© Inconnu. Le CEMM Amiral Bernard ROGEL et le député Gwendal ROUILLARD. |
La
France possède le deuxième domaine maritime mondial derrière les
Etats-Unis. Avec des terres éparpillées sur toutes les mers du
globe représentant 11 millions de kilomètres carrés, les enjeux
géopolitiques, économiques, stratégiques et culturels sont
énormes. Pourtant, curieusement, la France néglige depuis des
décennies cette dimension. Le Centre
d’études stratégiques de la Marine, en partenariat avec
Theatrum Belli depuis plusieurs années, a entrepris de
sensibiliser les citoyens sur le défi de la « maritimisation »
à travers la publication de textes, études, thèses. Des
associations scientifiques et éducatives ont vu le jour comme
Océanides et des
magazines et des sites comme Cols
bleus, Marine
et forces navales et Marine
& Océans participent avec brio a ce rayonnement, sans
oublier les salons internationaux Euronaval
et Euromaritime.
Dans
le cadre naval de la Loi de programmation militaire 2015 actualisée,
Theatrum Belli a rencontré le député du Morbihan Gwendal
Rouillard, secrétaire de la commission de la Défense nationale et
des forces armées à l’Assemblée nationale. Il a été le
co-rapporteur de la mission parlementaire préparant la prochaine Loi
de programmation militaire (LPM) 2014 – 2019) et a présenté à
l’automne 2014 son
dernier rapport sur l’évaluation du dispositif militaire en
Afrique et le suivi des opérations au Mali et en RCA. Depuis
janvier 2015, il est rapporteur du budget de la Marine nationale de
la commission de la Défense nationale et des Forces armées.
Passionné
de « l’Afrique », du « monde arabe » et de la «
Méditerranée », il effectue régulièrement depuis une quinzaine
d’années, de nombreux déplacements dans ces régions. Proche
de Jean-Yves Le Drian, il est son ancien attaché parlementaire et
collaborateur au cabinet de la région Bretagne, en charge notamment
des questions de défense.
Propos
recueillis par Thibault LAMIDEL pour Theatrum
Belli (16 septembre 2015).
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Theatrum
Belli :
Depuis
janvier 2015, vous êtes rapporteur du budget de la Marine au sein de
la Commission
de la Défense nationale et des forces armées à l’Assemblée
nationale.
Alors que la France bénéficie d’une « insularité
stratégique » depuis la disparition des menaces à l’Est (de
l’empire des Habsbourg jusqu’à l’Union soviétique), le budget
de la Marine plafonne à un maximum de 25% du budget des Armées
quand pour d’autres nations insulaires, c’est le premier. Nos
frontières sont maritimes, notre priorité budgétaire est
terrestre. Est-ce bien cohérent ?
Gwendal
Rouillard : Du fait de la réforme du ministère de la Défense
– qui amène à transférer de nombreuses fonctions aux services
interarmées – nous ne pouvons plus aujourd’hui parler de
« budget de la marine » au sens strict. En effet, à
présent, seule l’analyse des capacités permet de mesurer l’effort
fait en faveur de la composante maritime.
Dans
le cadre de la Loi
de Programmation Militaire (LPM),
et plus récemment, de son actualisation, la marine nationale a fait
l’objet d’importants efforts rendus indispensables compte tenu
des réductions temporaires de capacités déjà consenties et de
l’âge moyen des navires en service. Je pense au renouvellement et
à la consolidation de la composante frégate (développement des
FTI), au renouvellement de la composante sous-marins nucléaires
d’attaque (SNA), à la consolidation de la composante porte-avions
par le maintien des capacités opérationnelles du Charles de Gaulle,
ou encore au lancement du renouvellement de la composante « guerre
des mines ».
La
LPM maintient donc le format d’une marine cohérente, disposant de
l’ensemble des capacités, lui permettant de conduire des
opérations qu’elles soient sur la mer, sous la mer, dans les airs
ou alors tournées vers la terre. C’est tout le sens du plan
stratégique « Horizon marine 2025 » porté par
l’Amiral Rogel dont je salue l’implication et l’efficacité.
TB
: La Flotte ne bénéficie plus du temps long, tiraillée
entre le principe d’annualité budgétaire, les cinq années d’un
livre blanc et les six années d’une loi de programmation
militaire. Elle nécessite pourtant une vision stratégique et
industrielle pour forger un outil se renouvelant tous les 30 ans.
