Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





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31 août 2013

Fin du monde en Syrie

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Thibault Leroy nous propose un papier sur la situation actuelle en Syrie. 
 
Interviendront-ils ? N’interviendront-ils pas ? Avec qui ? Pour quoi ? On spécule, c’est médiatique, sur la décision des Occidentaux d’intervenir en Syrie à la suite de l’utilisation de gaz Sarin, le 21 août. Les cabinets américains et européens, incapables de s’entendre avec les Russes et de faire avancer le dossier au Conseil de sécurité, ont opté en parallèle pour un discours beaucoup plus menaçant, laissant craindre ces derniers jours une intervention rapide et ciblée.
 
Le conflit en Syrie est à plusieurs échelles. D’un point de vue local, il met aux prises les forces gouvernementales de Bachar al-Assad à un patchwork de forces « insurgées » : combattants de l’Armée Syrienne Libre, Front Al-Nosra qui regroupe des combattants islamistes, Kurdes. La militarisation de l’opposition, le peu d’informations sur l’emprise réelle du Conseil national syrien, le poids des Syriens de l’extérieur et l’accroissement des réfugiés – ils sont 700 000 au seul Liban – sont autant d’éléments qui encouragent la dynamique centrifuge de la guerre civile syrienne. Même la disparition d’al-Assad demain ne répondrait pas au défi politique posé à l’opposition, le jeu de la révolution n’étant pas à somme nulle. A l’échelle régionale, la déstabilisation du Proche-Orient dessine un tableau en arcs électriques : la plaie demeure ouverte en Irak, toujours victime d’attentats meurtriers ; l’élection de Rohani en Iran n’a pas envoyé de signes tangibles d’un renoncement à son programme nucléaire ; surtout, le Hezbollah intervient aux côtés de Damas dans la guerre civile, tandis que les Israéliens et les Turcs ont vigoureusement réagi aux retombées sur leurs frontières de tirs perdus. Si l’incendie menace de se propager, la balkanisation du Levant est en tout cas à un stade avancé. L’instabilité régionale suffit à dissuader les Etats-majors d’une intervention précipitée, d’autant plus si elle est orchestrée par un axe Occidental loin d’être désiré et lui-même refroidi par ses expériences délicates, en Irak, en Afghanistan et même en Libye.
 
De quelle légitimité peuvent-ils en effet bénéficier ? Les Britanniques se sont appuyés sur l’article VII de la charte de l’ONU lors de la réunion du Conseil de sécurité. Il prévoit, en des termes imprécis, la possibilité d’une intervention de la communauté internationale si un Etat se révèle incapable de protéger sa population civile, et a fortiori s’il se montre coupable de crimes envers elle. Les vetos russe et chinois, prévisibles, ont bloqué l’initiative. Pékin et Moscou s’attachent-ils à de quelconques avantages stratégiques dans la région, négociés avec l’équipe au pouvoir à Damas ? Ou ne s’agit-il pas plutôt, pour eux, de ne pas laisser passer une nouvelle Libye ? Les deux grands émergents peuvent craindre que les Occidentaux aient des buts de guerre cachés en Syrie, et ne souhaitent pas une nouvelle fois les laisser gendarmer le monde selon leurs intérêts.
 
L’ordre des choses aurait voulu que l’issue de la crise syrienne se décide entre diplomates, et la clef se trouvait sans doute à Moscou bien plus qu’à Homs. Ce serait avec un cahier des charges politiques vide que les frégates américaines auraient frappé la Syrie. Sans frein, sans fin, les armées occidentales n’auraient-elles pas été entraînées, une nouvelle fois et malgré elles, dans une violente escalade ? L’issue incertaine n’est certainement pas celle des combats, dont la supériorité mécanique américaine décidera facilement, mais celle de la sortie politique, imprécisée par les gouvernements. Le conflit Syrien ressemble étrangement aux conflits post-guerre froide, du Golfe à la Yougoslavie. Ils nous ont montré qu’on ne décide pas arbitrairement de l’avenir politique d’une nation. La subtile organisation des sociétés n’obéit pas aux lois physiques de la guerre, mais à une chimie instable et dangereuse. Les interventions occidentales des vingt dernières années, policières et justifiées par la morale – mais quelle morale ? –ont été pensées comme un devoir de conscience, mais vécues sur le terrain comme des ingérences contre-productives. Il faut se garder de l’impéritie d’un bellicisme angélique. Il faut accepter une complexité inédite. Le nouvel ordre international ressemble bien à cette « a-polarité » dont l’a qualifié le ministre Laurent Fabius, bien plus qu’une multipolarité organisée entre quelques puissants. L’ancien monde tarde à mourir, le nouveau tarde à paraître : de cette formule de Gramsci, interrogeons-nous sur la Syrie, qui pourrait être le départ d’un nouvel état du monde.
 
 
 Thibault Leroy, doctorant en Histoire, Université Paris 1.

12 août 2013

Les hydrocarbures non-conventionnels et les instrument de la puissance

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© 2008 Daniel Bechennec - Tous Droits réservés. Cuirassé "DREADNOUGHT" Royal Navy (1906).
 
Le débat sur les gaz de schistes bat son plein en Europe (au moins) et il pose légitimement des questions. Surtout qu'il y a des questions d'une incroyable portée géopolitique à poser. C'est pourquoi il peut être intéressant de rappeler quelques faits à ce sujet, de manière très synthétique. Et d'enchaîner avec la question qui se pose à bien des stratèges, de chambre ou en activité : faut-il en être ?
 
