéronautique n'est dimensionné qu'en fonction du soutien du drone.

Selon une certaine logique capacitaire rapportée au rayonnement géographique envisagé, il peut être attendu que le programme PO retienne la capacité à soutenir et mettre en œuvre un hélicoptère de 6 à 11 tonnes (H160 - NH90). Cela ouvrirait le domaine d’emploi des PO à l'entièreté du spectre des missions de sauvegarde maritime, depuis la police des pêches jusqu'à la lutte contre les narco-trafiquants, ce qui exige classiquement un hélicoptère. Et sous une autre perspective, le choix de la voiture tournante couramment ou ponctuellement accueillie déterminera, de par ses caractéristiques opérationnelles intrinsèques et l’aptitude du système de combat à en tirer parti, l’existence, ou non, de quelques capacités de lutte anti-surface, voire anti-sous-marine.

     La lutte ASM est probablement le point d'orgue des multiples choix qui s’offrent à l'État-Major de la Marine (EMM) pour positionner le programme PO et donc arrêter les caractéristiques de la plateforme désirée.

Il se profile un accroissement des besoins opérationnels à l'endroit de la lutte anti-sous-marine soit pour assurer la sûreté des atterrages de la composante océanique de la dissuasion, dans la foulée du remplacement des avisos A69 (PHM), et plus généralement des deux bases navales majeures. La modernisation de trois des cinq frégates La Fayette s'inscrit dans cette perspective. Mais même les missions de sauvegarde maritime ne peuvent ignorer la pertinence opérationnelle de détenir quelques capacités de lutte anti-sous-marine dans la mesure où le trafic de produits stupéfiants, non seulement emploie des submersibles, mais en plus s'est partiellement reconfiguré pour atterrir à l'endroit des façades maritimes en Afrique de l'Ouest : théâtre principal de l'action de la mission Corymbe.

     Ce sont là de potentielles raisons par lesquelles l'EMM a pu envisager, au plus tard, en mai 2018 (Vincent Groizeleau, « Ex-BATSIMAR : Des patrouilleurs et peut-être quelque chose de plus gros… », Mer et Marine, 15 mai 2018) de scinder, une deuxième fois, le défunt programme BATSIMAR en distinguant une série de six PO d'une série de quatre corvettes ou frégates. L'affaire dure, en réalité, depuis, et au plus tard, l'année 2015 quand l'Amiral Bernard Rogel, alors CEMM, envisageait le remplacement des frégates de classe La Fayette par une version aux capacités réduites des Frégates de Taille Intermédiaire (FTI).

Et depuis est passé par là les projets de European Light Frigate (ELF) de 4500 tonnes puis la European Patrol Corvette (EPC) de plus de 3000 tonnes. Et c'est là que le calendrier serait tuilé à merveille car l'industrialisation d'une série de six PO s'étalerait entre 2024 et 2027 (1 + 1 + 2 + 2). Fincantieri et Naval group, co-fondateurs de Naviris, ont besoin pour nourrir leur coopération et soutenir le CSP/PESCO afférent qui l'a décuplé d'une entrée en phase de réalisation de l'EPC en 2021, voire dès 2020. Il s'agit pour la Marina militare de pouvoir remplacer ses corvettes en 2024 et 2025. Et un glissement trop important du calendrier commun obligerait l'Italie à prendre les devants alors que sa marine demande ardemment une recomposition de la programmation au profit des capacités de lutte ASM.

La réduction de dix à six PO laisserait le champ à quatre corvettes ou frégates aux capacités de lutte ASM. Et l'idée de manœuvre qui se devine est que la plateforme retenue permettrait d'enchaîner avec la succession des six frégates de classe Floréal. Le schéma dessiné par l'Amiral Christophe Prazuck le 12 octobre 2016 consistait bien à demander, pour accomplir les missions de la Marine outre-mer, une « frégate » et deux patrouilleurs pour chaque département ou collectivité d’outre-mer. Nous savons depuis qu'il s'agissait de la Réunion, de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. En étendant le schéma à la métropole, c'est-à-dire aux bases navales de Brest et Toulon, l'introduction d'une corvette ou frégate justifierait de faire aussi bien quant au remplacement des frégates de classe Floréal au tonnage si voisin : 2950 tonnes à pleine charge. Les enjeux opérationnels dans la mer des Antilles et le théâtre Indo-Pacifique plaident dans un renforcement des capacités de lutte anti-sous-marine.