Pourquoi ne pas voter un plan naval qui s’étalerait sur cinq lois
de programmation militaire ? L’actualisation de la LPM, par
exemple, dépasse très largement par ses décisions et ses
conséquences le seul cadre de l’actuelle loi de programmation.
GR :
La stratégie de défense et de sécurité de la France est fixée
par le Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale dont
le dernier est daté de 2013. Il a été rédigé sous l’impulsion
du Président de la République et de Jean-Yves Le Drian, notre
ministre de la Défense. En plus de fixer notre stratégie, ce Livre
blanc précise son articulation avec la politique de sécurité et de
défense commune de l’Union européenne et avec l’Alliance
Atlantique, ainsi que les capacités requises pour la mettre en œuvre
dans les quinze à vingt ans à venir.
Il
faut noter que le livre blanc de 2013 n’a pas remis en cause des
choix structurants concernant la marine, à savoir, la participation
à l’ensemble des fonctions stratégiques et le maintien de
l’ensemble des capacités : aéronavales, amphibies, sous-marines,
de guerre des mines, de patrouille, etc…
De
plus, de ce livre blanc, découle la loi de programmation ainsi que
son actualisation. Le cadre étant fixé, rien n’oblige à la mise
en place d’un plan supplémentaire.
© Stéphane Gaudin. |
TB :
Le livre blanc et la loi de programmation militaire ne se prononce pas
sur l’avenir du groupe aéronaval, limité à un seul navire. La Chine
mettra en œuvre 4 porte-avions et porte-aéronefs, tout comme l’Inde et
le Japon en 2030. Quelle est votre vision pour l’avenir de la puissance
aéronavale française au XXIe siècle ?
GR :
Le groupe aéronaval reste un outil de tout premier ordre comme
l’illustrent ses derniers déploiements opérationnels dans le Golfe
persique. Il participe à la dissuasion nucléaire et offre au chef des
armées de nombreuses options, notamment « l’entrée en premier ».
Le
porte-avions, outil privilégié de projection de puissance par voie
maritime, peut être complété mais non remplacé par d’autres capacités
pour lesquelles la France n’est pas en reste. En effet, nous disposons
de 3 BPC de type Mistral. Tous sont de véritables « démonstrateurs de l’excellence des matériels français ».
Rappelons
également une nouvelle fois que le Livre Blanc de 2013 et la LPM
actualisée ont acté la pérennité de la composante aéronavale en
permettant l’opération de maintien des capacités du CDG au cours de son
deuxième arrêt technique majeur.
De plus,
la capacité aéronavale française s’inscrit dans un schéma de coopération
avec nos alliés. Prenons notamment l’exemple de la coopération du CDG
avec les porte-avions américains dans le Golfe persique ou encore le
projet de permanence à la mer d’un GAN français-britannique issu des
accords de Lancaster House. Car en plus de notre stratégie aéronavale fixée, l’avenir réside également dans ce type de coopérations renforcées.
TB :
Face à la réduction de son format à missions égales, la Marine doit
choisir entre doubler les équipages de ses navires ou renforcer les
existants pour ses navires les plus automatisés dont les équipages
réduits atteignent leurs limites (les FREMM). L’actualisation de la LPM
donne-t-elle les moyens à la rue Royale d’adapter ses moyens humains ?
GR : Tout
d’abord, précisons qu’il n’est plus possible aujourd’hui de parler de
« la rue Royale » puisque l’Etat-major de la Marine nationale a rejoint
le site de Balard depuis juillet dernier.
Concernant
les moyens donnés à notre Marine, il faut savoir que la mise en œuvre
de bâtiments à 2 équipages est une pratique ancienne qui permet
d’optimiser l’emploi d’unités dont le coût ou la rareté pousse à
maximiser le nombre de jours de mer – c’est par exemple le cas des
sous-marins. Certes, cette méthode ne remplace pas stricto sensu
deux bâtiments, puisqu’il est impossible de faire intervenir les deux
équipages simultanément à deux endroits différents. Elle optimise
néanmoins le temps de présence possible à la mer sur l’année dans une
proportion très significative. Cette pratique perdurera pour d’autres
bâtiments qui pourraient répondre à ce critère, tels les bâtiments de
soutien et d’assistance hauturiers (BSAH).
Aujourd’hui,
après quelques mois ou années de mise en œuvre, l’adaptation de la
composition de l’équipage des nouveaux types de bâtiments est une
démarche normale et tout à fait compréhensible. Elle ne remet en aucun
cas en cause le principe d’équipages optimisés sur les bâtiments les
plus récents type FREMM ou BPC. Les leçons de l’expérience viennent
compléter les ambitions initiales, mais l’effectif définitivement affiné
reste sans commune mesure avec celui des précédentes générations de
bâtiments, en cohérence avec l’automatisation poussée et le gain
d’ergonomie des nouveaux matériels.