Depuis que la décision a été prise aux Etats-Unis de lancer l'exploitation de ces ressources, un demi-million d'emplois aurait été créé. Ne pas oublier non plus le retour d'industries aux Etats-Unis, autrefois délocalisées : serait-ce à cause de ce phénomène que les exportations chinoises baissent structurellement ? Il faut dire que le coût du gaz aux Etats-Unis est plusieurs fois inférieurs à son prix d'achat en Europe ou en Asie : pour certaines industries, c'est Byzance. Mieux encore, Washington deviendrait auto-suffisant sur le plan énergétique vers 2035.
 
Ce qui reviendrait à souligner que si le pays prenait bel et bien cette voie de l'auto-suffisance alors les rapports politiques ne seraient plus les mêmes avec le Moyen-Orient. Cela serait un nouveau cap stratégique alors que les Etats-Unis poussent à des réformes sociales dans le Golfe. Sans compter que l'on reparle d'un possible changement d'alliance entre Washington et Téhéran, en défaveur de Riyad.
 
Mais le coût environnemental de cette industrie serait très lourd puisqu'il faudrait accepter que des zones, des territoires entiers soient suffisamment pollués pour ne plus permettre la consommation des ressources locales en eau douce ou la poursuite de l'exploitation agricole de ces terres. Ce n'est pas rien pour un pays comme la France où les réserves de gaz de schiste seraient dans le bassin parisien, bassin agricole par excellence.
 
En résumé, les Etats-Unis gagneraient de nouvelles libertés de manœuvre sur la scène internationale (n'est-ce pas le rôle de la stratégie ?) à la suite d'un choix stratégique tranché (ils ont accepté de choisir avec ses gains et ses risques).
 
http://s2.lemde.fr/image/2012/12/21/534x0/1809353_5_31e3_principaux-bassins-de-gaz-de-schiste-jaune-et_bb146e90374607221690256388339781.jpg 
© AIE. Principaux bassins de gaz de schiste (jaune) et de gaz de houille (vert) en Europe.
 
Autres exemples, c'est celui des gisements d'hydrocarbures non-conventionnels estimés, espérés en Europe. Il n'y a pas besoin d'être grand clerc pour se rendre compte que sur la période 2030-2050 la hiérarchie européenne pourrait être bousculée : Hongrie (!), Roumanie, Pologne et Etats Baltes sont plutôt bien pourvus, tout comme la France, l'Allemagne et l'Angleterre (mais aussi l'Ecosse...) et le Benelux.
 
Dès lors, il y aura une différence sur la scène internationale : ceux qui en seront et les autres. A l'heure qu'il est, personne ne parvient à se passer des énergies fossiles, et encore moins de la promesse d'une énergie peu coûteuse.
 
Ce n'est pas la première fois que les Etats sont confrontés à de véritables dilemmes face aux valeurs de leur société, à leurs orientations historiques face à la mer ou à leurs réticences face à certaines activités humaines.
Rapidement, on peut par exemple citer le cas de la mer. L'Europe se retrouve confrontée à l'explosion du commerce maritime, et surtout du commerce océanique. Même pour les grandes découvertes il fallait en être pour peser sur la scène internationale. L'idée fait son chemin en Europe (elle l'avait déjà fait pendant l'Antiquité en Grèce) que pour protéger le commerce maritime d'une nation il faut une marine. C'est donc pour cela que Richelieu déclare que pour "tenir son rang" la France doit être présente sur les mers : il lance donc le chantier d'une grande marine de guerre, violent changement impulsé depuis le haut !
 
La colonisation, à ses différentes époques, s'imposent aussi aux sociétés européennes, puis mondiales. Ce n'est pas un débat simple, et pour les nations qui ont l'ambition de compter sur la scène mondiale, il doit être abordé. En effet, depuis que l'Europe investit toutes les mers du globe il se mène une "guerre de positions" pour conquérir de nouveaux territoires pourvoyeurs en matières premières (mêmes humaines). C'est dans la droite lignée du développement des marines de guerre.
 
On pourrait également citer le rôle de l'art dans les instruments de la puissance puisque tout ces voyages européens et ces guerres de conquête s'accompagnent régulièrement de pillages pour garnir les maisons européennes. Quand ce ne sont pas les pays européens eux-mêmes qui se concurrencent artistiquement : rivalités franco-italiennes, classicisme français, utilisation de l'art baroque, etc... La conquête de l'influence, du prestige par l'art faisait, déjà, l'objet d'une guerre des cerveaux.
Mais il est aussi possible de citer la (première) guerre de l'or noir, au tout début du XXe siècle. La société Technip (qui vient de signer un contrat de plus d'un milliards d'euros au Brésil) est née de l'exploitation pétrolière française en Roumanie (où ses deux créateurs inventèrent l'étude des sols par utilisation d'un courant électrique). C'est en Irak que français, allemand et anglais mènent une guerre de position larvée pour les premiers gisements. Mais c'est en raison de la création du HMS Dreadnought (1906) et du choix de la turbine à vapeur Parson (alimentée en charbon et au pétrole) que Londres exploite les gisements d'Iran1.
 
