Le
Sous-marin Nucléaire d'Attaque (SNA) Suffren (2021 - 2054 ?) a mené ses première et
deuxième journée d'essais à la mer au large de Cherbourg entre les 28 et 29
avril 2020. Le nouveau SNA serait amarré ou en cours d'amarrage dans le port
militaire de Cherbourg, peut être le long de la digue du Homet. Le Suffren
a effectué sa première plongée au cours de laquelle il a très
probablement effectuée sa première pesée statique. Les essais se poursuivront
dans les tous prochains jours et peut être dès demain dans la fosse des
Casquets (Jean-Dominique Merchet, «
Sous-marin
Suffren : première plongée imminente »,
Secret Défense (L'Opinion), 29 avril 2020).
Les
essais du Suffren (2021 - 2054 ?) se répartissent entre les journées des 28 et 29
avril 2020 : l'ensemble des photographies publiées par le ministère des Armées
et le constructeur - Naval group -, rapportées aux informations officiellement
communiquées et à la situation qu'il était possible de s'offrir du déroulé du
programme des essais grâce aux coupures de presse mais aussi au suivi de la
position des bâtiments au soutien permettent de tenter d'établir une
chronologie des évènements.
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© Naval group.
Photographie diffusée le 29 avril 2020.
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Les
premières photographies officielles présentant le mouvement du Suffren (2021 - 2054 ?) entre
la forme Cachin et le quai de la digue du Homet tout en traversant la darse
centrale à la base navale ont été publiées. Elles représentent l'évènement du
matin du 27 avril 2020.
Le
sous-marin a été manœuvré avec l'aide, d'au moins, un remorqueur et de deux
pousseurs. Le Suffren (2021 - 2054 ?) était amarré à la digue du Homet depuis le
lundi 27, matin, quand il avait été aperçu par plusieurs journalistes. Le Suffren
avait quitté le ventre maternel par une marche durant, environ, deux
jours à la vitesse de 30 mètres par heure entre les 3 et 5 juillet 2019
jusqu'au Dispositif de Mise à l'Eau (DME). Le Président de la République, M.
Emmanuel Macron, avait présidé à la cérémonie de lancement (12 juillet 2019).
Et
depuis lors, hormis les manœuvres pour vider la forme, remettre en eau
partiellement le bassin, charger le réacteur en combustible (novembre 2019 ?),
procéder à la première divergence (17 décembre 2019) et la première flottaison
(3 février 2020) au sein de l'Installation Nucléaire de Base Secrète (INBS)
Cachin : le Suffren (2021 - 2054 ?) n'avait pas encore navigué, ne serait-ce qu'à
l'intérieur de la darse. Les essais à quai se déroulaient depuis juillet 2019.
La propulsion aurait été essayée avec l'alimentation de des turbines et
turbo-alternateurs directement par la vapeur produite par le bord au début de
l'année 2020.
Il
ne manquait donc plus que le bateau « marche » par lui-même, à la seule force
de son réacteur nucléaire. Et cela aurait été chose faite le 27 avril lors du
changement de quai car il peut être supposé que la propulsion du Suffren (2021 - 2054 ?) a
participé à la manœuvre.
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© DGA. Photographie publiée le 29
avril 2020 depuis le compte Twitter. C'est très probablement le début de
l'appareillage du 28 avril, aux alentours de 10h00.
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© DGA. Photographie publiée
le 29 avril 2020 depuis le compte Twitter. C'est très probablement le début
de l'appareillage du 28 avril, aux alentours de 10h00.
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© DGA. Photographie publiée
le 29 avril 2020 depuis le compte Twitter. C'est très probablement le début
de l'appareillage du 28 avril, aux alentours de 10h00.
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L'équipage
du Suffren (2021 - 2054 ?) a de nouveau pris le poste de manœuvre aux alentours de 10h00, le
mardi 28 avril 2020. La première version du papier de Jean Rioufol (Cherbourg.
Première sortie du Suffren, le sous-marin dernière génération, La Manche
Libre, 27 avril) affirmait que le Suffren avait procédé à un
changement de quai le 27 avril afin d'aller effectuer sa pesée. Mais il
s'agissait de comprendre que ce n'était pas le programme de la journée du 27
mais bien de celle du 28.
