Les @mers du CESM


Les @mers du CESM - 19 avril 1944 :

Le cuirassé Richelieu participe au bombardement de Sabang, base japonaise en Indonésie. Le navire français, ayant rejoint l’Eastern Fleet commandée par l’amiral britannique Somerville, prendra part à trois autres opérations visant des bases navales ennemies. Après 52 mois passés en mer, le bâtiment rentre à Toulon le 1er octobre 1944. À nouveau déployé en Asie du Sud-Est l’année suivante, le bâtiment assistera à la capitulation du Japon dans la rade de Singapour le 23 septembre 1945.





12 octobre 2013

"Renaissance navale" de Michel Perchoc

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Grâce au livre Renaissance navale - Les nouveaux navires de surface français (Michel Perchoc, aux éditions Marines éditions), nous pouvons avoir un historique des trois grands programmes qui structurent le renouvellement de la flotte de surface : Horizon, Mistral et FREMM.

 

En outre, c'est un petit détail trouvé dans l'ouvrage qui peut éclairer les débats d'aujourd'hui. Par exemple, le lecteur peut apprendre de la plume du vice-amiral d'escadre Lajous (2S) quel était le format envisagé pour la Marine nationale en 1997 pour 2015. C'est une véritable surprise que de découvrir que ce format, aujourd'hui considéré comme ambitieux, est, de facto, encore atteignable !

 

En 1997 donc, l'état-major de la Marine projetait une flotte de surface comme suit :

  • quatre frégates F11 de défense aérienne,
  • huit frégates F12 de lutte anti-sous-marine,
  • quatorze frégates F2 pour les crises de basse intensité.

=> 26 frégates

 

Dans son intervention écrite, l'amiral Lajous nous entretient des réflexions de l'époque sur les syngergies à rechercher entre les trois classes de frégates. Ainsi que de nombreuses prises de contact avec des marines alliés et des chantiers navals européens révélèrent le besoin d'une frégate modulaire.

 

Par les dénominations employées entre les différentes classes, nous pouvons avancer, sans prendre beaucoup de risques de nous tromper, que le premier chiffre doit renvoyer au rang du navire. Ainsi, la Marine aurait visé 12 frégates de 1er rang contre 14 du second rang.

 

La chose est particulièrement frappante dans la mesure où la Marine devrait avoir à terme (2025) :

  • quatre frégates de défense aérienne : deux de classe Forbin et deux FREDA,
  • six frégates de lutte anti-sous-marine FREMM.

Toute la question porte actuellement sur la Frégate de Taille Intermédiaire (FTI). Elle a été annoncée par le ministre de la Défense lors de la présentation du livre blanc à la Marine nationale à Toulon. Récemment, alors que des rumeurs menaçantes portent sur les trois dernières FREMM, le ministre a réaffirmé que le programme irait jusqu'aux onze unités.Néanmoins, il a ouvert la voie à ce que les trois derniers frégates soit de "dernière génération" et puissent être cette fameuse FTI. Ce serait donc cela les trois fameuses "FREMM légères" qui avaient été brièvement évoquées.

 

Ces trois frégates seraient le point de départ d'une nouvelle classe de frégates de second rang. Peu d'informations ont filtré sur le sujet, ce qui donne lieu à bien des spéculations :

  • Mer et Marine croit savoir qu'il s'agirait d'une frégate de 3 à 4000 tonnes,
  • elle devrait remplacer à terme les frégates La Fayette (ce qui serait la continuation du projet NCF (Navire de Combat du Futur),
  • le même site et un membre du Forum Air & Défense avancent que la FTI pourrait donner lieu au remplacement des frégates de surveillance de classe Floréal.

Il ne serait pas illogique que la FTI donne lieu au remplacement de ces deux classes de bateaux. Les croisières12 des frégates de surveillance et du patrouilleur hauturier l'Adroit ont démontré que, pour les pays riverains de l'Asie du Sud-Est, nous ne comptons pas avec des patrouilleurs hauturiers dans cette région du monde. Cela pourraît être l'une des raisons d'une montée en gamme pour les FS. Montée en gamme qui serait toute relative, toutefois.
 
Ce qui nous rapproche de notre point de départ du jour est qu'à terme la Marine nationale pourrait recevoir, théoriquement, 11 FTI. Le Marine en 2030 pourrait alors ressembler à cela :

  • quatre frégates de défense aérienne (deux de classe Forbin et deux FREDA),
  • six FREMM de lutte ASM,
  • onze frégates de taille intermédiaire.

=> 21 frégates
 


1 "Croisière : vieilli fait d'aller et venir, de croiser, pour un bateau de guerre."
 
2 Larousse :  "Vieux. Action de croiser, en parlant d'un navire de guerre. Vieux. Flotte de navires qui participent à la surveillance d'une zone ou au blocus d'un port."
 