Il y eu également l'aventure du nucléaire qui commencent par les premières recherches sur la radioactivité jusqu'à la course à la bombe qui commence bien plus tôt que le projet Manhattan aux Etats-Unis. De même, il est assez intéressant de relire que la Suède était candidate à la bombe, par exemple. Le nucléaire militaire est un instrument de puissance. Mais le nucléaire civil aussi puisqu'il est la promesse d'une énergie peu coûteuse et abondante. Le regain d'intérêt pour les réacteurs au thorium est la promesse d'une nouvelle indépendance pour certains Etats (dont l'Inde).
 
La course à l'Espace était beaucoup plus consensuelle mais tout aussi importante. Il fallait en être (la France troisième puissance spatiale de l'Histoire) pour bénéficier des avantages stratégiques considérables pour le développement des télécommunications, de l'observation de la Terre, l'exploration spatiale et l'arsenalisation de l'Espace (un jour).
 
Ces quelques exemples sont là pour rappeler que les sociétés humaines ont eu au cours des cinq derniers siècles à choisir s'il fallait ou non être de telle ou telle aventure. Le choix s'apparente souvent au prix à payer pour participer à "une guerre de positions" : impossible de compter si l'on n'a pas les matériaux pour le faire. C'est-à-dire qu'il faut au moins investir pour investiguer le nouveau secteur de développement afin de pouvoir apprécier de quoi on parle (de l'autonomie de décision ?).
 
Les ressources ou les instruments militaires permettent de développer un pays comme ils permettent de préserver ce qu'il est. Tout investissement présente des gains et des pertes : mettre quelques billets dans un projet implique de ne pas les mettre ailleurs, et pire, de dévaloriser une autre position. C'est sous cet angle que l'on peut aussi aborder la question des hydrocarbures non-conventionnels. Ils peuvent s'ajouter à la longue liste des instruments de puissance d'un Etat.
Enfin, remarquez que bien des instruments de puissance, si ce n'est la totalité, nécessite l'intervention directe de l'Etat pour les construire ou au moins encadrer leur exploitation et/ou assurer la sûreté des approvisionnements.
 

1 A ce propos, Joseph Henrotin apporte une correction sur la page Facebook d'AGS : "Attention les p'tits loups lorsque l'on dit "Mais c'est en raison de la création du HMS Dreadnought (1906) et du choix de la turbine à vapeur Parson (alimentée en charbon et au pétrole) que Londres exploite les gisements d'Iran". La première découverte iranienne, c'est Masjid I Suleiman, en 1908. Surtout, les discussions britanniques sur les choix de carburant interviennent après le Dreadnought".
 

29 mars 2013

Et si la France choisissait la Mer ?



Les travaux préparatoires du livre blanc 2012 -devenu livre blanc 2013- et les joutes budgétaires entre ministères et Armées, ont été l'occasion d'assister à des affrontements féroces et fratricides. De l'ensemble de ces escarmouches, il ressort des constats profonds et des questions essentielles. Rien n'est dit explicitement, paradoxalement : alors même que ces luttes se font sur la place publique, les vrais enjeux ne sont pas lâchés en pâture à la lumière.


06 novembre 2012

Livre blanc : de l'arc de crises vers les zones d'intérêt national ?


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© Inconnu. Carte présentant les principaux "chocs" des flux maritimes mondiaux.

Le magazine l'Express de la semaine dernière (du 19 au 25 septembre 2012 - numéro 3194) évoque dans ses colonnes un bruit de coursive à propos du futur livre blanc. Il serait question de remplacer le concept de l'arc de crises (qui part de la Corne de l'Afrique pour arriver en Asie) par un autre qui pourrait être, selon le mot de Jean-Marie Guéhenno, président de la commission du livre blanc, celui de "zone d'intérêt national". Avant de tenter d'aborder cette notion qui n'est présentée que par sa dénomination, il peut être intéressant de ne pas se débarasser trop vite la précédente expression, qui serait d'ores et déjà, "ancienne".

L'arc de crise était l'un des objets marquants du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de l'an 2008. Serait-ce une création et française et récente ? Il faudrait en douter. Par exemple, l'amiral Alfred Tayer Mahan écrivait en 1900 un ouvrage qui est peut être oublié en France : "The problem of Asia and its effects upton international policies". Très brièvement, il est possible de dire que le concept de l'arc de crises n'est pas très éloigné de ce que décrivait Mahan dès 1900. Cela relativise assez les évolutions que le monde connaît depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les processus de décolonisation et la fin de la Guerre froide.