Une
partie des clichés permet d'apprécier l'infrastructure existante à quai,
presque en position centrale de la digue du Homet. Le Suffren (2021 - 2054 ?) est
à l'abri d'un dispositif flottant dont il convient de se demander s'il pourrait
s'agir d'un filet anti-plongeurs suspendu aux bouées. En tous les cas, le
dispositif délimite une zone manifestement interdite d'accès dans la petite
rade de Cherbourg et appartenant probablement à la zone du port militaire.
Le Suffren s'est
élancé aux alentours de 10h00. Aidé de deux RPC 12 et de quatre pousseurs, le
Suffren a été dégagé de son poste d'amarrage puis de la zone refuge où il
résidait depuis environ une journée. L'ensemble s'est alors dirigé vers la
passe de la petite rade et a marché sans coup férir à travers la grande rade
jusqu'à atteindre la passe Ouest.
Le
passage du Suffren (2021 - 2054 ?) devant le fort de l'Ouest qui garde la passe
n'est sans rappeler les dernières allées et venues du Terrible en 2009 lors de
ses propres essais de neuvage. La flottille constituée de deux RPC 12 et de
quatre pousseurs accompagnent toujours le dernier-né de la FOSt.
Eu
égard aux circonstances, l'ensemble des sous-mariniers au poste de manœuvre sur
le pont ou bien dans la baignoire portent des masques. Les mesures de dites de
"distanciation sociale" ne peuvent pas être entièrement respectées au
sommet du kiosque car cela ne manquerait pas de nuire à la qualité de la
transmission des ordres, donc à la manœuvre d'un bateau dont le comportement
n'est connu que sur modèles informatiques. Et à cet égard, la
"plateforme" surplombant le massif paraît plus ergonomique que
d'autres, notamment celles des SNLE.
Et
le nouveau SNA aurait été précédé dans sa marche à travers les petite et grande
rades par le BSAM Garonne qui faisait des ronds dans la grande
rade, avant de se diriger jusqu'au large du Becquet. La Garonne est
allée se positionner plus au Nord : à l'Ouest du port Pignot où elle tiendra
station toute la journée tandis qu'à une trentaine de nautiques plus au large,
le PSP Cormoran tiendra la sienne au plus près du Dispositif de
séparation du trafic (DST) des Casquets, en sentinelle. Les qualités
manœuvrières de l'un et de l'autre justifiant très probablement l'emploi de
l'un et l'autre.
La première
déclaration officielle au sujet du Suffren (2021 - 2054 ?), depuis le 10 février, de la part de
la ministre des Armées - Mme Florence Parly - le 29 avril 2020 à 11h53
permettait de confirmer ce qui se devinait fort bien et qui avait été annoncée
par d'autres :
Le Suffren
a plongé pour la première fois !
L'ensemble des photographies publiées permettent de retracer ce nouveau
jalon du programme puisque sont visibles une partie des moyens portuaires qui
viennent positionner le Suffren à l'endroit désiré avant de le débarrasser de
ses câbles de remorquage. Le BSAM Garonne est visible à l'arrière-plan ce qui,
concordant parfaitement avec le suivi de sa position par AIS, permet de
confirmer que ces clichés montrent non seulement le Suffren effectué le 28
avril (communiqué du ministère des Armées) sa première plongée mais aussi de
confirmer que celle-ci s'est déroulée au large du Becquet.
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© Marine nationale.
Photographie publiée
le 29 avril 2020 depuis le compte Twitter du chef d'état-major de la Marine
nationale, l'Amiral Christophe Prazuck.
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Et le chef d'état-major de la Marine nationale -
l'Amiral Christophe Prazuck - ne manquait pas de soulever un autre symbole en
affirmant que "nous livrerons in fine un combattant redoutable" avec
le Suffren qui mène ses essais dans les parages immédiats du SNLE Le
Redoutable (1971 - 1991) qui appartient toujours à la Marine nationale, malgré sa
transformation en musée au profit de la Cité de la Mer, tandis que celui qui a
été érigé comme le "père" de la sous-marinade nucléaire française,
l'Amiral Louzeau, sera honoré par une frégate du programme FDI qui portera son
nom.