     La Direction Générale de l'Armement (DGA) déclamait le 5 mars 2020 que l'équipe dédiée au programme PO, composée des représentants de la Marine nationale, la DGA, le SSF affinait la rédaction du « contrat ». Et par là, il s'agissait de comprendre que les documents nécessaires à l'émission de la procédure d'appel d'offres verraient leur rédaction bientôt achevée.

La Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019 - 2025 postule que deux PO seront livrées en 2024 et 2025. En se référant aux calendriers d'autres programmes dont celui des POM, cela augure du lancement de la procédure d'appels d'offres en fin d'années 2020. La procédure durerait plus ou moins douze mois, ce qui nous conduirait à ce que le dossier retenu soit connu des administrations pré-citées aux alentours du mois de décembre 2021. Au plus tard, le vainqueur serait officiellement proclamé en janvier 2022. Et le chantier lauréat de la procédure aurait alors contractuellement un certain nombre de mois pour mettre sur cale la première unité pour une livraison à la Marine nationale courant 2024. Les mises sur cales suivantes s'enchaînant avec l'impératif de livrer une deuxième unité dès 2025.

Quelques indices laissent entrevoir l'hypothèse que le format global pour chaque département ou collectivité d’outre-mer - à savoir une frégate, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique - continue d'être étendu à la métropole grâce à une nouvelle différenciation du défunt programme BATSIMAR, au bénéfice de l'intégration à la programmation d'une série de corvettes ou frégates. Il ne se dessine rien de moins que la reconstruction du deuxième rang de la ligne de bataille de la flotte de surface française avec en ligne de mire la mise sur cale (2027 - 2031 ?) d'une série de dix « frégates de deuxième rang ». Les avisos A69 reclassés en PHM n'auraient plus qu'à tenir en attendant, d'un côté, les PO pour la sauvegarde maritime, et de l'autre, les FLF modernisées puis les EPC pour les missions de lutte anti-sous-marine au profit de la sûreté des atterrages de la FOSt mais pas seulement.

 

4 commentaires:

  1. Tout cela risque fort d'être remis en question au vu de la situation économique liée au covid 19 et au confinement. Il y a fort à parier que le budget de la défense sera passé au presse-purée par les technoénarques de Bercy au vu du déficit budgétaire, du niveau de dette et de la nécéssité qu'il y aura [selon eux] de nourrir et d'entretenir les individus des banlieues afin d'éviter les émeutes. En bref, la MN sera priée de faire avec, de repeindre une nouvelle fois les A69 et de fermer sa bouche.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour. Ce que vous décrivez serait un moindre mal, j'ai deux remarques qui me viennent à l'esprit.

    Premièrement seulement six patrouilleurs c'est loin de répondre au besoin si le programme est scindé en 6 PO + 4 EPC. Les EPC sont des corvettes mais vu ce qui ressort sur elles ce seront à priori des navires de premiers rang qui vont en partie remplir ce rôle. S'il n'y en a que quatre ça veut dire quatre classes différentes pour seulement dix neufs navires de premier rang. Bonjour les coûts supplémentaires en matière logistique.

    Deuxièmement il faut se demander si les programmes vont sortir indemnes de la crise actuel, à minima les calendriers pourraient être décalés comme vous l'évoquez.

    On peut espérer que la micro-escadre actuelle sera conservée et que les coupes seront faites sur les budgets de fonctionnement qui seront réduits afin de maintenir les navires au port la plupart du temps. Dans ce cas les EPC qui sont plus chères que les patrouilleurs peuvent passer à la trappe. Il faut espérer que six patrouilleurs seront quand même construits parce que les avisos sont à bout de souffle.

    Le seul programme naval français qui pourrait échapper aux coupes est le nouveau PA car il n'est pas destiné à devenir un 2e PA mais à remplacer le CDG quand il sera retiré, c'est à dire pas avant 2045 si on tient compte du fait que la cible initiale est 2040. Donc budget par an pas énorme, aucune décision de mise sur cale à prendre avant longtemps, et ça permet de s'en servir comme arbre qui cache la forêt. Les patrouilleurs ne sont pas très médiatiques donc eux sont fortement en risques.

    RépondreSupprimer
  3. Bonne perspective, comme notre guide suprême ne fait que dans ce qui brille le plus, gageons que oui la MN disposera de sont futur PA de 70000 tonnes et puis plus rien autour, c'est l'arbre qui cachera le fait qu'il n'y a plus de forêt.

    RépondreSupprimer