L'arc de crises de Mahan partait lui aussi de l'Afrique du Nord  (plutôt proche du Moyen-Orient que de Gibraltar) pour aller jusqu'en Asie centrale et tomber en Asie du Sud-Est. Globalement, l'auteur décrivait son tracé comme la résultante des lignes de fractures entre les poussées géopolitiques des différents acteurs : France, Angleterre, Russie et Japon. Ainsi, et dans le cadre d'un résumé très bref et "à main levée", il est possible de dire depuis cet ouvrage que :
  • la Russie poussait au Sud de ses frontières asiatiques vers les mers chaudes, soit vers l'Inde et le Moyen-Orient, d'une part, en allant à la rencontre de l'empire britannique. C'est bien cette poussée qui avait justifié la guerre de crimée (1853-1856).
  • L'empire Ottoman en serait presque réduit à être une zone tampon entre les deux empires. Il disparaîtra assez rapidement, finalement, après la Grande guerre.
  • D'autre part, de l'autre côté de l'Eurasie, cette poussée russe rencontrait l'expansion japonaise en Asie, alors encore balbutiante, mais qui avait déjà conquise une sorte de "Grande Corée". La bataille navale de Tsushima (1904) sera le point d'orgue de la victoire du Japon sur la Russie (qui prendra sa revanche en 1945).
  • Il y a le cas de l'expansion française en Afrique qui a rencontré celle de l'Angleterre à Fachoda (1898) et qui rencontrera celle du Japon autour de l'Indochine quelques années plus tard.
Enfin, Mahan était l'un de ceux qui prédisait le basculement géopolitique du monde de l'Europe vers l'Asie du Sud-Est. Ce n'était pas très étonnant puisqu'un certain Castex a écrit un ouvrage, aujourd'hui oublié, qui s'intitulait "Jaunes contre blancs" à propos de la guerre russo-japonaise (8 février 1904 au 5 septembre 1905). Il n'était vraiment pas le dernier à craindre la montée en puissance économique de l'Asie.

Les poussées géopolitiques du monde évoluent assez lentement. Il y a eu des changements dans les acteurs, avec, par exemple, une réduction de la place du Japon mais un accroissement considérable de celle de la Chine. France et Angleterre sont deux nations qui se sont repliées et ont vu leur poids se diluer, mais elles continuent à participer aux mouvements téluriques mondiaux (ce qui est assez estimable pour deux nations en perpétuel déclin aux dires des chroniqueurs). Les Etats-Unis ont fait leur irruption dans les affaires mondiales, processus entamé depuis le XIXe siècle. L'actuel conseil de sécurité de l'ONU rassemble, finalement, des puissances qui pèsent historiquement sur le monde.

En 2012, l'arc de crises est remis en cause. "Désigne-t-il simplement des menaces ou une zone d'intervention potentielle de la France ?" s'interroge une source "proche du dossier" pour l'Express. Peut être faudrait-il répondre à cette interrogation par deux autres questions :
  • est-ce que l'arc de crises recouvrent les zones de rencontres entre les sphères d'influence des grands acteurs du monde ?
  • Est-ce que cet objet qui définit une zone géographique recoupe l'emplacement des différents intérêts de la France dans le monde ?
Répondre oui, avec ou sans nuances, à l'une des deux questions, si ce n'est aux deux, c'est légitimer à nouveau un objet qui n'est pas dénué d'intérêts. Les derniers conflits (les guerres du Golfe, le conflit israélo-palestinien, les conflits véhiculés par les mouvements de population dans le Sahara, la guerre d'Afghanistan et les contentieux territoriaux dans les mers d'Asie) montrent que ce qui a été dit en 2008 reste d'actualité.

Par contre, le concept est peut être beaucoup trop réducteur : il pourrait, encore, recouvrir les zones où les intérêts des acteurs du monde se confrontent, mais il se détache peut être trop des intérêts franco-français. Par exemple, est-ce que l'arc de crises permet de contextualiser les priorités qui découlent de la nouvelle réalité géographique française (la France est un archipel) ? A priori la réponse serait non puisque les problématiques qui découlent :
  • de la découverte de pétrole en Guyane française,
  • les suspicions de gisements d'énergies fossiles dans l'archipel des Kerguelen,
  • et les richesses minières de la Nouvelle-Calédonie sont excentrées par rapport à l'arc de crises.
C'est plus que dommageable pour la perception que nous avons de nos intérêts puisque le pétrole guyanais nous oblige à nous intéresser au sort du canal de Panama (bulletin d'études marine numéro 146 du Centre d'Etudes Supérieures de la Marine (CESM) et à l'influence qu'il peut avoir sur la façade maritime de la France d'Europe. Tout comme les éventuelles richesses fossiles des Kerguelen nous obligera à considérer que nôtre intérêt consiste en notre capacité à maintenir ouvert les détroits par lesquels pourraient être exportées ces richesses fossiles. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, par extension, ne sont pas que des spectateurs des conflits territoriaux qui secouent l'Asie du Sud-Est puisque l'ouverture des détroits de l'insulinde est une préoccupation pour les importations et exportations de ces archipels.

L'arc de crises est donc beaucoup trop réducteur par rapport à la situation géographique nationale et nous empêche de nous concentrer sur d'autres objets stratégiques qui méritent pourtant toute notre attention car ils pèsent sur nos intérêts vitaux.

Enfin, la notion d'arc de crises recèlerait une dimension vexatoire pour certains Etats qui sont inclus dans cet espace, selon l'actuelle présidente de la commission de la Défense et des forces armées à l'Assemblée nationale, Patricia Adam. Il ne faudrait pas s'enfermer dans une notion théorique, comme celle des "rogue states" (toujours d'actualité, semble-t-il), propice à créer des problèmes supplémentaires dans les chancelleries. Il s'agit d'une vision des objets français à protéger qui doit permettre de considérer les aspérités du terrain qui doivent être utilisées à notre avantage ou qui ne doivent pas nous être interdites.

Alors, le président de la commission du livre blanc indiquerait que l'arc de crise pourrait être reformulé en "zone d'intérêt national".