Dans le
cadre de l’actualisation de la LPM, nous avons acté une moindre
déflation des effectifs. Celle-ci permet d’atténuer les tensions sur les
effectifs résultant des précédentes déflations et de l’évolution de la
menace. Dans ce cadre, pour la Marine nationale, 800 postes seront au
total créés, notamment pour renforcer la protection des sites sensibles
ains que pour renforcer notre capacité à exploiter de l’information dans
le cadre de la protection et de la sûreté des approches littorales.
L’actualisation de la LPM est donc le fruit d’un équilibre qui nous permet de répondre efficacement aux enjeux.
TB : Certains s’interrogent sur notre dispositif pour l’Action de l’État en Mer,
à l’instar de la Cour des comptes qui vient de tirer une volée de bois
vert à destination des Douanes. Doit-on en venir à confier tous les
navires de l’AEM à la Marine nationale qui embarquerait alors des
équipes d’intervention composées des officiers de police judiciaire et
spécialistes de chaque administration ? C’est une rationalisation mise
en œuvre en Chine, par exemple.
GR :
L’Action de l’Etat en mer (AEM) française est un modèle très efficace
comme le prouvent quotidiennement certaines missions, dont la lutte
contre le narcotrafic aux Antilles, par exemple. Cette efficacité est
notamment due au fait qu’elle coordonne sous une autorité unique,
interministérielle, les moyens de l’ensemble des administrations.
Complétons également en expliquant que ce modèle est garant de la
non-duplication des moyens, permettant d’optimiser la ressource
publique.
Pour
autant, même si l’AEM s’appuie essentiellement sur les moyens de la
Marine, celle-ci n’a pas vocation à se substituer aux autres
administrations concernées que sont les douanes, les affaires maritimes
et la gendarmerie maritime. Les missions ne sont pas les mêmes, chacun a
un rôle bien défini. La Chine peut rationaliser comme elle l’entend,
nous ne sommes pas, de notre côté, sur ce schéma.
TB :
De 1962 à 2019, la France lançait 30 frégates de premier rang en neuf
classes (3,33 frégates/classe). Une énième classe de frégates est-elle
la seule solution pour alimenter les bureaux d’études et conserver la
place de la France à l’exportation (pourquoi pas une corvette Gowind de
4-5000 tonnes) ? Faut-il réinventer la coque quand ce sont les systèmes
qu’il faut développer et améliorer constamment ?
Aux
États-Unis, plus de 60 destroyers Arleigh Burke ont été lancés en une
seule classe mais en quatre, et peut-être même cinq, versions (Flight I,
II, IIA, III, et IV ?).
GR : La
déclinaison de plusieurs versions de frégates à partir d’une même
classe est un principe qui a été mis en œuvre au sein de notre marine
(sur les frégates de lutte anti sous-marine par exemple) et qui le sera
une nouvelle fois avec les FREMM à capacité de défense aérienne
renforcée. Cependant, nous constatons que disposer de deux classes de
frégates est porteur d’optimisation économique – au sens de la
différenciation prônée par le Livre Blanc – car toutes les missions ne
nécessitent pas les capacités d’une FREMM. Ce principe est mis en œuvre par l’ensemble des grandes marines, y compris par les Etats-Unis.
TB : A contrario,
l’actualisation présente des commandes limitées pour les moyens de
l’Action de l’État en Mer (AEM) : un 4e B2M, 2 BSAH supplémentaires et
BATSIMAR avancé de 2024 à 2022. N’est-ce pas léger pour la protection
(une des cinq fonctions stratégiques du livre blanc) de l’Archipel
France et la sauvegarde maritime de nos 11 millions de km² de zones
économiques exclusives ? Une FREMM coûterait dans les 650 millions
d’euros quand un B2M se négocie contractuellement à environ 30 millions
d’euros…
GR :
Il faut savoir que le dispositif français d’AEM privilégie la
coordination de l’ensemble des moyens des administrations opérant en mer
à une logique de spécialisation. A ce titre, l’ensemble des moyens de
la marine est amené à y contribuer.