10 octobre 2013

"L'offensive du Têt - 30 janvier-mai 1968" de Stéphane Mantoux

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L'ouvrage de l'allié Stéphane Mantoux (auteur de Historicoblog et l'un des trois auteurs de L'autre côté de la colline) invite à découvrir la deuxième guerre d'Indochine qui n'intéresse pas tellement les foules en France (tout comme la première, a priori). Plusieurs points sont particulièrement intéressant à relever, même si cela ne sera pas fait de manière très ordonnée, car ils sont d'une furieuse actualité.

 

Sur le plan militaire

 

Premièrement, nous pouvons constater que la guerre en coalition est encore et toujours un facteur d'affaiblissement stratégique car il est bien difficile d'unifier la conduite des opérations. Ainsi, chaque force armée américaine défend sa manière de faire la guerre, tout comme chaque contingent étranger (dont les principaux sont Australiens et Sud-coréens). La tâche du général Westmoreland était donc bien compliquée.

 

Cette situation n'est pas sans rappeler la seconde guerre d'Afghanistan où chaque allié viendra sur le théâtre avec ses propres normes d'engagement. Guerre où l'on se demande encore pourquoi les européens ne s'étaient pas regroupés sous une banière européenne pour coordonner ce qu'ils savent faire de mieux : l'aide civilo-militaire avec les outils forgés dans d'autres conflits.

Ce qui amène à demander si deux conflits ont déjà été comparés :

  • les deux guerres d'Indochine,
  • les deux guerres d'Afghanistan.
Il serait très intéressant dans quelle mesure la guerre en coalition est facteur d'efficacité ou non, sur quels plans, etc.

 

L'expérience des Marines est particulièrement intéressante au Vietnam grâce à la création d'unités jaunisées. C'est un moyen de décupler la force initiale tout en s'offrant de multiples possibilités pour se fondre dans la population et y trouver du renseignement.

 

Cette expérience de l'USMC semble se construire au même niveau que celui des milices populaires qui sont mises en place au Sud-Vietnam pour aider, grâce à ces forces paramilitaires, à tenir le terrain face à la subversion ennemie. Et nous retrouvons au Vietnam des milices qui serviront plus les intérêts des chefs politiques locaux que des chefs qui conduisent la guerre. Aurait-il fallu coupler des forces américaines à ces milices pour les encadrer et découpler les "mauvais objectifs politiques" des "bons" des américains ?
C'est une question pernicieuse qui renvoie à la question de la politique : les travaux de Michel Goya sur le combat couplé et la reconstruction de l'Etat ne peuvent qu'être invoqués ici. Il est donc plus que nécessaire de contrôler l'Etat allié à divers échelon quand la conduite de la guerre est très mal assurée.

 

Ce qui choque donc c'est la grande difficulté à partager l'expérience dans le camp américain. La très faible durée d'engagement des soldats étasuniens n'aident pas, l'auteur explique très bien ses effets pervers. Avec un peu de provocation, il faudrait même avancer qu'il aurait mieux valu de plus faibles effectifs, et mieux aux faits des affaires locales, que de grands effectifs qui n'apprennent rien.
Ce qui, au passage, pose la question de l'autonomie des unités militaires pour atteindre les objectifs : faut-il confier un territoire à une ou des unités militaires pour atteindre les buts de la guerre avec une certaine liberté, c'est-à-dire une grande décentralisation dans la prise de décision (pour le renseignement, pour organiser les forces de sécurité, l'économie, etc...) ? Cela ne veut pas dire aucun contrôle mais moins de contrôle.

 

Chronostratégie ?

 

La question de la logistique ennemie le long de la piste Hô Chi Minh est particulièrement intéressante en ce sens où il semblerait que c'était affaire d'une chronostratégie. Il aurait été nécessaire que :

  • les américains puissent d'un côté perturber suffisamment le fonctionnement de cette "voie sacrée" vietnamienne pour qu'il y ait une coupure temporaire dans les renforts en hommes et matériels,
  • tout en réussissant de l'autre côté une offensive généralisée contre le vietcong pour tenter de le briser pendant ce court laps de temps.
C'est si simple sur le papier. Est-ce que les américains avaient une telle perception du problème pendant le conflit ?

 

La caractérisation des espaces

 

Ce n'est pas fait dans l'ouvrage car sa force est, justement, de restituer tout le contexte à chaque niveau militaire et politique. Néanmoins, le lecteur semble invité à se plonger plus en avant dans les questions de l'époque et, pourquoi pas, essayer de qualifier les espaces d'affrontement en Indochine. Quels sont les apports des espaces lisse, strié, visqueux, solide et lacunaire ?

 

Guerre de contre-guérilla : politique, politique et politique

 

C'est un truisme presque pénible à écrire, tellement il est répété -mais est-il seulement entendu ?-, que la guerre est une affaire politique.


La stratégie mise au point par le général Westmoreland semblait parfaitement logique : par le truchement du "search and destroy" les forces armées américaines pourraient porter des coups significatifs au "corps de bataille" ennemi au point qu'il s'effondre. Là où les américains sont par le biais de cette stratégie dans la recherche du chiffre, l'adversaire est dans l'affichage politique. La bataille de Drang (14 au 26 novembre 1965) montre ainsi une réussite des forces américaines contre le vietcong : 305 soldats perdus contre 3000 tués. Néanmoins, du côté communiste, cela sera interprêté comme une victoire car les viets pouvaient montrer qu'ils avaient réussi à tenir l'engagement.