Premièrement, il faut vivement espérer qu'il n'y aura pas une zone mais des zones. Cette façon d'aborder nos objets stratégiques correspondrait bien mieux au caractère archipélique du pays. Ce serait l'occasion de recouvrir les zones qui concernent une partie de nos inérêts liés à nos alliances et intégrations (OTAN et Union Européenne, par exemple) mais aussi nos intérêts strictements français. Certaines zones recouvriront les deux, mais dans des degrés moindre selon leur localisation géographique : si la coopération américaine est essentielle pour lutter contre les trafics de drogues dans la mer des Antilles, elle se construit différemment autour de la péninsule arabique.

Deuxièmement, la notion forcerait à les articuler entre elles. Par exemple, les besoins militaires pour protéger nos intérêts autour de la péninsule arabique (soit trois détroits) ne sont pas les mêmes que ceux qui sont nécessaires pour préserver la Guyane de l'orpaillage illégale et nous assurer de notre souveraineté sur les richesses pétrolières de ses eaux. C'est-à-dire que dans l'éventuelle zone d'intérêt national qui recouvrirait la péninsule arabique il faudrait plutôt compter sur le groupe aéronaval et le groupe de guerre des mines. Tandis que dans la seconde zone autour de la Guyane et de l'arc antillais il faudrait compter sur une aéromobilité au service de la sauvegarde du territoire et des forces maritimes bien plus centrées sur l'Action de l'Etat en Mer.

Troisièmement, il faudrait éviter toute désunion entre les zones puisque, pour en assurer leur unité, il serait très dommageable qu'elle soit l'occasion de diviser les forces armées selon des génômes si différents qu'elles ne pourraient pas ensemble concourrir à la défense nationale de la France, c'est-à-dire l'ensemble. La spécialisation des forces affectées à chaque zone ne doit pas nuire à l'unité des Armées.
Il faut être capable de protéger les zones de toutes les menaces, même si certaines sont plus propices à avoir besoin de certaines capacités opérationnelles plus que d'autres.

Quatrièmement, cela pourraît être une chance aussi d'imaginer de nouvelles façons de doter ces zones des matériels nécessaires à leur préservation. Par exemple, ce serait une opportunité qui s'offrirait à Paris pour monter des partenariats industriels originaux. Ainsi, l'interventionnisme étatique permettrait de lier diplomatie économique avec besoins militaires nationaux. Pourquoi ne pas se doter des moyens maritimes nécessaires à l'AEM dans des chantiers étrangers ? La politique industrielle pourrait alors être couplée avec l'autonomie économique de certaines régions et la constitution des moyens nécessaires pour la Défense. C'est peut être par ce biais que pourrait être résolu quelques problèmes liés au maintien en condition opérationnel des matériels du fait d'une trop grande centralisation en la matière.

Cinquièmement, ce serait une consécration politique par l'Exécutif du caractère marin, et même ultra-marin, de la France. Ce serait affirmé la réalité archipélique de la France. L'existence des zones d'intérêt national ira de paire avec nos archipels où se situent des moyens militaire. Mais elles iront aussi de paire avec les bases avancées françaises qui existent actuellement et qui préservent les intérêts français qui existent autour. Il a été dit qu'il faut une unité de moyens et de vues entre les zones. Il faudra donc en assurer la liaison, autant abstraite (l'unité des Armées) que physique : les différents moyens de toucher les différents territoires et les différentes zones d'intérêt national. De même il ne faudrait pas négliger la question des communications dématéralisées quand l'Arme des Transmissions fête son 70e anniversaire, que le débat sur l'Espace conserve une forte vigueur et que celui sur la Cyberdéfense s'envole chaque année un peu plus (ce domaine devrait être fortement mis en avant dans le nouveau livre blanc).

Sixièmement, ce serait également la mise en avant d'un concept qui devrait être suffisamment souple pour être adapté à l'évolution des menaces sans remettre en cause son existence ni nécessiter de repenser la stratégie nationale (sauf si la radicalité des évolutions le nécessitait).

Septièmement, il devrait y avoir un barycentre stratégique français qui devrait apparaître, c'est-à-dire un territoire qui se retrouverait le centre de l'archipel. Il ne serait pas bien étonnant que ce barycentre soit l'île de la Réunion. Ce n'est pas pas une chose à prendre à la légère puisque, et par exemple, la répartition de la Marine Royale entre Brest et Toulon nous empêchait de parvenir aisément à la concentration de nos forces. Les anglais surent exploiter avec brio cette faiblesse maritme française qui tirait sa source de sa double façade maritime. De plus, ils avaient l'avantage de se concentrer aisément autour de leur archipel britannique. Aujourd'hui, la France est multi-façade maritimes. Il n'est pas simple de les énumérer toutes. Mais elle recouvre presque tout les océans, sauf l'Arctique -et encore... La Réunion se retrouve au centre des différents territoires et à le mérite d'être le point de passage de nombreuses routes maritimes mondiales et d'être à proximité d'une grande partie des détroits mondiaux. En outre, l'ancienne île Bourbon se situe également sur la route de circumnavigation. Les deux nouvelles et principales grandes façades maritimes de la France pourraît être alors la Méditerranée et l'océan Indien. La jonction des moyens navals disponibles pour concentrer les forces reste difficile puisqu'elle est conditionnée à la sauvegarde des détroits de Gibraltar, du Cap et de la mer Rouge. Ce centre ne se suffira pas à lui-même (par définition). C'est pourquoi un basculement total sur l'une ou l'autre des façades ne serait pas non plus des plus convenables. Tout comme le statu quo le serait encore moins puisque si l'ambition était de peser sur les affaires asiatiques alors la façade maritime de l'océan Indien serait d'autant plus justifiée. Mais si ce basculement était avéré, alors il pourrait y avoir une nouvelle répartition des forces françaises. Donc le problème naval français que la Marine Royale avait connu pourrait refaire surface.