Aujourd’hui, l’acquisition d’un 4ème B2M – qui sera stationné à la Réunion – répond au désarmement du Batral
(bâtiment de transport léger) et permettra à la France d’honorer les
besoins de soutien maritime dont nous rend responsables notre
souveraineté dans l’océan Indien – l’assistance aux populations victimes
de catastrophes naturelles, par exemple. L’acquisition des 4 BSAH
permettra, elle, de remplacer 3 types de bâtiments anciens avec des
capacités très supérieures aux capacités actuelles. L’objectif de ces 4
bâtiments sera d’intervenir en soutien de l’action des moyens navals
dans la protection des approches maritimes métropolitaines. Cela
assurera un dispositif performant d’intervention contre les catastrophes
maritimes potentielles, dès la haute mer (naufrages de navires à
cargaisons dangereuses, marées noires, pollutions de toutes sortes,
remorquage des navires à propulsion nucléaire en cas de difficulté,
etc.).
Ainsi, les
commandes de moyens de l’Action de l’Etat en Mer dans le cadre de
l’actualisation de la LPM ne sont pas limitées. Elles répondent aux
tensions préalablement identifiées et résultantes de désarmement de
certains bâtiments ou encore à l’évolution des menaces et donc des
missions.
TB :
La réforme de l’école Polytechnique est lancée. Est-ce le prototype
d’une réforme qui pourrait toucher les écoles militaires, dont l’École
navale ? Certaines craintes évoquent une fusion des trois écoles
d’officiers des trois armées et une ouverture toujours plus large aux
étudiants civils, quitte à en perdre leur âme : préparer des militaires
au métier des armes.
GR :
La mission des grandes écoles militaires, particulièrement l’Ecole
navale, est et restera de former les chefs militaires dont les armées
ont besoin. Dans cette optique, l’école navale dispense à ses élèves une
formation non seulement académique mais également militaire et humaine
afin de les préparer au mieux à leur futures responsabilités.
Le
recrutement externe est assuré majoritairement par voie de concours à
l’issue de classes préparatoires aux grandes écoles. Cependant d’autres
voies de recrutement sont ouvertes à des candidats ayant déjà suivi un
premier parcours universitaire.
Les cursus
de formation entre les élèves issus de recrutements externes ou
internes ont été décloisonnés en favorisant les modules d’enseignement
communs ce qui favorise l’acquisition d’une culture et d’une identité
commune à tous les jeunes officiers.
Afin de
maintenir leur visibilité et le niveau de leur enseignement, les grandes
écoles militaires doivent maintenir un lien étroit avec le monde de
l’enseignement supérieur et de la recherche. Dans cette optique, elles
ont établi des partenariats avec d’autres établissements d’enseignement
supérieur ainsi avec les acteurs de la recherche publics ou privés. Ces
partenariats réalisés de façon maîtrisée sont gages d’ouverture de
l’enseignement et des futurs officiers, sans remettre en cause le
caractère propre des écoles. S’il y a d’ailleurs un moyen d’attester de
la vocation militaire de l’Ecole navale, c’est bien la mission « Jeanne
d’Arc » qui constitue le dernier semestre de scolarité des
officiers-élèves. Elle a pour théâtre depuis plusieurs années un BPC et
une frégate en opérations – des bâtiments parmi les plus actifs de la
marine moderne.
Dans le
cadre de ma mission de rapporteur, je me rendrai le 23 septembre à Brest
où je visiterai l’école navale. Je pourrai ainsi échanger avec les
élèves et la direction. Je tenterai ainsi de répondre à leurs craintes
si celles-ci venaient à s’exprimer.
TB :
L’Hôtel de la Marine devrait accueillir pour moitié un espace
commercial dédié au patrimoine gastronomique français. Manque-t-il à ce
point des institutions et des maisons privés à Paris pour vanter les
mérites de la cuisine française ? Pourquoi ne pas transformer ce lieu,
qui a vu naître la République, en « l’hôtel de l’Archipel France »,
réunissant le secrétariat général de la mer, l’académie de marine, le
ministère de la mer, un salon de réception pour la Marine nationale,
divers fondations et associations dédiées à la mer ?
GR :
Le nouvel Hôtel de la Marine est un projet porté par le Centre des
monuments nationaux, validé par le Président de la République, qui n’est
en aucun cas une privatisation. Il vise en effet, à ouvrir l’Hôtel de
la Marine aux Français et à tous ceux qui souhaiteront le découvrir.
Le
principe premier du projet est en effet de permettre la visite des lieux
tels qu’ils ont été occupés et ont évolué depuis deux siècles et demi,
d’abord par le garde-meubles de la Couronne, puis par la Marine – sans
opérer de transformation majeure depuis la fin du XIXème siècle. Ce
projet est ainsi celui qui respecte le plus l’identité historique et
patrimoniale des lieux.