Cette première plongée du Suffren (2021 - 2054 ?) aurait
été très probablement l'occasion d'effectuer sa première pesée qui devrait
devenir celle dite "de référence". La « pesée » statique consiste
pour un sous-marin au neuvage ou sortant de grand carénage (IPER) d'aller se
positionner au sein d'un plan d'eau sûr pour sa sécurité et celle d'autrui.
Contrairement à la pesée qui se déroule au début ou au cours d'une patrouille
alors que le sous-marin est en mouvement, la plongée statique verra le bateau
se mettre en panne, à la merci des courants s'il y en a.
L'équipage procède alors à une ronde d'étanchéité qui
est le préalable à toute plongée. Quand les rondiers rendent compte que toutes
les ouvertures sont fermées et dans la bonne position, le commandant peut alors
ordonner que toutes les purges soient manœuvrées : les ballasts se
remplissent d’eau afin que le bateau puisse plonger. Les rondiers rendent à
nouveau compte de l’état des ouvertures de coque pendant que le bateau
s’enfonce dans son élément.
La pesée statique permettra d’apprécier si le bâtiment
est bien équilibré de l'avant à l'arrière et de bâbord à tribord conformément
aux calculs desquels procèdent sa conception. Le sous-marin doit pouvoir se
trouver à l'équilibre parfait entre deux eaux : la flottabilité doit être
nulle. Les qualités manœuvrières du sous-marin en dépendent car si la pesée
révèle des défauts qui ne sont pas corrigés alors ils réduiront la liberté de
manœuvre. Un certain nombre de caisses de réglage et d’assiette permettent de
corriger le balancement du bateau, si besoin était. D’où la connaissance du
déplacement en plongée selon la quantité d’eau qu’il faut admettre dans ces
caisses, et ce, par rapport au modèle théorique qui a été calculé au bureau
d’études.
D’où l’importance de l’exercice qui s’est très
probablement déroulé entre la fin de matinée et la fin d’après-midi car cette
première pesée de la tête-de-série du programme Barracuda servira de
référence à tous les autres, notamment si des modifications devaient être
apportées.
Le programme des essais entre la première plongée (28 avril 2020) et ce qui apparaître être comme le retour au port militaire (29 avril 2020) aux alentours de 15h00 n'a pas été détaillé.
Il est à remarquer que depuis l'après-midi du 28, les PSP Cormoran et BSAM Garonne ont tenu leur croisière, le premier à plus ou moins 30 nautiques au large tandis que le deuxième faisait de même au Becquet. Un temps, le BSAM Rhône paraissait s'être positionné au large de Saint-Brieuc pour participer aux opérations mais il a quitté son mouillage dans l'après-midi.
La seule évolution notable de ce dispositif aura été le rapprochement du PSP Cormoran jusqu'à 10 nautiques au large de Cherbourg aux alentours de 13h00 puis quand presque simultanément le PSP Flamant est sorti se joindre aux deux autres bâtiments. Le dispositif a navigué de conserve vers l'Ouest de Cherbourg pendant un temps avant de se revenir dans la grande rade.
Il n'est pas à exclure que le Suffren, une fois terminée sa première plongée et très certainement sa première pesée statique, a pu mener des essais de navigation en surface au cours desquels il aurait manœuvré sans assistance à la seule force de sa propulsion, son appareil à gouverner exécutant les ordres reçus. C'est tout l'enjeu d'une grande partie des essais : vérifier les qualités nautiques de la plateforme car cet appareil à gouverner en croix de Saint-André est le premier conçu et fabriqué en France.
Jean-Dominique Merchet (
« Sous-marin Suffren : première plongée imminente », Secret Défense (L'Opinion), 29 avril 2020) croit savoir que la prochaine étape du programme devrait être une première plongée à une immersion significative, d'où son hypothétique déroulement dans la fosse des Casquets. L'évolution des signaux AIS du dispositif afférent donnera certainement le signal du déroulé d'une nouvelle journée du programme des essais.
Mon Sieur le Marquis,
RépondreSupprimerQuelle passionnante aventure vivent-ils.
Bien à vous
LV(er) Bruchec