Huitièmement, cette appellation interpelle puisqu'elle est douée d'une certaine proximité avec l'expression "d'intérêts vitaux". In fine, si les zones d'intérêt national sont trop affinées par la délimitation de leur cadre géographique et les moyens qui leur sont alloués alors il sera potentiellement possible de relier l'expression du livre blanc à celle qui conditionne l'emploi du feu nucléaire national. Ce serait préciser les hypothèses d'emploi de la dissuasion alors que son but est le non-emploi et la réplique à une atteinte grave à nos intérêts vitaux. La dissuasion ne doit pas être affaiblie par une interaction non-désirée avec un nouveau concept issu du livre blanc, tout comme la question de la défense anti-missile balistique de territoire peut entraîner le même processus.

Dans ce dernie registre, c'est encore une fois la Marine qui est la plus indiquée puisqu'elle est garante de l'intégrité territoriale d'une France plus maritime que jamais. S'il existera des forces garde-côtières à travers l'archipel qui participeront aux problématiques de sécurité locale, ce seront bien les forces de haute mer (soit le groupe aéronaval et ses différentes branches (groupe amphibie et groupe de guerre des mines) qui feront le lien entre les différentes zones. Elles seront cette masse de manœuvre qui est et qui restera apte à faire basculer localement le rapport de forces en faveur de la France. Le Maréachal Foch n'aurait peut être pas dit mieux sur l'économie des forces. L'objectif est de conserver les moyens de manœuvrer dans le monde et cela passe par la préservation des moyens nécessaires à la projection et de puissance et de forces. Ce qui implique une cohérence entre les deux et que l'une ne fasse pas disparaître l'autre... Même si cela ne peut pas impliquer de conserver une stricte parité de moyens entre les deux types de projection, non pas par souci d'efficacité militaire et stratégique, mais bien par souci de préserver une hiérarchie obsolète entre les Armées et les susceptibilités de chacun.

Les zones d'intérêt national sont un nouveau concept très intéressant qui pourrait faire florès.

13 mai 2012

L'Espace, ce nouveal Océan : milieu où la France doit garder son rang ?



A la suite d'un billet de Terre à la Lune -Contre l'exploration spatiale (sic) : six raisons pour lesquelles l'homme ne doit pas quitter le berceau terrien (Partie 1)-, il est peut être temps de poser quelques éléments d'un débat qui risque de prendre de l'ampleur. Ces derniers temps -et l'expression est volontairement très vague- il a été question d'exploiter l'Espace.

Le constat est que des matières essentielles au développement industriel de nos sociétés pourraient venir à se tarir sur notre actuelle planète. En outre, certaines de ses ressources les plus précieuses sont sous le joug heureux de quelques puissances. Ayez une pensée pour la question des "terres rares" : la Chine est dans une belle position, et n'aura pas besoin de forcer son talent pour en profiter.

Mais dans l'Espace, il y aurait des astéroïdes d'une densité exceptionnelle en ressources précieuses à nos sociétés industrielles.

Il y a dès lors un choix qui s'offre aux Cités :
  • ou bien, nous prenons le risque de nous contenter de nos ressources terrestres, et cela suppose une gestion durable des matières (le recyclage). Mais est-ce que cela nous dispenserait d'aller exploiter les nodules polymétalliques qui jonchent le fonds de nos océans ? Le risque, c'est de détruire les écosystèmes sous-marins, et par là, d'atteindre très gravement les écosystèmes terrestres qui dépendent, notamment, de la production d'oxygène des océans (terriblement supérieure à tout ce que peuvent faire les forêts) ;
  • ou bien, de prendre le pari d'aller exploiter l'Espace.
La seconde solution offre la possibilité d'épargner les équilibres terrestres, et donc de préserver la "base de départ". En outre, et si jamais cet ambitieux projet était viable, alors le rapport de forces s'inverserait : il n'y aurait plus une ou des puissances jouissant de quelques prérogatives sur quelques ressources précieuses, primordiales, mais des puissances ayant les capacités de s'affranchir des pesanteurs terrestres.

Il y a bien des parallèles à faire avec le choix cité plus haut, et l'histoire maritime. L'aventure de la Mer n'est-elle pas l'aventure de la Liberté ? C'est-à-dire la liberté de choisir ses partenaires commerciaux pour écouler ses productions et ressources, et de continuer son développement grâce au libre et indépendant choix de s'approvisionner partout dans le monde.

L'exploitation spatiale répondrait à cet objectif de cette stratégie maritime fondée sur la Liberté. Il serait question de trouver dans l'Espace une certaine indépendance, pour ne pas dire une autonomie politique où les autres Etats auraient pas ou très peu de prise.

La stratégie spatiale, partiellement fondée sur la stratégie maritime, consisterait à se ménager une voie d'accès à l'Espace afin de profiter de ses richesses. Inévitablement, d'autres puissances seront sur les rangs pour gagner ses marges de manoeuvres économiques et politiques offertes par les ressources résidant dans l'Espace.