Le
développement d’activités privées (location de bureaux ou commerces
autour de la gastronomie), qui se concentrera dans les parties
non-patrimoniales du site, est non seulement compatible avec la
valorisation de l’ensemble auprès d’un plus large public, mais contribue
même à son équilibre financier.
Dans le
cadre de ce projet, l’identité maritime de l’Hôtel de la Marine restera
bien présente puisqu’au-delà même des parcours de visite qui feront la
part belle à l’histoire de la Marine dans ces lieux, le Centre des
monuments nationaux a accepté d’accueillir l’académie de Marine. Le
musée de la Marine, au Palais de Chaillot, demeure de son côté le lieu
de la Mer à Paris, et devrait même voir cette vocation renforcée dans
les années qui viennent, fort de la rénovation ambitieuse qui a été
souhaitée par Jean-Yves Le Drian.
TB : Il
est reproché aux Chantiers de l’Atlantique de ne pas assez diversifié
leurs activités. DCNS Lorient ne construit plus que des frégates (qui ne
suffisent plus à alimenter son activité sans contrats pour
l’exportation et plusieurs classes différentes à concevoir) ? DCNS ne
reprenait ni les Chantiers de l’Atlantique ni la Sobrena (réparation
navale) à Brest. Résultat, Damen, son concurrent hollandais s’installe
en France avec de grandes ambitions. Piriou développe une activité plus
équilibrée en constructions et maintien en condition opérationnelle des
coques civiles et militaires… L’État doit-il pousser à une nouvelle
réorganisation de la filière navale ?
GR : Par
l’implication du Président de la République et du Gouvernement, l’Etat
joue et jouera un rôle de « stratège » pour les filières industrielles
et en particulier pour la filière navale qui a trois priorités me semble
t-il.
La
première priorité pour les industriels de la navale, c’est de renforcer
leurs capacités de développement à l’international et de jouer
collectif. « L’équipe de France » animée par Jean-Yves Le Drian a connu
de beaux succès ces derniers mois, par exemple avec l’Egypte. Pour
autant, je constate parfois des concurrences franco-françaises
contre-productives, notamment en Arabie Saoudite. Je souhaite que les
coopérations industrielles puissent être approfondies autant que
possible. Il s’agit de permettre à la France de gagner à l’international
et c’est bien évidemment un enjeu fondamental pour l’emploi.
La
deuxième priorité à mes yeux, c’est de conforter la compétitivité de nos
entreprises confrontées à une concurrence accrue en Europe et dans le
monde. A ce titre, je salue les initiatives de l’entreprise DCNS qui
visent à améliorer sa performance. Elle prévoit notamment des
recrutements de personnels en production et des investissements
significatifs dans l’outil industriel. Je pense aussi à l’ensemble des
entreprises « partenaires » qui doivent concourir à cette dynamique de
performance. C’est le sens du « Pacte PME » impulsé par le ministère de
la Défense qui produit des résultats positifs. Nous sommes pleinement
mobilisés aux côtés de nos entreprises et de leurs équipes.
La
troisième priorité, c’est de nouer de nouvelles alliances industrielles
pour consolider ce secteur d’activité. Comme député de Lorient, je
milite depuis plusieurs mois afin que le chantier STX à Lanester soit
repris par l’entreprise Kership. Cette alliance entre Piriou et
DCNS façonnera un écosystème entre Concarneau et Lorient. Cette
dynamique nouvelle permettra à la Bretagne et, plus globalement, à la
France, de conquérir de nouveaux marchés à l’international. C’est une
des clés pour l’avenir de l’industrie navale et de l’emploi. Plus que
jamais, je crois à l’ambition maritime de notre pays et à notre volonté
collective de réussir !
Monsieur le député, nous vous remercions pour ce long entretien.
A noté qu'il n'a plus AUCUN navire des douanes en Polynésie depuis l'échouage de la DF 48 Arafenua le 1er mai 2014 alors que notre ZEE s'est encore accrue de 500 000 km2 le mois dernier tandis que la brigade de gendarmerie maritime à était fermé. En gros, il ne que la marine avec une frégate et un patrouilleur pour toute cette immense zone. Les contrebandiers en tout genres sont très contents....
RépondreSupprimerTiens, justement un article sur la police des mers dans le Pacifique, il faut faire une ''coalition'' avec les voisins pour une opération qui dure qu'un temps... :
RépondreSupprimerhttp://www.corlobe.tk/spip.php?article39180