 

La bataille de Drang peut illustrer assez bien ce qui va se dérouler pendant toute l'offensive du Têt. Initialement, le Vietcong ambitionne une offensive généralisée contre les villes du Sud afin de provoquer le soulèvement de la population. Tout comme ils pensent qu'au-delà d'un certain nombre de pertes américaines, l'opinion publique aux Etats-Unis va flancher et retirer son soutien à la guerre. Il s'agit donc bien de mener des actions militaires non pas pour vaincre un adversaire sur un champ de batailles, mais bien de le vaincre sa volonté à faire la guerre.

 

Le plan politique est particulièrement intéressant car nous pourrions nous avancer à dire que l'avantage du Vietcong et du Nord-Vietnam est la communauté politique qui les unit. Pas besoin d'énoncer à nouveau les objectifs du communisme révolutionnaire à cette époque, ni l'objectif d'un mouvement de libération (bien que l'auteur nous entretienne des hésitations du Nord à réunifier le pays entre ceux qui la veulent cette réunification et les autres qui préfèrent consolider l'acquis initial, le Nord).

 

Du côté des Etats-Unis il y a un découplage handicapant entre le président Johnson qui veut mener ses projets de "Grande société" et que la guerre empêche. De l'autre, il y a le Sud-Vietnam qui est bien loin des idéaux américains, occidentaux et où la population souffre de divers maux dont le népotisme et la violence politique sont les principaux.
Une fois encore, ce n'est peut être pas dans cette seule guerre où l'on va rencontrer cette opposition. Dans une guerre de contre-guérilla où l'on se bat pour gagner politiquement et non pas militairement, il est bien difficile de manoeuvrer l'allié récalcitrant sans s'aliéner la polulation.

 

 

Au final, le livre de Stéphane Mantoux est un format très intéressant pour saisir la substance d'une guerre, sans se perdre dans les détails, ce qui donne envie de s'intéresser au reste de la collection. Il est étonnant de découvrir la criante actualité des questions de ce conflit.

 

07 octobre 2013

Décret du 29 février 1972 fixant la composition des forces navales françaises

© Inconnu. Le porte-avions Foch menant l'escadre.
Les plans navals sont assez peu nombreux dans l'histoire de la Marine nationale au cours du XXe siècle. Celui consacrait par le décret du 29 février 1972 a la particularité d'être le plus discret de tous. Il est assez difficile de comprendre pourquoi alors que c'est justement ce "Plan bleu" qui transpose dans les textes la Flotte dont la pointe de diamant sera la dissuasion océanique. Rien ne semble expliquer non plus pourquoi l'année 1973 a plus marqué ce plan que celle de 1972 quand est édicté le décret. 


06 septembre 2013

6 septembre 1683, mort de Jean-Baptiste Colbert

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© Inconnu. La statue du secrétaire d'Etat à la Marine garde l'entrée de l'Assemblée nationale.
 
Un des fondateurs de la Marine nationale


"Mort de Jean-Baptiste Colbert considéré comme le fondateur de la Marine française. En charge de la Marine pendant plus de vingt ans, il accomplit une oeuvre immense. Il crée le systèmes des classes pour assurer le recrutement des équipages de vaisseaux, il n'est l'auteur de textes organisant la flotte de combat et la marine marchande et entreprend des grands travaux maritimes à Toulon, Rochefort, Brest et Dunkerque".

 

De 18 à 276 vaisseaux

 

"Pendant la durée de son ministère, la Marine royale voit le nombre de ses vaisseaux passer de dix-huit à 276. "Aucun ministre n'a joué un rôle aussi grand rôle dans l'histoire de la Marine" (E. Taillemite).
Citation extraite de Histoires de Marine - Mille cinq cents événements de la vie des marins de 1295 à nos jours, Amaury du Chéné, avec la participation du Service Historique de la Défense, aux éditions d'ART.

 

C'est la disparition d'un homme qui aura porté l'effort de modernisation de ce qu'est alors la Marine royale sur tous les plans. Il réforme aussi bien les grands textes organiques, les crée de toutes pièces s'il le faut, qu'il modernise le recrutement, reprend en main l'industrie navale et soutient la marine marchande.
Il n'attendait pas des finances calamiteuses pour mieux organiser l'administration, mieux dépenser son budget.

Colbert concentrait alors beaucoup de pouvoirs et de fonctions qui sont aujourd'hui militaires et civiles. L'avocat du diable, aux regards des dossiers plus actuels, dirait que c'est un exemple à méditer à l'heure actuelle. Néanmoins, une spération des "pouvoirs" permet au moins de ne pas tous les laisser dépérir dans les mains d'une seule personnalité, pouvant être médiocre au demeurant. Le faire alors qu'un grand organisateur est disponible n'est pas, néamoins, à exclure. Colbert est le catalyseur d'une phase d'accélération de l'histoire navale française.