Il y aura donc une guerre des communications puisque, fatalement, toutes les positions ne se valent pas dans l'Espace. Certaines routes, certaines caractéristiques du milieu spatial seront stratégiques (comme les points de La Grange). Ces caractéristiques du milieu s'apparenteront à nos actuels détroits marins, nos "chokes points". Forcément, il y aura lutte pour leur contrôle, le monopole ou leur libre usage. Il faut se replonger dans les aventures coloniales, et notamment dans l'histoire de la Royal Navy qui s'est construite contre le monopole espagnol sur l'exploitation économique de ses possessions sud-américaines. Un idéal de Liberté a conduit les corsaires anglais, puis une marine tout entière pendant des siècles.

Dès lors, il y aura ceux qui auront intérêt à une libre utilisation, et ceux au monopole. Il y aura même ceux qui ont intérêt à une libre circulation définie par leurs critères. La puissance maritime ou spatiale dominante ne peut se faire interdire l'accès à son milieu d'évolutions, et au contraire, elle tend à étendre au maximum l'espace de liberté.

C'es tout le paradoxe des Etats-Unis qui, pour préserver l'exploitation des fonds marins, ont vu le président Truman faire une déclaration très prématurée en 1945. Elle devait permettre de préserver les prérogatives entreprisses américaines sur les ressources du plateau continental nord-américain (en nodules polymétalliques). Cette déclaration a eu comme répercussion dans la guerre de l'anchois de voir les Etats sud-américains établir une zone de pêche exclusive jusque 200 miles de leurs côtes. Pourquoi cette distance ? Car les poissons passaient jusqu'à cette distance, et au-delà, il n'y a pas plus rien à prendre. C'est ce qu'expliquaient le professeur Hervé Coutau-Bégarie au Café stratégique numéro 3 (8 décembre 2009 - 19 minutes et 30 secondes dans l'enregistrement audio). C'est-à-dire que la puissance maritime dominante a, malgré elle et ses intérêts, donné des arguments aux Etats côtiers, non-hauturiers, pour construire un monopole juridique sur l'exploitaiton de ressources marines. Les conflits pétroliers dans l'Amérique du Sud actuelle ne sont que le fruit du triomphe de cette conception née de la guerre de l'anchois. C'est ce genre de pesanteurs terrestres avec lesquelles il faut composer, et contre lesquelles l'Espace offre des alternatives "libres".

Les " global commons" ne sont qu'un concept des espaces communs (aériens, marins, spatiaux et cybernétiques) que seules des puissances maritimes ont pu imaginer. Plus les espaces communs sont grands, plus il y a d'espace de manoeuvre et de moyens de communiquer.

In fine, le Sea Basing n'était ou n'est qu'un concept servant à projeter le flux de ses forces dans un espace libre d'utilisation afin de s'affranchir des contraintes imposées par les autres Etats sur les terres émergées. L'exploitation de l'Espace pourrait être une réponse aux Etats territorialisant leurs eaux côtières à des fins d'exploitation économique exclusive. Ce serait encore une opposition renouvelée entre les "terriens" et les "marins".

La conquête spatiale sera probablement une guerre des communications.

Premièrement, il y a ceux qui peuvent ou pourront construire les outils nécessaires pour accéder à l'Espace, au sens où il est possible de s'y rendre et d'en ramener quelque chose de manière profitable pour les finances privées et publics. A la différence de la Mer, on ne transporte pas de grandes quantités de marchandises à moindre frais vers et en retour de l'Espace. Le fret spatial aura ceci de commun avec le fret aérien qu'il ne sera que sur les marchandises à la plus forte valeur ajoutée. Il y d'ores et déjà des nations qui ne peuvent pas accéder à l'Espace : elles sont enclavées, comme les territoires uniquement terrestres, sans accéder à la mer.

Deuxièmement, il s'agira de se doter des moyens pour défendre son accès à l'Espace et de participer à la course aux caractéristiques du milieu qui sont les plus intéressants. En effet, des stratégies de déni d'accès à l'Espace seraient dès aujourd'hui observables. Avant même d'évoquer une quelconque conquête des richesses spatiales, il faut bien considérer que celui qui domine l'espace où les satellites gravient possède un avantage stratégique primordial sur ses adversaires.

C'est tout simplement dire qu'il existe potentiellement le risque de revivre une seconde guerre de Sept ans et ses conséquences funestes : le traité de Paris de 1763. Cette année là, la France perdait le Canada et l'Inde. La face du Monde aurait été assez différente de celle que l'on a sous nos yeux aujourd'hui.

La France a perdu ces territoires car la Marine Royale a périclité sous Louis XV en raison non pas de coupes budgétaires, mais d'un repli budgétaire mal-exécuté : l'on peut réduire la taille de sa Flotte, mais il faut surtout en protéger les fondamentaux qui en assurent l'efficacité (formation, entraînements, capacités industrielles et scientifiques, recrutement constant, etc...). Hors, il y a manifestement eu un repli budgétaire qui s'est transformé en désastre naval car le repli est l'opération la plus difficile à effectuer à terre. Même pour les marines.

L'une des questions qui se posent à propos de la conquête spatiale est de savoir si elle est analogue aux conquêtes maritimes du temps passé ? Une autre est de déterminer si les actuelles activités maritimes sont une voie provisoire avant d'aller vers le nouvel Océan ?

Si nous étions irrémédiablement attiré par l'Espace, alors, il faut garder en mémoires nos erreurs passées, et se souvenir de la parole de Richelieu qui a toujours valu d'avertissement pour l'avenir :

« Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu'ils ont ignorée ».

17 avril 2012

L'Argentine jettera-t-elle l'Armada dans une alliance avec la Royal Navy ?



 Un conflit qui couvait entre l'Espagne et l'Argentine explose tout doucement. Buenos Aires est, comme tout les Etats qui peuplent cette planète, ou presque, contrarié par le niveau actuel des cours de l'or noir. Il n'y a donc pas quatre chemins pour une puissance étatique qui souhaite répondre aux souhaits de ses administrés : disposer d'énergie à un prix supportable. La présidente argentine, Cristina Kirchner, souhaiterait donc prendre le contrôle de la compagnie pétrolière locale, YPF. Cette action n'a que pour objectif de contraindre ladite société à augmenter sa production à destination du marché national argentin afin de détendre les prix de l'or noir.

09 septembre 2011

Du pétrole au large de la Guyane française !




Bouleversement géoéconomique français

Bon nombre de français attendaient une telle découverte dans notre archipel des Kerguelen puisque une demande d'extension de la zone économique exclusive a été déposée à l'ONU. Finalement, et contre toutes attentres, c'est dans le département de Guyane qu'est venue cette nouvelle très inattendue. Après un premier forage, "le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé que du pétrole avait été découvert au large de la Guyane française, au cours de forages exploratoires à environ 150km au large des côtes. Dans un communiqué, Shell indique qu'il est encore trop tôt à l'heure actuelle pour évaluer les réserves, mais que les "les premiers résultats sont encourageants".Le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé que du pétrole avait été découvert au large de la Guyane française, au cours de forages exploratoires à environ 150 km au large des côtes. Dans un communiqué, Shell indique qu'il est trop tôt à l'heure actuelle pour évaluer les réserves, mais que "les premiers résultats sont encourageants".

13 mars 2011

Le retour des marchés anglais dans l'exportation de navires de guerre ?

© BMT Defence Services. BMT Defence Services' design for a large, capable conventional SSK submarine. Vidar-36 offers multiple-mission capabilities hosted in an ocean-going, littoral platform.
Le Vidar 361 est la discrète proposition des chantiers BMT aux marines souhaitant s'équiper d'un sous-marin classique.


20 février 2011

Marine et Marine spatiale

© Wikipédia.



Nous finirons bien par nous intéresser au sujet : la décristallisation de la militarisation de l'espace. La cristallisation existait du temps de l'URSS et de l'équilibre établis avec le rival américain. Alors que la décristallisation s'opère aujourd'hui par l'apparition de nouveaux acteurs pouvant disputer l'hégémonie américaine sur le milieu spatial. On pense à la Chine, on pensera bientôt à l'Inde. Peut-on penser au Japon ? L'Europe pourrait avoir une place de choix mais créer une agence commune pour les télécommunications et l'observation... Le bénéfice de la chose n'a pas encore filtré à travers les murs des administrations européennes.

09 novembre 2010

Guerre du Rafale : fin de la bataille brésilienne ?

© Inconnu.
Un site brésilien semblerait annoncé une nouvelle très attendue : le choix du vainqueur du contrat FX-2 au Brésil. Et ce serait le Rafale ! Réflexe de protection... Nous ne sommes plus à une annonce de victoire, ou défaite, près dans ce dossier. La guerre économique qui se livre est si intense.

Du Canada à l’Australie : la France en passe de vendre 12 SNA ?

© Inconnu. Type 216 de TKMS.
Voici quelques réflexions sur le Canada, l'Australie et la France, en lien avec ce qu'il a déjà pu écrire sur ce blog. Je ne partage évidemment pas toutes ses conclusions, en particulier la revente de drones STDI par le Canada à la France n'est pas bon signe et je reste assez circonspect dans l'ensemble sur une convergence marquée France-USA depuis les arrivées respectives de Nicolas Sarkozy et Barack Obama.

01 mars 2010

Du Rafale N au Harrier sur BPC ?


Nous nous sommes déjà fait l'écho (Rafale Marine Biplace, JSF et collision) de « l'intérêt » opportuniste manifesté par les Britanniques à propos du Rafale. Nous avons même tenté de montrer qu'une renaissance du Rafale N n'était pas à exclure si on prenait nos voisins d'outre-Manche au mot (et donc faire semblant de ne pas voir que le partenariat français est le pion modérateur des échanges « diplomatiques » sur le programme JSF entre États-Unis et Royaume-Uni).

15 février 2010

Le Brésil est à la France ce que l'Australie ne sera pas à l'Espagne

© DCNS.
Nous débutons une série de deux articles sur les cas de la France et de l'Espagne dans la vente d'armement. Ce genre de contrat commercial n'est rien d'autre, bien souvent, qu'une prolongation de leurs actions politiques et diplomatiques. Il sera tenté ici de montrer la différence entre un choix atlantiste et un choix, non pas strictement indépendant (qui l'est ?), mais tendant plus vers un monde « multipolaire ».

18 avril 2008

Des missions de la marine aujourd’hui

© Sénat.

De nos jours plus des trois quarts du commerce mondiale aujourd'hui transite par la mer. Encore faut-il ajouter que 80% de la population mondiale est à portée d'un groupe aéronaval. La marine française doit aujourd'hui un très large éventail de mission.